« [Q]uand on parle de sainteté, la première notion qui devrait nous venir en tête est l’idée de consécration. D’ailleurs, le mot « saint » est de même racine que « consacrer ». Dieu est saint, parce que Dieu est totalement consacré à l’honneur de son nom. Tout ce qu’il fait vise ce but ultime. La sainteté est d’abord un attribut de Dieu. Dieu est saint et, même si le péché n’existait pas, Dieu serait saint. »
Introduction
Sainteté
Ce soir, nous allons regarder la sainteté de Dieu et voir comment sa sainteté doit avoir un impact sur notre foi. Le texte qui me semble le plus frappant sur la sainteté de Dieu est Ésaïe 6. Alors que les séraphins sont dans le temple céleste et contemplent Dieu, le verset 3 nous dit :
Ils criaient l’un à l’autre et disaient : Saint, saint, saint est l’Éternel des armées! Toute la terre est pleine de sa gloire! (Ésaïe 6.3)
Frères et sœurs, la sainteté de Dieu est proclamée dans les lieux célestes.
Wayne Grudem, qui a écrit un livre de théologie systématique, donne la définition suivante :
« La sainteté de Dieu signifie qu’il est séparé du péché et qu’il se consacre à la recherche de sa propre gloire. » (Wayne Grudem, Théologie systématique, p. 203)
C’est d’abord l’idée de consécration qui doit être mise de l’avant. La séparation du péché en est la conséquence.
Nous allons regarder un texte qui met en scène Juda, un des douze fils de Jacob, et sa belle-fille Thamar. En fait, le fils de Juda (son nom était Er) décède sans avoir laissé de descendance. Il laisse donc sa femme Thamar veuve et sans enfant. Thamar veut avoir une descendance du même nom et elle décide de se déguiser en prostituée pour pouvoir coucher avec son beau-père.
Et Juda vit Thamar, et la tint pour une prostituée, car elle avait couvert son visage. (Genèse 38.15)
Le mot traduit par « prostituée » est en fait une « sainte prostituée », non pas que la prostitution est sainte, mais c’est pour démontrer que le mot indique que la personne est totalement consacrée. Elle ne fait que ça. Donc, quand on parle de sainteté, la première notion qui devrait nous venir en tête est l’idée de consécration. D’ailleurs, le mot « saint » est de même racine que « consacrer ». Dieu est saint, parce que Dieu est totalement consacré à l’honneur de son nom. Tout ce qu’il fait vise ce but ultime. La sainteté est d’abord un attribut de Dieu. Dieu est saint et, même si le péché n’existait pas, Dieu serait saint.
Saint par vocation
Dieu sanctifie tout ce qui lui appartient et ça commence par son peuple.
Parle à toute la communauté des Israélites. Tu leur diras : Vous serez saints, car je suis saint, moi, l’Éternel, votre Dieu. (Lévitique 19.2)
Ce verset comporte certainement une exhortation à vivre dans la sainteté. C’est ainsi que l’apôtre Pierre l’a traduit dans sa première épître dans laquelle il cite ce verset, mais il s’agit aussi d’une promesse de Dieu.
Le Seigneur dit à son peuple qu’il sera saint et c’est ce que le Seigneur fait dans nos vies. Cette œuvre vise non seulement à nous éloigner du péché, mais à nous transformer.
Car ceux qu’il a connus d’avance, il les a aussi prédestinés à être semblables à l’image de son Fils, afin qu’il soit le premier-né d’un grand nombre de frères. (Romains 8.29)
C’est intéressant que Paul ne parle pas de notre éternité en disant que nous sommes prédestinés à être heureux, ce qui serait une vérité. Il ne dit pas qu’on est prédestinés à avoir une vie d’abondance, ce qui serait aussi vrai. Il s’intéresse au fait que nous sommes prédestinés à être semblables à l’image de son Fils. C’est le grand projet de Dieu pour chacun de ses enfants.
