« Chers frères et sœurs, l’unité à laquelle nous sommes appelés est le jaillissement de l’unité en Dieu, l’unité intratrinitaire. Cette unité se concrétise dans toute la création réunie sous un seul chef, Jésus-Christ. Cette unité rassemble des gens de toutes les nations, juives et païennes. Nous devons savoir qu’il n’y avait pas plus éloigné que les Juifs et les païens : autrement dit, les deux entités les plus difficiles à réunir étaient les Juifs et les païens. Le Seigneur a fait tomber le mur de séparation. Le Seigneur a cette puissance de réunir, de concilier, de rassembler. Il est le bon Berger qui est allé chercher les brebis de la bergerie juive et qui a d’autres brebis, celles-là d’origine païenne, et il y a un seul troupeau. Frères et sœurs, vivons cette unité entre nous. Que le Seigneur nous vienne en aide. »
Introduction
Lorsque nous lisons les épîtres de Paul, nous constatons que l’unité est très souvent fragile. La lecture des épîtres nous montre que les Églises de Corinthe (1 Corinthiens 1.12), de la Galatie (Galates 1.6), de Rome (Romains 14.4), de Philippes, de Colosses, etc. Les raisons sont multiples. À Corinthe, les uns se disaient d’Apollos, d’autres de Céphas, d’autres de Paul. C’est un problème de surélévation des dirigeants. En Galatie, ce sont des personnes qui voulaient ramener la circoncision comme exigence à l’appartenance à Dieu. C’est un problème doctrinal. À Rome, les plus forts ne supportaient pas les plus faibles. C’est un problème de manque d’amour. À Philippes, chacun cherchait son propre intérêt. C’est un problème d’égoïsme. À Colosses, certains étaient attirés par des philosophies du monde. C’est un problème de séduction spirituelle. Nous découvrons que chaque Église a ses difficultés et, peu importe la situation, c’est toujours l’unité qui est menacée. Paul répond toujours en exhortant et en ramenant la saine doctrine. Il ne suffit pas de dire aux frères et sœurs, pour reprendre la maxime tout à fait québécoise : « Accordez-vous, c’est si beau l’accordéon ». C’est insuffisant, parce que la véritable unité n’est possible que dans la compréhension de l’identité de Dieu et la manière dont il travaille.
Autrement dit, il nous est impossible de tendre vers l’unité sans comprendre sa fondation, son but, sa portée et son accomplissement. Comme toutes les Églises, nous avons besoin d’entendre ce que l’Écriture dit sur l’unité. Je pense qu’il est pertinent à ce moment-ci de notre vie d’Église, de regarder ce sujet.
Nous commençons donc ce matin une série sur l’Église à partir de l’épître de Paul aux Éphésiens. Le cœur de cette série portera sur le chapitre 4 de l’épître (Éphésiens 4). Par conséquent, dans les prochains dimanches, il y aura à l’occasion des prédications sur l’épître de Paul aux Éphésiens. Nous allons découvrir que l’unité est d’abord en Dieu et cette unité se répercute dans toutes ses œuvres, comme une réalité qui décrit Dieu et qui émane de lui sans que rien ne puisse l’arrêter.
Texte biblique
Je vous exhorte donc, moi, le prisonnier dans le Seigneur, à marcher d’une manière digne de la vocation qui vous a été adressée, en toute humilité et douceur, avec patience. Supportez-vous les uns les autres avec amour, en vous efforçant de conserver l’unité de l’Esprit par le lien de la paix. (Éphésiens 4.1-3)
Que le Seigneur bénisse sa Parole.
Exposé
On a souvent appelé l’épître aux Éphésiens « L’épître de l’Église ». C’est vrai que la notion d’Église est très présente et je dirais même que c’est plutôt central, mais il y a plus : l’épître de Paul aux Éphésiens nous enseigne que Dieu établit l’unité dans tout ce qu’il a créé, incluant son Église, et que l’Église doit vivre dans la foulée de Dieu, c’est-à-dire dans l’unité.
Au chapitre 4 de l’épître aux Éphésiens (Éphésiens 4), Paul nous demande de nous efforcer de conserver l’unité de l’Esprit. Pour bien apprécier ce chapitre, nous devons faire un bref survol des trois premiers chapitres.
