La différence entre le juste et le méchant, Malachie 3.13-4.3

**Les versets peuvent varier selon la traduction de votre Bible. Pour certaines versions, le texte enseigné se retrouve en Malachie 3.13-21**

« Le jour du Seigneur sera un temps de jugement permettant de discerner entre le juste et l’injuste sur la base des œuvres en Christ. De plus, il y a de l’espoir pour les fidèles qui se sont repentis de façon authentique malgré la souffrance qu’ils peuvent vivre pour un temps. Rappelons-nous des héros de la foi d’Hébreux 11 qui ont subi toutes sortes d’épreuves et revêtons la même foi qu’eux. La venue et le retour de Christ assurent une fin où la justice régnera définitivement. Que ce soit pour les auditeurs de Malachie ou pour tous les gens jusqu’à nous aujourd’hui, les implications du jour que l’Éternel des armées prépare demeurent les mêmes. Au lieu de se plaindre et d’envier les méchants qui prospèrent, les gens d’Israël avaient l’occasion de se repentir réellement et de revenir à Dieu. On ne connait pas la réaction ou la décision de chacun face à l’appel à la repentance, mais plusieurs avenues s’offraient à eux, tout comme à nous. Il y a la possibilité de rejoindre les méchants par envie, de rester religieux en se morfondant sur nous-mêmes, ou de s’attacher à Dieu avec un cœur pur dans l’espérance du retour de Christ. Profitons de la compassion du « soleil de la justice » envers ses fidèles et craignons-le de façon révérencielle dans l’attente de la joie incommensurable à venir. En tant que voyageurs et étrangers sur la terre, gardons nos yeux fixés sur notre patrie céleste. »

 

Vos paroles sont rudes contre moi, dit l’Éternel. Et vous dites: Qu’avons-nous dit contre toi? Vous avez dit: C’est en vain que l’on sert Dieu; Qu’avons-nous gagné à observer ses préceptes, Et à marcher avec tristesse A cause de l’Éternel des armées? Maintenant nous estimons heureux les hautains; Oui, les méchants prospèrent; Oui, ils tentent Dieu, et ils échappent! Alors ceux qui craignent l’Éternel se parlèrent l’un à l’autre; L’Éternel fut attentif, et il écouta; Et un livre de souvenir fut écrit devant lui Pour ceux qui craignent l’Éternel Et qui honorent son nom. Ils seront à moi, dit l’Éternel des armées, Ils m’appartiendront, au jour que je prépare; J’aurai compassion d’eux, Comme un homme a compassion de son fils qui le sert. Et vous verrez de nouveau la différence Entre le juste et le méchant, Entre celui qui sert Dieu Et celui qui ne le sert pas. Car voici, le jour vient, Ardent comme une fournaise. Tous les hautains et tous les méchants seront comme du chaume; Le jour qui vient les embrasera, Dit l’Éternel des armées, Il ne leur laissera ni racine ni rameau. Mais pour vous qui craignez mon nom, se lèvera Le soleil de la justice, Et la guérison sera sous ses ailes; Vous sortirez, et vous sauterez comme les veaux d’une étable, Et vous foulerez les méchants, Car ils seront comme de la cendre Sous la plante de vos pieds, Au jour que je prépare, Dit l’Éternel des armées. (Malachie 3.13-4.3)

Contexte historique

Le livre de Malachie fait partie des livres prophétiques tout en étant le dernier livre de l’Ancien Testament. Plus précisément, il fait partie des trois derniers « petits prophètes » du classement historique, souvent appelés postexiliques puisqu’ils adressent la période suite à l’exil babylonien. Bien que les dates exactes du ministère de Malachie soient inconnues, il aurait prophétisé au cinquième siècle avant Jésus-Christ, pouvant être rapproché au temps d’Aggée et Zacharie, ou d’Esdras et Néhémie.