La partie pour le tout
Nous allons maintenant voir un point que j’appellerais « la partie pour le tout » et qui touche à la sainteté. Nous allons tourner en Genèse 2.2-3 où le mot « saint » apparaît pour la première fois alors que le péché n’était pas entré dans le monde :
Le septième jour toute l’œuvre que Dieu avait faite était achevée et il se reposa au septième jour de toute l’œuvre qu’il avait faite. Dieu bénit le septième jour et le sanctifia, car en ce jour Dieu s’était reposé de toute l’œuvre qu’il avait créée. (Genèse 2.2-3)
Avant même l’entrée du péché dans le monde, le Seigneur a fait du septième jour un jour saint. Il a sanctifié ce jour. Ici, l’idée de séparation n’était pas entre le bien et le mal, mais entre le travail pour Dieu et le repos pour Dieu. L’idée de la consécration ressort bien : le jour est saint parce que l’homme doit le consacrer à honorer le Seigneur de façon particulière. Ça ne signifie pas que le travail quotidien est impur. L’homme doit être consacré aussi dans son travail séculier, mais le septième jour est saint parce que, en consacrant ce jour à honorer Dieu particulièrement, en mettant de côté son travail quotidien, l’homme exprime que toute sa vie doit être pour Dieu. Le septième jour n’est pas seulement saint en raison de la mise à l’écart temporaire des activités séculaires : le septième jour est saint parce qu’il y a une consécration particulière à Dieu. Autrement dit, la séparation n’est pas seulement « séparée de », mais « séparée pour ». Ce n’est pas un jour de hamac, mais un jour consacré à l’Éternel. Lorsque le péché entre dans le monde, la sainteté exige la séparation d’avec le mal et le péché. Le péché est le contraire de la consécration, de la vie sainte. La consécration est le fait de tout vouer à l’honneur de Dieu. Il y a dans la Bible un lien entre une partie et le tout : le Seigneur demande que le septième jour soit sanctifié, mais ce septième jour doit signifier que l’ensemble de nos vies est pour Dieu. C’est comme la Fête des mères : si un enfant fête sa mère, mais ne l’apprécie pas le reste de l’année, la Fête des mères perd tout son sens. Un enfant qui se désintéresserait complètement de sa mère ajouterait même à son ingratitude s’il la fêtait à la Fête des mères. Le septième jour est une partie de la semaine qui devient l’expression pour le tout, c’est-à-dire les six autres jours. C’est en consacrant ce jour à honorer Dieu de façon particulière, c’est-à-dire en déposant ses outils de travail, que l’homme démontre sa consécration de tous les jours. En Israël, il y avait aussi ce principe d’une partie pour le tout, par exemple, la ville de Jérusalem :
Les chefs du peuple s’établirent à Jérusalem. Le reste du peuple tira au sort, pour qu’une personne sur dix vienne s’établir à Jérusalem, la ville sainte, et que les neuf autres restent dans les autres villes. (Néhémie 11.1)
Jérusalem est qualifiée de ville sainte. Pourquoi pas Bethléem, Bethsaïda ou une autre? En fait, il n’y avait pas que Jérusalem qui était sainte :
Tu reconnaîtras donc en ce jour et tu retiendras dans ton cœur que l’Éternel est Dieu, dans les cieux, là-haut, et sur terre, ici-bas, et qu’il n’y en a point d’autre, et tu observeras ses prescriptions et ses commandements que je te donne aujourd’hui, afin que tu sois heureux, toi et tes fils après toi, et que tu prolonges tes jours sur le territoire que l’Éternel, ton Dieu, te donne pour toujours. (Deutéronome 4.39-40)
Ce n’est pas que la ville de Jérusalem qui devait être considérée comme sainte, mais tout le pays donné par Dieu. Il fallait vivre une vie sainte sur tout le territoire que Dieu avait donné à son peuple. Comment la ville de Jérusalem peut-elle être considérée comme sainte par rapport au reste du pays? C’est que cette ville a été mise à part, désignée par Dieu pour faire résider son nom de façon particulière.
Parce que Jérusalem était sainte, tout le pays devait être saint : une partie pour le tout. C’est la même chose pour nos offrandes : le Seigneur demande que nous mettions à part une partie pour la lui remettre :
Honore l’Éternel avec tes biens et avec les prémices de tout ton revenu : Alors tes greniers seront abondamment remplis, et tes cuves regorgeront de vin nouveau. (Proverbes 3.9-10)
Celui qui veut honorer le Seigneur ne peut le faire avec les prémices de ses revenus seulement. Il doit le faire avec tous ses biens. Cette consécration doit être exprimée en honorant le Seigneur avec les prémices de ses revenus, c’est-à-dire dans les offrandes à Dieu. Donc, le principe d’une partie pour le tout est important.
Ceci nous montre que la sainteté ne doit pas viser que le dimanche matin ou que notre offrande. En réalité, tout notre temps, tous nos biens, tous les aspects de nos vies doivent être saints pour le Seigneur.
La sainteté et non le bien-être
Je remarque que les chrétiens veulent de moins en moins la cure d’âme et de plus en plus la relation d’aide. Il me semble qu’il y a une différence majeure entre les deux.
En principe, la personne qui veut une relation d’aide a comme but le bien-être : elle se sent mal, elle vit des sentiments, des émotions difficiles et cherche à en être libérée. La cure d’âme vise la sanctification de la personne. La relation d’aide cherche à libérer la personne de ce qui la dérange; la cure d’âme cherche à libérer la personne de ce qui dérange le Seigneur. Je n’insinue pas que c’est tout le monde : il s’agit d’une généralité. La vérité, c’est qu’il n’y a que dans la recherche de la sainteté que la personne sera vraiment libérée de ce qui la trouble.
C’est pourquoi redressez les mains abattues et les genoux paralysés. Que vos pieds suivent des pistes droites, afin que ce qui est boiteux ne dévie pas, mais plutôt soit guéri. (Hébreux 12.12-13)
Le texte dit bien ici que ce n’est que dans l’obéissance qu’on trouve la guérison. L’obéissance, c’est suivre des pistes droites; la guérison suit. Remarquez le verset suivant :
Recherchez la paix avec tous, et la sanctification sans laquelle personne ne verra le Seigneur. (Hébreux 12.14)
Frères et sœurs, ce que le Seigneur veut pour nous comme Église, c’est la sainteté.
Tes préceptes sont entièrement vrais; la sainteté convient à ta maison, ô Éternel! pour toute la durée des temps! (Psaumes 93.5)
Comme sa maison, c’est nous, c’est donc que ce qui nous convient, c’est la sainteté.
Recherchons la sainteté. Fuyons tout ce qui est péché dans nos vies et consacrons-nous au Seigneur. Soyons zélés, fervents pour celui qui nous a sauvés. Ensemble, soyons ce temple saint pour le Seigneur.
Daniel Durand, pasteur
23 mai 2018