Chapitre 1
Béni soit le Dieu et Père de notre Seigneur Jésus-Christ, qui nous a bénis de toute bénédiction spirituelle dans les lieux célestes en Christ. En lui, Dieu nous a élus avant la fondation du monde, pour que nous soyons saints et sans défaut devant lui. Dans son amour, il nous a prédestinés par Jésus-Christ à être adoptés, selon le dessein bienveillant de sa volonté, pour célébrer la gloire de sa grâce qu’il nous a accordée en son bien-aimé. (Éphésiens 1.3-6)
Dans ces versets, Paul parle de l’élection et de la prédestination. Ces deux notions sont intimement reliées, mais il convient de les distinguer. L’élection signifie que Dieu a choisi. Élire, c’est choisir. C’est Dieu qui a choisi, déterminé avant la fondation du monde ceux qui allaient croire. La prédestination, c’est la finalité. « Pré » signifie « avant », et « destination » nous parle de « finalité ». Notre destination, notre destin final, a été décidée avant : autrement dit, l’élection concerne les personnes; la prédestination concerne ce que ces personnes deviendront. Lors du repêchage de la ligne nationale de hockey, chaque équipe choisit à tour de rôle. À la première ronde, une équipe va choisir tel joueur dans le but d’en faire, par exemple, un défenseur offensif. L’élection, c’est le fait d’avoir choisi tel joueur. La prédestination, c’est le fait de vouloir en faire un défenseur offensif. Les équipes professionnelles ne réussissent pas toujours, parce qu’elles ne sont pas Dieu, mais quand le Seigneur élit ceux qu’il sauve, la prédestination est certaine. C’est sûr à 100 % que nous deviendrons ce que le Seigneur a établi avant la fondation du monde. Paul mentionne le but de notre élection : que nous servions à « célébrer la gloire de sa grâce qu’il nous a accordée en son bien-aimé » (Éphésiens 1.6). Ce point reviendra à deux autres reprises dans la suite. Nous reviendrons sur cela dans quelques minutes. Les versets que nous avons lus nous parlent de l’œuvre du Père :
Béni soit le Dieu et Père de notre Seigneur Jésus-Christ […] (Éphésiens 1.3)
Les versets suivants nous parlent du Fils et de son œuvre rédemptrice :
En Jésus-Christ, nous avons la rédemption par son sang, le pardon des péchés selon la richesse de sa grâce que Dieu a répandue abondamment sur nous en toute sagesse et intelligence. Il nous a fait connaître le mystère de sa volonté, le dessein bienveillant qu’il s’était proposé en lui, pour l’exécuter quand les temps seraient accomplis : réunir sous un seul chef, le Christ, tout ce qui est dans les cieux et ce qui est sur la terre. (Éphésiens 1.7-10)
Ici, nous voyons que le plan de Dieu est de réunir sous un seul chef, c’est-à-dire sous le Christ, tout ce qui est dans les cieux et ce qui est sur la terre. L’apôtre Paul prépare le lecteur aux propos des chapitres subséquents.
En lui, nous avons aussi été mis à part, prédestinés selon le plan de celui qui opère tout selon la décision de sa volonté, afin que nous servions à célébrer sa gloire, nous qui d’avance avons espéré en Christ. (Éphésiens 1.11-12)
Jusqu’ici, Paul utilise le pronom « nous ». Ce pronom désigne les croyants d’origine juive, eux qui, d’avance, ont espéré en Christ. Au verset 13 (Éphésiens 1.13), il va passer au pronom « vous », s’intéressant aux croyants d’origine païenne. De plus, il fait intervenir le rôle du Saint-Esprit dans le salut.
