Regard biblique sur nos états d’âme, partie 7

« « […] de quel pire châtiment pensez-vous que sera jugé digne celui qui aura foulé aux pieds le Fils de Dieu, qui aura tenu pour profane le sang de l’alliance, par lequel elle a été sanctifiée, et qui aura outragé l’Esprit de la grâce ? » (Pascal Denault, Une alliance plus excellente, p. 69) »

 

Il y a deux semaines, toujours dans le cadre de la série sur nos états d’âme, nous avions vu la question des doutes. Nous avions vu que c’est normal d’avoir des doutes : c’est le Seigneur qui donne la foi, mais la foi qu’il donne est appelée à s’affermir, elle a besoin d’être solidifiée. C’est progressif et cette progression va avec la sanctification progressive. Nombre de chrétiens doutent, surtout au début de leur vie chrétienne, de la pertinence d’une vie d’Église, de l’inspiration des Écritures et, surtout, de leur salut. Certains vont se demander si la Bible enseigne réellement l’assurance du salut, c’est-à-dire est-ce que celui qui a été régénéré, qui a reçu le Saint-Esprit, peut en venir à perdre cette nouvelle vie reçue? D’autres qui sont convaincus que la Bible enseigne l’assurance du salut vont douter, mais leurs doutes ne sera pas doctrinal. Leurs doutes sont diriger vers eux-mêmes. Est-ce que je me suis réellement converti? Est-ce que ma conversion était authentique? Nous avions commencé à regarder certains textes qui sont sollicités par ceux qui croient que le salut se perd et nous allons retourner au texte que nous n’avions pas terminé :

Quant à ceux qui ont été une fois éclairés, qui ont goûté le don céleste et sont devenus participants à l’Esprit Saint, qui ont goûté la bonne parole de Dieu et les puissances du siècle à venir, et qui sont tombés, il est impossible de les ramener à une nouvelle repentance. Car ils crucifient de nouveau, pour leur part, le Fils de Dieu et le déshonorent publiquement. (Hébreux 6.4-6)

Nous avions vu que le langage est quand même fort, mais en même temps, dans l’épître aux Hébreux, le verbe « goûter » utilisé au verset 5 implique une brièveté, une expérience passagère. Ainsi, le Fils a goûté la mort pour nous.

En effet, lorsqu’une terre abreuvée de pluies fréquentes produit des plantes utiles à ceux pour qui elle est cultivée, elle a part à la bénédiction de Dieu. Mais si elle produit des épines et des chardons, elle est réprouvée, près d’être maudite, et finit par être brûlée. (Hébreux 6.7-8)

Nous avions vu que l’auteur compare ceux qui ont goûté aux biens spirituels mentionnés dans les versets précédents à une terre abreuvée, mais qui ne produit que des épines et des chardons. Le texte ne dit jamais qu’elle a produit de bons fruits et que les choses se sont gâtées par la suite. Lisons maintenant les versets suivants :

Quoique nous parlions ainsi, bien-aimés, nous sommes convaincus que vous êtes dans des conditions meilleures et favorables au salut. Car Dieu n’est pas injuste pour oublier votre action, ni l’amour que vous avez montré pour son nom par les services que vous avez rendus et que vous rendez encore aux saints. (Hébreux 6.9-10)

L’auteur expose les bons fruits de ceux à qui il s’adresse pour qu’ils ait de l’assurance face à leur salut. Autrement dit, la vie transformée témoigne de l’authenticité de la conversion. Un autre texte difficile :

Car si nous péchons volontairement après avoir reçu la connaissance de la vérité, il ne reste plus de sacrifice pour les péchés, (Hébreux 10.26)

Ici, ce qui est traduit par « péché volontaire » signifie fort probablement les péchés à poing levé, c’est-à-dire un péché qui équivaut à lever le poing contre Dieu. Nous péchons tous volontairement. Pierre a judaïsé volontairement. David a couché avec Bath-Shéba, a tué son mari Urie et ces péchés n’étaient pas innocents. Un péché volontaire ici semble être un péché qu’on fait volontairement pour s’opposer à Dieu. De plus, l’auteur va nous dire à quel péché précis il pense :

Car si nous péchons volontairement après avoir reçu la connaissance de la vérité, il ne reste plus de sacrifice pour les péchés, mais une attente terrifiante du jugement et l’ardeur du feu prêt à dévorer les rebelles ! Si quelqu’un a violé la loi de Moïse, il est mis à mort sans pitié, sur la déposition de deux ou trois témoins. Combien pire, ne pensez-vous pas, sera le châtiment mérité par celui qui aura foulé aux pieds le Fils de Dieu, tenu pour profane le sang de l’alliance par lequel il avait été sanctifié, et qui aura outragé l’Esprit de la grâce ! (Hébreux 10.26-29)

Le péché volontaire est le fait de fouler aux pieds le Fils de Dieu, de tenir pour profane le sang de l’alliance, d’outrager l’Esprit de la grâce. Ce n’est pas un péché de faiblesse, mais un péché de mépris ouvert contre Dieu et contre Jésus-Christ. Le verset 29 comporte une difficulté : nos traductions font rapporter le verbe « sanctifié » au sang de l’alliance. Autrement dit, des personnes auraient été sanctifiées par le sang de l’alliance et en seraient venues à fouler aux pieds le Fils de Dieu. Ils perdraient ainsi leur salut.

Il y a une autre traduction possible. Avant de la considérer, nous allons lire le verset 14 du même chapitre :

Car par une seule offrande, il a rendu parfaits à perpétuité ceux qui sont sanctifiés. (Hébreux 6.14)

Ici, l’auteur affirme que ceux qui sont sanctifiés ont été rendus parfaits à perpétuité. Ça exclut la perte du salut. Le verset 29 ne peut contredire le verset 14 et vice versa.

L’autre traduction possible du verset 29 est proposée par Pascal Denault :

[…] de quel pire châtiment pensez-vous que sera jugé digne celui qui aura foulé aux pieds le Fils de Dieu, qui aura tenu pour profane le sang de l’alliance, par lequel elle a été sanctifiée, et qui aura outragé l’Esprit de la grâce ? (Pascal Denault, Une alliance plus excellente, p. 69)

Autrement dit, le texte ne parle pas des personnes qui ont été sanctifiées, mais de la nouvelle alliance qui a été sanctifiée, consacrée par le sang du Fils de Dieu. Les deux traductions sont possibles sur le plan grammatical, mais une d’elle contredit le verset 14. C’est pourquoi je pense qu’il faut privilégier la traduction proposée par Pascal Denault. J’ai vu également qu’un exégète réputé (Paul Ellingworth, The New International Greek Testament Commentary) reconnaît que cette traduction respecte tout à fait le texte original.

Ceux qui enseignent la possibilité de perdre le salut s’appuient surtout sur les deux textes de l’épître aux Hébreux, c’est-à-dire les chapitres 6 et 10.

Daniel Durand, pasteur
22 janvier 2020

Prédicateur invité

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