« L’humilité devrait caractériser tous les chrétiens pour la raison suivante : c’est qu’elle est en lien direct avec la repentance nécessaire au salut. La repentance est le fait de reconnaître son péché, sa vulnérabilité, son incompétence à diriger sa vie. L’humilité n’est pas loin. Frères et sœurs, l’ennemi numéro 1 à l’humilité, c’est l’orgueil : c’est ce désir que nous avons de nous élever, d’être considérés pour ce que nous sommes capables, alors que notre considération ne doit venir que du fait que nous sommes enfants de Dieu. Quand on s’élève, automatiquement on en abaisse d’autres. On ne peut se sentir supérieur sans que ce soit supérieur aux autres. »
Introduction
Il y a quelques mois, j’avais prêché sur les trois premiers chapitres de l’épître de Paul aux Éphésiens (Éphésiens 1-3). Ce matin, nous allons poursuivre non plus en mode survol, mais en nous arrêtant plus longuement sur chaque verset et nous lirons au chapitre 4 :
Texte biblique
Je vous exhorte donc, moi, le prisonnier dans le Seigneur, à marcher d’une manière digne de la vocation qui vous a été adressée, en toute humilité et douceur, avec patience. Supportez-vous les uns les autres avec amour, en vous efforçant de conserver l’unité de l’Esprit par le lien de la paix. (Éphésiens 4.1-3)
Que le Seigneur bénisse sa Parole.
Exposé
Trois premiers chapitres
Lorsque j’avais prêché sur les trois premiers chapitres, nous avions vu les points suivants. Nous avions vu que cette épître nous parle d’unité : c’est son thème principal.
Au chapitre 1 (Éphésiens 1), il y a l’unité au sein de la trinité. Le Père a décrété ceux qui allaient bénéficier du salut, nous ayant prédestinés avant la fondation du monde. Le Fils accomplit le salut, puisque c’est en lui que nous avons la rédemption par son sang et, donc, le pardon de nos péchés. Le Saint-Esprit applique aux élus les réalités du salut. Nous avons été scellés du Saint-Esprit, qui avait été promis et qui constitue le gage de notre héritage.
Par conséquent, toute unité découle de la personne de Dieu. Il n’y a aucune unité en dehors de Dieu. Autrement dit, c’est l’unité en Dieu qui se transpose sur toutes ses œuvres, à commencer par l’Église. Satan, au contraire, c’est le diable, un calomniateur, l’adversaire, l’accusateur. Il ne rassemble pas : il disperse les gens. Ceux qui le suivent ne sont pas unis. Ils se liguent contre Dieu, mais ce n’est pas l’unité. Il n’y a aucun amour entre eux, aucune humilité; mais en Dieu, c’est l’harmonie, l’unité parfaite. Tout ce que Dieu fait vise cette unité. Autrement dit, ce que Dieu est se voit dans ce qu’il fait. Paul mentionne :
Il nous a fait connaître le mystère de sa volonté, le dessein bienveillant qu’il s’était proposé en lui, pour l’exécuter quand les temps seraient accomplis : réunir sous un seul chef, le Christ, tout ce qui est dans les cieux et ce qui est sur la terre. (Éphésiens 1.9-10)
Ensuite, nous avions vu que le Seigneur crée l’unité en réunissant ses élus, autant ceux d’origine juive que ceux d’origine non juive.
