« Je suis inquiet, je suis angoissé : la meilleure chose est d’aller devant le Seigneur et de le prier, de le supplier, de lui faire connaître mes besoins. Le résultat est garanti : la paix de Dieu qui surpasse toute intelligence gardera nos cœurs et nos pensées en Jésus-Christ. Au lieu d’alimenter nos pensées mauvaises, parlons à nos cœurs. Disons-nous comme Jésus a dit : « Que votre cœur ne se trouble pas. Croyez en Dieu, croyez aussi en moi. » (Jean 14.1) »
Introduction
La prédication d’aujourd’hui va porter sur les premiers versets du chapitre 14 de l’évangile de Jean. Nous lirons les versets 1 à 3 :
Texte biblique
Que votre cœur ne se trouble pas. Croyez en Dieu, croyez aussi en moi. Il y a beaucoup de demeures dans la maison de mon Père. Sinon, je vous l’aurais dit; car je vais vous préparer une place. Donc, si je m’en vais et vous prépare une place, je reviendrai et je vous prendrai avec moi, afin que là où je suis, vous y soyez aussi. (Jean 14.1-3)
Que le Seigneur bénisse sa Parole en nous. Prions…
Exposé
Vous n’êtes pas sans savoir que notre société souffre de graves problèmes d’anxiété. Les gens engourdissent leur pensée pour éviter de faire face aux difficultés. C’est une jungle où la seule valeur qui compte est la survie, avec des clichés du genre :
- Il faut penser à soi;
- Charité bien ordonnée commence par soi;
- L’important c’est d’être bien avec ce qu’on fait.
Derrière tous ces clichés, les gens souffrent d’angoisse. Il n’y a plus de repères. Même chez les chrétiens, il y a des gens qui souffrent d’angoisse. Le chrétien n’est pas désincarné : il vit encore ici-bas dans ce corps de péché. Le texte que nous avons lu nous présente les disciples angoissés, troublés et Jésus le sait bien. Ces versets font partie du dernier discours que Jésus offre à ses disciples. Nous avions vu avec le chapitre 13 (Jean 13) que Jésus prépare ses disciples à son départ. Alors que Jésus avait parlé aux foules, qu’il avait guéri des malades, délivré des opprimés et qu’il avait aussi répliqué aux leaders spirituels, il réserve ses derniers moments avant la croix pour ses disciples.
Il réserve ces derniers moments afin de préparer ses disciples à son départ.
Troublés
C’est ce que Jésus fait. Au verset 1 du chapitre 14, il dit à ses disciples :
Que votre cœur ne se trouble pas. (Jean 14.1)
C’est le même mot qu’on retrouve en Matthieu 2 verset 3 (Matthieu 2.3) pour décrire le cœur d’Hérode :
À cette nouvelle le roi Hérode fut troublé, et tout Jérusalem avec lui. (Matthieu 2.3)
Ou encore, en Matthieu 14 verset 26 :
Quand les disciples le virent marcher sur la mer, ils furent troublés et dirent : C’est un fantôme! Et dans leur crainte, ils poussèrent des cris. (Matthieu 14.26)
C’est le même mot pour décrire l’eau dans la piscine de Béthesda.
Le malade lui répondit : Seigneur, je n’ai personne pour me jeter dans la piscine quand l’eau est agitée […] (Jean 5.7)
À deux reprises dans l’évangile de Jean, ce mot exprime le ressenti de Jésus avant d’aller à la croix.
Maintenant mon âme est troublée. Et que dirai-je?… Père, sauve-moi de cette heure?… […] (Jean 12.27)
Après avoir ainsi parlé, Jésus fut troublé en son esprit et fit cette déclaration : En vérité, en vérité, je vous le dis, l’un de vous me livrera. (Jean 13.21)
Finalement, Jésus va répéter son exhortation plus loin à ses disciples.
