« En se présentant comme l’avorton, il semble que Paul fasse justement allusion au fait qu’il n’a pas profité de la « période de gestation » de 3 ans des autres apôtres. Le verset dit que c’est en dernier que Jésus est apparu à Paul. Il n’y en a pas eu d’autres par la suite. Paul ferme le cortège des apôtres désignés par le Seigneur. Ce ministère est terminé. »
Introduction
Nous poursuivons ce matin dans l’épître aux Éphésiens. Nous lirons au chapitre 4 les versets 10 et 11.
10 Celui qui est descendu, c’est le même qui est monté au-dessus de tous les cieux, afin de remplir toutes choses. 11 C’est lui qui a donné les uns comme apôtres, les autres comme prophètes, les autres comme évangélistes, les autres comme pasteurs et docteurs…
Exposé
Nous revenons ce matin à l’épître aux Éphésiens dont le thème principal est l’unité que Dieu crée. Les versets précédents nous rappellent que le Fils s’est incarné et est remonté au ciel fort de sa victoire sur Satan, sur tous ses ennemis, sur le péché et sur la mort. Ce Fils crée l’unité dans toute la création. Il est en train de réunir toutes choses sous un seul chef. Et ça commence par son Église. C’est par l’Église que le Seigneur conquiert les élus. C’est par l’Église que le Seigneur étend son royaume. Pour ce faire, le Seigneur fait des dons, ce que nous avions vu avec le verset 7, et il établit des ministères particuliers que nous verrons ce matin.
3 ministères terminés
Avant d’aller au ministère de pasteur et docteur, nous allons brièvement regarder les 3 premiers que Paul mentionne.
Apôtres
En fait, il y avait deux catégories d’apôtres dans l’Église primitive. Il y avait ceux qui avaient été désignés directement par le Seigneur. Leur nomination ne passait pas par un processus d’Église. Ainsi, les douze apôtres ont été désignés par Jésus directement. Et même celui qui a remplacé Judas a été désigné par Jésus. En Actes 1.2, nous lisons :
1 Théophile, j’ai parlé, dans mon premier livre, de tout ce que Jésus a commencé de faire et d’enseigner, 2 jusqu’au jour où il fut enlevé au ciel, après avoir donné ses ordres, par le Saint-Esprit, aux apôtres qu’il avait choisis.
Ces versets se trouvent au tout début du livre des Actes. Et là, les onze apôtres, puisque Judas était mort suite à sa trahison, veulent le remplacer. Ils rappellent les critères pour être apôtre. Nous voyons ces choses en Actes 1, à partir du verset 16.
Ces versets nous informent que pour être apôtre, il fallait avoir suivi Jésus durant son ministère terrestre, et l’avoir vu ressuscité. C’est une des raisons pour lesquelles nous croyons qu’il n’y a plus d’apôtres aujourd’hui. Paul était aussi apôtre, je dirais de même niveau, même s’il n’a pas suivi Jésus durant les 3 années. Il est possible que les 12 apôtres aient eu un ministère sur les Juifs. En ce qui concerne Pierre, on en est certain puisque Paul l’affirme en Galates 2. Paul n’a pas suivi Jésus durant les 3 années. Mais il plaide pour que son apostolat soit reconnu au même titre que les 12.
2 Corinthiens 11.5
Or, j’estime que je n’ai été inférieur en rien aux apôtres prétendus supérieurs.
Et Paul s’appuie sur le fait qu’il a aussi vu Jésus ressuscité.
1 Corinthiens 9.1
Ne suis-je pas apôtre ? N’ai-je pas vu Jésus notre Seigneur ?
Paul était conscient que son apostolat était particulier. En parlant de ceux à qui Jésus est apparu après sa résurrection, il dit :
1 Corinthiens 15.7-8
7 Ensuite, le Christ a été vu par Jacques, puis par tous les apôtres. 8 En dernier, il s’est fait voir à moi comme à l’avorton ;
En se présentant comme l’avorton, il semble que Paul fasse justement allusion au fait qu’il n’a pas profité de la « période de gestation » de 3 ans des autres apôtres. C’est la suggestion d’Henri Blocher. Le verset 8 nous instruit sur un autre point. Le verset dit que c’est en dernier que Jésus est apparu à Paul. Il n’y en a pas eu d’autres par la suite. Paul ferme le cortège des apôtres désignés par le Seigneur. Ce ministère est terminé. Voilà pour la 1ère catégorie d’apôtres. Ce sont ceux qui ont été désignés directement par le Seigneur, et qui ont vu le Seigneur ressuscité.