Mais maintenant, en Christ-Jésus, vous qui autrefois étiez loin, vous êtes devenus proches par le sang de Christ. Car c’est lui notre paix, lui qui des deux n’en a fait qu’un, en détruisant le mur de séparation, l’inimitié. (Éphésiens 2.13-14)
Dans le contexte, les deux entités sont les Juifs et les non-Juifs. L’Église rassemble tous les élus, peu importe leur origine. C’est dans l’Église que le Seigneur les réunit et les unit. Paul va appuyer ce point en affirmant ceci :
Les païens ont un même héritage, forment un même corps et participent à la même promesse en Christ-Jésus par l’Évangile. (Éphésiens 3.6)
Un même héritage que qui? Un même corps avec qui? La même promesse avec qui? Les païens croyants ont un même héritage que les Juifs croyants, forment un même corps et participent à la même promesse en Christ-Jésus par l’évangile. Notre Dieu est un, ce qu’il fait est un. Dieu n’a pas deux peuples, mais un seul peuple, un seul troupeau sous un seul berger. Nous pouvons avoir une divergence sur le développement qui mène à ce projet, mais ultimement, Dieu n’a qu’un seul peuple, une seule famille, un seul royaume. Dieu est un, ce qu’il fait est un. Paul prend trois chapitres (Éphésiens 1-3) pour exposer ce projet où l’unité en Dieu caractérise tout son projet, tout ce qu’il fait avec la création. C’est une section doctrinale.
Chapitre 4
À partir du chapitre 4, il passe à une section plus pratique. Nous pourrions dire qu’il passe de la doctrine à la discipline, de l’exposition à l’exhortation, de la théorie à la vie, du théologique à l’éthique. Au Québec, nous disons qu’il faut que « les bottines suivent les babines » : ce que nous professons croire doit se voir dans notre agir. Ce que Paul nous dit, c’est que le croyant doit connaître la vérité pour l’intégrer dans sa vie. L’initiative de Dieu dans nos vies doit être suivie d’une réponse positive de notre part. Paul, après nous avoir donné un cours de théologie dans les trois premiers chapitres, nous exhorte à vivre selon ce que le Seigneur établit.
Les premiers chapitres nous enseignent que, à travers le Christ qui est mort pour des pécheurs et qui est ressuscité d’entre les morts, notre Dieu est en train de créer quelque chose d’entièrement nouveau, qui n’est pas seulement une nouvelle vie pour des individus. Il y a une nouvelle société, une nouvelle humanité que Dieu crée sous un nouvel Adam. Une nouvelle société doit avoir de nouveaux standards. C’est là où Paul nous amène en exposant ses exhortations à partir du chapitre 4 de son épître (Éphésiens 4). Ça débute par l’appel à l’unité. Il y a deux fausses conceptions de l’unité et la première conduit à la deuxième. La première, c’est que l’unité doit se passer de la doctrine, parce que la doctrine divise. Nous allons voir éventuellement que Paul nous dit exactement le contraire plus loin. La véritable unité se passe dans la vérité.
La deuxième erreur que des Églises ont commise, c’est de penser que l’unité de l’Église doit mener à l’œcuménisme, c’est-à-dire une collaboration entre toutes les Églises, peu importe ce qu’elles croient. Il est vrai que nous ne devons pas nous isoler. Nous devons chercher à collaborer avec d’autres Églises, mais pas n’importe lesquelles. En France, des Églises évangéliques collaborent sur certains points avec des Musulmans. Aux États-Unis, il y a eu des rencontres où des chrétiens priaient avec des Musulmans. J’aimerais vous dire que nous ne pouvons pas avoir une communion spirituelle avec des personnes qui rejettent la personne de Jésus-Christ. Au Québec, un pasteur bien connu a déjà fait un culte de Noël avec les catholiques de son coin. Ce pasteur et un curé ont présidé la réunion. Cette approche œcuménique n’est pas du tout l’unité, parce que l’œcuménisme exige de renier ce que nous sommes, alors que la véritable unité valorise ce que nous sommes en Jésus-Christ. Ce matin, nous allons nous arrêter sur la question de l’unité. Frères et sœurs, ce sujet est très important et, comme Église, je pense que le temps est venu d’aborder la question avec franchise. Le temps est venu pour nous de nous humilier, de nous examiner dans la recherche de la sanctification et dans le but d’honorer notre Seigneur. Nous avons atteint un niveau de critique, de méfiance, de réactions impulsives inquiétant et même dangereux. Voici ce que Paul dit :
Car toute la loi est accomplie dans une seule parole, celle-ci : Tu aimeras ton prochain comme toi-même. Mais si vous vous mordez et vous dévorez les uns les autres, prenez garde de ne pas être détruits les uns par les autres. (Galates 5.14-16)
Je me demande combien ça fait d’années que ça dure. Je sais qu’il y a eu des circonstances très pénibles et la dernière chose que je voudrais, c’est d’être insensible à ce que l’Église a dû traverser, mais même ces circonstances ne justifient jamais ce que nous voyons actuellement. Frères et sœurs, je pense que nous devons nous ressaisir. Nous devons confesser l’état lamentable dans lequel nous nous trouvons.
