Série sur le livre de Jonas, partie 18

« Frères et sœurs, notre Dieu est notre souverain Berger. Il s’intéresse à notre Église comme troupeau, mais il s’intéresse en même temps à chacun d’entre nous, personnellement. Il le démontre avec Jonas. Nous assistons à la patiente pédagogie de Dieu à l’égard de son serviteur. Dieu mobilise sa création pour enseigner Jonas au lieu d’envoyer quelqu’un d’autre. »

Nous allons lire, au chapitre 4 du livre de Jonas, les versets 6 à 8 :

L’Éternel Dieu fit intervenir un ricin, qui s’éleva au-dessus de Jonas, pour donner de l’ombre sur sa tête et pour lui ôter sa mauvaise humeur. Jonas éprouva une grande joie à cause de ce ricin. Mais le lendemain, quand parut l’aurore, Dieu fit intervenir un ver pour s’attaquer au ricin, et le ricin sécha. Au lever du soleil, Dieu fit intervenir un vent d’est étouffant, et le soleil s’attaqua à la tête de Jonas, au point qu’il tomba en défaillance. Il demanda la mort et dit : La mort m’est préférable à la vie. (Jonas 4.6-8)

La semaine passée, nous avons vu que Dieu impose à Jonas ce petit jeu de lui donner un ricin afin qu’il ait de l’ombre, pour ensuite le lui retirer et envoyer plutôt un vent chaud. Nous avions vu une première raison pour laquelle Dieu fait cela : Dieu veut montrer à Jonas son égoïsme.

Jonas éprouve une grande joie d’avoir un peu d’ombre et n’est pas capable de se réjouir que 120 000 Ninivites soient sauvés.

Démontrer son absence de compassion

Une deuxième raison pour laquelle Dieu incommode Jonas, c’est pour que ce dernier puisse en tirer une leçon de compassion. Remarquez que Dieu n’accorde pas à Jonas ce qu’il demande : Jonas demande la mort et Dieu ne fait que l’incommoder dans un but pédagogique.

Comme le dit Daniel Arnold :

« L’action de l’Éternel a donc pour but de déloger le prophète de sa position retranchée. C’est l’entêtement du prophète que l’Éternel combat, et non le prophète lui-même. »

Épreuve pédagogique

Nous pouvons tirer une autre leçon de ce que Dieu fait : Dieu rend Jonas très inconfortable en faisant mourir le ricin. Jonas est au soleil et Dieu envoie un vent (Semeur traduit « un vent brûlant ».

Les moyens pédagogiques de Dieu passent souvent par l’inconfort, la privation de ce qui est nécessaire. Si sa Parole ne nous suffit pas pour obéir et pour comprendre certaines choses, le Seigneur va utiliser d’autres moyens pour accompagner sa Parole.

Fâché contre Dieu

Nous ne réalisons pas toujours que nos colères, nos mécontentements, nos frustrations cachent pratiquement toujours un problème que nous avons avec Dieu. Si je suis en colère parce qu’il pleut et que j’avais prévu une activité en plein air, je suis en colère contre Dieu. C’est lui qui contrôle la météo. Si je suis en colère contre un frère qui vient m’exhorter, c’est Dieu qui l’envoie. Je dois apprécier son intervention.

Dieu dit à Jonas : Fais-tu bien de te fâcher à cause du ricin ? Il répondit : Je fais bien de me fâcher jusqu’à la mort. Et l’Éternel dit : Toi tu as pitié du ricin qui ne t’a coûté aucune peine et que tu n’as pas fait grandir, qui est né dans une nuit et qui a péri dans une nuit. Et moi, je n’aurais pas pitié de Ninive, la grande ville, dans laquelle se trouvent plus de cent vingt mille êtres humains qui ne savent pas distinguer leur droite de leur gauche, et des bêtes en grand nombre ! (Jonas 4.9-11)

C’est la deuxième fois que Jonas se fâche : la première fois, c’était en raison de la repentance des Ninivites; maintenant, c’est parce que Dieu a séché le ricin. Jonas a du culot : Dieu lui demande s’il fait bien de se fâcher à cause du ricin et Jonas lui dit qu’il a raison. Jonas ajoute qu’il fait bien de se fâcher jusqu’à la mort. En lisant ce verset, je me suis dit que c’est une bénédiction que le Seigneur ne nous donne pas toujours selon nos désirs.