La Bible désigne aussi d’autres personnes comme apôtres, mais dans un sens différent.
Actes 14.14
Les apôtres Barnabas et Paul l’apprirent,…
Barnabas est appelé apôtre. Et dans 1 Thessaloniciens, Silas et Timothée sont aussi appelés apôtres. Mais ces apôtres le sont dans un sens nettement différent.
En fait, le mot apôtre signifie envoyé. Lorsque nous lisons dans Actes 13 que Paul et Barnabas avaient été envoyés, il n’y a rien de surprenant à ce qu’ils soient désignés comme ceux qui ont été envoyés.
Lorsqu’ils sont désignés comme apôtres, ça n’insinue pas que Barnabas fût apôtre au même sens que Paul. Le mot apôtre n’a pas nécessairement le sens ministériel que nous lui prêtons souvent. Et pour Silas et Timothée, nous voyons aussi qu’ils ont été envoyés. Dans ce sens, ils sont appelés apôtres, mais encore une fois, pas dans le même sens que les 12 et Paul. Paul dit à Timothée…
2 Timothée 2.2
Et ce que tu as entendu de moi en présence de beaucoup de témoins, confie-le à des personnes fidèles, qui soient capables de l’enseigner aussi à d’autres.
Paul était apôtre avec toute l’autorité et le mandat de recevoir la révélation de Jésus-Christ. Paul n’avait pas reçu cette révélation d’une autre personne ou d’un autre apôtre. Il nous dit dans Galates 1 qu’il a reçu la révélation directement du Seigneur.
Par contre, ce verset nous montre que Timothée a reçu la révélation de Paul. Timothée devait transmettre ce que Paul lui avait premièrement transmis. Timothée, même s’il est appelé apôtre, ne recevait pas la révélation directement du Seigneur.
Dans le cas des 12 et de Paul, leur ministère était de témoigner du Christ ressuscité, et d’établir les fondements pour l’Église.
Éphésiens 2.20
Vous avez été édifiés sur le fondement des apôtres et prophètes…
Ici, apôtres et prophètes ne désignent pas deux ministères distincts. Il s’agit des mêmes personnes. La Semeur traduit ainsi :
Éphésiens 2.20 (Semeur)
Dieu vous a intégrés à l’édifice qu’il construit sur le fondement que sont les apôtres, ses prophètes…
De par leur fonction, nous voyons que ce ministère est terminé. Le fondement est établi une fois pour toutes.
Prophètes
Le 2e ministère que Paul mentionne en Éphésiens 4.11 est celui de prophète. J’ai déjà enseigné sur les dons miraculeux. C’est un vaste sujet que je ne peux reprendre ici dans le cadre d’une prédication. Je dirais simplement qu’en 1 Corinthiens 13, Paul annonce la fin du don de prophétie, comme la fin du don des langues et du don de la connaissance. La pensée que j’ai défendue est que ce qui devait mettre fin aux dons miraculeux, c’est l’achèvement du canon biblique. C’est-à-dire que les apôtres ont écrit les livres du Nouveau Testament, et dans certains cas, ils ont supervisé la rédaction. Maintenant que la révélation est complète, les dons miraculeux n’ont plus lieu d’être. Pour ceux qui seraient intéressés à en savoir davantage, vous pouvez accéder aux enseignements sur les dons miraculeux sur ce même site ou me demander qu’on prenne un temps ensemble, ce qui me fera plaisir.
