Introduction
La semaine passée, nous avons commencé à regarder la question du décret de Dieu, c’est-à-dire le plan, le dessein que Dieu a fixé dans l’éternité passé. Et nous avions vu que le décret est global, c’est-à-dire qu’il concerne tout ce qui arrive. Même les détails. Tout ce qui se passe dans la création, même les plus petits détails qui nous paraissent si insignifiants, sont décrétés par Dieu.
Ne vend-on pas deux passereaux pour un sou ? Cependant, il n’en tombe pas un à terre sans la volonté de votre Père. Matthieu 10.29
Pour nous, un moineau de plus ou un de moins, on n’y porte pas attention et on ne s’en rend pas compte. Mais pour Dieu, leur vie dépend de sa volonté, de son décret.
Jésus ne dit pas que le Père est au courant lorsqu’un oiseau tombe par terre. Jésus dit que ça arrive en raison de la volonté de Dieu. Ça dit même que sans la volonté de Dieu, la chute de l’oiseau ne serait pas arrivée.
Et le psaume 115 verset 3 :
Notre Dieu est au ciel, il fait tout ce qu’il veut.
Exposé
Les malheurs
Ce ne sont pas que les événements heureux qui ont été décrétés par Dieu. Les malheurs aussi sont décrétés par Dieu. Un texte qui est très fort :
Sonne-t-on du cor dans une ville sans que le peuple soit en émoi? Arrive-t-il un malheur dans une ville sans que l’Éternel en soit l’auteur? Amos 3.6
Ce verset a trait à un jugement de Dieu qui envoie une nation ennemie sur une ville ou sur un peuple afin de le juger. Et même les malheurs ne font pas exception.
Je forme la lumière et je crée les ténèbres, je réalise la paix et je crée le malheur ; moi, l’Éternel, je fais toutes ces choses. Ésaïe 45.7
N’est-ce pas de la bouche du Très-Haut que sortent les maux et les biens? Lamentations 3.38
Les malheurs sont décrétés par Dieu pour parler à l’homme. C.S. Lewis a dit que les catastrophes sont le mégaphone de Dieu dans un monde de sourds. L’Écriture affirme sans retenue que tout existe par la volonté de Dieu. Il est celui par qui et pour qui tout existe. Pascal Denault a écrit un article sur le sujet et il le présente en 5 points.
Universel
Premièrement, le décret de Dieu est universel, c’est-à-dire qu’il englobe vraiment tout. Il ne laisse rien au hasard ni à la volonté d’une créature. Le décret divin s’étend sur tout ce qui existe, tout ce qui arrive.
Efficace
Deuxièmement, le décret divin est efficace. Il ne rend pas simplement possible la volonté de Dieu, mais le décret divin détermine tout ce qui arrive.
Compatible avec la liberté
Troisièmement, le décret divin est compatible avec la liberté. Le décret divin ne viole pas la liberté de l’homme. Dieu a fait en sorte que les choses se produisent par ce qu’on appelle les causes secondes. Par exemple, Adam a péché. C’est le décret de Dieu. Mais la chose est arrivée en raison de la liberté d’Adam qui est la cause seconde.
Incompréhensible
Pascal ajoute comme quatrième point que le décret divin est incompréhensible. La raison humaine ne peut comprendre le phénomène. Et c’est lorsque nous tentons de faire entrer la question dans notre logique humaine que les problèmes arrivent.
Foncièrement bon
Cinquièmement, le décret de Dieu est foncièrement bon, même s’il inclut le mal. Il est bon parce que Dieu l’utilise pour ses fins qui sont parfaitement bonnes. Nous lisons ce que Joseph, qui avait été vendu par ses frères, leur dit en Genèse 45.5-8 :
Maintenant, ne vous affligez pas et ne soyez pas fâchés de m’avoir vendu pour être conduit ici, car c’est pour vous garder en vie que Dieu m’a envoyé devant vous. Genèse 45.5
Nous voyons ici la cause seconde. Ce sont les frères qui ont vendu Joseph. Mais nous voyons aussi la cause première. C’est Dieu qui a envoyé Joseph en Égypte.
Voilà deux ans qu’il y a la famine dans le pays ; et pendant cinq années encore, il n’y aura ni labour, ni moisson. Dieu m’a envoyé devant vous pour vous assurer un reste dans le pays et pour vous permettre de survivre par une grande délivrance. Genèse 45.6-7
Ce verset dit clairement que Dieu avait un but. Assurer un reste dans le pays et vous permettre de survivre par une grande délivrance. La notion de reste est courante dans la Bible et signifie ceux que Dieu veut sauver parmi la nation juive. Ici, il s’agissait de sauver de la famine.
Maintenant donc, ce n’est pas vous qui m’avez envoyé ici, mais c’est Dieu… Genèse 45.8
Ce que Joseph affirme ici c’est que c’est Dieu qui est à l’origine de toute l’aventure.
Maintenant, est-ce que ça signifie que le mal devient bien? Nous allons voir un autre texte toujours en lien avec Joseph et ses frères.
