Pourquoi Dieu a-t-il utilisé Judas? Jean 18.2

« Frères et sœurs, à la croix, nous voyons avec le plus grand éclat les forces du mal mobilisées pour s’opposer à Dieu et la puissance de Dieu agir selon un contrôle parfait. Ce n’est pas un conflit où les forces du bien tentent de neutraliser les forces du mal : c’est un conflit où la puissance de Dieu utilise la méchanceté des hommes pour accomplir son plan. Je pense que c’est la pire insulte pour Satan et pour ceux qui le suivent : ils obtiennent toujours le résultat contraire à celui qu’ils désirent. Ils veulent détruire. Or, tout ce qu’ils font devient une contribution au plan de Dieu. Nous devons trouver une grande assurance dans ces choses parce qu’il en est de même pour nos vies. Les forces du mal, y compris les pécheurs, y compris nous-mêmes, ne peuvent renverser le plan de Dieu pour nos vies et même plus. Le Seigneur utilise les tactiques pécheresses et les fait contribuer, concourir à notre bien. Le Dieu de l’histoire qui a connu un tournant décisif par l’œuvre de Jésus-Christ est aussi le Dieu de notre histoire. Il est le même. Il agit pour accomplir son plan parfait. »

 

Introduction

Ce matin, nous allons étudier Jean 18.2, mais pour la mise en contexte, nous allons lire aussi le verset 1.

Texte biblique

Après avoir dit cela, Jésus sortit avec ses disciples pour aller de l’autre côté du ravin du Cédron, où se trouvait un jardin dans lequel il entra, lui et ses disciples. Judas, qui le livrait, connaissait l’endroit, parce que Jésus et ses disciples s’y étaient souvent réunis. (Jean 18.1-2)

Que le Seigneur bénisse sa Parole. Nous allons prier.

Exposé

Contexte

Nous avions vu que ces versets décrivent les évènements qui font suite au discours de Jésus à ses disciples ainsi qu’à la prière sacerdotale juste avant d’être arrêté.

Les souffrances

Au verset 1 (Jean 18.1), nous avions vu que les souffrances de Jésus, puisque Jésus va au-devant et se dirige là où il sait qu’il sera arrêté, ont un sens, de même que les souffrances du chrétien ont un sens, puisqu’elles nous associent aux souffrances de Jésus.

Or, si nous sommes enfants, nous sommes aussi héritiers : héritiers de Dieu, et cohéritiers de Christ, si toutefois nous souffrons avec lui, afin d’être glorifiés avec lui. (Romains 8.17)

Afin de connaître Christ, […] et la communion de ses souffrances, en devenant conforme à lui dans sa mort, (Philippiens 3.10)

Réjouissez-vous, au contraire, de la part que vous avez aux souffrances de Christ, afin que vous soyez aussi dans la joie et dans l’allégresse lorsque sa gloire apparaîtra. (1 Pierre 4.13)

Les souffrances qui sont reliées à notre appartenance à Jésus-Christ peuvent être des persécutions, mais aussi des sacrifices que nous faisons pour la cause de l’évangile. Ça peut être aussi une souffrance reliée à la simple condition humaine, comme un handicap, une maladie, une condition, en dépit duquel nous persévérons. Pascal Denault, dans son livre Le côté obscur de la vie chrétienne, fait ressortir que le chrétien vit la plupart du temps des épreuves très semblables à celles que les non-chrétiens traversent. Effectivement, nous sommes atteints par les mêmes maladies. Les crises économiques ne distinguent pas entre chrétiens et non chrétiens. Nous avons souvent les mêmes frustrations. Par exemple, nous organisons une fête familiale en plein air et la pluie vient tout gâcher. La différence vient du regard que la Bible nous permet d’avoir sur les circonstances. Nous allons persévérer dans les choses du Seigneur, peu importent les circonstances, parce que nous les voyons avec les yeux de la foi, c’est-à-dire que notre regard est éclairé par les Écritures. Nous comprenons que Dieu est au contrôle de toutes les circonstances. Nous croyons que tout concourt au bien de ceux qui aiment Dieu. Nous savons que Dieu utilise les circonstances pour faire une œuvre de sanctification en nous. Si nous persévérons dans la vertu alors que nous sommes éprouvés, nous souffrons avec le Christ. Nous avions aussi vu que c’est à la croix que Jésus-Christ a remporté la victoire. La victoire a été remportée à la croix : pour nous, c’est la même chose. Nos souffrances ne doivent pas être considérées comme des tragédies, mais comme des triomphes. Les épreuves nous façonnent. À travers elles, Dieu nous rend plus que vainqueurs par celui qui nous fortifie. Si nous prenions conscience du sens, du rôle de nos souffrances dans nos vies, nous louerions le Seigneur pour celles-ci. Nous ferions ce que Jacques dit dans son épître et nous les considérerions comme des sujets de grande joie.