Je vous laisse la paix, je vous donne ma paix. Moi, je ne vous donne pas comme le monde donne. Que votre cœur ne se trouble pas et ne s’alarme pas. (Jean 14.27)
Donc, on le voit bien : être troublé, c’est vivre une expérience d’angoisse profonde à cause de circonstances très difficiles. Être troublé, c’est être dans la panique, c’est ressentir au plus profond de son être un cauchemar. Être angoissé, c’est avoir l’impression que plus rien ne tient autour de soi. Être troublé, c’est sentir le vide sous ses pieds, c’est avoir l’impression que nos repères n’en sont plus, que nos ancres se sont détachées. Pour mieux reproduire le sens du verbe en tenant compte de la conjugaison, nous devrions traduire par quelque chose qui ressemble à :
[…] [Ne laissez plus] vo[s] cœur[s] [être] troubl[és] […] (Jean 14.27)
Jésus ne dit pas de ne pas commencer à être troublés, mais de ne plus laisser leurs cœurs être troublés. Le temps passif signifie qu’il y a des éléments qui troublent les disciples. L’impératif indique un ordre, un commandement, c’est-à-dire que les disciples ne sont pas victimes des circonstances. Le présent de l’indicatif, qui n’a pas tout à fait le même sens qu’en français, est utilisé pour signifier que l’exhortation est générale et non ponctuelle et que les disciples avaient laissé leur cœur être troublé. Nous verrons avec ce texte les circonstances pour lesquelles Jésus dit cela et les solutions qu’il propose lui-même.
Les circonstances
La trahison de Judas
Comme circonstances, il y a d’abord la trahison de Judas. Nous avons regardé ce geste horrible du traître, mais nous ne nous sommes pas arrêtés sur l’impact de ce geste sur les autres disciples.
On peut imaginer : ça fait trois ans que les disciples suivent Jésus. Ils ont certainement vécu des émotions ensemble. Ils ont goûté à la puissance de Dieu, tout comme Judas. Ils ont guéri des malades. Ils ont chassé des démons. Ils ont vu Jésus changer l’eau en vin, calmer la tempête, multiplier les pains et les poissons. Ils ont mangé ensemble, parcouru le pays. Ils avaient certainement tissé des relations très privilégiées. Là, ils apprennent qu’un traître est parmi eux. Judas a non seulement trahi Jésus, mais les disciples également. Judas a fait accroire aux disciples qu’il était des leurs. La trahison d’un proche est une chose très difficile. Quand Jésus dit aux disciples : « Que votre cœur ne se trouble pas », Judas venait d’être débusqué. Les disciples sont certainement sous le choc. Jésus vient de dire à Judas : « Ce que tu as à faire, fais-le maintenant. » Les disciples savent que Judas va faire quelque chose. Il n’a pas simplement quitté : il a quitté pour commettre quelque chose en lien avec sa trahison.
Les disciples se demandent fort probablement ce que Judas fera. Est-ce que les disciples seront persécutés? Mis à mort? Devront-ils fuir? Ça fait trente ans que je suis chrétien et j’ai vu des personnes qu’on croyait être des frères ou des sœurs et quitter en abandonnant tout. Les relations sont subitement brisées. On est blessés, bouleversés, mais nous sommes avertis que non seulement il y aura des faux frères, mais qu’ils seront débusqués.
Ils sont sortis de chez nous, mais ils n’étaient pas des nôtres; car, s’ils avaient été des nôtres, ils seraient demeurés avec nous; … mais de la sorte, il est manifeste que tous ne sont pas des nôtres. (1 Jean 2.19)
Plusieurs chrétiens sont déstabilisés lorsqu’une telle situation arrive. Certains en viennent même à penser que de telles personnes sont sauvées à cause de la proximité qu’elles ont eue avec les chrétiens. L’enseignement biblique nous dit que si quelqu’un quitte définitivement, c’est qu’elles n’ont jamais été chrétiennes. « Que votre cœur ne se trouble pas. Croyez en Dieu, croyez aussi en moi. » (Jean 14.1)
Le départ de Jésus
La deuxième raison qui a certainement perturbé les disciples est le départ de Jésus.
Petits enfants, je suis encore pour peu de temps avec vous. Vous me chercherez; et comme j’ai dit aux Juifs : « Là où je vais, vous ne pourrez venir », à vous aussi je le dis maintenant. (Jean 13.33)
Jésus avait averti ses disciples bien avant, mais là, ils apprennent que c’est imminent.