Ce qui est certain est que le second temple avait déjà été reconstruit, les fonctions religieuses avaient reprises (bien qu’imparfaitement) et le peuple était encore sous le règne d’un gouverneur perse. Le prophète s’adresse à un certain reste du peuple qui était revenu de l’exil à Babylone, à leurs descendants et à des Hébreux qui n’avaient pas étés déportés lors de l’exil. Politiquement, Juda fait partie des multiples divisions provinciales perses, qui s’influençaient entre elles et qui étaient affectées, entre autres, par les hostilités grecques et égyptiennes.

Structure

En considérant sa structure interne, le livre peut être divisé en six oracles prenant la forme d’une « dispute rhétorique » et comportées de quatre éléments : affirmation, interrogation, réponse et implication. Le livre contient un sommaire rappelant l’alliance passée avec le peuple d’Israël et un aperçu du jour du Seigneur à venir.

Exégèse Malachie 3.13 – 4.3

Accusation des paroles rudes du peuple

Le passage que nous avons lu porte sur la sixième dispute dans Malachie. Il fait ressortir le contraste entre les méchants et les fidèles, en gardant en perspective le jour de l’Éternel. Au verset 13 (affirmation), Dieu affirme que les paroles de son peuple, Israël, sont rudes, étant portés contre lui. Ce sont aussi les paroles du peuple qui avaient étés reprochés dans la quatrième dispute (Malachie 2.17) et ils avaient nié le reproche. Les auditeurs objectent tout de suite à ce nouveau reproche en questionnant ce qu’ils ont dit contre lui qui était dur (interrogation).

Au verset 14 (réponse), Malachie répond de la part de Dieu en leur rappelant ce qu’ils ont dit, ce qui aura pour effet d’infirmer leurs propos interrogatifs. Les mots attribués au peuple ne sont probablement pas ce qu’ils se sont littéralement répétés l’un à l’autre, mais ils résument bien l’essentiel de leurs pensées. En résumant leurs propos clairement et en formulant leurs pensées de façon rhétorique, Malachie peut facilement les réfuter.

Les gens du peuple disaient que c’est en vain qu’ils servent Dieu. Ils se questionnaient à savoir ce qu’ils avaient à gagner à lui obéir en observant ses préceptes. Ils démontrent par cela qu’ils font des choses pour en tirer un profit personnel et que leur service pour Dieu sert en fait à leurs propres intérêts. C’est un peu comme un enfant qui regrette d’avoir obéit à ses parents (bien qu’en marmonnant), puisqu’il ne reçoit pas de récompense de jouer aux jeux vidéo par la suite.

De plus, ils se demandent à quoi bon servir Dieu si c’est pour « marcher avec tristesse à cause de l’Éternel des armées». Ils reconnaissent que Dieu est l’Éternel des armées (le tout puissant), donc ils connaissent du moins le jargon et les rites religieux et ne sont pas des gens qui s’en balancent complètement. Les Israélites concernés croyaient avoir tout fait dans leurs devoirs religieux pour plaire à Dieu et être bénis de lui, et là où ils auraient failli (raté la cible ; offensé Dieu), ils ont marché avec tristesse devant lui en guise d’expiation de leurs fautes.

Plusieurs sens peuvent être ressortis du passage. Nous pourrions penser qu’ils marchent avec tristesse à cause de Dieu puisqu’ils voyaient ses préceptes comme un fardeau ; ils marchent donc religieusement selon la loi de Dieu, tout en étant tristes intérieurement de devoir le faire. On pourrait aussi penser qu’ils étaient affligés par les moqueries des non-Israélites, les « méchants » qui tentent Dieu, et vivaient de la tristesse à cause des injustices apparentes. Par exemple, un jeune à l’école secondaire peut être rejeté ou jugé à cause de sa foi et vivre de la tristesse. Dû aux afflictions réelles qui mettent en conflit la chair et l’esprit, celui-ci peut remettre en question sa foi et l’abandonner.

