« Frères et sœurs, sommes-nous disposés comme Église, comme la famille qui a tout reçu de Dieu, qui connaît la vérité sur le Fils qui s’est humililé au plus haut point, pour ne pas dire au point le plus bas, afin de nous sauver? Sommes-nous disposer à vivre la même chose entre nous? Sommes-nous prêts à glorifier le Seigneur en renonçant à tout, y compris nos droits? En nous identifiant aux autres, aux faibles, aux gens les plus ordinaires? En nous abaissant des le service qui est parfois dégradant? En obéissant à Dieu? En recherchant la réconciliation avec chacun d’entre nous? En nous aimant les uns les autres? Tout ça, Jésus l’a fait pour nous et il nous demande de vivre comme lui. Que le Seigneur nous accorde la grâce de nous humilier. Si nous avons agi par orgueil, repentons-nous sachant que le Seigneur pardonne et accueille toujours le pécheur repentant. »
Ce matin, nous allons regarder un texte bien connu, et c’est David Hains qui m’a mis sur cette piste lorsqu’il est venu prêcher le 15 décembre dernier.
Texte biblique
S’il y a donc quelque consolation en Christ, s’il y a quelque encouragement dans l’amour, s’il y a quelque communion de l’Esprit, s’il y a quelque compassion et quelque miséricorde, mettez le comble à ma joie afin d’avoir une même pensée ; ayez un même amour, une même âme, une seule pensée ; ne faites rien par rivalité ou par vaine gloire, mais dans l’humilité, estimez les autres supérieurs à vous-mêmes. Que chacun de vous, au lieu de considérer ses propres intérêts, considère aussi ceux des autres. Ayez en vous la pensée qui était en Christ-Jésus, lui dont la condition était celle de Dieu, il n’a pas estimé comme une proie à arracher d’être égal avec Dieu, mais il s’est dépouillé lui-même, en prenant la condition d’esclave, en devenant semblable aux hommes ; après s’être trouvé dans la situation d’un homme, il s’est humilié lui-même en devenant obéissant jusqu’à la mort, la mort sur la croix. C’est pourquoi aussi Dieu l’a souverainement élevé et lui a donné le nom qui est au-dessus de tout nom, afin qu’au nom de Jésus tout genou fléchisse dans les cieux, sur la terre et sous la terre, et que toute langue confesse que Jésus-Christ est Seigneur, à la gloire de Dieu le Père. (Philippiens 2.1-11)
Que le Seigneur bénisse sa Parole. Nous allons prier.
Exposé
Paul s’adresse ici à une Église de la Grèce située dans la ville de Philippes. C’est dans cette ville que Paul fit la rencontre de Lydie, cette vendeuse de pourpre. C’est aussi de la prison de cette ville que Paul fut libéré, ce qui troubla le geôlier qui demanda ce qu’il fallait pour être sauvé et à qui Paul a répondu : « Crois au Seigneur Jésus et tu seras sauvé, toi et toute ta famille. »
De la prison
Lorsque Paul a écrit cette épître, c’est aussi en prison, probablement à Rome, sinon, possiblement à Éphèse. Le texte de ce matin nous place devant cet appel à vivre dans l’humilité. Pour Paul, l’humilité était caractéristique de son ministère. Il a enduré beaucoup d’humiliations et jamais ça ne l’a arrêté. Pensons-y : Paul était pharisien, l’étoile montante de la classe des Pharisiens. Il était très bien vu parmi ses pairs et il a tout abandonné après avoir rencontré Jésus-Christ. Il a vu tout ce qu’il avait et a tout rejeté. Paul est certes un exemple d’humilité. Accepter d’aller croupir en prison, c’est énorme. D’autant plus que les prisons d’alors n’étaient vraiment pas les tout-inclus que les gouvernements offrent aux détenus de nos jours. Les incarcérations étaient accompagnées de privations et de traitements cruels. Il n’y avait pas de charte des droits de l’homme à l’époque.
J’ai lu un article sur le sujet dans lequel on décrit les conditions d’incarcération à l’époque. Les cachots n’avaient pas de fenêtre, pas de ventilation, aucun confort pour dormir. On dormait par terre sur un sol dur. On ne fournissait pas de vêtements chauds pour les nuits qui étaient froides. Les détenus avaient des chaînes aux pieds ou au cou. Paul mentionne à quelques reprises qu’il est dans les chaînes.
