Introduction
Nous débutons l’étude du livre de Ruth. Un livre de seulement 4 chapitres, mais dont la lecture nous conduit à nous attacher aux personnages. On passe du drame, du désespoir, au dénouement heureux, à la bénédiction. Ce livre met en scène Ruth et sa belle-mère, ainsi qu’un parent de cette dernière, un homme du nom de Booz.
Exposé
La providence
Mais avant d’aller au texte biblique, il convient de traiter un peu de la question de la providence divine. Parce que le livre de Ruth fait particulièrement ressortir cette doctrine biblique. Ce sujet est parfois mal compris. Le chrétien a tendance à ne considérer la providence divine que lorsque Dieu envoie une bénédiction. J’ai un problème financier, je reçois un montant inattendu, le Seigneur a pourvu. Or, la providence divine inclut aussi le fait que le problème financier est arrivé. En fait, tout est providentiel. Voici comment un commentateur définit la providence divine[1] :
Dieu, le grand créateur de toute chose, soutient, dispose, dirige et gouverne toutes les créatures, les actions, les choses, de la plus grande à la plus petite, par sa providence la plus sage et la plus sainte, selon sa prescience infaillible et le conseil libre et immuable de sa propre volonté, à la louange de la gloire de sa sagesse, de sa puissance, de sa justice, de sa bonté et de sa miséricorde.[2]
C’est ainsi que le chrétien croit que Dieu exerce sa providence par toutes ses interventions dans la création. Nous avions déjà vu Hébreux 1.3 :
Ce Fils, qui est le rayonnement de sa gloire et l’expression de son être, soutient toutes choses par sa parole puissante ; après avoir accompli la purification des péchés, il s’est assis à la droite de la majesté divine dans les lieux très-hauts…
Le Fils soutient toutes choses. Le verbe traduit par soutenir signifie tellement plus que simplement soutenir passivement. En réalité, c’est le verbe porter qui est là. Le Fils porte la création. C’est un verbe actif. Le Fils prend la création et la porte, il la dirige, il la conduit vers le but final. La providence de Dieu est donc le prolongement de l’acte créateur de Dieu. C’est-à-dire que Dieu n’a pas simplement tout créé. Il a tout créé et poursuit son œuvre créée par sa providence. La définition de la providence divine est importante parce qu’elle ressort dans le livre de Ruth.
Au temps du gouvernement des juges, il y eut une famine dans le pays. Un homme de Bethléhem de Juda partit, avec sa femme et ses deux fils, pour séjourner dans la campagne de Moab. Ruth 1.1
Ce verset cherche à nous situer dans le contexte dès le début du livre. Pour apprécier le livre de Ruth, nous devons absolument le situer dans son contexte qui passe par le livre des Juges. En fait, si nous ne nous arrêtons pas sur ce point, nous allons complètement passer à côté du but du livre et de son message. Donc, pour apprécier le livre des Juges, nous devons aussi considérer là où il se situe dans l’histoire d’Israël. Nous allons reculer un peu dans l’histoire pour avoir un portrait plus global.
On se rappelle que le Seigneur a suscité Moïse afin de libérer son peuple d’Égypte, là où il était sous l’esclavage. Le peuple passe donc 40 ans au désert sous la direction de Moïse. Celui-ci meurt sans être entré en Terre Promise, c’est-à-dire en Canaan. C’est son successeur Josué qui fera entrer le peuple en Terre Promise. Josué va déposséder plusieurs des nations païennes qui se trouvaient en Canaan, mais il restera des païens dans le pays. Ces nations païennes reviendront hanter le peuple d’Israël durant la période des Juges. À la fin du livre de Josué, nous lisons :
Après ces événements, Josué, fils de Noun, serviteur de l’Éternel, mourut, âgé de cent dix ans. On l’ensevelit dans le territoire de son héritage, à Timnath-Sérah, dans les monts d’Éphraïm, au nord de la montagne de Gaach. Israël servit l’Éternel pendant toute la vie de Josué et pendant toute la vie des anciens qui survécurent à Josué et qui connaissaient toute l’œuvre que l’Éternel avait faite en faveur d’Israël. Josué 24.29-31
Donc Josué a fait du bon travail. Non seulement il a bien dirigé le peuple mais il a bien préparé les anciens à bien prendre soin du peuple. Nous retrouvons cette finale du livre de Josué dans Juges 2, et nous lirons les versets 7 à 12.
Le verset 7 est presque identique au verset 31 que nous venons de lire dans Josué 24.
Le peuple servit l’Éternel tout le temps de Josué, et tout le temps des anciens qui survécurent à Josué et qui avaient vu toutes les grandes œuvres que l’Éternel avait accomplies pour Israël.
Les versets 8 et 9 nous parlent de la mort de Josué, ce qui reprend les versets 29 et 30 de Josué 24.
Josué, fils de Noun, serviteur de l’Éternel, mourut, âgé de cent dix ans. On l’ensevelit dans le territoire de son héritage à Timnath-Hérès, dans la montagne d’Éphraïm, au nord de la montagne de Gaach.
Puis, le verset 10 nous informe de ce qui a suivi :
Toute cette génération fut, elle aussi, réunie à ses ancêtres décédés, et il s’éleva après elle une autre génération, qui ne connaissait pas l’Éternel, ni l’œuvre qu’il avait accomplie pour Israël.