Bien que ce soient des possibilités, une autre interprétation semble plus adéquate comme sens voulu du texte. La version Semeur aide à mieux comprendre le sens du terme « tristesse » en parlant de « mener le deuil » (action plutôt qu’un sentiment). Les gens avaient participé à des rituels de deuil : cérémonies nationales, jeûnes collectifs accompagnées de lamentations. Ceci servait à montrer leur repentance, mais ils le faisaient pour gagner la faveur de Dieu, sans que le cœur y soit réellement. C’est quasiment comme en cochant des éléments sur la liste « Quoi faire pour me sentir mieux si j’ai offensé Dieu ».

Le théologien Clendenen [1] mentionne qu’ils menaient le deuil possiblement par peur d’être réprimandés et de ne pas goûter aux bénédictions s’ils ne le faisaient pas. N’ayant pas eu les résultats escomptés (en retirer quelque chose en pensant qu’ils le méritent), ils considèrent maintenant leurs cérémonies de repentance comme futiles.

Je me permets ici de nous lancer des questions rhétoriques. Qu’en est-il pour nous tous, particulièrement ceux ayant grandi dans le milieu chrétien, ou les chrétiens de longue date? Faisons-nous des choses comme en cochant religieusement une liste pour en finir avec la tâche demandée (par exemple, la lecture)? Ou encore par principe de mérite : « Dieu j’ai fait cela pour toi, qu’est-ce que tu as pour moi? »? On peut développer ce côté religieux en grandissant et avoir des attentes erronées (« christian dream »).

Tout comme pour les Israélites, le cœur du problème, c’est un problème du cœur. Nous voyons ceci dans Malachie 2.2 : si nous n’avons pas à cœur de servir Dieu, il est normal que même les bénédictions puissent être malédictions…

Qu’en est-il de l’état de notre cœur lorsque nous confessons nos fautes à Dieu ou chantons des louanges? Lorsque nous participons à la table du Seigneur? Quels en sont nos motifs profonds lorsque nous observons les commandements de Dieu tout en étant à contre-courant de la société? Est-ce la crainte des hommes ou de nos confrères/consœurs qui nous motive ou la crainte de Dieu?

Poursuivons avec la suite de la réponse des Israélites au verset 15, où ils vont essayer de défendre leurs comportements en expliquant la raison de leurs paroles. Ils estiment que les hautains sont heureux et ils voient que les méchants prospèrent. Les hautains seraient fort probablement des Israélites qui auraient complètement reniés Dieu, étant détachés du culte à l’Éternel comme les peuples païens [2], tout en pouvant inclure des gens d’autres peuples faisant partie des provinces perses.

Les religieux du peuple les envient, puisqu’ils sont plus prospères qu’eux, montrant que leur cœur est tourné vers le gain matériel et circonstanciel plutôt que vers l’obéissance à Dieu, qui ne leur procure pas les bénédictions escomptées. Ils en concluent que les méchants qui tentent Dieu sont les gagnants, puisqu’ils semblent s’en échapper sans conséquence. Tenter Dieu peut être compris comme le mettre au défi pour voir s’il va les reprendre ou non ou encore de mettre à l’épreuve sa patience envers leur méchanceté. Par exemple, un enfant en punition qui s’éloigne du coin…

Est-ce qu’on tente de justifier nos pensées et nos actions qui peuvent être reprochables? Essayons-nous d’expliquer notre raison de «mal faire», comme un enfant qui a frappé son frère et se justifie en disant que c’est son frère qui lui a sorti la langue en premier? Peu importe nos circonstances, on est 100% responsable de notre part de la faute, étant sans excuses pour notre propre attitude ou notre comportement.

