Transcendance et immanence, partie 1

« L’immanence ressort très bien ici : Dieu s’intéresse à sa création, il a envoyé son Fils. La transcendance ressort aussi bien : celui qui est mort sur la croix n’est pas une créature semblable aux autres. C’est le Fils éternel de Dieu. Ceux qui font des images de Dieu ne font que ressortir l’immanence de Dieu et ne peuvent faire plus qu’une caricature de la transcendance de Dieu. On a beau mettre une pile d’auréoles sur sa tête, la barbe la plus longue, ce ne sont que des caricatures. Donc, Dieu est à la fois transcendant, c’est-à-dire qu’il est au-dessus et totalement différent de tout ce qui est créé, et il est immanent, c’est-à-dire qu’il intervient constamment dans sa création. Autrement dit, le créateur infiniment différent et au-dessus de toute sa création, en vertu de son immanence, ne laisse pas aller sa création. Il agit, il la mène au but fixé. La croix fait ressortir ces deux réalités comme nous l’avons vu. »

 

Introduction

Nous poursuivons, ce soir, la série sur la croix, mais avant, je tiens à remercier Sylvain qui a pris la relève durant mon absence.

Transcendance et immanence

La Bible nous présente un Dieu transcendant, c’est-à-dire un Dieu qui dépasse de façon absolue toute sa création, de façon absolue pour une raison. Ce n’est pas que Dieu dépasse un peu ou beaucoup les hommes : il les dépasse au sens qu’il est infiniment au-dessus de nous. Il est infiniment différent de nous. La Bible présente aussi l’immanence de Dieu, c’est-à-dire que Dieu s’intéresse à sa création. Il intervient dans tout ce qui arrive. Il contrôle toute chose. Si on ne considère que la transcendance de Dieu, on va conclure que Dieu est loin de sa création, qu’il l’a abandonnée. C’est ce qu’on appelle le théisme : Dieu a tout créé, mais après la création, il s’est retiré. Il ne s’implique pas.

Pour le théiste, tout fonctionne par des lois naturelles autonomes, qui n’ont pas besoin de Dieu pour les maintenir. Cette définition de Dieu est contraire aux Écritures. D’un autre côté, si on ne considère que l’immanence de Dieu sans sa transcendance, on va conclure que Dieu est comme nous : il est présent, mais pas comme un Dieu différent de nous, pas comme un Dieu transcendant.

Nous voyons ces deux réalités dans les deux premiers chapitres de la Genèse (Genèse 1-2). Je résume le point : dans Genèse 1, c’est Dieu qui crée toute chose. Dieu dit et la lumière fut. La désignation « Dieu » renvoie au créateur tout-puissant. En hébreu, c’est le nom « Elohim ». Au chapitre 2 de la Genèse (Genèse 2), le récit s’intéresse plus particulièrement à l’homme et à la femme. L’homme est créé à partir de la poussière du sol et est placé dans un jardin d’abondance. L’homme reçoit le mandat de cultiver et garder le jardin. Il reçoit aussi la loi de Dieu. La femme est créée à partir de la côte de l’homme. Or, au chapitre 2 (Genèse 2), la désignation de Dieu comporte un ajout : c’est l’Éternel Dieu. Le nom « Éternel » est le Dieu de l’alliance. En hébreu, c’est « Elohim Yahvé ». Alors que le Dieu créateur et transcendant établit ses rapports avec l’homme, il est appelé l’Éternel Dieu. Nous voyons la même chose au psaume 19 :

Les cieux racontent la gloire de Dieu, et l’étendue manifeste l’œuvre de ses mains. Le jour en instruit un autre jour, la nuit en donne connaissance à une autre nuit. Ce n’est pas un langage, ce ne sont pas des paroles dont le son ne soit point entendu : Leur retentissement parcourt toute la terre, leurs accents vont aux extrémités du monde, où il a dressé une tente pour le soleil. Et le soleil, semblable à un époux qui sort de sa chambre, s’élance dans la carrière avec la joie d’un héros; Il se lève à une extrémité des cieux, et achève sa course à l’autre. (Psaumes 19.2-7)

Ces versets nous parlent de la création. Dieu est exalté pour avoir tout créé et la création est un témoignage de la gloire du grand Dieu. La création est appelée « la révélation générale », parce qu’elle révèle Dieu à tous les hommes, mais à partir du verset 8 (Psaumes 19.8), le psalmiste nous place sur un autre registre :

