« Une personne ne peut être considérée comme chrétienne si elle ne croit pas en la résurrection de Jésus-Christ. Et si cette personne croit que Jésus-Christ est ressuscité, le miracle du poisson ne devrait pas poser de problème. »
Nous débutons ce soir une série sur le livre de Jonas. Pour ce soir, ce sera une introduction au livre. L’histoire est bien connue de tous, y compris les enfants. Une chanson populaire a été écrite. Ce que tous retiennent, c’est que Jonas a été capturé par un poisson, souvent appelé à tort une baleine. Mais ce fait impressionnant ne constitue pas le tout du livre. Comme quelqu’un l’a dit, on s’est intéressé bien plus à ce qui s’est passé dans le ventre du poisson que dans le cœur de Jonas.
Nous venons de terminer le livre de Ruth et nous pouvons faire un lien entre ce livre et celui de Jonas. Un des points communs entre ces deux récits est le fait que Dieu s’intéresse aux étrangers, c’est-à-dire aux non Juifs. Ruth était moabite, une non-Juive, et Jonas est envoyé pour prêcher la repentance aux Ninivites. En contraste, Ruth était une étrangère qui est venue s’établir en Israël, alors que Jonas est envoyé en pays étranger. Dans les deux cas, nous constatons que l’intérêt de Dieu pour les non Juifs n’a pas débuté à la Pentecôte. Dans les deux cas, les Moabites et les Assyriens étaient très éloignés de Dieu. Les Moabites n’avaient pas le droit d’entrer dans l’assemblée de l’Éternel, ce que nous dit Deutéronome 23.4-7. Jonas était un prophète qui n’en était pas à sa première mission. Le Seigneur l’avait envoyé pour prophétiser en Israël. Nous lisons en 2 Rois14.25 :
Jéroboam rétablit la frontière d’Israël depuis l’entrée de Hamath jusqu’à la mer de la Araba, selon la parole que l’Éternel, le Dieu d’Israël, avait prononcée par l’intermédiaire de son serviteur le prophète Jonas, fils d’Amittaï, de Gath-Hépher.
Jonas venait de la Galilée. Quand les pharisiens veulent discréditer Jésus et disent à Nicodème en Jean 7.52 :
Cherche bien, et tu verras que de la Galilée, il ne sort pas de prophète.
Ils ont ignoré Jonas. 2 Rois 14.25 nous informe que Jonas venait de Gath-Hépher. C’est une ville située à 5 kilomètres au nord-est de Nazareth. Jonas jouissait certainement d’une grande crédibilité puisque ce qu’il avait prophétisé est arrivé. Je relis 2 Rois 14.25 :
Jéroboam rétablit la frontière d’Israël depuis l’entrée de Hamath jusqu’à la mer de la Araba, selon la parole que l’Éternel, le Dieu d’Israël, avait prononcée par l’intermédiaire de son serviteur le prophète Jonas, fils d’Amittaï, de Gath-Hépher.
Les prophètes qui ont prophétisé sur la venue du messie sont morts avant l’accomplissement. Mais pas Jonas. Jonas est le seul prophète auquel Jésus se soit comparé. Matthieu 12.40 :
Car, de même que Jonas fut trois jours et trois nuits dans le ventre du grand poisson de même le Fils de l’homme sera trois jours et trois nuits dans le sein de la terre.
L’histoire du livre de Jonas se résume très facilement. Le Seigneur demande à Jonas d’aller annoncer la repentance aux Ninivites. Jonas refuse et s’enfuit à l’opposé. Dieu le ramène par un grand poisson. Jonas obéit finalement et les Ninivites se repentent. Jonas est déçu du résultat et Dieu l’enseigne. Voilà les grandes lignes du livre.
Le livre comporte 2 grandes parties. Les 2 premiers chapitres, c’est la désobéissance, la fuite à l’Ouest sur la mer. Les 2 derniers chapitres, c’est l’obéissance, le retour de Jonas à l’Est sur la terre. Ce livre présente beaucoup d’intérêt pour les raisons suivantes. C’est le seul livre prophétique dont l’essentiel du livre est une narration. Contrairement aux autres livres prophétiques, le livre de Jonas ne présente pas de prophéties, mais raconte la mission de Jonas. Seul son message prophétique est présenté, et ce, en 5 mots : « Encore quarante jours, et Ninive sera bouleversée! ». Deuxième point d’intérêt, Jonas est le seul des prophètes auquel Jésus s’est comparé. Matthieu 12.40 :
…de même que Jonas fut trois jours et trois nuits dans le ventre du grand poisson de même le Fils de l’homme sera trois jours et trois nuits dans le sein de la terre.
Jonas est devenu le signe donné par Dieu, et Jésus dit qu’il ne sera pas donné d’autre signe que celui de Jonas. Nous verrons éventuellement ce qu’est ce signe. Finalement, la mission de Jonas s’est passée chez les non Juifs. Le livre de Jonas est à la fois un traité missionnaire, et à la fois un portrait de la mentalité de la nation juive. C’est un tout petit livre. Il y a 48 versets en tout, alors que le premier chapitre de l’évangile de Luc fait à lui seul 80 versets. C’est donc très facile de le lire d’une seule traite. Le seul nom qui soit mentionné dans toute l’épître est celui de Jonas.