Évangélistes
Le 3e don que Paul mentionne est celui d’évangéliste. Je pense aussi que ce ministère est terminé pour 3 raisons. La 1ère est que nous n’avons aucune description de tâche pour ce ministère. On répond souvent qu’un évangéliste est celui qui évangélise. Ce n’est peut-être pas aussi simple que cela. Il est possible qu’un évangéliste fût celui qui amenait l’évangile dans des contrées non encore touchées par l’évangile. Dans le Nouveau Testament, il n’y a que Philippe qui est appelé évangéliste. Et nous voyons qu’il est allé évangéliser en Samarie, puis qu’il est allé sur le chemin de Gaza où il a évangélisé l’eunuque éthiopien. Il y a aussi Paul qui demande à Timothée de faire l’œuvre d’un évangéliste. Mais nous n’avons aucune information de ce que ça impliquait. La 2e raison pour penser que ce ministère est terminé, c’est que nous n’avons aucune liste de qualifications requises pour en nommer. Est-ce qu’un évangéliste doit bien diriger sa famille ? Est-ce qu’un évangéliste doit recevoir un bon témoignage des gens du dehors ? Doit-il être apte à l’enseignement ? La Bible ne dit rien sur les critères de sélection. Et la 3e raison est que Paul ne demande pas d’en établir. Il demande d’établir des anciens et des diacres. Mais jamais d’évangéliste.
Pasteurs-docteurs
Nous arrivons au 4e ministère d’Éphésiens 4.11, celui de pasteur-docteur, ou pasteur-enseignant si vous préférez. Contrairement à ce que certains avancent, il s’agit du même ministère. Le texte dit bien :
…les autres comme pasteurs et docteurs.
Ce sont les mêmes autres qui sont pasteurs et docteurs. Le titre pasteur signifie berger. C’est synonyme. Et le mot docteur signifie enseignant, celui qui transmet la doctrine. Le titre pasteur, ou berger, indique que celui qui a cette charge doit prendre soin des brebis. Il doit les rassurer, les diriger, les soigner, les nourrir. Le berger ne doit pas seulement s’intéresser à la direction générale, c’est-à-dire la direction du groupe. Il doit s’intéresser à chacune des brebis. Il doit prendre le temps nécessaire avec celles qui ont besoin, celles qui ont des questions, celles qui souffrent. Le titre pasteur, ou berger, implique de facto un rapport étroit avec chacune des brebis. Le titre docteur nous dit que les pasteurs doivent enseigner la Parole de Dieu. Le mot docteur a le sens d’enseignant, et il vient du mot doctrine. En grec, c’est le mot didachê qui a donné didactique. Enseigner, c’est beaucoup plus que du haut de la chaire, mais aussi dans la cure d’âme, dans la préparation au mariage, dans la préparation au baptême, et dans les questionnements que les gens peuvent avoir. En fait, c’est par la Parole de Dieu que les pasteurs exercent leur autorité et leur influence. Ils ont le devoir de démontrer leurs appuis bibliques, d’enseigner ce que disent les Écritures. Un pasteur n’a pas du tout la légitimité de conduire l’Église dans une direction s’il n’est pas en mesure de démontrer bibliquement ce qu’il fait. Sur l’aspect de l’enseignement, il y a une fine distinction que nous allons voir. Tous les anciens doivent être aptes à l’enseignement.
1 Timothée 3.2
Il faut donc que l’évêque soit […] apte à l’enseignement,
Ici, c’est le mot évêque, mais nous verrons plus tard que les anciens sont aussi appelés évêques. Tous les anciens doivent être aptes à l’enseignement. Ils doivent être capables de comprendre et d’enseigner ce que la Bible dit sur l’ensemble des sujets bibliques. Mais en même temps, il y a parmi les anciens certains chez qui on reconnaît le ministère particulier d’enseigner.
1 Timothée 5.17
Que les anciens qui président bien, soient jugés dignes d’un double honneur, surtout ceux qui prennent de la peine à la prédication et à l’enseignement.
