Les moyens de grâce, partie 2

« Il y a des personnes, frères et sœurs, qui refusent la vie d’Église pour ce genre de raisons. Ils ne veulent pas avoir les contraintes de la vie communautaire. Ils ne veulent pas faire de compromis. Ils veulent vivre pour eux-mêmes. Ils ne veulent pas d’autorité dans leur vie et, dans l’Église, il y a une autorité. Finalement, lorsque des personnes ne veulent pas l’Église qui est le corps du Christ, on est en droit de se demander si elles veulent le Christ. Comme la main coupée ne reçoit plus de sang, ceux qui se coupent de l’Église meurent rapidement. »

 

Introduction

La semaine passée, nous avons vu que si la sanctification progressive est l’œuvre de Dieu et que, même s’il y a une part qui nous revient, ce n’est que par l’œuvre de Dieu que nous pouvons participer. Nous avions vu que cette œuvre s’opère par des moyens. Nous avions vu la Parole de Dieu.

La prière

Le deuxième moyen de grâce est la prière. J’ai déjà enseigné sur la prière. Si le Seigneur nous parle par sa Parole, nous lui parlons en le priant. La prière n’est pas un dialogue avec Dieu. Le mot grec est synonyme de « demander », de « supplier », avec une notion d’humilité de la part de celui qui prie.

La prière n’est pas un véhicule de révélation. La prière est le fait de demander au Seigneur, de l’adorer, de le louer, de lui confesser nos péchés. En quoi la prière est-elle un moyen de grâce? La prière nous fortifie dans la tentation.

Veillez et priez, afin de ne pas entrer en tentation; l’esprit est bien disposé, mais la chair est faible. (Matthieu 26.41)

La prière nous donne aussi de garder la perspective divine.

Ne vous inquiétez de rien; mais, en toutes choses, par la prière et la supplication, avec des actions de grâces, faites connaître à Dieu vos demandes. Et la paix de Dieu, qui surpasse toute intelligence, gardera vos cœurs et vos pensées en Christ-Jésus. (Philippiens 4.6-7)

Quel lien y a-t-il entre la prière qu’on adresse à Dieu et la paix de Dieu qui suit? D’abord, la paix est l’équivalent du shalom juif. Cette paix, c’est le Seigneur qui nous rassure que tout est sous son contrôle. Nous lui confions nos situations, nous lui confessons nos péchés, nous l’adorons et, en retour, le Seigneur nous rassure que tout est sous son contrôle et que tout va se passer selon sa volonté. Sans la prière, nous n’avons pas cette paix. Que se passe-t-il? Nous devenons comme des poules sans tête. Nous réagissons comme des aveugles. La prière joue aussi un rôle primordial dans le combat chrétien.

Au reste, fortifiez-vous dans le Seigneur et par sa force souveraine. Revêtez-vous de toutes les armes de Dieu, afin de pouvoir tenir ferme contre les manœuvres du diable. Car nous n’avons pas à lutter contre la chair et le sang, mais contre les principautés, contre les pouvoirs, contre les dominateurs des ténèbres d’ici-bas, contre les esprits du mal dans les lieux célestes. C’est pourquoi, prenez toutes les armes de Dieu, afin de pouvoir résister dans le mauvais jour et tenir ferme après avoir tout surmonté. Tenez donc ferme : ayez à vos reins la vérité pour ceinture; revêtez la cuirasse de la justice; mettez pour chaussures à vos pieds les bonnes dispositions que donne l’Évangile de paix; prenez, en toutes circonstances, le bouclier de la foi, avec lequel vous pourrez éteindre tous les traits enflammés du Malin; prenez aussi le casque du salut et l’épée de l’Esprit, qui est la Parole de Dieu. Priez en tout temps par l’Esprit, avec toutes sortes de prières et de supplications. Veillez-y avec une entière persévérance. Priez pour tous les saints. et aussi pour moi : que la parole, quand j’ouvre la bouche, me soit donnée pour faire connaître avec hardiesse le mystère de l’Évangile, pour lequel je suis ambassadeur dans les chaînes; et que j’en parle hardiment comme je dois en parler. (Éphésiens 6.10-20)

Le développement de Paul nous montre que la prière se joint à tous les aspects de l’armure du chrétien. Autrement dit, toutes les armes de Dieu doivent baigner dans la prière, dans ce lien de dépendance à Dieu.