Premier et dernier Adam

La semaine passée, nous nous sommes arrêtés sur le fait que Jésus accomplit le mandat dans lequel Adam a échoué.

Judas

Ce matin, nous allons regarder le rôle de Judas dans l’épreuve souffrante de Jésus. Aux versets 2 et 3 (Jean 18.2-3), Judas se présente. Pour mieux comprendre les évènements, nous allons solliciter l’évangile de Matthieu pour voir la chronologie.

Chronologie

Alors l’un des douze, appelé Judas Iscariot, alla vers les principaux sacrificateurs, et dit : Que voulez-vous me donner, et je vous le livrerai? Et ils lui payèrent trente pièces d’argent. Depuis ce moment, il cherchait une occasion favorable pour livrer Jésus. (Matthieu 26.14-16)

Ce n’est qu’après cela que Jésus et les douze ont célébré la Pâque :

Le premier jour des pains sans levain, les disciples s’adressèrent à Jésus, pour lui dire : Où veux-tu que nous te préparions le repas de la Pâque? Il répondit : Allez à la ville chez un tel, et vous lui direz : Le maître dit : Mon temps est proche; je ferai chez toi la Pâque avec mes disciples. Les disciples firent ce que Jésus leur avait ordonné, et ils préparèrent la Pâque. Le soir étant venu, il se mit à table avec les douze. Pendant qu’ils mangeaient, il dit : Je vous le dis en vérité, l’un de vous me livrera. Ils furent profondément attristés, et chacun se mit à lui dire : Est-ce moi, Seigneur? Il répondit : Celui qui a mis avec moi la main dans le plat, c’est celui qui me livrera. Le Fils de l’homme s’en va, selon ce qui est écrit de lui. Mais malheur à l’homme par qui le Fils de l’homme est livré! Mieux vaudrait pour cet homme qu’il ne fût pas né. Judas, qui le livrait, prit la parole et dit : Est-ce moi, Rabbi? Jésus lui répondit : Tu l’as dit. (Matthieu 26.17-25)

Judas est débusqué à l’intérieur du repas pascal, puisqu’il est dit ailleurs qu’il a trempé son morceau, fort probablement du pain, avec Jésus. Judas a quitté les lieux alors que le repas s’est poursuivi. À l’intérieur de ce repas, Jésus a institué la sainte Cène, alors que Judas avait déjà quitté les lieux. Quand on lit l’évangile de Jean en considérant ces choses, on apprend que Judas est allé voir les autorités pour livrer Jésus dès qu’il a été débusqué. Que faisait Judas pendant que Jésus enseignait aux 11 disciples et pendant la prière sacerdotale? Judas se rendait chez les chefs religieux pour les conduire à Jésus. Au lieu d’écouter Jésus, il a écouté son cœur. Quand Judas se présente pour célébrer la Pâque avec Jésus et les autres, il avait déjà résolu de livrer Jésus. C’est déjà grave de livrer le messie, mais ce qui ajoute au péché, c’est le fait que Judas se pointe lors du repas pascal. Ce repas n’est pas comme les autres repas. Il s’agit de la célébration de l’acte rédempteur de Dieu lorsqu’il délivra son peuple d’Égypte. C’est une fête solennelle. C’est une fête pour honorer le Dieu qui délivre son peuple. Judas n’avait aucune crainte de l’Éternel pour agir comme il l’a fait. Jésus n’a pas prié pour Judas. Il a prié pour Pierre qui allait le renier trois fois, mais il n’a pas prié pour Judas qui l’a livré. Jésus a prié pour ceux qui l’ont crucifié : « Père, pardonne-leur car ils ne savent ce qu’ils font », mais il n’a pas fait cette prière pour Judas. Judas a agi en pleine connaissance de cause.