Je sais que certains diront peut-être qu’ils ont raison sur tel point ou tel autre point. C’est vrai que nous pouvons avoir raison sur des points, mais nous pouvons mal réagir sur ces points. Quelqu’un a déjà dit : « Nous avons parfois tort dans la manière dont nous nous y prenons pour avoir raison ». Ce que nous remarquons, c’est qu’on tombe dans la critique, dans la médisance lorsque ce n’est pas de la calomnie. Certains se retirent parce qu’ils ne sont plus capables de vivre cela : alors que l’Église doit être une oasis de paix, elle est devenue parfois un champ de bataille. On doit se poser la question : que voulons-nous pour l’Église? Voulons-nous passer nos frustrations ou si nous voulons nous humilier pour servir et honorer le Seigneur? Que voulons-nous pour nos frères et sœurs? Leur édification ou leur destruction?
La réponse est simple : si je détruis mon frère, ma sœur, par mes propos, par mes réactions, je ne peux pas dire que je veux son édification. Si je détruis, c’est que je veux sa destruction. Dans ce cas, non seulement je ne travaille pas en faveur de mon frère et de ma sœur, mais surtout je travaille contre Dieu qui veut mon édification.
Paul a écrit quelques lettres dans lesquelles il fait ressortir des problèmes majeurs : aux Corinthiens, ce sont les divisions, l’immoralité, le désordre; aux Galates, c’est la perversion de l’évangile en imposant la circoncision; et aux Éphésiens, bien que la vérité doctrinale ait été bien maintenue, les chrétiens ont oublié l’amour. Quand on oublie de s’aimer, on oublie comment nous avons été aimés et comment nous sommes toujours aimés par le Seigneur. Alors, je prie que cette prédication, ainsi que les autres qui porteront sur cette épître, contribue à notre unité.
L’humilité
Qu’est-ce que l’humilité? Paul écrit cette lettre à une Église au cœur de l’Empire romain. À l’époque, l’humilité était vue comme une faiblesse. Chez les Juifs, c’était vu comme une belle disposition.
Dans l’Empire romain, c’était le contraire. Ce n’était pas du tout une vertu : c’était vu comme un manque de colonne, une faiblesse de caractère. On méprisait l’humilité. Les gens valorisaient la confiance en soi, l’assurance dans ses qualités. On applaudissait les prétentieux, parce qu’ils croyaient en eux-mêmes. Finalement, c’est la même chose qu’aujourd’hui. Je ne connais pas de politicien qui s’est fait élire par son humilité. Chacun se vante de ses capacités et se gonfle de ses exploits passés.
Paul exhorte à vivre dans l’humilité. C’est un choc pour l’époque : au lieu de voir cela comme une faiblesse, Paul voit l’humilité comme une vertu pilier, une colonne nécessaire, vitale à l’unité de l’Église, et ce, de la part de tous les croyants. L’humilité n’est pas le fait de se dévaloriser et de sombrer dans le « moi-je-suis-bon-à-rien ». L’humilité est le fait de ne pas avoir une trop haute opinion de soi, de ses pensées, de sa compétence, bref, de sa personne.
Le mot vient du mot « terre » et a donné aussi « humus » et « humain ». C’est la même racine. Nous ne sommes que poussière. Nous devons reconnaître notre petitesse. L’humilité est d’abord face à Dieu.
Humiliez-vous devant le Seigneur, et il vous élèvera. (Jacques 4.10)
Cette humilité se verra dans nos rapports les uns avec les autres.