En lui, vous aussi, après avoir entendu la parole de la vérité, l’Évangile de votre salut, en lui, vous avez cru et vous avez été scellés du Saint-Esprit qui avait été promis et qui constitue le gage de notre héritage, en vue de la rédemption de ceux que Dieu s’est acquis pour célébrer sa gloire. (Éphésiens 1.13-14)
Unité en Dieu
L’unité définit Dieu. C’est en raison de l’unité trinitaire que Dieu crée l’unité. S’il n’y avait pas trois personnes en Dieu, on ne parlerait pas d’unité. Pour parler d’unité, on doit parler de pluralité. En Dieu, il y a le Père, le Fils et le Saint-Esprit, trois personnes en Dieu, parfaitement unies. De cette unité, Paul va présenter trois aspects de l’unité dans le plan de Dieu. Dans Éphésiens 1, Paul fait ressortir le rôle de chaque personne de la trinité dans le salut. C’est le Père qui nous a bénis de toute bénédiction spirituelle dans les lieux célestes en Christ. C’est le Père qui a élu ses enfants. C’est le Fils qui a accompli la rédemption par son sang et c’est sous le Fils que tout est réuni. Nous avons été scellés du Saint-Esprit et il est le gage de notre héritage en vue de la rédemption de ceux que Dieu s’est acquis pour célébrer sa gloire. Puisque Dieu est à la fois pluriel, c’est-à-dire qu’il y a trois personnes, et qu’il est un, il n’y a qu’un seul Dieu, la création est à la fois plurielle et une, et l’Église est à la fois plurielle et une. C’est la première unité affirmée dans cette épître. L’unité est d’abord en Dieu. Il n’y aurait aucune unité s’il n’y avait pas cette unité parfaite en Dieu. Les trois personnes de la trinité, Père, Fils et Esprit, œuvrent à un seul plan : l’unité dans la création et dans son Église.
Cette unité qui définit Dieu se répercute dans toutes les œuvres de Dieu.
Unité cosmique
Il y a l’unité cosmique.
Il nous a fait connaître le mystère de sa volonté, le dessein bienveillant qu’il s’était proposé en lui, pour l’exécuter quand les temps seraient accomplis : réunir sous un seul chef, le Christ, tout ce qui est dans les cieux et ce qui est sur la terre. (Éphésiens 1.9-10)
Remarquez que le dessein de Dieu qu’il réalise en son Fils dépasse notre simple salut et dépasse les murs de l’Église. Ce dessein est de tout réunir sous un seul chef, c’est-à-dire le Christ, tout ce qui est dans les cieux et ce qui est sur la terre. Un jour, lorsque le Seigneur sera revenu, tout ce qui existe sera parfaitement conforme à la loi de Dieu, à sa sainteté, à sa morale. Les Écritures nous enseignent que tout ce que Dieu a créé sert à révéler sa personne. Autrement dit, la création révèle Dieu.
Le psaume 19 et Romains 1 sont les deux principaux textes sur ce point, mais il ne faut pas penser qu’il n’y a que les éléments de la création qui révèlent Dieu. C’est aussi la direction que Dieu donne à sa création qui révèle Dieu. Il ne faut pas penser que Dieu a tout créé pour se révéler, mais que ce qui arrive à sa création ne lui ressemble pas du tout.
Imaginez un homme capable de créer des matériaux et qui a l’intention de construire une maison à son fils afin que son amour pour lui soit manifesté. Il crée tous les matériaux, mais les matériaux ne suffisent pas du tout à révéler l’amour qu’il a pour son fils. C’est dans la construction et dans le résultat final que l’amour pour son fils sera manifeste. Pourquoi? Parce que ce n’est que dans le résultat final du projet que nous pouvons apprécier vraiment la valeur et la pertinence des matériaux.
Ce n’est pas seulement en voyant les matériaux que le fils sera ému, mais en voyant la progression du projet, puis le résultat final. C’est la même chose pour la création : le Seigneur se révèle dans la création et, surtout, dans la direction qu’il donne à celle-ci qui contribue autant à le révéler. Les éléments de la création révèlent déjà Dieu, mais le résultat final va manifester encore davantage les attributs de Dieu. Notre créateur achemine tout vers le résultat fixé. Là où Dieu conduit sa création révèle qui il est. L’unité de Dieu fait partie de cette réalité. Ce qui est dans les cieux réfère à tout ce qui vient de Dieu : le règne céleste, les forces célestes. Ce qui est sur terre réfère à tout ce qui est sur terre. Par opposition à un petit pays, Paul voit le plan de Dieu sur toute la terre. Le chapitre 2 de l’épître (Éphésiens 2) va nous conduire là.
Ce qui ressort ici, c’est que le plan de Dieu et l’unité qu’il établit ne sont pas d’abord appréciés sur le plan individuel, ni seulement sur le plan communautaire, mais d’abord et aussi cosmique. Notre salut s’inscrit dans ce plan cosmique : réunir sous un seul chef ce qui est dans les cieux et ce qui est sur la terre. C’est en Jésus-Christ que le Père ramène dans une unité totale toute la création, incluant ses enfants d’adoption. Les réprouvés ne pourront plus s’adonner au péché. Les élus seront glorifiés, totalement débarrassés du péché dans leur vie et la création sera libérée de la servitude actuelle. C’est l’unité cosmique qui s’en vient. Dans la création, il y a une multitude indénombrable d’éléments, d’atomes, de molécules, etc. Tout cela se fait dans une unité. Quand le Seigneur va renouveler sa création, l’unité sera parfaite, non pas qu’il ne l’a pas créée parfaite, mais c’est plutôt que le péché de l’homme a plongé toute la création dans la vanité, comme le dit Paul en Romains 8. La création est désordonnée : la douleur était absente de la création, la mort aussi, etc.
