Introduction
Nous poursuivons ce soir dans le livre de Ruth et nous allons relire au chapitre 1, les 6 premiers versets.
Au temps du gouvernement des juges, il y eut une famine dans le pays. Un homme de Bethléhem de Juda partit, avec sa femme et ses deux fils, pour séjourner dans la campagne de Moab. Le nom de cet homme était Élimélek, le nom de sa femme Noémi et le nom de ses deux fils Mahlôn et Kilyôn ; ils étaient Éphratiens, de Bethléhem de Juda. Ils arrivèrent dans la campagne de Moab et ils y vécurent. Puis Élimélek, mari de Noémi, mourut, et elle resta avec ses deux fils. Ils épousèrent des femmes moabites. Le nom de la première était Orpa et le nom de la seconde Ruth. Ils habitèrent là environ dix ans. Mahlôn et Kilyôn moururent aussi tous les deux, et la femme resta, privée de ses deux enfants et de son mari. Alors elle se leva, elle et ses belles-filles, et s’en revint de la campagne de Moab, car elle avait appris dans la campagne de Moab que l’Éternel était intervenu en faveur de son peuple en lui donnant du pain. Ruth 1.1 à 6
Nous avions vu que le livre ouvre sur non pas un drame, mais sur un ensemble de drames. La semaine passée, nous avions vu la question de la famine. Dans les clauses de l’ancienne alliance, une sécheresse était une malédiction de l’alliance. Mais les problèmes ne s’arrêtent pas là.
Exposé
Mariages avec des Moabites
Un autre indice que le Seigneur ne bénit pas Élimélek, c’est que ses deux fils épousent des Moabites. La semaine passée, nous avions vu la gravité du fait qu’Élimélek se réfugie chez les Moabites en raison de la sécheresse qui sévissait en Israël. Cette décision a entraîné des conséquences tristes chez ses fils. Ils ont tous les deux marié des femmes étrangères, des Moabites. Le Seigneur avait pourtant interdit des mariages entre Juifs des personnes des nations païennes.
Ne conclus pas d’alliance avec les habitants du pays, de peur que, se prostituant à leurs dieux et leur offrant des sacrifices, ils ne t’invitent, et que tu n’en manges ; de peur que tu ne prennes de leurs filles pour tes fils, et que celles-ci, se prostituant à leurs dieux, n’entraînent tes fils à se prostituer à leurs dieux. Exode 34.15-16
La décision du père rejaillit sur ses fils
Frères et sœurs, si nous avons des enfants, nous devons savoir que nos choix sont vus par nos enfants. Ne pensons pas que nous pouvons prendre à la légère les enseignements de Dieu sans penser que ça n’aura pas d’impact sur les choix de nos enfants. Combien de fois nous lisons dans la Bible que tel roi fit ce qui est mal aux yeux de l’Éternel, comme l’avait fait son père? Prions pour les pères, pour les parents qui ont encore des enfants à la maison. Prions qu’ils soient des modèles de consécration, des hommes et des femmes de Dieu. Prions qu’ils enseignent leurs enfants dans les voies de Dieu.
Morts des hommes
Un autre fait qui démontre que le Seigneur avait retiré sa bénédiction à Élimélek, verset 5 :
Mahlôn et Kilyôn [ses deux fils] moururent aussi tous les deux, et la femme [c’est-à-dire Noémi] resta, privée de ses deux enfants et de son mari.
Les deux fils ont suivi leur père qui n’a eu aucun scrupule à vivre en milieu païen. Les fils ont marié des païennes. Le père est mort, et les fils sont morts. Le plus dramatique pour un Juif était de mourir sans avoir eu d’enfant. Parce que la notion de descendance était aussi une bénédiction. Imaginez la fin de cet homme. Il meurt en terre étrangère, et laisse deux fils à son épouse, mais deux fils mariés à des étrangères, et ses fils meurent à leur tour sans laisser de descendance. Mais heureusement, le Seigneur de l’alliance va intervenir de façon glorieuse.