Jésus s’est rendu

Les versets 1 à 3 (Jean 18.1-3) nous montrent que Jésus s’est rendu dans ce parc dans le but d’être arrêté. Pourquoi Jésus a choisi ce parc que connaissait Judas, sinon pour que Judas et les gardes le trouvent facilement? À partir de ces versets, nous allons commencer à examiner ce qui se passait dans la tête de tous les opposants qui sont entrés en scène. C’est essentiel pour connaître ce chapitre et les suivants.

Jésus ouvert

Nous allons faire un retour en arrière pour mieux comprendre. Quand Jésus s’est rendu à Béthanie pour ressusciter son ami Lazare, les Pharisiens l’ont appris et n’ont vraiment pas apprécié.

Dès ce jour, les Pharisiens résolurent de faire mourir Jésus. Celui-ci donc ne circula plus ouvertement parmi les Juifs; mais il partit de là pour la contrée voisine du désert, dans une ville appelée Éphraïm; il y séjournait avec ses disciples. (Jean 11.53-54)

Jésus ne circulait plus ouvertement à partir du moment où les Pharisiens ont résolu de le faire mourir. Quelque temps après, et il semble que Jésus a appris que son heure était venue, il a recommencé à circuler ouvertement. Il est retourné à Béthanie, alors que plusieurs Juifs avaient appris qu’il y eut une résurrection. Ces Juifs se sont rendus à Béthanie pour voir Jésus, mais aussi Lazare. Les dirigeants juifs ont alors délibéré afin de faire mourir Jésus. Quel paradoxe! On veut mettre à mort celui qui vient de redonner la vie. On voit tout cela au chapitre 12 de Jean (Jean 12) et ça s’est tout passé dans la semaine avant la crucifixion. Jésus prend un ânon, s’assoit dessus et entre à Jérusalem. Il se présente non seulement en public, mais en se faisant remarquer. Tous l’ont vu et se sont écriés :

Ceux qui précédaient et ceux qui suivaient Jésus criaient : Hosanna au Fils de David! Béni soit celui qui vient au nom du Seigneur! Hosanna dans les lieux très hauts! Lorsqu’il entra dans Jérusalem, toute la ville fut émue, et l’on disait : Qui est celui-ci? (Matthieu 21.9-10)

Alors, si Jésus se montrait publiquement et si Jésus s’est rendu à Jérusalem sachant qu’il allait être arrêté, pourquoi est-ce que ça a pris Judas? Nous devons savoir que Jésus se montrait publiquement, mais en plein jour. Or, les pharisiens n’étaient pas très confortables d’arrêter Jésus en plein jour.

Les principaux sacrificateurs et les pharisiens cherchaient à se saisir de Jésus; mais ils craignaient la foule, parce qu’elle le tenait pour un prophète. (Matthieu 21.46)

Jésus vient de ressusciter Lazare. En plus, il entre à Jérusalem sur un ânon et il est acclamé par tous. Les Pharisiens craignaient la foule, parce que celle-ci voyait en Jésus un prophète. De plus, les prophéties bibliques informaient les Juifs que le fameux prophète attendu allait opérer des miracles. Dans Luc 7, Jésus ressuscite un jeune homme et la réaction des gens a été :

Tous furent saisis de crainte, et ils glorifiaient Dieu, disant : Un grand prophète a paru parmi nous, et Dieu a visité son peuple. (Luc 7.16)

Donc, la foule voyait en Jésus le prophète annoncé par Dieu en Deutéronome 18, versets 15 et 18 (Deutéronome 18.15; Deutéronome 18.18) et les miracles confirmaient cela. Les Pharisiens étaient donc dans une situation délicate. Ils voulaient tuer Jésus et ils devaient considérer le fait que la foule appréciait Jésus. Rajoutons à cela qu’une autre crainte des Pharisiens était que si Jésus est arrêté et, qu’en réaction à l’arrestation, la foule manifeste publiquement, les Romains pourraient retirer aux Juifs tous les privilèges qu’ils avaient, parce que, dans tout l’empire, il n’y avait que les Juifs qui avaient le droit d’avoir une religion différente de la religion officielle, à la condition de maintenir l’ordre social. Nous avons une idée de ces craintes des Pharisiens :