Unité dans l’humanité rachetée
Au verset 14 (Éphésiens 1.14), Paul est revenu au pronom « nous », cette fois pour inclure tous les croyants, qu’ils soient d’origine juive ou païenne. Ce point sera développé avec le chapitre 2 (Éphésiens 2). Dans le plan cosmique, le Seigneur rassemble des élus de toutes les nations, d’origine juive ou païenne.
Unité dans la destinée des chrétiens
Il y a aussi unité entre les croyants, déjà présente au chapitre 1 (Éphésiens 1) et qui sera développée au chapitre 4 (Éphésiens 4). Paul fait ressortir que tous ceux qu’il a élus ont une même destinée. Ensemble, ils célèbrent la gloire de Dieu. Ils sont prédestinés à devenir semblables à l’image du Fils de Dieu. Il y a unité dans notre destinée, frères et sœurs. Notre progression à l’image de Jésus-Christ est impossible sans vivre l’unité entre nous. Lorsque nous agissons dans l’unité de l’Église, nous agissons non seulement en faveur des frères et sœurs, mais d’abord en notre faveur. C’est le même principe que pour un couple : il est composé d’un homme et d’une femme qui doivent vivre l’unité. Si un des deux fait du tort à l’autre, il se fait du tort à lui-même, puisqu’il nuit à sa propre chair.
De même, les maris doivent aimer leur femme comme leur propre corps. Celui qui aime sa femme s’aime lui-même. (Éphésiens 5.28)
Celui qui aime sa femme s’aime lui-même. C’est le même principe dans l’Église : aimer son frère, sa sœur, c’est s’aimer soi-même, c’est se faire du bien à soi-même. Si je reçois un objet dans l’œil, ma main vient immédiatement au secours de mon œil. Nous sommes placés en Église pour nous édifier, pour vivre l’unité de Dieu entre nous. Quand nous agissons en faveur de l’unité, nous agissons dans le même sens que Dieu, qui veut nous rendre semblables à Jésus-Christ. Rechercher l’unité, c’est travailler à notre propre sanctification, c’est travailler au plan de Dieu. Jésus a dit qu’il bâtirait son Église. Puisqu’il nous appelle à tout faire pour l’édification de l’Église, c’est qu’il nous appelle sur son chantier. Il nous appelle à travailler à cette construction.
Chapitre 2
Il y a l’unité qui se voit aussi dans la constitution du peuple de Dieu où les croyants d’origine païenne sont réunis aux croyants d’origine juive. Au chapitre 2 (Éphésiens 2), Paul va préciser un point majeur dans ce plan de réunir toute chose. Portez attention sur l’alternance des pronoms « vous » et « nous ».
Pour vous, vous étiez morts par vos fautes et par vos péchés dans lesquels vous marchiez autrefois selon le cours de ce monde, selon le prince de la puissance de l’air, cet esprit qui agit maintenant dans les fils de la rébellion. Nous tous aussi, nous étions de leur nombre et nous nous conduisions autrefois selon nos convoitises charnelles, nous exécutions les volontés de notre chair et de nos pensées, et nous étions par nature des enfants de colère comme les autres. (Éphésiens 2.1-3)
Quels sont les deux groupes auxquels Paul fait référence? Encore une fois, ce sont les croyants d’origine juive et ceux d’origine païenne. En parlant des païens, il leur dit qu’ils étaient morts par leurs fautes et par leurs péchés dans lesquels ils marchaient autrefois selon le cours de ce monde, selon le prince de la puissance de l’air — expression qui signifie Satan — cet esprit qui agit maintenant dans les fils de la rébellion.