Nous avons vu il y a quelques semaines qu’une des bénédictions de l’alliance que Dieu avait établie avec Abraham était une descendance nombreuse. On se rappellera aussi combien de femmes stériles dans l’Ancien Testament ont considéré leur état comme une malédiction. Qu’on pense à Sara[1], l’épouse d’Abraham, à Rébecca[2], l’épouse d’Isaac, à Rachel[3], l’épouse de Jacob. La mère de Samson avait aussi été stérile[4]. Anne[5], la mère de Samuel. Finalement, Élisabeth, la mère de Jean-Baptiste a connu la stérilité[6]. Nous devons nous rappeler que la notion de descendance était aussi reliée à la venue du messie, LE descendant promis. Par conséquent, sous l’ancienne alliance, la descendance revêtait une dimension très particulière. La situation est donc dramatique pour les trois femmes qui restent, c’est-à-dire Noémi et ses deux belles-filles. C’était un drame, surtout en Israël où la notion de descendance et de préservation du nom du mari était très importante. Si l’on reprend la scène, un Juif de Bethléem quitte avec sa famille pour fuir la famine et se réfugie chez les Moabites. Si c’est la famine qui a fait fuir cet homme, c’est parce qu’il avait peur de mourir de faim et de ne pas pouvoir nourrir sa famille. En fait, il craignait la mort. Que trouve-t-il en se réfugiant chez les Moabites? Il trouve la mort de même que ses fils. Et même le fait que ses fils n’ont pas eu d’enfants est une forme de mort. La lignée meurt. Le nom meurt. Quand l’homme croit trouver la vie, l’épanouissement dans le monde, dans les moyens du monde, il trouve le contraire. Il n’y a de vie et d’épanouissement qu’en Dieu.
Noémi
Le texte se concentre sur Noémi pour qui les mauvaises nouvelles se sont accumulées.
Elle est veuve. Ses deux fils sont morts. Ses deux fils n’ont pas laissé d’enfants. Ses deux belles-filles sont Moabites. À vue humaine, il n’y a aucun espoir pour elle. La suite du livre fera ressortir la gracieuse providence de Dieu pour ses enfants, ceux qui le craignent.
Alors Noémi se leva, elle et ses belles-filles, et s’en revint de la campagne de Moab, car elle avait appris dans la campagne de Moab que l’Éternel était intervenu en faveur de son peuple en lui donnant du pain. Elle sortit du lieu où elle vivait, ses deux belles-filles avec elle, et elles se mirent en route pour retourner au pays de Juda. Ruth 1.6-7
Je pense que l’élément clé de ces versets est que Noémi a attribué à l’Éternel le retour de l’abondance. Elle n’a pas seulement appris que son peuple avait du pain. La formulation est beaucoup plus riche que cela. Le verset 6 nous dit que Noémi avait appris que l’Éternel était intervenu en faveur de son peuple en lui donnant du pain. Remarquez le lien de cause à effet. Noémi apprit que l’Éternel avait béni son peuple, ça, c’est la cause. L’effet, elle se leva avec ses belles-filles pour revenir au pays. Le pain devient second ici. Ce qui ressort, c’est que la malédiction a été renversée. Le pain devient le témoignage de cette réalité. On doit souligner que le nom Éternel est le nom du Dieu de l’alliance. Ce n’est pas Elohim qui est utilisé, c’est-à-dire la simple désignation Dieu. C’est Yahvé qui est utilisé, le nom du Dieu de l’alliance. C’est le Dieu de l’alliance, le Dieu qui s’est engagé par voie d’alliance à délivrer son peuple. Yahvé, c’est le Dieu rédempteur. C’est le nom que Dieu révéla à Moïse pour se faire connaître au peuple. C’est le Dieu de l’alliance qui comporte comme bénédiction le don du pays béni, là où coulent le lait et le miel. Noémi a appris que l’Éternel avait visité son peuple et lui avait donné du pain. Et le pain ne signifie pas seulement une croûte avec la mie. Ce n’est pas la baguette ni la miche ici. Le pain est un générique pour désigner l’ensemble des besoins de l’homme. Dans le Notre Père, la proposition « Donne-nous aujourd’hui notre pain de ce jour », c’est l’ensemble de nos besoins qui sont visés. C’est l’expression de notre dépendance à Dieu qui répond à tous nos besoins. L’Éternel a visité son peuple. Il lui a donné du pain. Il prend soin de son peuple. Frères et sœurs, nous devons toujours nous rappeler les promesses de Dieu. Nous devons toujours considérer qu’il agit souverainement en faveur de ses enfants. Même et surtout quand les moments sont difficiles, quand le ciel est sombre, quand nous luttons avec nous-mêmes. Noémi s’est rappelée que son Dieu est l’Éternel, le Dieu de l’alliance. Noémi décide de rentrer au pays. Ses deux belles-filles la suivent. Il semble que ce qui motive Noémi soit d’abord la nécessité, c’est-à-dire sa subsistance. Ça me rappelle la parabole du fils prodigue qui est retourné vers son père uniquement parce qu’il avait faim. Le Seigneur utilise parfois nos motifs superficiels, voire charnels, pour nous attirer à lui. Le Seigneur utilise aussi les circonstances pour nous diriger. Et il nous encourage par sa providence. Dans la vie de Noémi, tout était sombre. Mais lorsqu’elle apprend que l’Éternel a béni son peuple en lui donnant du pain, c’est là qu’elle se lève.
Daniel Durand, pasteur
31 octobre 2018