Alors les principaux sacrificateurs et les Pharisiens assemblèrent le sanhédrin et dirent : Qu’allons-nous faire? Car cet homme fait beaucoup de miracles. Si nous le laissons faire, tous croiront en lui, et les Romains viendront nous enlever et notre Lieu saint et notre nation. (Jean 11.47-48)

Ceci nous met en contexte ce qui s’est passé. Jésus se présentait souvent en public, mais de jour. En raison de la présence de la foule, les Pharisiens ne pouvaient pas l’arrêter. Les seules fois où on tenta de l’arrêter en plein jour, c’est lorsque Jésus affirmait sa divinité. Dans ce cas, il est probable que les dirigeants juifs pensaient convaincre facilement la foule de la légitimité de l’arrestation. Sinon, les dirigeants craignaient d’arrêter Jésus en raison de la foule.

Crainte de la sympathie de la foule

Les dirigeants religieux connaissaient très bien le niveau de sympathie que la foule avait à son égard. Ils connaissaient donc sa capacité à attirer les foules.

Ses enseignements

Jésus impressionnait les gens par ses enseignements :

Quand Jésus eut achevé ces discours, les foules restèrent frappées de son enseignement, car il les enseignait comme quelqu’un qui a de l’autorité et non pas comme leurs scribes. (Matthieu 7.28-29)

Ce n’est pas juste que Jésus enseignait très bien. Le texte fait une comparaison avec les scribes. Jésus enseignait comme quelqu’un qui a de l’autorité et non pas comme leurs scribes.

Les Pharisiens entendirent ce que la foule murmurait à son sujet. Alors les principaux sacrificateurs et les Pharisiens envoyèrent des gardes pour l’arrêter. Jésus dit : Je suis encore avec vous pour un peu de temps, puis je m’en vais vers celui qui m’a envoyé. Vous me chercherez et vous ne me trouverez pas, et là où je serai, vous ne pouvez venir. Les Juifs dirent entre eux : Où va-t-il se rendre, pour que nous ne le trouvions pas? Va-t-il se rendre parmi ceux qui sont dispersés chez les Grecs et enseigner les Grecs? Que signifie cette parole qu’il a dite : Vous me chercherez et vous ne me trouverez pas, et là où je serai vous ne pouvez venir? Le dernier jour, le grand jour de la fête, Jésus debout s’écria : Si quelqu’un a soif, qu’il vienne à moi et qu’il boive. Celui qui croit en moi, des fleuves d’eau vive couleront de son sein, comme dit l’Écriture. (Jean 7.32-38)

Des gens de la foule, après avoir entendu ces paroles, disaient : Celui-ci est vraiment le prophète. D’autres disaient : Celui-ci est le Christ. Et d’autres disaient : Est-ce bien de la Galilée que doit venir le Christ? L’Écriture ne dit-elle pas que c’est de la descendance de David et du village de Bethléhem, d’où était David, que le Christ doit venir? Il y eut donc, à cause de lui, division parmi la foule. Quelques-uns d’entre eux voulaient l’arrêter, mais personne ne porta les mains sur lui. Les gardes retournèrent vers les principaux sacrificateurs et les Pharisiens qui leur dirent : Pourquoi ne l’avez-vous pas amené? Les gardes répondirent : Jamais homme n’a parlé comme parle cet homme. (Jean 7.40-46)

Imaginez l’affaire : les gardes sont envoyés pour amener Jésus auprès des autorités et ils ne l’ont pas fait, parce qu’ils étaient impressionnés par ses enseignements. Il semble que les Pharisiens avaient une autre crainte peut-être plus grande que celle de la foule et celle des Romains : ils craignaient la personne de Jésus lui-même.