Ce verset affirme que ce ne sont pas tous les anciens dont la principale responsabilité est l’enseignement et la prédication. Le théologien Bruce écrit ceci :
«Tous les anciens devaient être « capables d’enseigner » (1 Timothée 3.2), prêts à donner instruction sur la voie chrétienne par leurs préceptes et leur exemple, mais certains d’entre eux avaient l’enseignement comme don spécial ».[1] C’est ce qui explique que, dans beaucoup d’églises évangéliques, il y a un conseil d’anciens, mais que parmi ceux-ci, il y en a souvent un qui se démarque et se consacre à la prédication et à l’enseignement. Autrement dit, ce n’est pas parce qu’il y a plusieurs anciens que tous prêchent à tour de rôle. J’aimerais vous dire que de nos jours, je conçois mal qu’une personne prenne la charge pastorale sans avoir une formation théologique solide. Certains disent qu’au temps de Jésus, il n’y avait pas de facultés de théologie. Et c’est vrai. Mais les disciples ont quand même fait un baccalauréat de 3 ans avec Jésus. À l’époque, les chrétiens lisaient le Nouveau Testament dans leur langue originale, ce qui n’est pas le cas pour nous. Ils connaissaient le contexte religieux, politique, social, etc. Ils connaissaient toutes ces choses, ce qui n’est pas notre cas. Pour ma part, je pense que l’idéal est que celui qui aspire à la charge pastorale reçoive la meilleure formation possible. Et il me semble que l’Église devrait encourager les personnes qui se forment dans ce but lorsque nous pouvons voir en elles des indications d’un appel éventuel, même si nous n’avons pas de garantie qu’il y aura un ministère.
Sur la nature de l’enseignement, j’aimerais vous dire quelques mots sur comment je les oriente. Premièrement, nous avons à notre église 3 rencontres hebdomadaires officielles. L’école du dimanche à 9h15, la prédication au culte et une méditation le mercredi soir. Dans ces 3 rendez-vous, je cherche à amener des aspects complémentaires. L’école du dimanche est doctrinale. Nous regardons les textes sous un angle doctrinal, théologique. Jusqu’à maintenant, nous avons étudié la question des alliances, nous avons aussi vu la cessation des dons comme le parler en langue, la prophétie. Et présentement, nous sommes dans la série sur les doctrines essentielles. La prédication constitue l’exposition d’un texte des Écritures dans le but de l’appliquer à nos vies. Et le mercredi soir, je tente d’apporter quelque chose de plus méditatif, de plus dévotionnel. Ces angles, ces approches, ne sont toutefois pas exclusifs. Dans les enseignements de l’école du dimanche, je ne manquerai pas de mentionner des applications pour nos vies. Et dans les prédications, s’il y a une doctrine qui ressort, je la dirai. Mais je tente d’être complémentaire. C’est sûr que si quelqu’un ne vient qu’aux cultes, il va entendre des prédications, mais se prive des exposés doctrinaux. Imaginez un adolescent qui ne se présente à la table que pour le déjeuner. Jamais il n’est présent ni pour le dîner ni le souper. Et un jour, il se plaint qu’il n’y a jamais de pâté chinois comme repas. C’est parce que le pâté chinois est rarement servi au déjeuner. Souvent, c’est au souper, et possiblement comme restant le lendemain midi. Mais il n’est pas servi au déjeuner. Si quelqu’un ne vient qu’au culte, c’est sûr qu’il va plutôt entendre des prédications, et pas d’enseignement doctrinal. Mais la raison est que c’est à travers les différentes réunions que je cherche à couvrir les approches qui doivent l’être. Si certains ne peuvent être là, je vous rappelle que tout est enregistré et accessible. Et sur les prédications, je privilégie grandement l’approche expositoire. C’est-à-dire que je prêche les textes verset par verset en commençant au début d’un livre, et en le prêchant en entier. Je privilégie cette approche pour quelques raisons. D’abord, le livre biblique est l’unité littéraire dans la Bible. Le Seigneur a dirigé Matthieu pour écrire l’évangile au complet. Les prédications expositoires respectent l’unité littéraire.