Les fidèles qui craignent l’Éternel

L’implication suite aux propos du peuple débute au verset 16. Les sujets ne sont plus ceux qui se plaignent contre Dieu, mais ceux qui le craignent. La crainte n’est pas une peur menant à la fuite, mais le terme utilisé peut signifier un « respect révérenciel » du Dieu souverain, sachant qu’il mérite leur consécration. Malachie rapporte que ces derniers sont vus comme se parlant les uns aux autres et que l’Éternel est attentif, écoutant leurs discours. Les propos échangés entre les fidèles ne sont pas indiqués, mais de leurs échanges se manifeste une attitude de crainte envers Dieu. Dieu n’est pas indifférent à leurs paroles, à leurs cris, à leurs plaintes, à leurs louanges, mais il écoute et se souvient d’eux.

Pour ces gens qui honorent le nom de Dieu et qui le craignent, un livre de souvenir fut écrit devant lui, afin que les fidèles soient identifiés. Similaire à la tradition perse, le « rouleau du souvenir » de Malachie renvoie à la fois à un répertoire de noms et à un inventaire d’événements, agissant comme document juridique qui servira à distinguer les justes des méchants au jour du jugement. À chaque fois qu’une décision est prise en faveur de l’Éternel et de sa loi, cela est pris en note en notre faveur, même lorsqu’on subit des injustices et qu’on ne reçoit pas de récompense immédiate.

Nous ne savons pas qui a écrit le livre en question, mais nous savons qu’il fut écrit devant l’Éternel, celui qui discerne entre le juste et l’injuste. L’Éternel se souviendra de celui (celle) dont le cœur est tourné vers lui et qui observe ses préceptes avec un respect sincère.

L’Éternel des armées, celui qui contrôle toutes les puissances célestes, dit au verset 17 que les fidèles seront à lui et qu’ils lui appartiendront au jour qu’il prépare. La version Semeur dit qu’au jour où il agira, ils seront pour lui un « trésor précieux ». Ainsi, nous pouvons mieux comprendre que Dieu ne restera pas inactif puisqu’il agira dans le jour qu’il prépare et qu’il protégera précieusement les fidèles qui lui appartiennent, comme on protège un trésor de grand prix. Chaque croyant est précieux pour Dieu : il lui appartient et il le gardera près de lui comme un trésor de grande valeur.

Dieu aura compassion d’eux, comme un homme qui a compassion d’un fils qui le sert. Un tel homme voit le cœur de son fils par son service dévoué envers lui, peu importe les circonstances et malgré ses possibles erreurs, puis désire lui faire du bien par amour pour lui. Cette comparaison permet de voir une facette de la miséricorde et de l’amour de Dieu envers ceux qui le craignent de façon sincère.

Elle renvoie à l’image d’un fils qui honore son père (Malachie 1.6). En tant que Maitre et Père, Dieu aura compassion de ceux qui le servent et l’honorent, les permettant de rester debout le jour qu’il paraitra. Dieu n’agira pas selon ce qu’on aura fait sous prétexte de l’avoir fait pour lui (principe du mérite), puisque chaque personne mérite la condamnation, mais selon la promesse de son alliance avec son peuple.

Malachie reprend la parole au verset 18 en adressant à nouveau les gens qui se plaignaient au début de notre passage à l’étude. Ces gens verront de nouveau la différence entre le juste et le méchant et, respectivement, la différence entre celui qui sert Dieu et celui qui ne le fait pas. Le terme « de nouveau » ne semble pas indiquer qu’ils ont eux-mêmes déjà su faire la différence, mais fait plutôt référence au fait que Dieu a essayé, tout au long de l’histoire d’Israël, de leur inculquer la distinction entre les justes et les méchants (par les prophètes et jugements passés).

L’idée de servir Dieu ne semblait plus pertinente pour les gens du peuple (Malachie 3.14) et la question se pose à savoir à quel point ils le servaient réellement plutôt que de se servir eux-mêmes. De plus, la présente injustice que les gens reprochent à Dieu n’est que temporaire, les méchants pouvant s’en tirer sans conséquence pour l’instant, mais la justice viendra, ce qui donne une lueur d’espoir et d’espérance pour les vrais justes en considérant ce jour où Dieu agira.