Sa puissance

Une des raisons pour lesquelles la foule appréciait Jésus était les miracles. Imaginez arrêter quelqu’un qui a nourri 5000 hommes, qui a calmé une tempête et qui a déjà ressuscité du monde, dont Lazare une semaine avant. Pensez à Samson que les Philistins voulaient arrêter, mais qu’ils en ont été incapables en raison de sa puissance. Ils ont pu l’arrêter par la ruse lorsque Dalila lui a soutiré le secret de sa puissance qui résidait dans la longueur de ses cheveux. Les Pharisiens connaissaient ce récit biblique. Arrêter un homme qui a de telles capacités suscite une grande crainte. Jadis, ces autorités religieuses n’aimaient vraiment pas que Jésus fasse des miracles. Jean 9 nous raconte l’histoire d’un homme aveugle de naissance que Jésus a guéri. Les autorités questionnent alors les parents de cet homme :

Ils leur demandèrent : Est-ce là votre fils, dont vous dites qu’il est né aveugle? Comment donc voit-il maintenant? Ses parents répondirent : Nous savons que c’est notre fils et qu’il est né aveugle; mais comment il voit maintenant, nous ne le savons pas, ou qui lui a ouvert les yeux, nous ne le savons pas non plus. Interrogez-le, il est assez âgé pour parler de ce qui le concerne. Ses parents dirent cela, parce qu’ils craignaient les Juifs, car les Juifs s’étaient mis d’accord : si quelqu’un confessait que Jésus était le Christ, il serait exclu de la synagogue. (Jean 9.19-22)

Les dirigeants juifs abusaient de leur pouvoir. Ils étaient prêts à excommunier quiconque croit en Jésus-Christ. Tout cela explique la crainte des Pharisiens s’ils arrêtent Jésus. Or, si on arrête Jésus, quelle sera sa réaction? Jésus se présente comme le messie.

Le royaume

Or, à l’époque, les Juifs croyaient que le messie était un homme d’État qui allait prendre la couronne royale de la nation, dresser une puissance militaire et vaincre tous les ennemis alentour. On croyait à un royaume terrestre dirigé par un roi semblable aux rois des autres nations, mais plus puissant. Les Pharisiens, qui avaient aussi cette idée en tête, devaient se demander à quel moment Jésus allait tenter un coup d’État pour prendre la couronne. D’autant plus que Jésus venait d’être acclamé par tous une semaine avant, ce qu’on appelle l’entrée triomphale à Jérusalem :

Mais les principaux sacrificateurs et les scribes furent indignés, à la vue des choses merveilleuses qu’il avait faites, et des enfants qui criaient dans le temple : Hosanna au Fils de David! (Matthieu 21.15)

Les Pharisiens craignaient un coup d’État de la part de Jésus qui avait pratiquement toute la foule de son côté. Lorsque Judas s’est présenté à eux pour leur proposer de leur livrer Jésus, c’était rêvé. Si quelqu’un qui a accompagné Jésus durant trois années ne craint pas de livrer Jésus, c’est sûrement parce que nous avons exagéré les dangers reliés à la puissance de Jésus. Comme ils craignaient tout de même la foule, les dirigeants juifs se sont empressés d’arrêter Jésus, mais de nuit. La grande majorité des gens dorment et c’est là que Judas joue un rôle. Nous savons que c’était la nuit en raison du verset 3 de Jean 18.

Judas prit donc la cohorte et des gardes envoyés par les principaux sacrificateurs et par les Pharisiens, et s’y rendit avec des torches, des lanternes et des armes. (Jean 18.3)

D’après le théologien James Montgomery Boice, il y avait une loi chez les Juifs qui interdisait une arrestation en pleine nuit pour un crime qui mérite la peine de mort. Jésus ne méritait pas la mort, mais c’était l’intention des dirigeants religieux de tuer Jésus. Ils devaient donc trouver un motif dans la loi pour le mettre à mort. En arrêtant Jésus en pleine nuit, ça montre l’empressement : ils n’ont pas attendu le jour. Ça montre qu’ils ont aussi voulu le faire pendant que les gens dorment. Nous verrons dans la suite du chapitre 18 (Jean 18) que les évènements se sont précipités, qu’il y a eu beaucoup d’improvisation, de fausses déclarations, des tactiques illégales pour condamner Jésus. Toutefois, pour ce matin, j’aimerais que nous appréciions deux éléments, toujours dans le rôle de Judas.