L’Église

Le troisième moyen de grâce, c’est l’Église. De nos jours, il y a de plus en plus de personnes qui professent la foi chrétienne sans appartenir à une Église. Certains se contentent d’une Église virtuelle, c’est-à-dire qu’ils ont des échanges sur des blogues chrétiens, ils écoutent des prédications sur Internet. Quand Internet remplace la vie d’Église, c’est un problème. D’autres se disent chrétiens, mais n’ont plus rien comme vie d’Église. Certains m’ont déjà dit cela : « Je n’ai plus d’Église depuis plusieurs années, mais je n’abandonne pas le Seigneur pour autant. » C’est un mensonge. On ne peut pas dire qu’on n’abandonne pas le Seigneur lorsqu’on abandonne ce qu’il nous commande. Être avec le Christ, c’est être dans son Église qui est son corps. On ne peut pas dire qu’on est dans son Église universelle et qu’on n’a pas besoin de l’Église locale. L’Église universelle n’a de murs que dans l’Église locale. L’Église universelle se vit dans l’Église locale. En quoi la vie d’Église contribue-t-elle à la sanctification? En quoi l’Église est-elle un moyen de grâce? Ceux qui ont vécu des blessures dans une Église concluent parfois que l’Église n’est pas un moyen de grâce, mais un lieu de destruction. Plusieurs quittent la vie d’Église. Pourtant, elle est un moyen de grâce. Premièrement, l’Église est le rassemblement des pécheurs repentants, mais des pécheurs repentants sont des pécheurs et des pécheurs pèchent et se blessent.

L’erreur du raisonnement que je viens de décrire est de penser que les blessures et les difficultés de la vie communautaire nous détruisent. La vérité est que nous grandissons à travers ces difficultés. Toute épreuve doit être regardée comme un sujet de grande joie, nous dit l’apôtre Jacques. L’Église est un moyen de grâce, parce qu’elle constitue l’incubateur du chrétien dans ce monde.

Alors que le monde s’oppose à Dieu et adopte toutes sortes de pratiques déshonorantes et immorales, l’Église demeure l’appui et la colonne de la vérité, la lumière de ce monde enténébré. L’Église est un moyen de grâce, parce qu’elle est le lieu d’édification des croyants. L’image de l’édification dit ceci : chaque chrétien est un membre du Corps. Je dirais que chaque chrétien n’est qu’un membre du Corps. Il n’est pas plus qu’un membre du Corps.

Par conséquent, chacun ici dépend du corps pour fonctionner. Il n’y a aucun membre du corps qui peut continuer à vivre sans recevoir du corps et transmettre au corps sa fonction. Si je coupe ma main, elle n’est plus reliée au corps. Elle n’est plus obligée de remplir sa fonction de manipuler les objets. Les mains sont essentielles pour manger, pour se laver, pour faire son hygiène, etc. C’est vrai que, de nos jours, la technologie réussit à pallier les handicaps, mais c’est tout récent dans l’histoire de l’humanité. Une main contribue à la protection du corps. Si je tombe, mes mains chercheront instantanément à amortir le choc. Une main permet aussi d’aider les autres : soutenir le bras d’une personne âgée, tenir un enfant, etc. Une main coupée ne peut plus remplir ces fonctions, de la même façon qu’un membre qui se coupe de l’Église ne remplit plus ses fonctions.

En même temps, une main coupée n’est pas viable. Ma main reçoit le sang du corps et le retourne au corps. Il y a des mécanismes de régénération, de protection immunitaire et la main en bénéficie constamment. De la même façon, un chrétien qui se coupe du corps, de l’Église, n’est pas viable. S’il est vraiment chrétien, il va réaliser l’impasse de cette avenue.

La vie de Dieu se vit en Église, en communauté. Avec tous les défis que cela représente, avec toutes les difficultés qui nous attendent, la vie de Dieu se vit en Église. Il y a des jeunes adultes qui ne veulent pas se marier, parce qu’ils ne veulent pas faire de compromis dans leur quotidien. Je ne parle pas ici de compromis dans la vie chrétienne. Je parle de compromis sur des babioles. Par exemple, il aime dormir avec une veilleuse : il ne veut pas d’une femme qui préfère l’obscurité la plus totale possible. Il aime dormir avec le chauffage à 18 degrés : il ne veut pas d’une femme qui veut une température de 22 degrés. Ces personnes qui tiennent à leur vie de célibataire vivent égoïstement, centrées sur eux-mêmes. Il y a un célibat selon Dieu. Ce n’est pas de ça que je parle. Je parle de ceux qui ne veulent pas de vie communautaire par égoïsme. Pour refuser tout compromis, ces personnes ne bâtissent rien dans leur vie.

Vous avez peut-être entendu parler de personnes qui travaillent à leur compte pour la simple raison qu’elles ne veulent pas de patron. J’ai un oncle qui était doué dans plusieurs domaines. Ses connaissances étaient impressionnantes, mais parce qu’il ne voulait pas de patron, il a été chauffeur de taxi durant toute sa vie. C’est un travail aussi digne que d’autres, mais il aurait pu gagner tellement mieux sa vie. Il aurait pu être tellement plus utile à la société.

Il y a des personnes, frères et sœurs, qui refusent la vie d’Église pour ce genre de raisons. Ils ne veulent pas avoir les contraintes de la vie communautaire. Ils ne veulent pas faire de compromis. Ils veulent vivre pour eux-mêmes. Ils ne veulent pas d’autorité dans leur vie et, dans l’Église, il y a une autorité. Finalement, lorsque des personnes ne veulent pas l’Église qui est le corps du Christ, on est en droit de se demander si elles veulent le Christ. Comme la main coupée ne reçoit plus de sang, ceux qui se coupent de l’Église meurent rapidement.

Daniel Durand, pasteur
31 janvier 2018

Prédicateur invité

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