Quand Paul dit au verset 3 :
nous tous aussi, nous étions de leur nombre et nous nous conduisions autrefois selon nos convoitises charnelles, nous exécutions les volontés de notre chair et de nos pensées, et nous étions par nature des enfants de colère comme les autres. (Éphésiens 2.3)
Paul affirme que les Juifs n’étaient pas mieux que les païens. Dans son épître aux Romains, Paul va placer dans la même boîte les païens et les Juifs. La suite d’Éphésiens 2 confirme cela.
il nous a ressuscités ensemble et fait asseoir ensemble dans les lieux célestes en Christ-Jésus, afin de montrer dans les siècles à venir la richesse surabondante de sa grâce par sa bonté envers nous en Christ-Jésus. (Éphésiens 2.6-7)
Quand Paul dit que le Seigneur nous a ressuscités ensemble et fait asseoir ensemble dans les lieux célestes, il a en tête les croyants d’origine juive qui sont ensemble avec les croyants d’origine païenne. Ce point est très important. Quel est l’intérêt ici de nous dire que nous sommes assis dans les lieux célestes? Il nous faut revenir au chapitre 1 pour saisir la portée :
Il l’a mise en action dans le Christ, en le ressuscitant d’entre les morts et en le faisant asseoir à sa droite dans les lieux célestes, au-dessus de toute principauté, autorité, puissance, souveraineté, au-dessus de tout nom qui peut se nommer, non seulement dans le siècle présent, mais encore dans le siècle à venir. (Éphésiens 1.20-21)
La session céleste du Christ, c’est-à-dire le fait qu’il soit assis dans les lieux célestes, est l’indication de son autorité absolue au-dessus de tout autre puissance et autorité, que ce soit dans le siècle présent ou dans le siècle à venir. Le siècle présent désigne la réalité actuelle du monde jusqu’au retour de Jésus-Christ. Le siècle à venir désigne la réalité du royaume de Jésus-Christ, qui a déjà été inauguré lorsque Jésus s’est assis à la droite de Dieu, réalité que nous goûtons déjà actuellement.
Quant à ceux qui ont été une fois éclairés, qui ont goûté le don céleste et sont devenus participants à l’Esprit Saint, qui ont goûté la bonne parole de Dieu et les puissances du siècle à venir […] (Hébreux 6.4-5)
C’est comme si un restaurateur voyait une file d’attente devant son restaurant et, pour faire patienter ces clients, il allait leur distribuer sur le trottoir des bouchées. Ces clients, toujours à l’extérieur, goûteraient la cuisine du chef même s’ils ne sont pas encore entrés dans le restaurant. Nous goûtons actuellement aux puissances du siècle à venir. Donc, Jésus est décrit comme celui qui est assis dans les lieux célestes, ce qui signifie sa souveraineté absolue sur tout l’univers, toute la création visible et invisible. Quand Paul dit au chapitre 2 :
Il nous a ressuscités ensemble et fait asseoir ensemble dans les lieux célestes en Christ-Jésus, (Éphésiens 2.6)
Paul nous dit que nous partageons la souveraineté de Jésus-Christ. Nous régnons avec lui. Si, ensemble, nous régnons, ce n’est possible que dans l’unité entre nous. Jésus a dit qu’un royaume divisé contre lui-même ne peut subsister. Une armée, pour être efficace, doit voir chaque personne qui la compose travailler dans le même sens, dans un même objectif. L’unité de l’Esprit que nous devons conserver est très importante et a une portée cosmique. C’est beaucoup plus qu’une question de bonne ambiance entre nous. Revenons à la question des pronoms. Au verset 11 (Éphésiens 2.11), nous avons la confirmation que le pronom « vous » désigne les païens croyants :
Souvenez-vous donc de ceci : autrefois, vous, païens dans la chair, traités d’incirconcis par ceux qui se disent circoncis et qui le sont dans la chair et par la main des hommes, vous étiez en ce temps-là sans Christ, privés du droit de cité en Israël, étrangers aux alliances de la promesse, sans espérance et sans Dieu dans le monde. Mais maintenant, en Christ-Jésus, vous qui autrefois étiez loin, vous êtes devenus proches par le sang de Christ. (Éphésiens 2.11-13)
Nous avons vu que Paul parle d’unité, de réunification de tout ce qui est au ciel et tout ce qui est sur la terre. Je vous ai dit que ce qui est sur la terre est plus qu’un petit pays et que ce n’est pas seulement une nation, ce n’est pas que la nation juive. Ce sont les croyants de toutes les nations, juive et païenne. Dans les derniers versets que nous venons de lire, nous voyons cette réalité.