Un aide pour les opposants

Nous savons que Judas a agi en complicité avec Satan :

Pendant le repas, alors que le diable avait déjà mis au cœur de Judas, fils de Simon, de livrer Jésus… (Jean 13.2)

Dès que Judas eut reçu le morceau, Satan entra en lui. Jésus lui dit : Ce que tu fais, fais-le vite. (Jean 13.27)

Nous savons aussi que Judas a été suscité par Dieu :

Frères, il fallait que s’accomplisse l’Écriture dans laquelle le Saint-Esprit, par la bouche de David, a parlé d’avance de Judas, devenu le guide de ceux qui se sont saisis de Jésus. (Actes 1.16)

Ce n’est pas seulement que Dieu avait vu d’avance la trahison de Judas : Dieu l’avait décrété. La crucifixion a été décrétée dans l’éternité passée. Jésus a été désigné avant la fondation du monde pour être victime propitiatoire. Tout a été décrété par le Père et il l’a fait annoncer par les prophètes des siècles avant. Ma pensée est que Judas a été suscité par Dieu pour aider les autorités religieuses à capturer Jésus. Ça faisait longtemps que les autorités rêvaient de l’arrêter. Certains textes nous disent que ces dirigeants cherchaient un moyen de l’arrêter. En fait, ce n’est pas compliqué d’arrêter quelqu’un, mais s’ils cherchaient un moyen, c’est que la situation était plus compliquée. Judas arrive et tout débloque. Les autorités religieuses ont vu l’occasion rêvée et inespérée. Elles ont trouvé en Judas le complice idéal. Nous parlons souvent de la trahison de Judas, mais en réalité, c’est la nation qui a trahi Jésus : il était le messie promis à son peuple et le peuple l’a rejeté. Il est venu chez les siens et les siens ne l’ont pas reçu.

Dieu contrôle

Le fait que Judas ait été suscité par Dieu nous montre aussi une grande vérité : c’est que derrière la mobilisation des forces démoniaques et des opposants à Dieu, c’est Dieu qui contrôle tout, dans les moindres détails. Judas a agi selon son propre cœur pécheur, de même que toutes les autorités religieuses, de même que Ponce Pilate et Hérode, qui vont bientôt entrer en scène. Nous allons assister à des procès précipités et bâclés, mais au bout du compte, Jésus sera crucifié le jour prévu par Dieu, soit à la Pâque juive, et il ressuscitera le premier jour de la semaine, ce qui revêtira une grande importance théologique chez les apôtres.

À vue humaine, c’était impensable que Jésus soit arrêté dans la nuit du jeudi au vendredi et qu’il meure le vendredi après-midi. Pensez-y : Jésus célèbre le repas pascal le jeudi soir (Matthieu 26.20) avec ses disciples. Il se rend en pleine nuit dans le jardin de Gethsémané. Il est arrêté. Il subira trois procès bâclés dans la nuit et tôt le matin. Il sera finalement soumis au choix du public qui lui a préféré Barabbas. Il fera son chemin de croix, sera crucifié et, à trois heures l’après-midi du vendredi, il expirera. C’est excessivement dense comme évènements. Dieu est en contrôle. Dieu n’a pas dit aux dirigeants religieux de faire vite pour que Jésus meure à 15 heures, mais les choses sont arrivées comme Dieu l’avait décrété. Frères et sœurs, à la croix, nous voyons avec le plus grand éclat les forces du mal mobilisées pour s’opposer à Dieu et la puissance de Dieu agir selon un contrôle parfait. Ce n’est pas un conflit où les forces du bien tentent de neutraliser les forces du mal : c’est un conflit où la puissance de Dieu utilise la méchanceté des hommes pour accomplir son plan. Je pense que c’est la pire insulte pour Satan et pour ceux qui le suivent : ils obtiennent toujours le résultat contraire à celui qu’ils désirent. Ils veulent détruire. Or, tout ce qu’ils font devient une contribution au plan de Dieu. Nous devons trouver une grande assurance dans ces choses parce qu’il en est de même pour nos vies. Les forces du mal, y compris les pécheurs, y compris nous-mêmes, ne peuvent renverser le plan de Dieu pour nos vies et même plus. Le Seigneur utilise les tactiques pécheresses et les fait contribuer, concourir à notre bien. Le Dieu de l’histoire qui a connu un tournant décisif par l’œuvre de Jésus-Christ est aussi le Dieu de notre histoire. Il est le même. Il agit pour accomplir son plan parfait. Prions.

Daniel Durand, pasteur
23 juin 2019

Prédicateur invité

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