Les gens du peuple verront alors dans quel camp ils se trouvent à être. Ils feraient mieux de considérer le reproche de Dieu et de s’analyser dès maintenant plutôt que d’être surpris lorsque le jour viendra : tel est l’appel de Malachie au peuple au temps d’Israël, tel est l’appel pour chaque personne qui se dit serviteur de Dieu. L’espoir ou le désespoir d’un tel jour sont abordés dans les prochains versets.

Le jour que l’Éternel prépare

Au premier verset du chapitre 4, c’est l’Éternel qui parle d’un jour qui vient, qui sera ardent comme une fournaise. Verhoef [3] explique que de dire que le « jour vient » plutôt qu’il « viendra » permet de représenter le « jour » comme étant imminent et sert à souligner la certitude de sa venue. Il poursuit en disant qu’à part tous les jugements intervenus au cours de l’histoire du peuple de Dieu (dont les actions prises par Néhémie), l’accomplissement central doit être mis en relation avec la première et la deuxième venue du Christ, ce qui sera abordé sous peu.

Toujours en réponse aux objections des gens voulant défendre leurs paroles rudes, une comparaison leur est donnée : les hautains et les méchants qu’ils enviaient (Malachie 3.15), seront tous jugés sans exceptions et seront détruits comme le chaume l’est facilement dans une fournaise ardente. Une fournaise est conçue pour être extrêmement chaude et peut être utilisée pour purifier les objets en brûlant les souillures qui y sont rattachées.

Le jour que l’Éternel annonce les embrasera, laissant ni racine, ni rameau. Il n’y aura ainsi aucune possibilité que les méchants reprennent de l’ampleur, tout comme un arbre ne peut le faire sans rameaux (branches de second ordre). On ne parlera même plus des méchants comme étant présent, tout comme un arbre ne vit plus et ne peut reprendre vie sans racine. La fournaise fait penser au feu du fondeur (Malachie 3.2-3) qui purifiera le peuple lors du jour du Seigneur ; la question posée étant : « Qui pourra soutenir le jour de sa venue ? » C’est la question que le verset 2 adresse.

Le verset 2 explique l’envers de la médaille concernant ce jour annoncé. Pour ceux qui craignent son nom, le jour de l’Éternel sera positif, l’Éternel se souvenant de leurs noms qui sont écrits dans un livre. Le soleil de la justice se lèvera pour eux et la guérison sera sous ses ailes (BDS : « dans ses rayons »). Bien entendu, le soleil n’est pas l’objet inanimé de notre système solaire, mais fait allusion à Dieu, qui seul assure une justice, et sa présence étant la seule qui peut réellement guérir. Le peuple pouvait se référer à Ésaïe 60.19-21 pour une comparaison de Dieu et de sa gloire avec le soleil, ainsi que la mention des justes et de l’absence de deuil.

Notons le contraste entre la chaleur négative de la fournaise qui consume les infidèles et la chaleur positive du soleil qui réconforte les fidèles. Le soleil de notre système solaire peut être à la fois bénédiction et malédiction : sa lumière donne la vie en faisant croitre les plantes qui servent de base à la chaine alimentaire et ses rayons ultra-violets brûlent la peau et donnent le cancer, pouvant mener à la mort. C’est la même chose pour le Fils de Dieu, Jésus Christ, qui est source de vie pour les fidèles, mais source de jugement et condamnation pour les méchants.

Le verset 2 poursuit en disant que les fidèles sortiront et sauteront comme les veaux qui sortent d’une étable. Les veaux étaient retenus captifs dans des enclos pendant la saison froide d’hiver et celles-ci limitaient l’entrée de lumière et les joies de liberté. En étant libérés de l’étable, ils étaient fous de joie, profitant des rayons de soleil qui procurent lumière et chaleur et profitant de la liberté et de la nourriture des champs.

