Série sur le livre de Ruth, partie 7, Ruth 2.1-3

« Le Seigneur agit, il dirige tout, mais il n’appose pas une estampe en caractères gras sur tout ce qu’il fait. Il ne s’affiche pas nécessairement à grand bruit. Souvent, c’est après coup que nous constatons combien le Seigneur a admirablement tout dirigé. C’est en faisant une rétrospective que nous pouvons voir sa main souveraine sur le tracé que nous avons pris. »

 

Introduction

La semaine passée, nous avons vu la fin du chapitre 1 de Ruth qui se termine sur une note d’espoir. Le temps des moissons est arrivé. En Israël, c’était l’occasion de grandes réjouissances. Noémi nous a laissés sur ses états d’âme. Dès le début du chapitre 2, les projecteurs se déplacent avec l’entrée en scène de Booz, un personnage que nous allons découvrir au fil du récit et qui deviendra central.

 

Ruth 2.1-3

Les 3 premiers versets du chapitre 2 constituent la mise en contexte de la scène 2.

Noémi avait un parent de son mari. C’était un homme puissant et riche de la famille d’Élimélek et qui se nommait Booz. Ruth la Moabite dit à Noémi : Je vais aller aux champs pour glaner des épis derrière celui dont j’obtiendrai la faveur. Elle lui dit : Va, ma fille. Elle partit et s’en vint glaner dans un champ derrière les moissonneurs. Il se trouva que la pièce de terre appartenait à Booz qui était de la famille d’Élimélek.

L’horizon s’éclaircit de plus en plus. Noémi rentre au pays, signe qu’elle veut revenir à l’Éternel, et dès son arrivée, il y a des indices de bénédictions potentielles.

 

Booz

L’auteur s’empresse de faire entrer un nouveau personnage dans le récit, il s’agit de Booz. À partir de ce point du récit, Booz va occuper un rôle majeur.

 

Booz est présenté comme un homme riche. La mention de sa richesse contraste avec la situation des plus précaires dans laquelle se trouvent Noémi et Ruth. Le mot hébreu peut exprimer des richesses matérielles, mais il a souvent une connotation morale, indiquant une force de caractère. On traduit alors par vaillant. Il me semble que le texte cherche à nous présenter Booz pas seulement comme un homme riche de biens terrestres, mais aussi riche de valeurs morales, voire de convictions spirituelles.

 

C’est aussi un homme de bien. Le théologien Daniel Arnold affirme dans son commentaire sur Ruth que Booz fait penser à l’oncle d’Amérique. Les Américains sont réputés pour leur générosité. Ils sont critiqués à l’échelle planétaire, mais si vous remarquez bien, à chaque fois qu’il y a une catastrophe, ils sont les premiers arrivés pour secourir les gens. Je me rappelle lorsqu’il y a eu le grand tremblement de terre en Haïti, les Américains étaient très critiqués à ce moment-là, et ils ont quand même été les premiers à se rendre sur place. Et ils arrivent avec la plus grosse organisation de secours. Donc Booz fait penser à l’oncle riche américain. Il est riche et généreux.

 