Ne faites rien par rivalité ou par vaine gloire, mais dans l’humilité, estimez les autres supérieurs à vous-mêmes. (Philippiens 2.3)
Si quelqu’un se prend pour meilleur qu’il est, Paul dit :
Si quelqu’un pense être quelque chose, alors qu’il n’est rien, il s’illusionne lui-même. (Galates 6.3)
Si quelqu’un se croit plus sage, plus intelligent que les autres, Salomon dit :
Si tu vois un homme qui est sage à ses propres yeux, il y a plus d’espérance pour un insensé que pour lui. (Proverbes 26.12)
À ceux qui prétendent être plus doués que ce que les autres lui reconnaissent, Paul dit :
Par la grâce qui m’a été donnée, je dis à chacun d’entre vous de ne pas avoir de prétentions excessives et déraisonnables, mais d’être assez raisonnables pour avoir de la modération, chacun selon la mesure de foi que Dieu lui a départie. (Romains 12.3)
L’humilité est la première des qualités, des caractéristiques auxquelles Paul s’attend et pour cause. L’humilité devrait caractériser tous les chrétiens pour la raison suivante : c’est qu’elle est en lien direct avec la repentance nécessaire au salut. La repentance est le fait de reconnaître son péché, sa vulnérabilité, son incompétence à diriger sa vie. L’humilité n’est pas loin.
Frères et sœurs, l’ennemi numéro 1 à l’humilité, c’est l’orgueil : c’est ce désir que nous avons de nous élever, d’être considérés pour ce que nous sommes capables, alors que notre considération ne doit venir que du fait que nous sommes enfants de Dieu. Quand on s’élève, automatiquement on en abaisse d’autres. On ne peut se sentir supérieur sans que ce soit supérieur aux autres. Notre frère Bernard est un excellent pianiste. De plus, il est très doué pour composer. Je pense que nous avons un mélodiste très talentueux parmi nous et nous devons aimer beaucoup notre frère Bernard, mais nous ne devons pas l’aimer parce qu’il a ces qualités musicales. Nous devons l’aimer comme nous devons aimer tous nos frères et sœurs. Pourquoi nous devons aimer nos frères et sœurs? Pas en raison de leurs dons, mais tout simplement parce qu’ils sont nos frères et sœurs. Nous devons les aimer, parce que le Seigneur les aime et nous devons les aimer comme le Seigneur les aime. Je le répète : l’ennemi à l’humilité, c’est l’orgueil, c’est la prétention. Paul nous dit que c’est le principal danger qui guette les jeunes. Dans les critères pour être ancien, l’apôtre nous dit ceci :
Qu’il ne soit pas nouveau converti, de peur qu’enflé d’orgueil, il ne tombe sous le jugement du diable. (1 Timothée 3.6)
Frères et sœurs, il n’y a pas que ceux qui aspirent au pastorat qui courent ce risque d’être enflés d’orgueil et de tomber sous le jugement du diable. L’orgueil est le péché qui entraîne tous les autres. Cette attitude ne fait pas des ravages que chez moi : elle m’amène automatiquement à mépriser les autres, à rechercher leur destruction, à les critiquer. L’humilité, au contraire, cherche à édifier son frère, sa sœur, cherche l’intérêt de l’autre. Quel modèle nous avons en Jésus-Christ!
Prenez mon joug sur vous et recevez mes instructions, car je suis doux et humble de cœur […] (Matthieu 11.29)
Quel bel exemple devant nos yeux! Jésus, le Fils de Dieu, s’est humilié, s’est abaissé pour nous. Il a pris la position d’esclave, de serviteur. Il l’a bien démontré en lavant les pieds de ses disciples. Remarquez que, pour Jésus, l’humilité est différente que pour nous. Le Seigneur, en s’humiliant, a pris un rang nettement inférieur à celui qu’il occupait.