C’est donc du fond de sa cellule, un endroit très humiliant, que Paul a écrit cette épître sur l’humilité.
Ce que vivait cette Église
Pourquoi Paul a-t-il écrit sur l’humilité à cette Église? L’épître nous fournit quelques indices intéressants. L’Église de Philippes avaient de belles qualités. Nous lisons au premier chapitre :
je ne cesse, dans toutes mes prières pour vous tous, de prier avec joie, à cause de la part que vous prenez à l’Évangile depuis le premier jour jusqu’à maintenant. (Philippiens 1.4-5)
Alors que certaines Églises avaient connu un relâchement, l’Apocalypse nous parle de l’Église d’Éphèse, qui a perdu son premier amour. L’Église de Philippes remplissait le cœur de Paul de joie en raison de la part qu’elle prenait à l’évangile depuis le premier jour jusqu’à maintenant, c’est-à-dire jusqu’au temps de la rédaction de la lettre. C’est une Église qui a su persévérer dans l’évangile, mais en même temps, cette Église vivait un problème en son sein. Ce problème ne venait pas des faux enseignements, ni des persécutions, mais de leur cœur. Nous lisons en Philippiens 2.4 :
Que chacun de vous, au lieu de considérer ses propres intérêts, considère aussi ceux des autres. (Philippiens 2.4)
Un des graves problèmes des Philippiens était l’égoïsme, c’est-à-dire que la vie d’Église était devenue un moyen, un lieu pour se servir soi-même au lieu de se mettre au service les uns des autres. C’est dans ce contexte que Paul exhorte au chapitre 2 avec les versets que nous avons lus au début.
Désir de Paul
J’aimerais que nous nous arrêtions d’abord sur le désir profond de Paul pour cette Église :
S’il y a donc quelque consolation en Christ, s’il y a quelque encouragement dans l’amour, s’il y a quelque communion de l’Esprit, s’il y a quelque compassion et quelque miséricorde, mettez le comble à ma joie afin d’avoir une même pensée ; ayez un même amour, une même âme, une seule pensée ; (Philippiens 2.1-2)
C’est frappant de lire ces lignes alors que Paul est en prison. Paul est un exemple de quelqu’un qui ne cherche pas ses propres intérêts. Il ne cherche que le bien-être de ses frères et sœurs. Paul ne revendique rien. Paul ne se plaint même pas. Il ne cherche pas à sortir de prison. Quand Paul espère être libéré de ses chaînes, c’est uniquement pour pouvoir être plus présent à ses frères et sœurs. Paul ne considère jamais son propre confort : on ne voit jamais qu’il recherche ses propres intérêts.
En fait, Paul n’a aucun souci pour lui-même. Il n’a de souci que pour ses frères et sœurs, la famille du Seigneur, et l’œuvre du Seigneur. Il croupit en prison, dans un cachot certes humide, sans aucune installation hygiénique, avec les insectes et la vermine. Son cœur et ses pensées sont totalement occupés par le bien-être des chrétiens, surtout leur bien-être spirituel. Après avoir ouvert son cœur aux Philippiens, il les exhorte :
ne faites rien par rivalité ou par vaine gloire, mais dans l’humilité, estimez les autres supérieurs à vous-mêmes. Que chacun de vous, au lieu de considérer ses propres intérêts, considère aussi ceux des autres. (Philippiens 2.3-4)
Ces deux versets ont toutes les apparences d’un parallélisme synonymique, très fréquent dans la littérature hébraïque : il s’agit de deux propositions qui présentent sensiblement les mêmes idées mais en des termes différents.
ne faites rien par rivalité ou par vaine gloire, […] Que chacun de vous, au lieu de considérer ses propres intérêts,… (Philippiens 2.3-4)
Les rivalités et les vaines gloires équivalent à faire des choses pour ses propres intérêts.
[…] mais dans l’humilité, estimez les autres supérieurs à vous-mêmes. Que chacun de vous […] considère aussi les intérêts des autres. (Philippiens 2.3-4)
Estimer les autres supérieurs à vous-mêmes équivaut à considérer les intérêts des autres. Frères et sœurs, chercher les intérêts des autres change complètement la vie d’une Église.