Ensuite, dans chaque livre de la Bible, il y a un développement. Il est possible que le livre des Proverbes échappe à cela, mais ce serait le seul. Pour tous les autres, il y a un développement soit historique, soit doctrinal, et parfois les deux. Les prédications expositoires tiennent compte du développement du livre. Par exemple. Dans Genèse 11, on retrouve le récit de la tour de Babel. On y apprend que les hommes voulaient se faire un nom sans Dieu. Ils ont rejeté le mandat créationnel de peupler la terre. Dieu fragmente l’humanité en nations et langues diverses pour les empêcher de mettre à exécution ce projet. Or, en Genèse 12, Dieu appelle Abraham et lui dit qu’il rendra son nom grand. Alors qu’en Genèse 11, les hommes ont voulu se faire un nom sans Dieu, en Genèse 12, Dieu promet à Abraham qu’il rendra son nom grand. De plus, en Genèse 11, les hommes ne voulaient pas se multiplier sur la surface de la terre, et en Genèse 12, Dieu dit à Abraham que toutes les familles de la terre allaient être bénies en lui. Si on prêche en vrac, il risque d’y avoir des perles qui nous échappent. Mais si l’on prêche de façon expositoire, on appréciera le développement et on verra les liens entre les sections. Ici, le développement est que c’est par le peuple racheté, la descendance d’Abraham, que Dieu réalisera son plan par voie d’alliance.
Une autre raison pour laquelle je privilégie les prédications expositoires est que ça nous enseigne à lire notre Bible par livres. On ne coupe pas dans sa Bible pour faire son culte personnel. Ce n’est pas comme ça qu’on lit un livre. La Bible ne se présente pas en mini portions en vrac. Les prédications expositoires deviennent un exemple de lire notre Bible en prenant des livres complets. Une autre raison, c’est que les prédications expositoires rendent les prédications plus objectives. Et je m’explique. Si je prêche de façon thématique, je vais prêcher de manière subjective. Qu’est-ce qui dirige le prédicateur lorsqu’il recherche un thème? La plupart du temps, il va regarder son église et va se dire qu’elle a besoin d’être enseignée sur tel sujet. Et c’est très possible que ce soit vrai. Le danger est que le prédicateur utilise la chaire pour passer des messages à des personnes et pour régler des comptes, ce qui n’est pas le but des prédications. De plus, les prédications thématiques sont souvent le théâtre de versets hors contexte. Je veux prêcher sur la prière. J’ouvre un logiciel biblique, je choisis une douzaine de versets qui parlent du sujet. Je discours 3 minutes sur chaque verset. Mais il me sera très difficile d’étudier le contexte de chaque verset. Une autre raison pour laquelle je privilégie les prédications expositoires est que ça me force à traiter de sujets que je n’aurais pas nécessairement choisis si je prêchais de manière thématique. Le fait que je prêche de manière expositoire, c’est-à-dire en parcourant un livre du début à la fin, m’oblige à traiter tous les sujets qui se présentent. Le rôle des pasteurs, des enseignants, ne se résume pas à la chaire. J’ai mentionné plus tôt que tout ce qui est cure d`âme, préparation au mariage, formation à ceux qui veulent se faire baptiser, tout cela demeure de l’enseignement de la Parole de Dieu. La cure d’âme consiste à ramener la personne qui vit des difficultés dans la perspective biblique. Autrement dit, comment la Bible aborde-t-elle le problème que tu vis? Ça fait partie de l’enseignement. Et c’est pour cette raison que la relation d’aide (cure d’âme) est essentiellement le ministère de ceux que Dieu a appelés comme enseignants et qui sont reconnus par l’Église. Et c’est pour cela que nous ne laissons pas n’importe qui enseigner parmi nous. D’autres peuvent avoir des capacités à enseigner. Il y a des moniteurs qui enseignent aux enfants. Mais ils sont supervisés par les anciens, et nous avons une très belle complicité pour laquelle je loue le Seigneur. De plus, et vous le constatez, il y a des personnes qui se forment. J’ai donné des formations ici à certaines personnes. Vous les entendez les mercredis soir, et selon leur disponibilité, parfois le dimanche à la prédication. Voilà pour la question des prédications et des enseignements.
Anciens
Dans le Nouveau Testament, les pasteurs sont aussi désignés par d’autres titres.
Actes 20.17
Cependant, de Milet, Paul envoya chercher à Éphèse les anciens de l’Église.