Ayez en vous la pensée qui était en Christ-Jésus, lui dont la condition était celle de Dieu, il n’a pas estimé comme une proie à arracher d’être égal avec Dieu, mais il s’est dépouillé lui-même, en prenant la condition d’esclave, en devenant semblable aux hommes; après s’être trouvé dans la situation d’un homme, il s’est humilié lui-même en devenant obéissant jusqu’à la mort, la mort sur la croix. (Philippiens 2.5-8)
De plus, pour le Seigneur, son humilité n’avait pas à concerner la repentance, puisqu’il n’avait pas à se repentir. À plus forte raison, si celui qui est Dieu a su s’humilier, si celui qui n’a jamais péché s’est abaissé, à combien plus forte raison devons-nous nous humilier? Paul nous exhorte à avoir les mêmes pensées humbles qui étaient en Jésus-Christ. Aux Romains, il écrit :
Ayez les mêmes sentiments les uns envers les autres. N’aspirez pas à ce qui est élevé, mais soyez attirés par ce qui est humble. Ne soyez pas sages à vos propres yeux. (Romains 12.16)
Frères et sœurs, l’humilité est essentielle à l’unité. Notre orgueil divise l’Église, divise ce que le Seigneur unit. Notre orgueil méprise ceux que le Seigneur sanctifie.
La douceur
Paul mentionne ensuite la douceur :
[…] en toute humilité et douceur, avec patience. Supportez-vous les uns les autres avec amour […] (Éphésiens 1.2)
Le mot « douceur » était utilisé dans le monde grec pour désigner la docilité chez certains animaux. La douceur ne consiste pas à prendre un ton doux : la douceur est le fait d’aborder l’autre avec attention, avec sensibilité, dans une approche qui cherche à ne pas perturber l’autre. Chez le chrétien, la docilité doit être d’abord vis-à-vis du Seigneur. Encore une fois, le Seigneur est l’exemple parfait.
Prenez mon joug sur vous et recevez mes instructions, car je suis doux et humble de cœur, et vous trouverez du repos pour vos âmes. (Matthieu 11.29)
C’est à l’exemple de Jésus que nous devons être. Si nous ne cherchons pas à être comme Jésus, comme qui cherchons-nous à être? Si Jésus n’est pas mon modèle, qui est mon modèle? Nous avons ce grand privilège d’avoir un modèle parfait. Frères et sœurs, soyons des imitateurs de Jésus-Christ, contemplons-le et imitons-le. L’humilité et la douceur forment un couple inséparable, unis pour la vie.
Les deux qualités se retrouvent côte à côte pour décrire l’attitude de Jésus, ainsi que pour nous parler de la disposition que les chrétiens doivent avoir. L’humble ne vante pas ses mérites et le doux ne revendique pas ses droits, ne conteste pas. L’humble sera doux, parce qu’il reconnaît qu’il n’est rien sans le Seigneur.
La douceur débute par la disposition de cœur. Jésus se décrit comme « doux et humble de cœur » (Matthieu 11.29). Si nous ne recherchons que la forme extérieure, nous risquons de déraper. Ce que nous devons rechercher, c’est la disposition intérieure, celle du cœur.
Applications
Maintenant, quelques applications :
Plan cosmique
La première application consiste à considérer l’étendue du plan de Dieu. Il me semble que nous réduisons parfois la vie chrétienne à une relation personnelle avec Dieu et nous oublions que le projet de Dieu est tellement plus grand. La vérité est que je suis un très petit élément dans le plan global de Dieu et notre Église est aussi un très petit élément dans le plan de Dieu.
Nous l’avons vu : le plan de Dieu est cosmique. Il englobe toute la création. L’Église de Dieu rassemble probablement des millions, peut-être même des milliards d’individus. Je ne dis pas que chacun n’est pas important. Le Seigneur a donné sa vie pour chacun de ses enfants, mais son plan est tellement plus grand que nous et son Église tellement plus grande que la superficie de notre bâtiment. Dans son épître aux Éphésiens, Paul expose les modalités de la nouvelle création, c’est-à-dire l’établissement de son royaume. Il crée une nouvelle humanité composée des élus de toute origine, juive ou autre. Cette nouvelle humanité est une, c’est-à-dire qu’elle est unie et à Jésus-Christ et tous ceux qui la composent sont unis les uns aux autres. C’est la vocation qui nous est adressée et en vertu de laquelle nous devons marcher d’une manière digne.