Jésus-Christ
Paul va prendre l’exemple le plus fort qui soit : la vie de Jésus-Christ. La seule façon de contrer l’égoïsme nous est présentée au verset 5 :
Ayez en vous la pensée qui était en Christ-Jésus, (Philippiens 2.5)
Je vous ai déjà parlé de ce verset. Nous avions vu que nous ne sommes pas victimes de nos pensées. On a parfois l’impression que nos pensées nous arrivent sans qu’on le veuille nécessairement, et que, lorsqu’elles sont mauvaises, on doit attendre qu’elles passent, un peu comme de gros nuages noirs. La vérité biblique est que nous devons diriger nos pensées. Paul utilise un impératif présent actif. Je pense que nous avons ici une exhortation précieuse pour nos vies. Nous devons prendre en main nos pensées et les disposer de telle sorte qu’elles soient identiques à celles de Jésus-Christ.
Ayez en vous la pensée qui était en Christ-Jésus, (Philippiens 2.5)
J’ai rencontré beaucoup de chrétiens qui voudraient faire des choses que Jésus faisait. Les uns voudraient connaître ce que les autres ont dans leur cœur comme Jésus le pouvait. Les autres voudraient guérir comme Jésus le faisait. D’autres encore voudraient multiplier les pains, marcher sur l’eau ou encore changer l’eau en vin. Pour ma part, j’aimerais bien enseigner comme Jésus le faisait.
Je n’ai jamais entendu un chrétien dire qu’il aimerait être humble comme Jésus l’était. Pourtant, c’est là que Paul dirige nos yeux. Regardez l’humilité de Jésus-Christ, les pensées qu’il avait, et ayez en vous ces mêmes pensées. Ensuite, Paul présente un historique de Jésus en débutant par sa préexistence, c’est-à-dire le fait que Jésus existait bien avant la fondation du monde :
lui dont la condition était celle de Dieu, il n’a pas estimé comme une proie à arracher d’être égal avec Dieu, mais il s’est dépouillé lui-même, en prenant la condition d’esclave, en devenant semblable aux hommes ; après s’être trouvé dans la situation d’un homme, il s’est humilié lui-même en devenant obéissant jusqu’à la mort, la mort sur la croix. (Philippiens 2.6-8)
J’aimerais que nous examinions diverses caractéristiques de l’humilité, mais avant, regardons ce que l’humilité n’est pas. L’humilité n’est pas l’auto-dépréciation. Ce n’est pas parce que je dis que je ne vaux rien que je suis humble. Une personne peut très bien reconnaître des forces qu’elle a sans manquer d’humilité. Une personne qui dirait avoir développé une compétence dans tel domaine, si c’est vrai, ce n’est pas de facto un manque d’humilité.
C’est important, parce que rechercher l’humilité ne demande pas l’auto-dépréciation, la dévalorisation. Le Seigneur nous a fait avec des forces que d’autres n’ont pas. Il demande cependant que ce soit le corps qui reconnaisse les forces, ceci, afin qu’il n’y ait pas d’auto-proclamation. Des gens qui se nomment eux-mêmes dans des responsabilités. Être humble ne signifie pas non plus toujours s’excuser ou demander pardon même lorsqu’on n’a pas péché. Jésus était le plus humble et ne s’est jamais excusé et n’avait pas à demander pardon.
Par contre, être humble, pour nous pécheurs, implique de demander pardon lorsqu’on a péché. Je dis cela, parce que j’ai aussi rencontré des personnes qui s’excusent toujours sans raison ou qui demandent pardon en pensant que c’est ça, l’humilité. Quand on y pense, l’humilité de Jésus a quelque chose de plus que la nôtre. Notre humilité est de reconnaître ce que nous sommes, c’est-à-dire rien. Par nous-mêmes, nous ne sommes que poussière. Paul dit en Galates 6.3 :
Si quelqu’un pense être quelque chose, quoiqu’il ne soit rien, il s’abuse lui-même. (Galates 6.3)
Pour nous, nous humilier débute par la reconnaissance que nous ne sommes rien. Nous abaisser consiste à reconnaître ce que nous sommes par nous-mêmes, mais pour Jésus, son humilité l’a conduit à prendre une position inférieure à celle qu’il avait.
Renoncement
Ça nous conduit à la première caractéristique de l’humilité : le renoncement. Jésus a renoncé, le temps de son séjour terrestre, à vivre en tant que Dieu.