Le verset 1 précise qu’il était de la famille d’Élimélek. En fait, l’auteur nous prépare à ce qui s’en vient, parce que c’est sur ce point, c’est-à-dire le fait que Booz est de la famille d’Élimélek, que tout se jouera. Nous verrons une autre fois en quoi le lien familial est déterminant, mais pour l’instant, nous allons regarder l’importance de la famille en Israël. Pour nous, quand on parle de famille, on pense immédiatement aux parents et aux enfants. Et c’est vrai que nous avons là le noyau, la cellule familiale étant la force d’une société. Récemment, j’écoutais des conférences du théologien Henri Blocher et il disait que toutes les sociétés qui ont bien valorisé la famille ont prospéré. Même les sociétés qui n’étaient pas christianisées. En fait, une société où les valeurs familiales sont raisonnablement vécues produira des enfants plus épanouis, plus fonctionnels, des enfants qui, plus tard, voudront construire, bâtir la société. M. Blocher prenait en exemple le Japon, un pays dont on ne peut pas dire qu’il est christianisé. Mais le Japon respecte plusieurs des valeurs familiales. La structure familiale est maintenue. La structure familiale produit une solidarité sociale. Et c’est un pays prospère. À l’inverse, dans notre société, c’est souvent la catastrophe. Il suffit de parler avec des professeurs qui, pour la plupart, reconnaissent que les problèmes des enfants à l’école viennent de problèmes familiaux. Ce sont soit des parents qui font des choses mauvaises et destructrices à leurs enfants, soit des parents qui ne jouent tout simplement pas leur rôle face à leurs enfants. Combien de parents se débarrassent de leurs enfants, les placent devant la télé ou l’ordinateur pour les occuper, ne les aident pas dans les travaux scolaires, etc. On ne donne pas ainsi toutes les chances à la réussite des enfants. Une thérapeute qui est passée à la radio il y a quelques années disait que devant tout enfant roi, il y a des parents sujets. Guy Corneau, je pense que c’était un psychanalyste, a écrit un livre dont le titre est Père manquant, fils manqué. La cellule familiale est très importante, et les Écritures nous le rappellent à plusieurs reprises. Donc, la famille telle que nous l’entendons, c’est-à-dire les parents et leurs enfants, est très importante pour Dieu. Mais dans la loi de Dieu, la notion de famille est plus large que cela. La famille rassemble ceux qui sont unis par le sang ou par le mariage. Ainsi, Noé et sa famille, c’est Noé, son épouse, ses fils et leurs épouses. Lorsque le Seigneur donne les consignes pour célébrer la Pâque juive, il prescrit qu’elle doit être célébrée par famille. Tout le territoire de la terre promise a été réparti selon les familles, et donc les tribus. Et quand les Écritures nous demandent de prendre soin de nos proches, elles parlent de la famille élargie et non seulement du couple et des enfants. Quand l’auteur du livre de Ruth présente Booz comme un parent de Noémi, c’est qu’il prépare quelque chose que nous verrons une autre fois. D’ailleurs, dans les 3 premiers versets du chapitre 2, l’auteur répète à 3 reprises que Booz est de la famille de Noémi. Verset 1 et 2 :

Noémi avait un parent de son mari. C’était un homme puissant et riche de la famille d’Élimélek et qui se nommait Booz.

Et au verset 3 :

Il se trouva que la pièce de terre appartenait à Booz qui était de la famille d’Élimélek.

 

Dieu

Le 2e personnage dans ce début du chapitre 2 est Dieu lui-même, bien qu’il ne soit pas nommé.  Relisons le verset 3 :

Ruth partit et s’en vint glaner dans un champ derrière les moissonneurs. Il se trouva que la pièce de terre appartenait à Booz qui était de la famille d’Élimélek.

La version Genève traduit la fin du verset par :

Et il se trouva par bonheur que la parcelle de terre appartenait à Boaz, qui était de la famille d’Elimélec.

L’auteur formule de manière à lever le voile sur la direction divine qui est derrière tous les évènements. Mais en même temps, l’auteur veut que l’on voie le Seigneur comme celui qui agit discrètement, en coulisses. Et dans nos vies, c’est souvent la même chose. Le Seigneur agit, il dirige tout, mais il n’appose pas une estampe en caractères gras sur tout ce qu’il fait. Il ne s’affiche pas nécessairement à grand bruit.