[…] je suis encore pour peu de temps avec vous. […] (Jean 13.33)
Celui qui les avait appelés trois ans plus tôt annonce maintenant son départ. Imaginez : Judas est débusqué, il quitte et Jésus annonce aussitôt que lui aussi va quitter. Pour d’autres raisons, évidemment, mais il va aussi quitter. Où cela va-t-il s’arrêter? À vues humaines, c’est très perturbant. Les disciples ignoraient le plan de Dieu. C’est justement pourquoi Jésus les prépare.
Combien de fois nous paniquons parce que nous nous imaginons des scénarios, nous avons l’impression que le Seigneur a perdu le contrôle, qu’il a été distrait ou je ne sais quoi? Dans toutes ces situations, le Seigneur nous dit :
Que votre cœur ne se trouble pas. Croyez en Dieu, croyez aussi en moi. (Jean 14.1)
Le reniement de Pierre
La troisième raison pour laquelle les disciples sont troublés, c’est que Jésus vient d’annoncer que Pierre va le renier trois fois avant que le coq ait chanté, donc, dès le début de la journée de demain. Nous l’avons vu il y a deux semaines : Pierre vient de se montrer brave. Il dit au Seigneur : « Je donnerai ma vie pour toi. », mais en réalité, dans sa faiblesse et pas plus tard que demain matin, il va renier son maître.
Pierre est celui qui avait marché sur l’eau avec Jésus, celui qui avait été témoin de la transfiguration avec Jacques et Jean, celui qui avait reçu la révélation de qui est Jésus et qui avait prononcé cette confession de foi :
Tu es le Christ, le Fils du Dieu vivant. (Matthieu 16.16)
D’ailleurs, dès sa première rencontre avec le Seigneur, celui-ci avait dit à Pierre :
Tu es Simon, fils de Jonas : tu seras appelé Céphas, ce qui se traduit : Pierre. (Jean 1.42)
Cet apôtre qui avait un rôle spécial sur les autres apôtres s’apprête à renier Jésus. Non seulement le Seigneur va quitter, mais Pierre va renier son maître. Il y a de quoi paniquer. Où s’arrêteront les mauvaises nouvelles? Avec Judas, nous avons vu qu’il y a des faux frères qui peuvent s’infiltrer dans le cercle de l’Église. Avec Pierre, nous voyons qu’il y a des hommes de Dieu qui peuvent gravement chuter. C’est bien triste, mais c’est comme ça. Cela dit, l’exemple de Pierre, nous l’avons vu la dernière fois, doit nous amener à être vigilants. Nous avions vu que Pierre a présumé de ses forces et qu’il n’a pas suivi le conseil de Jésus de veiller et de prier, mais nous avions aussi vu que Jésus a rétabli Pierre. Il lui avait dit :
Mais j’ai prié pour toi, afin que ta foi ne défaille pas, et toi, quand tu seras revenu à moi, affermis tes frères. (Luc 22.32)
De la même façon, il se peut qu’un de nous tombe, mais nous ne devons pas lui dire que tout est fini. Au contraire, s’il se repent, s’il prend les dispositions nécessaires, il peut être rétabli. Donc, ces trois circonstances, c’est-à-dire la trahison de Judas, le départ imminent de Jésus et le reniement de Pierre dans quelques heures, troublent les disciples. Ils sont désappointés, déçus et probablement amers, amers à cause de Judas, déçus de Pierre et déstabilisés par le départ de Jésus. Ils traversent une foule d’émotions.
Ne soyez pas troublés
Comme nous l’avons vu au début, l’exhortation de Jésus est à l’impératif présent passif et l’idée est davantage celle-ci :
[…] [Ne laissez plus] vo[s] cœur[s] [être] troubl[és] […] (Jean 14.27)
Les cœurs sont déjà troublés, Jésus le sait. Ce sont des circonstances qui troublent, ce qu’exprime la voix passive. C’est la responsabilité des disciples de ne plus être troublés, mais Jésus ne donne pas une telle consigne sans donner des moyens et c’est ce qu’il fait. Je vous rappelle que le mot grec pour « troubler » signifie « être profondément angoissé ».
La foi
La première consigne contre l’angoisse, c’est la foi.