Imaginez un roi qui décide d’aller vivre parmi son peuple. Il délaisse ses habits royaux, renonce aux privilèges du trône, pour aller vivre dans un village parmi son peuple. Il revêt des vêtements d’habitants, travaille dans la saleté, goûte à l’insalubrité, prend des repas bien ordinaires, etc. Il demeure roi durant cette période, mais il a renoncé à vivre comme un roi. C’est un peu ce que le Fils de Dieu a fait : il a renoncé à sa divinité sans toutefois la perdre. Maintenant, quelles sont les caractéristiques de l’humilité? Les versets 6 et 7 nous parle du renoncement de Jésus. Lui qui était de condition divine n’a pas cherché à conserver toutes ses prérogatives, c’est-à-dire tous ces privilèges divins, mais il s’est dépouillé en prenant non seulement la condition humaine, mais la condition la plus basse parmi les humains, c’est-à-dire celle d’esclave. Si nous voulons vivre humblement, nous devons être empressés à renoncer, à renoncer à des droits, à renoncer à des privilèges.
Nous ne devons pas revendiquer, ni faire valoir nos droits. Nous devons, comme Jésus, être prêts à renoncer à tout pour le Seigneur et pour son Église. Paul dit en 1 Corinthiens 6.7 :
Pourquoi ne souffrez-vous pas plutôt quelque injustice ? Pourquoi ne vous laissez-vous pas plutôt dépouiller ? (1 Corinthiens 6.7)
Identification aux autres
La deuxième caractéristique de l’humilité, c’est l’identification aux autres. Jésus ne s’est pas humilié juste pour s’humilier : il s’est identifié à nous. C’est notre condition qu’il a prise :
Le Christ Jésus s’est dépouillé lui-même, en prenant la condition d’esclave, en devenant semblable aux hommes ; (Philippiens 2.7)
Il y a des raisons théologiques pour lesquelles Jésus s’est fait homme :
En conséquence, il a dû être rendu semblable en toutes choses à ses frères, afin qu’il fût un souverain sacrificateur miséricordieux et fidèle dans le service de Dieu, pour faire l’expiation des péchés du peuple […] (Hébreux 2.17)
C’est au sein de l’humanité que le péché a été commis. C’est au sein de l’humanité que la punition, l’expiation, devait être accomplie. C’est à l’humain que Dieu avait donné la royauté. Il avait dit à Adam et à Ève de dominer sur la terre et sur tous les animaux. Suite à la chute, il fallait que cet office revienne à l’humain. Jésus s’est fait homme pour que l’humanité, cette fois l’humanité rachetée, reprenne cet office. Ainsi, nous règnerons avec lui pour l’éternité. En s’incarnant, Jésus s’est identifié à nous, parce que ces choses devaient se passer dans l’humanité, mais il y a plus : en s’incarnant, le Fils de Dieu est devenu un membre de l’humanité à part entière, et ce, pour l’éternité. Jésus ne s’est pas désincarné suite à son ministère terrestre. Il est toujours Dieu fait homme et il le demeurera pour l’éternité. Il s’identifie à nous. Il fait partie de notre réalité, à part le péché. C’est la seule distinction avec nous. À part le péché, il est comme nous. Certains pensent que Jésus n’a pas réellement pris la condition humaine, puisqu’il n’a pas connu le péché.
C’est justement en ne commettant pas le péché qu’il pris la condition humaine. Le péché n’humanise pas : il déshumanise l’homme. Il le dénature. En fait, Jésus est le seul qui a vraiment pris la condition humaine jusqu’au bout en vivant selon Dieu. Comment pouvons-nous vivre cela entre nous? Je dirais que nous devons apprendre à se placer dans la situation de l’autre. Un bel exemple très simple :
Il y a quelques années, on a présenté en septembre les classes d’école du dimanche. Alors, chaque monitrice s’est avancée et, ensuite, les enfants de chaque groupe sont allés rejoindre le leur. J’ai remarqué qu’une monitrice a accueilli les enfants en se mettant à leur niveau. Elle s’est accroupie pour les recevoir. C’est simple, mais c’est un exemple qui m’avait frappé. Parfois, c’est de se mettre au niveau de celui qui débute dans la foi chrétienne et qui en est encore aux balbutiements. Il n’a pas toute la connaissance que les plus anciens ont.
Ça peut être aussi de se mettre dans la peau des célibataires ou, encore, de ceux dont le conjoint n’est pas chrétien. Si on est un couple, il est possible qu’on ne se tienne qu’avec d’autres couples et que les célibataires soient mis de côté. Bref, Jésus s’est identifié à nous et il nous invite à faire de même. Dans son épître, Jacques nous dit de ne pas accorder plus d’attention aux riches qui entrent dans l’Église qu’aux pauvres. S’identifier aux autres, c’est s’identifier aux personnes différentes de nous. Ça peut être les immigrants. Peu importe, nos petites différences n’ont aucune commune mesure avec la différence entre nous et le créateur. Pourtant, il s’est humilié et s’est identifié à nous. Nous sommes appelés à faire la même chose envers tous nos frères et sœurs.