De façon similaire, les fidèles seront pleins de joie, étant enfin libérés des saisons sombres de froideur et dénués de restreintes quelconques ou d’injustices les gardant captifs. Ils seront dans l’allégresse, profitant du soleil de justice, Jésus-Christ, n’ayant plus à se contenter de quelques rayons de lumière dans l’ombre d’un enclos. Une telle excitation peut être comprise par la guérison spirituelle qu’apportera « le soleil de la justice » en rétablissant la communion avec Dieu, étant enfin dépouillés du péché et de ses effets.

Le troisième verset du chapitre 4 met en relief les fidèles du deuxième verset et les infidèles mentionnés au premier verset. Au jour que l’Éternel prépare et dans lequel il agira, les justes fouleront les méchants et ils seront comme de la cendre sous leurs pieds. L’imagerie fait suite aux images précédentes : la cendre fait référence au fait que les infidèles ont été embrasés dans la fournaise et ils seront foulés, puisque les fidèles gambaderont comme des veaux sous le soleil de la justice.

Au lieu que ce soit les méchants qui dominent sur les humbles et qui les écrasent, ce seront les fidèles qui seront les vainqueurs au final. Le verset termine en statuant que c’est l’Éternel des armées qui dit cela, il en sera donc assurément tel que décrit.

Portée vers le Nouveau Testament

Tel que déjà mentionné, le jour que l’Éternel prépare doit être mis en relation avec la première et la deuxième venue du Christ, sans toutefois nier les autres évènements historiques types ayant permis de mieux différencier entre les justes et les injustes.

Le jugement lors du jour du Seigneur

En reprenant des thèmes de Malachie, le « Nouveau Testament réaffirme que le jugement comprendra purification et châtiment ». Dans la perspective du jugement final, l’ardeur de la fournaise est vue comme consumant les impies, d’une part (Malachie 4.1); et d’autre part, comme rétablissant la justice en faveur du « trésor précieux » (Malachie 3.17) de l’Éternel.

Le Nouveau Testament renchérit sur le jour du jugement dans 1 Corinthiens 3. Le verset 11 rapporte que le fondement des œuvres se trouve en Jésus-Christ ; la différence entre celui « qui sert Dieu et celui qui ne le sert pas » (Malachie 3.18) sera établie sur ce fondement. Les versets 12-13 disent qu’en ce jour de jugement, l’œuvre de chacun sera manifestée par le moyen du feu qui en révélera la vraie nature. Le verset 12 parle des différents matériaux qui seront mis à l’épreuve, dont l’or (Malachie 3.17 : « trésor précieux appartenant à Dieu ») et le chaume (Malachie 4.1 : « toute œuvre qui ne point pas à Christ »).

Les versets 14-15 concluent que certaines œuvres seront consumées et d’autres subsisteront, faisant penser à Malachie, qui prophétisait que les méchants seraient embrasés (4.1), que les fidèles seraient guéris (4.2) et, qu’ainsi, la différence entre le juste et le méchant sera manifeste.

L’espérance dans l’attente du jour du Seigneur

1 Pierre 4 aborde à son tour le sujet des injustices temporaires et de la souffrance dans l’attente du retour de Christ. Le verset 7 nous indique que « la fin de toutes choses est proche », ce qui fait penser à l’imminence du « jour qui vient » dans Malachie 4.1. En parlant de Jésus qui marque lui-même la fin de toutes choses, Wells [4] explique que la fin est plus proche avec la première venue de Christ, mais qu’elle est aussi déjà là, les éléments étant en place pour la deuxième venue de Christ.

Pierre incite les croyants à s’armer de la même pensée que Christ afin de ne plus vivre selon les convoitises de la chair (1 Pierre 4.1-2). Les contestants du temps de Malachie s’attachaient aux gains du monde (Malachie 3.14), désirant la prospérité des méchants (Malachie 3.15) qui semblaient échapper au jugement de Dieu. Pierre adresse le sort des méchants en indiquant que ceux qui vivent selon la volonté de la chair rendront effectivement compte à Dieu (1 Pierre 4.5).