Aux versets 10 et 11 (Jonas 4.10-11), le Seigneur enseigne à Jonas que ses priorités sont égoïstes. Jonas a pitié du ricin, parce que le ricin lui a procuré de l’ombre, mais il n’a eu aucune pitié pour les Ninivites. Combien de fois nos priorités sont mauvaises ? Quelques exemples pourraient nous concerner :

  • Un frère a besoin d’aide et je préfère rester confortablement à la maison plutôt que de l’aider;
  • Quelqu’un me dit quelque chose qui heurte mon amour propre et, pour me défendre, je suis prêt à lui rentrer dedans.

Le livre de Jonas se termine en nous laissant sur notre appétit concernant Jonas. Est-ce que Jonas a fini par comprendre ? Est-il rentré en terre promise ? A-t-il conservé une colère qui s’est transformée en amertume ? Nous y reviendrons. Le livre de Jonas est aussi le livre qui nous appelle à nous interroger sur nos priorités, sur nos motivations. Le livre de Jonas comporte énormément de leçons pour nous, mais aussi, ce livre nous enseigne énormément sur Dieu.

Le livre : du plus grand au plus petit

Le livre de Jonas nous montre un Dieu qui se déplace du plus grand au plus petit : dans les trois premiers chapitres, l’intérêt se porte sur les Ninivites, les habitants de la grande ville de Ninive; au chapitre 4 (Jonas 4), Dieu se penche vers un seul individu, son serviteur, le prophète Jonas.

Au chapitre 1 (Jonas 1), c’est le grand poisson qui est mobilisé pour ramener Jonas sur la terre ferme et, au chapitre 4 (Jonas 4), c’est un petit ver que Dieu envoie pour ramener Jonas à la raison. Au chapitre 1 (Jonas 1), c’est une véritable tempête qui est envoyée, une tempête telle que les marins expérimentés n’y peuvent rien et soupçonnent qu’il y ait des divinités derrière. Au chapitre 4 (Jonas 4), c’est un vent chaud pour affaiblir Jonas qui est envoyé.

Notre Dieu se révèle être le Dieu des grands phénomènes, capables de changer complètement des populations entières. Il y a plusieurs années, la Hongrie était pratiquement en faillite. Le gouvernement n’était plus en mesure de payer la fonction publique. Il a alors demandé si une organisation était prête à prendre en charge les écoles, mais sans recevoir des enveloppes budgétaires pour le faire. Les Églises réformées ont décidé de relever le défi. Les enfants ont été enseignés dans toutes les matières, mais aussi dans les Écritures. En une génération, le pays est devenu massivement chrétien. Aujourd’hui, le pays s’est relevé économiquement. Le Seigneur peut faire de très grandes choses, mais aussi, il est le Dieu des individus. Il s’intéresse à chacun de ses enfants personnellement. Lorsque j’étais à la Faculté de théologie, dans le cours de ministère pastoral, le professeur nous a fait lire un livre qui s’intitule Développer son leadership de John Maxwell.

Le livre enseignait qu’un pasteur ne doit pas prendre soin des brebis. Il doit chercher uniquement à former d’autres pasteurs. Il doit se multiplier pour reprendre une expression chère à l’idéologie du leadership. Je suis stupéfait de lire cela, mais je me dis que si le pasteur forme d’autres pasteurs afin que ceux-ci prennent soin des brebis, ce ne sera pas si pire. Non, il dit que les pasteurs formés par le premier pasteur doivent faire la même chose : ne pas s’occuper des brebis, mais uniquement chercher à former d’autres pasteurs. Je suis allé voir le professeur pour lui exprimer mon indignation. Qui va prendre soin des brebis ? Ce n’est pas vrai que tout se règle en dirigeant la masse. Nous devons prendre soin de chaque brebis, soigner celles qui souffrent, ramener celles qui s’égarent, etc.

Frères et sœurs, notre Dieu est notre souverain Berger. Il s’intéresse à notre Église comme troupeau, mais il s’intéresse en même temps à chacun d’entre nous, personnellement. Il le démontre avec Jonas. Nous assistons à la patiente pédagogie de Dieu à l’égard de son serviteur. Dieu mobilise sa création pour enseigner Jonas au lieu d’envoyer quelqu’un d’autre.

Daniel Durand, pasteur
7 août 2019

Prédicateur invité

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