Abaissement
La troisième caractéristique de l’humilité, c’est l’abaissement. Peut-être que certains diront que l’humilité et l’abaissement sont synonymes, mais je veux faire ressortir que l’humilité du Fils a été tellement plus qu’une simple disposition du cœur. Regardez bien le mouvement en deux temps des versets 7 et 8 :
mais il s’est dépouillé lui-même, en prenant la condition d’esclave, en devenant semblable aux hommes ; […] (Philippiens 2.7)
Remarquez la suite qui nous dit que, lorsqu’il est devenu un homme, il s’est humilié plus loin.
[…] après s’être trouvé dans la situation d’un homme, il s’est humilié lui-même en devenant obéissant jusqu’à la mort, la mort sur la croix. (Philippiens 2.7-8)
Ce point est important : avant de s’incarner, le Fils s’est humilié en devenant semblable aux hommes. Alors qu’il était incarné, Jésus, Dieu fait homme, s’est humilié en devenant obéissant jusqu’à la mort, la mort sur la croix. L’humilité ne consiste pas seulement à reconnaître une position : il faut aussi prendre cette position. Il faut savoir s’abaisser. La différence entre l’abaissement du Fils et celui que nous devons appliquer dans nos vies est majeure. Le Fils a renoncé aux prérogatives de sa divinité, alors que, selon ce que Paul dit, nous ne sommes rien. Nous abaisser consiste à reconnaître ce que nous sommes par nous-mêmes. Qu’est-ce que je peux revendiquer pour m’élever? Mon éducation, mon quotient intellectuel? Mon argent? Toutes ces choses ne sont que vanité des vanités. Je n’ai absolument rien qui me permet de me considérer comme supérieur aux autres, même au plus pauvre, au moins intelligent, au moins instruit. Je suis au même niveau. Par conséquent, m’abaisser consiste à agir en reconnaissant ces choses, dans le service par exemple. Je ne dois pas rechercher la première place, mais plutôt accepter avec joie des tâches moins valorisantes. Avant que nous déménagions, je demeurais à l’Église dans la semaine. Je voyais souvent des frères et sœurs venir faire le ménage des toilettes et passer l’aspirateur dans le hall d’entrée et dans la salle de culte. J’en voyais d’autres venir laver les fenêtres; d’autres, venir pelleter; d’autres, venir tondre la pelouse. À chaque fois, je louais le Seigneur pour le service de ces frères et sœurs qui ne recherchaient pas le rôle le plus gratifiant. Même, ces personnes servaient souvent dans l’ombre. Je pourrais nommer plein d’autres ministères.
Obéissance
La quatrième caractéristique de l’humilité du Fils, c’est son obéissance à son Père :
Jésus s’est humilié lui-même en devenant obéissant jusqu’à la mort, la mort sur la croix. (Philippiens 2.8)
L’obéissance consiste à reconnaître une autorité au-dessus de nous. Ça prend de l’humilité pour obéir. Il ne s’agit pas d’une obéissance légaliste, mais d’une obéissance de cœur. Vous savez peut-être que, dans le monde chrétien, il y a deux extrêmes sur la question. D’une part, il y a les légalistes, qui pensent qu’ils peuvent gagner la faveur de Dieu sur la base de leur obéissance et que leur obéissance fait qu’ils sont supérieurs à ceux qui obéiraient moins bien.
Sur ce point, nous devons savoir que ce ne sera jamais notre obéissance qui nous procurera la faveur de Dieu, mais l’obéissance de Jésus-Christ. En comparant Adam et Jésus-Christ, Paul affirme :
Car, comme par la désobéissance d’un seul homme beaucoup ont été rendus pécheurs, de même par l’obéissance d’un seul beaucoup seront rendus justes. (Romains 5.19)
L’autre extrême, c’est ce qu’on appelle l’antinomisme : c’est la pensée que la liberté que le Christ nous procure et le fait que nous ne sommes plus sous la loi font que le chrétien n’a aucune obligation. Or, ce n’est pas ce que la Bible enseigne. En fait, ceux qui s’adonnent au péché sont justement ceux qui n’ont pas été délivrés du péché. Le chrétien est appelé à vivre selon la loi de Dieu, non pas pour gagner sa faveur, mais parce qu’il a compris que c’est la volonté de Dieu pour sa vie.