Souvent, c’est après coup que nous constatons combien le Seigneur a admirablement tout dirigé. C’est en faisant une rétrospective que nous pouvons voir sa main souveraine sur le tracé que nous avons pris. Le chapitre 2 nous donne aussi de constater que tout bascule du bon côté lorsque Noémi rentre à la maison. Quand on délaisse le Seigneur, c’est le désert. Mais quand on revient au Seigneur, on retrouve l’horizon de la bénédiction, la terre de la restauration. Celui qui ne revient pas se prive tout simplement. Pensons-nous vraiment trouver le bonheur et la bénédiction loin du Seigneur? C’est une folie orgueilleuse. Frères et sœurs, nous n’avons rien à gagner à nous éloigner du Seigneur. C’est comme si celui qui vit au désert s’éloigne du seul puits qui peut l’abreuver. S’éloigner du Seigneur c’est comme le jeune enfant qui s’éloigne de ses parents. Mais si jamais nous nous sommes éloignés du Seigneur, sachons que le retour est toujours possible. Que les bénédictions du Seigneur ne sont pas à leur terme.

 

Ruth

Le chapitre 2 va aussi accorder un rôle plus important à Ruth, alors que Noémi sera moins présente. Elle y sera, mais dans un rôle secondaire. Au verset 2, c’est Ruth qui prend l’initiative. Les deux femmes sont sans vivres, et doivent trouver une solution au moins à court terme. Ruth se propose d’aller glaner des épis. Le glanage consistait à ramasser les épis tombés par terre. On se rappellera que la loi de Dieu avait une provision pour les pauvres.

Quand tu feras la moisson de ton champ et que tu auras oublié une gerbe dans le champ, tu ne retourneras pas la prendre : elle sera pour l’immigrant, pour l’orphelin et pour la veuve, afin que l’Éternel, ton Dieu, te bénisse dans toute l’œuvre de tes mains. Deutéronome 24.19 

Les malheureux devaient aller glaner eux-mêmes les épis. C’est-à-dire qu’ils devaient se mettre derrière les moissonneurs et ramasser les épis qui étaient tombés par terre. Et lorsqu’un épi était tombé par terre, les moissonneurs avaient l’obligation de le laisser là pour que le malheureux derrière lui puisse le ramasser.

La difficulté est que ceux qui allaient glaner étaient parfois mal accueillis par les propriétaires qui n’appréciaient pas devoir sacrifier une partie du produit de leur terre pour les abandonner aux pauvres. Certains propriétaires insultaient les pauvres, et même les brutalisaient. Mais Ruth vit d’espérance. Verset 2 :

Je vais aller aux champs pour glaner des épis derrière celui dont j’obtiendrai la faveur.

On pourrait traduire… Je vais aller aux champs pour glaner des épis derrière celui aux yeux duquel je trouverai grâce. Ruth informe sa belle-mère avant d’agir. Elle sait que Noémi connaît les us et coutumes du pays, et elle fait preuve de sagesse en prenant conseil auprès de sa belle-mère. C’est aussi un principe biblique que les plus jeunes prennent conseil auprès des plus âgés. Lors du premier enseignement que j’ai donné sur le livre de Ruth, je vous ai dit que la question de la providence divine demeure présente tout au long du récit. Le livre de Ruth nous fournit un bel enseignement sur la providence de Dieu. Il arrive que des chrétiens croient que la providence de Dieu doit arriver de façon inattendue, spectaculaire. Mais la providence de Dieu se voit aussi dans le fait qu’il place des personnes autour de nous. Et dans la Bible, les personnes plus âgées sont une richesse de référence. Ça fait partie de la providence divine d’avoir ces personnes riches d’expérience et de connaissance. Frères et sœurs, les relations fraternelles ne sont pas toujours faciles parce que nous sommes pécheurs. Ceci dit, nous devons nous voir chacun comme autant de bénédictions que le Seigneur nous donne. Et en particulier les personnes plus âgées qui ont une expérience de vie, une maturité dans la foi. Sachons rendre grâce pour les frères et sœurs que le Seigneur nous donne. Ruth respectait sa belle-mère, et l’on sent qu’au-delà du lien familial, Ruth voit en elle une sœur à qui elle peut demander conseil. Pour ma part, j’aimerais vous dire que vous êtes tous et toutes une bénédiction dans ma vie. Je loue le Seigneur pour votre présence dans ma vie.

 

Daniel Durand, pasteur

 

28 novembre 2018

Prédicateur invité

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