Autrefois, les païens dans la chair étaient sans Christ, privés du droit de cité en Israël, étrangers aux alliances de la promesse, sans espérance et sans Dieu dans le monde. En disant que les païens étaient privés de ces choses autrefois, Paul insinue que, maintenant, les païens se convertissent et reçoivent les mêmes privilèges que les Juifs qui se convertissaient. C’est le sens du verset 13 dans lequel Paul dit :
Mais maintenant, en Christ-Jésus, vous qui autrefois étiez loin, vous êtes devenus proches par le sang de Christ. (Éphésiens 2.13)
Le maintenant répond à « l’autrefois » du verset 11 (Éphésiens 2.11). « Autrefois, vous, païens, […] étiez […] sans Christ » (Éphésiens 2.11-12), etc. « Maintenant, […] vous êtes devenus proches par le sang de Christ. » (Éphésiens 2.13) Proche de quoi? C’est l’accès aux privilèges mentionnés. Être proche du Christ, c’est être proche non seulement de la personne du Christ, mais des privilèges qui lui sont rattachés. C’est avoir accès aux privilèges que la nation juive s’était fait offrir.
Remarquez que cette proximité n’est pas pour le futur seulement. Paul dit que c’est maintenant que nous nous sommes approchés.
Car c’est lui notre paix, lui qui des deux n’en a fait qu’un, en détruisant le mur de séparation, l’inimitié. (Éphésiens 2.14)
« Lui qui des deux n’en a fait qu’un » (Éphésiens 2.14)… Qui sont ces deux entités? Le contexte nous montre que ce sont les croyants d’origine juive et les croyants d’origine païenne. Il y avait une séparation jusque là. Le temple exprimait cette réalité. Un païen qui voulait adorer le Dieu d’Israël ne pouvait entrer au temple. Le plus près qu’il pouvait aller était ce qu’on appelait « le parvis des Gentils », c’est-à-dire le parvis des non-Juifs.
Ce que Paul expose dans l’épître aux Éphésiens, c’est que cette distance entre les païens et les Juifs, distance signifiée au temple par le parvis des païens, est terminée. Le mur de séparation a été détruit. Comment?
Il a dans sa chair annulé la loi avec ses commandements et leurs dispositions, pour créer en sa personne, avec les deux, un seul homme nouveau en faisant la paix, et pour les réconcilier avec Dieu tous deux en un seul corps par sa croix, en faisant mourir par elle l’inimitié. Il est venu annoncer comme une bonne nouvelle, la paix à vous qui étiez loin et la paix à ceux qui étaient proches; car par lui, nous avons les un et les autres accès auprès du Père dans un même Esprit. (Éphésiens 2.15-18)
Jésus réunit tous les croyants, peu importe leur origine, en une seule entité, c’est-à-dire l’Église.
Ainsi donc, vous n’êtes plus des étrangers ni des gens de passage; mais vous êtes concitoyens des saints, membres de la famille de Dieu. (Éphésiens 2.19)
Paul confirme ici que les croyants d’origine païenne ne sont plus des étrangers. Ils sont membres de la famille de Dieu. Nous avons été greffés aux Juifs croyants.
Vous avez été édifiés sur le fondement des apôtres et des prophètes, Jésus-Christ lui-même étant la pierre de l’angle. En lui, tout l’édifice bien coordonné s’élève pour être un temple saint dans le Seigneur. En lui, vous aussi, vous êtes édifiés ensemble pour être une habitation de Dieu en Esprit. (Éphésiens 2.20-22)
Chers frères et sœurs, l’unité à laquelle nous sommes appelés est le jaillissement de l’unité en Dieu, l’unité intratrinitaire. Cette unité se concrétise dans toute la création réunie sous un seul chef, Jésus-Christ. Cette unité rassemble des gens de toutes les nations, juives et païennes. Nous devons savoir qu’il n’y avait pas plus éloigné que les Juifs et les païens : autrement dit, les deux entités les plus difficiles à réunir étaient les Juifs et les païens. Le Seigneur a fait tomber le mur de séparation. Le Seigneur a cette puissance de réunir, de concilier, de rassembler. Il est le bon Berger qui est allé chercher les brebis de la bergerie juive et qui a d’autres brebis, celles-là d’origine païenne, et il y a un seul troupeau. Frères et sœurs, vivons cette unité entre nous. Que le Seigneur nous vienne en aide.
Daniel Durand, pasteur
11 juin 2017