Quand les frères de Joseph virent que leur père était mort, ils dirent : Si Joseph allait se montrer notre adversaire et nous rendait tout le mal que nous lui avons fait! Alors ils firent dire à Joseph : Ton père a donné cet ordre avant de mourir : Vous parlerez ainsi à Joseph : Oh! je t’en prie, pardonne le crime de tes frères et leur péché, car ils t’ont fait du mal! Je t’en prie, pardonne maintenant le péché des serviteurs du Dieu de ton père ! Joseph pleura quand on lui parla ainsi. Ses frères vinrent eux-mêmes tomber à ses pieds et dirent : Nous voici, tes serviteurs. Joseph leur dit : Soyez sans crainte ; en effet, suis-je à la place de Dieu? Vous aviez formé le projet de me faire du mal, Dieu l’a transformé en bien, pour accomplir ce qui arrive aujourd’hui et pour sauver la vie d’un peuple nombreux. Genèse 50.15-20
Ce verset donne une lumière sur la question. Ce que les frères de Joseph ont fait était foncièrement mal. Il n’est pas question d’appeler cela bien même si Dieu l’a utilisé pour leur bien. En même temps, le verset nous dit que Dieu change le mal en bien. C’est-à-dire que Dieu a cette capacité de canaliser les effets du mal pour qu’il en ressorte du bien. Toute cette question doit nous garder de tirer de mauvaises conclusions et sur Dieu et sur l’homme.
D’abord sur Dieu. Dieu sans péché.
Je pense que la principale difficulté pour nous dans ce sujet est qu’il est facile de faire l’équation que si Dieu a décrété le mal, il est inévitablement l’auteur du mal.
Or, même en concluant que Dieu a décrété le mal, nous devons absolument nous garder de penser que Dieu tolère le péché. Nous devons savoir que Dieu est parfait.
Tes yeux sont trop purs pour voir le mal, Tu ne peux pas regarder l’oppression. Habakuk 1.13
Et l’apôtre Jean dans 1 Jean 1.5 :
Voici le message que nous avons entendu de lui et que nous vous annonçons : Dieu est lumière, il n’y a pas en lui de ténèbres.
Dieu a tout créé très bon.
Après que Dieu eut tout créé, il est dit:
Dieu vit alors tout ce qu’il avait fait, et voici : c’était très bon. Genèse 1.31
Et les anges le reconnaissaient :
Où étais-tu quand je fondais la terre? Déclare-le, si tu le sais avec ton intelligence. Qui en a fixé les mesures, le sais-tu? Ou qui a étendu sur elle le cordeau? Dans quoi ses bases sont-elles enfoncées ? Ou qui en a posé la pierre angulaire, Alors qu’ensemble les étoiles du matin éclataient en chants de triomphe, et que tous les fils de Dieu lançaient des acclamations? Job 38.4-7
Et même les hommes ont été faits avec une inclinaison au bien:
Seulement, voici ce que j’ai trouvé, c’est que Dieu a fait les hommes droits ; mais ils ont cherché bien des subtilités. Ecclésiaste 7.29
D’autres se sont rendus à dire que Dieu a fait le mal. Nous avons vu plus tôt que Dieu est lumière, qu’il a en horreur le mal.
Cieux ! prêtez l’oreille, et je parlerai ; terre! écoute les paroles de ma bouche. Que mon savoir se déverse comme la pluie, que ma parole coule comme la rosée, comme des ondées sur la verdure, comme des gouttes d’eau sur l’herbe! Car je proclamerai le nom de l’Éternel. Rendez hommage à notre Dieu! Il est le Rocher ; son œuvre est parfaite, car toutes ses voies sont équitables ; c’est un Dieu fidèle et sans injustice, c’est lui qui est juste et droit. S’ils se sont corrompus, ce n’est pas lui, mais ses fils qui sont à blâmer ; race perverse et retorse. Est-ce l’Éternel que vous en rendrez responsable, peuple insensé et dépourvu de sagesse? N’est-il pas ton père, ton créateur? N’est-ce pas lui qui t’a fait et qui t’a affermi? Deutéronome 32.1-6
Ces versets affirment que tout ce que Dieu fait est équitable, verset 4, il est totalement sans injustice. Le verset 5 rajoute que si l’homme s’est corrompu, ce n’est pas Dieu qui l’a fait. Et ce sont ceux qui se sont corrompus qui sont à blâmer.
Pas l’auteur
Dieu n’est donc pas l’auteur du péché. Ce que l’apôtre Jacques affirme, Jacques 1.13 :
Que personne, lorsqu’il est tenté, ne dise : C’est Dieu qui me tente. Car Dieu ne peut être tenté par le mal et ne tente lui-même personne.
Le prophète Ésaïe, chapitre 59, verset 2
Mais ce sont vos fautes qui mettaient une séparation entre vous et votre Dieu ; ce sont vos péchés qui vous cachaient sa face et l’empêchaient de vous écouter.
La responsabilité de l’homme
Nous avions vu que le décret de Dieu ne doit pas nous amener à tirer de mauvaises conclusions. Nous en avons vu deux concernant Dieu. Dieu est sans péché. Dieu n’est pas l’auteur du péché. La 3e mauvaise conclusion concerne l’homme. Si Dieu a décrété la chute, nous ne devons pas tirer la conclusion que l’homme n’en est pas responsable. Certains pensent que de croire que Dieu a décrété la chute conduit inévitablement à déresponsabiliser l’homme pour son péché. Or, la Bible affirme à la fois le décret divin et la responsabilité coupable de l’homme.
Luc 22.22 qui nous parle de Judas :
Le Fils de l’homme s’en va, selon ce qui est déterminé ; mais malheur à cet homme-là par qui il est livré.
Judas a agi selon ce qui avait été déterminé par Dieu. Mais il en porte la pleine responsabilité, et ainsi le malheur l’attend. Si la Bible affirme que le mal fait partie du dessein de Dieu, du plan qu’il a établi depuis l’éternité passée, elle affirme tout autant la responsabilité de l’homme face à son péché.
Daniel Durand, pasteur
18 novembre 2018