Des versets 12-19, Pierre parle de la fournaise qui éprouve le croyant pour un temps, ce qui contraste avec la fournaise qui détruira complétement les méchants lorsqu’arrivera la fin (Malachie 4.1). Cela ne doit pas surprendre ceux qui font le bien tout en souffrant, mais ils doivent plutôt se réjouir de prendre part à la souffrance selon la volonté de Dieu. La fournaise de l’épreuve est temporaire, puisque les fidèles seront dans la joie et l’allégresse lorsque Christ apparaitra dans sa gloire.

Wells l’exprime ainsi : « Toute personne unie au Christ est unie, en principe, à la fin et à la présence du royaume à venir. » [5] Considérant la perspective eschatologique que les auditeurs de Malachie ignoraient, il vaut mieux souffrir comme chrétien maintenant que de souffrir comme infidèle plus tard (1 Pierre 4.15-16). Dieu aura compassion de tels gens qui lui appartiennent (Malachie 3.17).

Conclusion

Malachie nous fait voir la vaine et fausse fidélité de ses interlocuteurs en affirmant leur incrédulité concernant Dieu et son alliance. En ne craignant pas véritablement Dieu, ils ne parviennent pas à l’honorer et ils doutent que Dieu fasse la distinction entre les bons et les méchants. Suite à leur objection, Dieu répond en expliquant qu’il aura compassion des fidèles et il aborde l’implication du jour du Seigneur, tant pour les méchants que pour les fidèles.

Plusieurs thèmes sont repris dans le Nouveau Testament en y précisant le lien avec Christ. Le jour du Seigneur sera un temps de jugement permettant de discerner entre le juste et l’injuste sur la base des œuvres en Christ. De plus, il y a de l’espoir pour les fidèles qui se sont repentis de façon authentique malgré la souffrance qu’ils peuvent vivre pour un temps. Rappelons-nous des héros de la foi d’Hébreux 11 qui ont subi toutes sortes d’épreuves et revêtons la même foi qu’eux. La venue et le retour de Christ assurent une fin où la justice régnera définitivement.

Que ce soit pour les auditeurs de Malachie ou pour tous les gens jusqu’à nous aujourd’hui, les implications du jour que l’Éternel des armées prépare demeurent les mêmes. Au lieu de se plaindre et d’envier les méchants qui prospèrent, les gens d’Israël avaient l’occasion de se repentir réellement et de revenir à Dieu.

On ne connait pas la réaction ou la décision de chacun face à l’appel à la repentance, mais plusieurs avenues s’offraient à eux, tout comme à nous. Il y a la possibilité de rejoindre les méchants par envie, de rester religieux en se morfondant sur nous-mêmes, ou de s’attacher à Dieu avec un cœur pur dans l’espérance du retour de Christ.

Profitons de la compassion du « soleil de la justice » envers ses fidèles et craignons-le de façon révérencielle dans l’attente de la joie incommensurable à venir. En tant que voyageurs et étrangers sur la terre, gardons nos yeux fixés sur notre patrie céleste.

 


 

BIBLIOGRAPHIE

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WELLS, P., « Eschatologie », Dictionnaire de théologie biblique, Charols, Éditions Excelsis, 2006, p.561-571.

 

[1] E. R. CLENDENEN, « Malachi », Haggai, Malachi, NAC, Nashville, Broadman & Holman Publishers, 2004, p.394.

[2] P. A. VERHOEF, The Books of Haggai and Malachi, NICOT, Grand Rapids, William B. Eerdmans Publishing Co., 1987, p.405.

[3] P. A. VERHOEF, p.411-412.

[4] P. WELLS, « Eschatologie », Dictionnaire de théologie biblique, Charols, Éditions Excelsis, 2006, p.566.

[5] Ibid., p.567.

Luc Tessier

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