L’auteur du livre des Juges a tenu à ce que le lecteur ne lise pas ce livre sans considérer qu’il est la suite du livre de Josué.
Après le ministère de Josué, la situation se détériore.
Les Israélites firent alors ce qui est mal aux yeux de l’Éternel et ils rendirent un culte aux Baals. Ils abandonnèrent l’Éternel, le Dieu de leurs pères, qui les avait fait sortir du pays d’Égypte, et ils se rallièrent à d’autres dieux d’entre les dieux des peuples qui les entouraient ; ils se prosternèrent devant eux et ils irritèrent l’Éternel. Juges 2.11-12
L’auteur veut faire ressortir le contraste entre la situation spirituelle du peuple sous le ministère de Josué, situation très saine, et celle qui a suivi après la mort de Josué où les choses se sont grandement détériorées. Et tout le livre des Juges est caractérisé par cette rébellion récurrente du peuple d’Israël. Et le verset clé du livre des Juges est Juges 17.6
En ce temps-là, il n’y avait point de roi en Israël. Chacun faisait ce qui lui semblait bon.
Ce verset sera répété textuellement en Juges 21.25, ce qui démontre son importance. De plus, en deux autres endroits, l’auteur nous rappelle qu’il n’y avait pas de roi en Israël à ce moment-là[3].
Si je vous invite chez moi et que vous passez la remarque qu’il n’y a pas de cadre dans le salon, c’est une chose. Mais si vous me le répétez 4 fois, c’est que vous voyez un problème du fait qu’il n’y a pas de cadre dans mon salon. Répéter 4 fois qu’il n’y avait pas de roi en ce temps-là alerte le lecteur sur le problème. Autrement dit, Josué et ses anciens sont morts. Le peuple se retrouve sans conducteur et n’a pas de roi. Le peuple fait alors ce qui lui semble bon. Et le peuple s’est prostitué à d’autres dieux pendant ce temps. Tous ces éléments sont à garder en tête lorsque nous lisons le livre de Ruth. Parce que le contexte du livre de Ruth est le même que celui des Juges. Dès l’ouverture du livre, nous lisons :
Au temps du gouvernement des juges, il y eut une famine dans le pays. Un homme de Bethléhem de Juda partit, avec sa femme et ses deux fils, pour séjourner dans la campagne de Moab.
Encore ici, l’auteur du livre de Ruth a tenu à ce que nous ne lisions pas ce livre sans considérer le lien qui l’unit au livre des Juges. En fait, la compréhension du livre de Ruth n’est possible que lorsque nous comprenons le livre des Juges. Durant toute la lecture du livre, nous devrons garder à l’esprit que le livre de Ruth est en continuité avec le livre des Juges. Il s’agit du même contexte. Et en même temps, le livre de Ruth marque une discontinuité cette fois dans la disposition des principaux personnages, ce que nous verrons au fil du livre. Le livre va se terminer par une généalogie, et nous lisons à la fin du livre :
Booz prit Ruth qui devint sa femme, et il alla vers elle. L’Éternel permit à Ruth de concevoir, et elle enfanta un fils. Les femmes dirent à Noémi : Béni soit l’Éternel qui ne t’a pas laissé manquer aujourd’hui d’un rédempteur dont le nom sera célébré en Israël. Il te fait revenir à la vie et soutient ta vieillesse ; car ta belle-fille qui t’aime l’a enfanté, elle qui vaut mieux pour toi que sept fils. Noémi prit l’enfant et le mit sur son sein et ce fut elle qui l’éleva. Les voisines lui donnèrent un nom en disant : Un fils est né à Noémi ! Elles l’appelèrent du nom d’Obed. C’est lui le père d’Isaï, père de David. Ruth 4.13-17
Ruth a donc été l’arrière-grand-mère de David. Le livre de Ruth se situe donc au temps des Juges où chacun faisait ce qui lui semblait bon parce qu’il n’y avait pas de roi en Israël, et se termine par l’annonce de la venue du roi David. Le livre des Juges vise à démontrer la déroute du peuple de Dieu lorsqu’il n’est pas gouverné par un roi. Le livre de Ruth nous présente l’espoir d’une Moabite qui va devenir une bénédiction pour Noémie sa belle-mère, et procurer une descendance qui mènera à David, puis à Jésus-Christ. Le livre de Ruth sert de préparation à la royauté, la venue de David, qui lui, préfigure Jésus-Christ. Nous sommes au 11e siècle avant Jésus-Christ, soit entre la vie de Josué et les débuts de la royauté en Israël.
C’est incroyable de voir comment le Seigneur a tout dirigé pour préparer son peuple à la venue du messie. Frères et sœurs, lorsque nous lisons les Écritures, nous devons réaliser que le but de Dieu est que nos yeux se tournent vers le Seigneur Jésus-Christ. Mais pas seulement nos yeux. Il veut que nos cœurs lui soient consacrés. Il veut que nous le suivions. Il veut que nous marchions en nouveauté de vie, à sa suite.
Que le Seigneur vous bénisse.
Daniel Durand, pasteur
10 octobre 2018