Que votre cœur ne se trouble pas. Croyez en Dieu, croyez aussi en moi. (Jean 14.1)
Ce qui est intéressant, c’est que « croyez » est à la même conjugaison que « troubler ». Cependant, il est à la forme active, mais pour le reste, c’est la même conjugaison, ce qui indique que les disciples croyaient déjà. Jésus ne leur dit pas de commencer à croire, mais de continuer à croire, de persévérer dans la foi en Dieu et la foi au Christ. Nous le voyons : le disciple doit persévérer dans la foi en dépit des circonstances. Ça signifie que le disciple doit s’accrocher à ce qu’il ne voit pas en dépit de ce qu’il voit. Les disciples venaient de voir Judas quitter pour aller trahir Jésus. Ils viennent d’entendre Jésus annoncer son départ, puis le reniement de Pierre. Les circonstances étaient difficiles et éprouvantes. Jésus leur dit de se ressaisir, de croire en Dieu. Croire en Dieu, c’est croire en sa Parole, en ses promesses, d’où l’importance de s’abreuver continuellement de la Parole de Dieu. La foi, chers frères et sœurs, c’est de croire en dépit des circonstances qui peuvent paraître contraires aux promesses de Dieu.
Pensez à Abraham qui a quitté son pays vers un pays béni. Il arrive dans la terre promise et, plutôt que de trouver l’abondance, c’est la sécheresse. Il doit aller en Égypte pour faire ses courses. Pensez à Moïse à qui le Seigneur avait donné des signes afin que le peuple l’écoute. Moïse libère le peuple et le peuple se met à murmurer.
Ce n’est pas que Dieu est infidèle : c’est plutôt que les promesses ne sont pas nécessairement toutes pour maintenant. Dieu a promis la guérison à tous ceux qui croient, mais c’est à la résurrection que la guérison viendra définitivement. Les disciples étaient troublés, parce qu’ils se laissaient troubler non seulement par les circonstances, mais surtout par leur interprétation des circonstances.
La foi, c’est l’acte de croire non seulement en Dieu, mais en sa Parole, les deux étant indissociables. La foi nous donne de passer de l’angoisse à la prière. Combien sommes-nous privilégiés de transformer nos angoisses en prière! Exactement ce que le Christ a fait dans le jardin de Gethsémané.
L’eschatologie
Le deuxième élément par lequel Jésus encourage ses disciples, c’est sur l’eschatologie, c’est-à-dire des éléments de la fin des temps.
Il y a beaucoup de demeures dans la maison de mon Père. Sinon, je vous l’aurais dit; car je vais vous préparer une place. Donc, si je m’en vais et vous prépare une place, je reviendrai et je vous prendrai avec moi, afin que là où je suis, vous y soyez aussi. (Jean 14.2-3)
Jésus vient d’annoncer son départ imminent, mais il rassure aussitôt ses disciples en leur disant que son départ est temporaire. Il reviendra pour prendre avec lui ses disciples et que, là où il sera, ses disciples y seront aussi. Ceux qui ont connu le milieu évangélique des années 70 et 80 vont se rappeler de la popularité des prophéties sur la fin des temps. Dans les librairies chrétiennes, les livres sur la fin des temps figuraient parmi les meilleurs vendeurs. Les conférences sur le sujet remplissaient les salles. Les gens s’intéressaient à ce sujet. La plupart des sectes qui ont prospéré ont connu leur popularité en misant sur la fin des temps, en réinterprétant les prophéties bibliques ou en y allant de pseudo révélations de Dieu. Ces périodes sont malheureusement propices à des interprétations improvisées et lorsqu’arrivent des catastrophes mondiales ou une menace quelconque, l’intérêt pour les doctrines de la fin s’accentue.
En même temps, ce même sujet en trouble plusieurs. Des chrétiens n’osent pas lire l’Apocalypse, parce qu’ils ont peur. D’autres la lisent par principe, mais sans chercher à comprendre. La doctrine des choses de la fin vise le contraire : elle vise à rassurer les chrétiens. On entend souvent les gens dire qu’il faut vivre le moment présent et c’est vrai qu’on ne peut pas vivre demain.