Historicité
Plusieurs considèrent ce livre comme une histoire inventée en raison des miracles qu’il contient. Une grande tempête sur la mer d’une telle force qu’elle affole les marins expérimentés. Jonas avalé par un grand poisson. Une nation païenne qui se convertit sur un message très court. Un ricin qui pousse miraculeusement et qui meurt subitement. Pour le chrétien, les miracles ne sont pas des obstacles à l’historicité. Ils démontrent plutôt que Dieu œuvre souverainement dans sa création, que Dieu mobilise sa création au service de son plan. Une personne ne peut être considérée comme chrétienne si elle ne croit pas en la résurrection de Jésus-Christ. Et si cette personne croit que Jésus-Christ est ressuscité, le miracle du poisson ne devrait pas poser de problème. Dans le cas du livre de Jonas, j’ajouterais que les miracles nous enseignent que si Dieu est assez puissant pour faire ces miracles, il est assez puissant pour sauver une nation rebelle. Je développerai davantage lors des études du livre. Mais pour l’instant, deux points.
Premièrement, je dirais que le témoignage de Jésus devrait nous suffire. Matthieu 12.38-42 :
38 Alors quelques-uns des scribes et des Pharisiens prirent la parole et dirent : Maître, nous voudrions voir un signe de ta part. 39 Il leur répondit : Une génération mauvaise et adultère recherche un signe, il ne lui sera donné d’autre signe que celui du prophète Jonas. 40 Car, de même que Jonas fut trois jours et trois nuits dans le ventre du grand poisson de même le Fils de l’homme sera trois jours et trois nuits dans le sein de la terre. 41 Les hommes de Ninive se dresseront lors du jugement, avec cette génération et la condamneront, parce qu’ils se sont repentis à la prédication de Jonas, et voici qu’il y a ici plus que Jonas. 42 La reine du Midi se lèvera lors du jugement, avec cette génération et la condamnera, parce qu’elle est venue des extrémités de la terre pour entendre la sagesse de Salomon, et voici qu’il y a ici plus que Salomon.
Jésus affirme l’historicité du livre de Jonas. Si ce n’était qu’une histoire inventée, Jésus ne pourrait jamais dire que les hommes de Ninive se dresseront lors du jugement et condamneront la génération visée par Jésus. Jésus met sur le même plan la conversion des Ninivites sous Jonas, et la visite de la reine du Midi auprès de Salomon.
Deuxièmement, l’histoire rapporte un fait qui a été bien attesté qui fit l’objet d’investigations minutieuses de la part d’un homme de science, M. de Parville, chroniqueur scientifique du Journal des Débats de Paris. Je vous lis la note de bas de page du livre Introduction à l’Ancien Testament de Gleason Archer, que nous avons à la bibliothèque, à la page 352 :
« Francis Fox […] nous rapporte un cas particulièrement frappant, en précisant qu’il fit l’objet d’investigations minutieuses de deux hommes de science (dont M. de Parville, chroniqueur scientifique du Journal des Débats de Paris). En février 1891, Ie baleinier Star of the East se trouvait au voisinage des Îles Falkland quand la vigie aperçut à une distance de cinq kilomètres un énorme cachalot. Deux chaloupes furent mises à la mer, et assez rapidement l’un des harponneurs put frapper l’animal. La seconde chaloupe attaqua aussi le cétacé, mais chavira sous un coup de sa queue, si bien que l’équipage fut jeté à la mer. L’un des marins se noya, mais l’autre, James Bartley, disparut purement et simplement sans laisser de trace. Quand le cachalot fut tué, l’équipage se mit à l’œuvre avec des haches et des couteaux à dépecer, enlevant la graisse. Ils travaillèrent tout le jour et une partie de la nuit. Le jour suivant, ils fixèrent des appareils de levage à l’estomac, qui fut hissé sur le pont. Les marins furent intrigués par quelque chose qui, à l’intérieur, donnait spasmodiquement des signes de vie, et l’on trouva le matelot disparu, replié sur soi et inconscient. On le déposa sur le pont et on lui administra un bain d’eau de mer qui le fit revenir à lui. À la fin de la troisième semaine il s’était entièrement remis du choc et il reprit sa tâche… Son visage, son cou et ses mains étaient décolorés, d’une blancheur cadavérique, et ressemblaient à du parchemin. Bartley affirme qu’il aurait probablement vécu à l’intérieur de cette maison de chair jusqu’à ce qu’il meure de faim, car il s’était évanoui de peur et non par manque d’air. »
Le fait a aussi été rapporté par la réputée Encyclopedia Britannica. Il y aurait aussi eu deux autres cas rapportés antérieurement mentionnés en 1927 dans la Princeton Theological Review, l’un se serait produit en 1758, et l’autre en 1771. Donc, bien que ce soit rarissime, il semble que ce ne soit pas unique. De toute façon, du simple fait que Dieu a voulu qu’un cétacé prenne en charge Jonas, la chose devient possible. Jonas a vécu quelque part au tournant du 8e siècle au 7e siècle avant Jésus-Christ. Certains proposent de voir en Jonas la mentalité de la nation juive qui méprisait les autres nations et qui voulaient garder pour elle-même les privilèges de connaître Dieu. Il y a un contraste frappant de voir les païens se soumettre à Dieu alors que Jonas, un Juif, est rebelle et amer. En même temps, ce livre annonce l’entrée des païens au sein du peuple de Dieu.
Daniel Durand, pasteur
13 mars 2019