La loi de l’Éternel est parfaite, elle restaure l’âme; le témoignage de l’Éternel est véritable, il rend sage l’ignorant. Les ordonnances de l’Éternel sont droites, elles réjouissent le cœur; les commandements de l’Éternel sont purs, ils éclairent les yeux. La crainte de l’Éternel est pure, elle subsiste à toujours; les jugements de l’Éternel sont vrais, ils sont tous justes. Ils sont plus précieux que l’or, que beaucoup d’or fin; ils sont plus doux que le miel, que celui qui coule des rayons. Ton serviteur aussi en reçoit instruction; pour qui les observe la récompense est grande. Qui connaît ses égarements? Pardonne-moi ceux que j’ignore. Préserve aussi ton serviteur des orgueilleux; qu’ils ne dominent point sur moi! Alors je serai intègre, innocent de grands péchés. Reçois favorablement les paroles de ma bouche et les sentiments de mon cœur, ô Éternel, mon rocher et mon libérateur! (Psaumes 19.8-15)

Le psalmiste ne parle plus de la révélation générale, mais de la révélation spécifique, c’est-à-dire la Parole de Dieu, la loi de Dieu. C’est dans ce bloc de versets que le psalmiste parle de la loi de Dieu qui restaure l’âme au verset 8 (Psaumes 19.8). S’il parle de restauration, c’est donc qu’il y a eu péché. Le péché a saboté; la Parole de Dieu restaure. Le psalmiste parle de pardon au verset 13 (Psaumes 19.13) et il s’adresse à Dieu comme son libérateur. C’est le Dieu de l’alliance. Dans ces mêmes versets, Dieu est désigné maintenant comme l’Éternel, Yahvé, le Dieu de l’alliance. La transcendance et l’immanence de Dieu sont affirmées côte à côte, dans le même psaume. L’Ancien Testament nous présente le Dieu transcendant et immanent. Cette conjugaison de la transcendance et de l’immanence de Dieu prend son plein sens à la croix. C’est la croix qui nous révèle avec le plus de force le Dieu transcendant et le Dieu immanent. Celui qui est mort sur la croix, c’est le Fils de Dieu, envoyé du Père. L’immanence ressort très bien ici : Dieu s’intéresse à sa création, il a envoyé son Fils. La transcendance ressort aussi bien : celui qui est mort sur la croix n’est pas une créature semblable aux autres. C’est le Fils éternel de Dieu. Ceux qui font des images de Dieu ne font que ressortir l’immanence de Dieu et ne peuvent faire plus qu’une caricature de la transcendance de Dieu. On a beau mettre une pile d’auréoles sur sa tête, la barbe la plus longue, ce ne sont que des caricatures. Donc, Dieu est à la fois transcendant, c’est-à-dire qu’il est au-dessus et totalement différent de tout ce qui est créé, et il est immanent, c’est-à-dire qu’il intervient constamment dans sa création. Autrement dit, le créateur infiniment différent et au-dessus de toute sa création, en vertu de son immanence, ne laisse pas aller sa création. Il agit, il la mène au but fixé. La croix fait ressortir ces deux réalités comme nous l’avons vu.

Hébreux 1.3-4

Ce Fils, qui est le rayonnement de sa gloire et l’expression de son être, soutient toutes choses par sa parole puissante; après avoir accompli la purification des péchés, il s’est assis à la droite de la majesté divine dans les lieux très-hauts, devenu d’autant supérieur aux anges qu’il a hérité d’un nom bien différent du leur. (Hébreux 1.3-4)

Ces versets nous disent que le Fils est le rayonnement de la gloire de Dieu et l’expression de son être.

Ce Fils est celui qui a accompli la purification des péchés. Le Fils, c’est le Dieu transcendant qui est venu vers nous, démontrant son immanence.

Lorsque le verset 3 (Hébreux 1.3) dit que le Fils soutient toutes choses, ce n’est pas que le Fils tient passivement le monde dans sa main mais sans plus : le verbe grec a le sens de « porter », non pas comme « porter un vêtement », mais plutôt comme « porter quelque chose dans telle pièce de la maison ». Il y a un mouvement, une direction. Quel est ce mouvement? Quelle est cette direction?

[…] et soutenant [ou dirigeant, conduisant] toutes choses par sa parole puissante, a fait la purification des péchés et s’est assis à la droite de la majesté divine dans les lieux très hauts, (Hébreux 1.3)

Voyez comment la croix est centrale dans cette direction que le Fils donne à la création :

[…] conduisant toutes choses par sa parole puissante, a fait la purification des péchés, […] (Hébreux 1.3)

Nous voyons que la direction que cette création-ci prend mène à la nouvelle création.

Daniel Durand, pasteur
5 avril 2017

Prédicateur invité

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