Cela dit, le Seigneur a toujours encouragé son peuple en lui révélant les choses futures. Il l’a fait depuis Genèse 3.15 avec la promesse de la victoire de la descendance de la femme sur le serpent et sa descendance. Les croyants étaient appelés à attendre l’accomplissement de cette promesse. On se tourne vers le futur. Puis, le Seigneur a promis les bénédictions de l’alliance à Abraham. Il a promis la paix et la sécurité à son peuple. Il a promis le messie depuis les tout débuts. On se tourne vers le futur. Lors de son ministère terrestre, Jésus a aussi promis des choses à ses disciples et à toute l’Église. On se tourne encore vers le futur. La raison pour laquelle il promet, c’est pour nous encourager. Il ne veut pas que nous pensions que la situation actuelle est définitive. Les choses ne seront pas toujours ce qu’elles sont présentement. Je vous ai déjà dit que je n’ai aucune espèce d’idée de comment je serai le mois ou l’année prochaine. Peut-être que les choses seront semblables à ce qu’elles sont aujourd’hui. Peut-être que je serai très malade ou même décédé. Je n’en ai aucune idée, mais je sais comment je serai pour l’éternité et c’est ça qui est important. Sans la résurrection, la foi est vaine. Lorsque nous ne connaissons pas l’avenir, nous ne vivons pas le présent de la même manière. Avec le Seigneur, nous connaissons suffisamment de l’avenir pour mieux vivre le présent. Vous êtes troublés, je comprends, les choses ne sont pas faciles. Jésus dit :
Que votre cœur ne se trouble pas. Croyez en Dieu, croyez aussi en moi. Il y a beaucoup de demeures dans la maison de mon Père. Sinon, je vous l’aurais dit; car je vais vous préparer une place. Donc, si je m’en vais et vous prépare une place, je reviendrai et je vous prendrai avec moi, afin que là où je suis, vous y soyez aussi. (Jean 14.1-3)
Les promesses sont aussi là pour que nous sachions qu’il y a un plan. Si Judas a trahi, il y a un but qui s’inscrit dans un plan global. Nous avions vu au chapitre 13 (Jean 13.18) que la trahison de Judas était même dans le plan de Dieu.
Ce n’est pas de vous tous que je le dis; je connais ceux que j’ai choisis. Mais il faut que l’Écriture s’accomplisse : Celui qui mange avec moi le pain, a levé son talon contre moi. (Jean 13.18)
« Chers disciples, êtes-vous troublés par le fait que Judas est un traître? Que votre cœur ne se trouble pas. Croyez en Dieu, croyez aussi en moi. » Si Pierre a renié Jésus, c’est aussi pour montrer quelque chose dans le plan de Dieu. Aucun homme, même Pierre, ne pouvait par lui-même traverser les moments sombres que le Christ a traversés. Le Christ a été laissé à lui-même. « Êtes-vous troublés par le fait que Pierre va me renier trois fois? »
« Êtes-vous troublés par le fait que Pierre va me trahir? Que votre cœur ne se trouble pas. Croyez en Dieu, croyez aussi en moi. Êtes-vous aussi troublés par le fait que je vous quitte bientôt? » Ça aussi, ça s’inscrit dans le plan de Dieu. Un remède efficace contre l’anxiété, c’est de regarder les promesses de Dieu. Nous avons un avenir glorieux devant nous, chers frères et sœurs.
Autant le Seigneur nous demande de regarder en arrière, dans le passé, afin d’être reconnaissants de sa fidélité, autant il nous projette cet avenir plein de promesses pour nous dire que ce qui vient est plus beau, plus glorieux que ce que nous connaissons maintenant. Cela dit, quelles sont ces fameuses demeures dont Jésus parle? La Bible ne développe pas tellement le sujet, mais je pense que nous pouvons tout de même tirer quelques conclusions. La première, c’est que ces demeures sont préparées par le Seigneur. Ces demeures sont toutes dans la maison de son Père. Si vous avez une pièce à préparer pour une personne d’exception, vous allez faire en sorte que cette personne soit bien dans cette pièce. Vous allez viser son épanouissement et son confort. Si c’est la grand-mère qui vient vivre chez vous, vous allez peindre avec des couleurs qu’elle aime. Il y aura peut-être des photos au mur lui rappelant des moments agréables. Si c’est un adolescent, votre décoration sera différente. Il y aura peut-être une affiche de son sport préféré. Vous allez préparer cette pièce en fonction de la personne. À bien plus forte raison, si le Seigneur dit qu’il y a plusieurs demeures et qu’il va nous préparer une place dans la maison de son Père, nous devons nous attendre à ce que ces demeures soient impeccables et répondent à nos besoins. L’autre élément concernant la doctrine de la fin des temps, c’est que le Seigneur Jésus revient. Il n’a pas quitté pour ne plus revenir. Nous avons là l’espoir du chrétien. Notre vie présente n’est qu’une étape dans le sentier qui nous conduit vers la patrie céleste.