Cette nouvelle humanité, ayant comme chef d’alliance le dernier Adam, est caractérisée par l’unité et par la pureté. Dans ce plan, je n’y suis pour rien et je suis petit. Je n’ai rien pour m’enorgueillir. J’ai tout pour m’humilier.
L’humilité en pratique
La deuxième application consiste à mettre en pratique l’humilité. Si j’ai un problème d’orgueil, et c’est très possible, je dois me rappeler que je ne suis rien, comme nous le rappelle l’apôtre Paul. Je dois aussi me rappeler l’humilité de notre Seigneur Jésus. Je dois me rappeler que le Seigneur résiste aux orgueilleux, mais qu’il fait grâce aux humbles. Maintenant, comment cela s’incarne-t-il dans la pratique? Nous savons que celui qui est sauvé a l’Esprit de Dieu en lui. Cet Esprit m’a d’abord sauvé, régénéré. Depuis, il me transforme et me sanctifie. Les théologiens parlent de l’indicatif et de l’impératif : autrement dit, ce que l’on est et ce que nous devons faire. La première chose, si j’ai un problème d’orgueil, confessons notre péché au Seigneur. Demandons-lui de changer notre cœur. Demandons-lui de nous donner les bonnes dispositions que procure l’évangile. Comme David, supplions-le de nous donner un cœur bien disposé. Si je dois reprendre un frère ou une sœur ou si j’ai un désaccord avec un frère ou une sœur, la meilleure chose est de ne pas prendre le téléphone trop vite. Prenons un temps pour nous rappeler que nous ne sommes rien, que tout vient du Seigneur. Réfléchissons à l’importance d’édifier l’autre parce que le Seigneur veut l’élever. Si je méprise un frère, si je le critique, je dois me poser de sérieuses questions. Si je prétends être dans le camp de Dieu et que mes actions sont contraires à Dieu, je dois me questionner. Qu’est-ce que je suis en train de faire? Pour être franc avec vous, je m’étonne de voir que certains parlent à d’autres en les invectivant. Comme on dit ici, « on se parle dans la face », c’est-à-dire sans aucun respect, en déversant son venin, son fiel. La personne devant nous ne compte plus. Seule ma frustration compte. Que suis-je en train de faire? Où est mon cœur si je fais cela? Comment puis-je parler ainsi à quelqu’un que le Seigneur a sauvé et qu’il veut élever, sanctifier? Si je me dis le serviteur de Jésus-Christ, je dois veiller à ne pas faire l’œuvre de l’ennemi.
Je dois faire attention à mes émotions et à ne pas répondre, à ne pas aborder l’autre dans la frustration, dans une décharge de mauvais sentiments.
Dans vos rapports mutuels, revêtez-vous tous d’humilité, car Dieu résiste aux orgueilleux, mais il donne sa grâce aux humbles. (1 Pierre 5.5)
Regardons comment Paul s’adressait aux frères et sœurs :
Moi Paul, je vous exhorte par la douceur et la bienveillance de Christ — moi qui suis humble en face de vous […] (2 Corinthiens 10.1)
Frères et sœurs, voulons-nous un champ de bataille ou une oasis de paix? Voulons-nous vivre pour nous détruire ou pour nous édifier ensemble? L’Église n’est pas un rassemblement ordinaire : c’est le corps du Christ. C’est sa maison. Il a payé de son sang pour que nous en fassions partie. Que sommes-nous en train de faire de sa Maison? Prenons un temps en silence pour confesser au Seigneur nos cœurs mauvais, nos actions répréhensibles.
Si nous avons fait du tort à d’autres, allons les trouver dans la semaine pour leur confesser notre péché. Prions que le Seigneur nous guérisse comme Église, que cette Église l’honore, qu’elle puisse refléter l’humilité et la douceur de Jésus-Christ. Accueillons-nous les uns les autres comme le Seigneur nous accueille.
Daniel Durand, pasteur
21 janvier 2018