Le titre d’ancien n’est pas nouveau dans la Bible. On retrouvait des anciens dans l’organisation de la nation juive. Il s’agit de personnes qui ont une maturité, une expérience de vie. En hébreu, le mot ancien, c’est barbu. Ce titre nous donne déjà l’information que ça ne peut pas être un jeune. Certains, pour dire qu’un ancien peut être plutôt jeune, citent Paul qui parle à Timothée.
1 Timothée 4.12
Que personne ne méprise ta jeunesse…
Ce que plusieurs ignorent, c’est qu’à l’époque, la désignation jeune homme ne cessait qu’à 40 ans. Un jeune homme pouvait avoir jusqu’à 39 ans. Donc, un ancien réfère à un âge où la personne a une expérience de vie et une maturité. Les anciens forment un conseil, et c’est le conseil qui a l’autorité. Un ancien seul n’a aucune autorité. Sylvain n’a aucune autorité dans l’Église, comme moi je n’en ai aucune. C’est ensemble que nous avons l’autorité. Et notre autorité n’est pas le droit d’imposer nos pensées, mais la responsabilité d’appliquer les Écritures dans la vie de l’Église.
Évêques
On revient à Actes 20 où Paul envoie chercher tous les anciens de la ville d’Éphèse afin de leur parler. Et au verset 28, il leur dit :
Actes 20.28
Prenez donc garde à vous-mêmes et à tout le troupeau au sein duquel le Saint-Esprit vous a établis évêques, pour faire paître l’Église de Dieu qu’il s’est acquise par son propre sang.
Ici, deux mots retiennent notre attention. Paul fait venir les anciens et il leur dit qu’ils ont été établis évêques. Ce titre, évêque, signifie surveillant. En grec, c’est episcopos. Le mot sert aussi en français pour désigner l’appareil qui permet au sous-marin de voir à la surface des mers. On appelle cet appareil un périscope ou un épiscope. Le mot épiscope est composé de deux racines. Epi signifie sur, au-dessus. Et scope signifie voir. Comme dans microscope, télescope.

La fonction d’évêque nous dit que le pasteur, l’ancien, doit surveiller. Il doit être attentif pour voir venir le danger et intervenir. Et le verbe paître est de même famille que pasteur.
Applications
Comme applications, je dirais premièrement que nous devons respecter la structure biblique de l’Église. Vous pouvez toujours venir nous voir pour nous exposer votre pensée. C’est votre privilège et nous avons besoin de vous entendre. Ça ne signifie pas que nous serons d’accord, mais soyez assurés que vous serez entendus. Et si nous ne sommes pas d’accord, c’est notre devoir de vous dire pourquoi. Mais en toute chose, nous devons respecter la structure biblique de l’Église. Moi-même, comme pasteur, je dois la respecter. Je ne décide pas seul. Je respecte, et même j’apprécie que nous soyons deux anciens. Quand il y a une question qui touche le bâtiment, je ne passe jamais par-dessus notre frère Luc, qui est diacre responsable du bâtiment. Et c’est la même chose pour chaque ministère. Ça arrive que des personnes ici ne soient pas d’accord avec la direction. Et ça, ça ne nous pose aucun problème. Je vous ai déjà dit que le Daniel Durand 2018 n’est pas tout à fait d’accord avec le Daniel Durand 2002. Ce qui m’attriste, c’est lorsque des personnes expriment leur désaccord à d’autres sans venir nous voir. J’aimerais que nous nous posions des questions si ça nous concerne. Dans quel but est-ce que je fais cela? En quoi ça contribue à l’édification? Quels sont les effets d’une telle attitude? J’aimerais vous dire que cette attitude, non seulement ne construit rien, mais ne peut que détruire la vie d’église. Si vous n’êtes pas d’accord, venez nous voir. Vous serez toujours reçus et entendus.
La 2e application, c’est que vous devez prier pour vos anciens. Nous avons besoin du Seigneur dans tout ce que nous faisons. Priez que le Seigneur nous accorde la sagesse, l’humilité, la sensibilité aux besoins des brebis, l’intégrité dans la Parole de Dieu. Priez pour nous.
Daniel Durand, pasteur
26 août 2018