Pour ne pas laisser ses disciples démunis, le Seigneur promet dans les chapitres 14 à 16 (Jean 14-16) l’envoi de son Esprit. Celui-ci jouera un rôle déterminant dans la vie des chrétiens, dans nos vies : c’est par le Saint-Esprit que le Seigneur nous maintient dans le salut. C’est par lui que la Parole de Dieu est appliquée dans nos vies. C’est lui qui nous sanctifie.
Applications
Maintenant, quelques applications :
Circonstances et réactions
La première, c’est que nous devons distinguer les circonstances des réactions que nous avons face aux circonstances : par exemple, une personne dit avoir été blessée par une autre. Il est vrai que, parfois, une personne peut réellement en blesser une autre, mais souvent, une personne se laisse blesser par une parole : elle la prend mal. Elle s’en fait avec peu. Nous devons faire attention à nos réactions dans toutes les circonstances. Ce que Jésus dit, c’est que si les circonstances troublent les disciples, c’est parce que les disciples se laissent troubler par les circonstances.
Le christianisme de Pollyanna
La deuxième application concerne une faction des croyants qui tombe dans ce qu’on appelle le christianisme de Pollyanna. C’est en l’honneur d’un roman paru au début du 20e siècle et qui présente une jeune orpheline qui est d’un optimisme impressionnant.
Elle voit toujours un bon côté même dans les circonstances les plus pénibles. Il y a des chrétiens qui voient la vie chrétienne comme un parcours sans épreuves. Le chrétien doit toujours être dans la joie et dans l’allégresse. Il ne doit jamais vivre une émotion difficile. Il n’a pas de combats. Tout est beau, tout est rose. Le texte que nous avons lu nous montre qu’il n’en est pas toujours ainsi. Paul s’inquiétait pour les Églises. Jésus a pleuré sur Jérusalem.
La vie chrétienne est une vie de combat, de luttes, et nous ne pouvons pas nous désincarner. En même temps, ce texte nous montre que le chrétien ne doit pas se laisser aller à ses émotions : il doit se ressaisir et croire en ce que Dieu dit. Il doit regarder cet horizon futur et glorieux. Nous savons que, là, il n’y aura plus de trouble, plus d’angoisse. Chers frères et sœurs, en particulier pour ceux qui sont angoissés souvent, nous avons un Sauveur qui nous encourage à ne pas tomber dans le désespoir, dans les angoisses. Il nous demande de croire en Dieu et de croire en lui. Il nous encourage en plaçant devant nous les promesses les plus glorieuses. Il ne chôme pas : il est parti nous préparer une place dans la maison de son Père. Il revient nous chercher bientôt et nous serons toujours avec lui. Quoi faire avec nos angoisses? Transformons-les en prière, en espérance.
Ne vous inquiétez de rien; mais, en toutes choses, par la prière et la supplication, avec des actions de grâces, faites connaître à Dieu vos demandes. Et la paix de Dieu, qui surpasse toute intelligence, gardera vos cœurs et vos pensées en Christ-Jésus. (Philippiens 4.6-7)
Je suis inquiet, je suis angoissé : la meilleure chose est d’aller devant le Seigneur et de le prier, de le supplier, de lui faire connaître mes besoins. Le résultat est garanti : la paix de Dieu qui surpasse toute intelligence gardera nos cœurs et nos pensées en Jésus-Christ. Au lieu d’alimenter nos pensées mauvaises, parlons à nos cœurs. Disons-nous comme Jésus a dit.
Que votre cœur ne se trouble pas. Croyez en Dieu, croyez aussi en moi. (Jean 14.1)
Que le Seigneur vous bénisse. Amen!
Daniel Durand, pasteur
4 février 2018