Je vous avais déjà donné l’exemple de la personne qui est complètement perdue dans la forêt. Un garde forestier le trouve et lui dit de le suivre. Celui qui est perdu va obéir au garde forestier. Si le garde dit de prendre tel sentier, celui qui est perdu va obéir même si le sentier est plus rocailleux, même s’il est plus difficile. Il va obéir, parce qu’il reconnaît son incompétence à trouver son chemin par lui-même et parce qu’il a confiance au garde forestier. Pour nous, c’est la même chose. Notre obéissance n’est pas là pour nous enorgueillir.
Elle doit plutôt être l’aveu de notre incompétence et la proclamation de notre foi en Jésus-Christ : j’obéis parce que j’ai confiance en celui qui me donne sa loi.
Réconciliation
La cinquième caractéristique de l’humilité du Christ, c’est qu’elle permet la réconciliation. Son humilité ne consistait pas seulement à prendre un rang inférieur : elle visait à nous réconcilier avec le Père. C’est implicite dans le verset 8 :
Le Christ s’est humilié lui-même en devenant obéissant jusqu’à la mort, la mort sur la croix. (Philippiens 2.8)
La mort de Jésus sur la croix était l’œuvre nécessaire pour que nous soyons réconciliés avec Dieu. Il fallait sa mort pour que nous vivions. Il fallait qu’il connaisse l’abandon du Père sur la croix pour que nous soyons réconciliés avec Dieu. Le Fils ne s’est pas humilié simplement pour descendre quelques marches : il s’est abaissé pour nous, pour notre bénéfice éternel :
Mais celui qui a été fait pour un peu de temps inférieur aux anges, Jésus, nous le contemplons, couronné de gloire et d’honneur, à cause de la mort qu’il a soufferte ; ainsi, par la grâce de Dieu, il a goûté la mort pour tous. (Hébreux 2.9)
Le verset 16 précise que le « tous » désigne la descendance d’Abraham, c’est-à-dire tous les croyants. Frères et sœurs, nous devons nous humilier aussi pour se réconcilier avec ceux avec lesquels nous avons des conflits, ceux qui nous ont causé du tort. Ça prend de l’humilité pour se réconcilier. Jésus l’a fait pour nous, faisons-le entre nous, les uns pour les autres.
Amour
La dernière caractéristique de l’humilité de Jésus-Christ, c’est qu’il l’a fait par amour : amour pour son Père, de sauver ceux que le Père lui a donnés, et amour pour nous. Juste avant d’aller à la croix, Jean introduit les derniers moments que les disciples ont vécus avec leur maître :
Avant la fête de Pâque, Jésus, sachant que son heure était venue de passer de ce monde au Père, et ayant aimé les siens qui étaient dans le monde, mit le comble à son amour pour eux. (Jean 13.1, version Colombe)
Semeur traduit par :
[…] une marque suprême de son amour pour eux. (Jean 13.1, version Semeur)
Frères et sœurs, sommes-nous disposés comme Église, comme la famille qui a tout reçu de Dieu, qui connaît la vérité sur le Fils qui s’est humililé au plus haut point, pour ne pas dire au point le plus bas, afin de nous sauver? Sommes-nous disposer à vivre la même chose entre nous?
Sommes-nous prêts à glorifier le Seigneur :
- en renonçant à tout, y compris nos droits?
- en nous identifiant aux autres, aux faibles, aux gens les plus ordinaires?
- en nous abaissant des le service qui est parfois dégradant?
- en obéissant à Dieu?
- en recherchant la réconciliation avec chacun d’entre nous?
- en nous aimant les uns les autres?
Tout ça, Jésus l’a fait pour nous et il nous demande de vivre comme lui. Que le Seigneur nous accorde la grâce de nous humilier.
Si nous avons agi par orgueil, repentons-nous sachant que le Seigneur pardonne et accueille toujours le pécheur repentant. Je termine par la lecture de deux versets :
Avant d’avoir été humilié, je m’égarais ; maintenant j’observe ta parole. (Psaumes 119.67)
Il m’est bon d’être humilié, afin que j’apprenne tes prescriptions. (Psaumes 119.71)
Que le Seigneur vous bénisse.
Daniel Durand, pasteur
26 janvier 2020