Tirage au sort (suite)
La semaine passée, après l’école du dimanche, alors que je venais d’enseigner que le tirage au sort n’est pas le moyen que Dieu nous donne pour connaître sa volonté, quelques frères sont venus me voir pour me demander comment nous devrions comprendre Actes 1. Un autre a ajouté la question de l’ourim et le toummim. Nous débuterons ce matin par ces deux exemples bibliques de tirage au sort.
Ourim et Toummim
Nous ne savons pas précisément ce que désignent ces mots. La traduction Français Courant traduit par « dés sacrés ». Voici quelques éléments de ces objets :
- Il s’agissait de deux objets que le souverain sacrificateur plaçait dans son vêtement sacerdotal;
- Seul le souverain sacrificateur les possédait et les utilisait;
- Ces objets servaient à connaître la volonté de Dieu dans des cas douteux, c’est-à-dire des situations qui n’étaient pas prévues dans la loi de Dieu;
- D’ailleurs, après David, la Bible ne rapporte plus d’exemples où ces objets auraient été utilisés. La raison était sûrement que la révélation de Dieu était plus complète avec les prophètes;
- Ces situations devaient concerner la nation entière et non des individus. Par exemple, un jeune homme ne pouvait pas aller demander au souverain sacrificateur de jeter ces dés pour savoir si Dieu veut qu’il épouse telle jeune fille. C’était uniquement pour des questions nationales.
Ceci nous montre que Dieu n’a pas établi de tirage au sort pour nous. Même pour le peuple juif, c’était réservé au souverain sacrificateur, le temps que la révélation de Dieu soit plus complète et que pour des questions nationales. J’ai pris ces informations dans le Nouveau Dictionnaire Biblique d’Emmaüs.
Actes 1
Pour ce qui est d’Actes 1, nous allons lire le texte qui rapporte la désignation de Matthias pour remplacer Judas. Nous lirons à partir du verset 21 :
Ainsi, parmi ceux qui nous ont accompagnés tout le temps que le Seigneur Jésus allait et venait avec nous, depuis le baptême de Jean, jusqu’au jour où il a été enlevé du milieu de nous, il faut qu’il y en ait un qui soit avec nous témoin de sa résurrection. Ils en présentèrent deux : Joseph appelé Barsabbas, surnommé Justus, et Matthias. Puis ils prièrent en ces termes : Seigneur, toi qui connais les cœurs de tous, désigne lequel de ces deux tu as choisi, afin qu’il prenne sa place dans ce ministère et cet apostolat, que Judas a quittés pour aller à la place qui est la sienne. Ils tirèrent au sort, et le sort tomba sur Matthias, qui fut associé aux onze apôtres. (Actes 1.21-26)
À mon avis, nous avons ici une mesure exceptionnelle et une raison tout aussi exceptionnelle. Une des caractéristiques pour être apôtre, c’est qu’il fallait avoir été désigné par le Seigneur directement et non par un processus de nomination. Pour désigner des anciens ou des diacres, la Bible nous fournit un processus suffisamment clair pour pouvoir en nommer, mais pour les apôtres, ce n’était pas le cas. Nous le voyons dans les deux premiers versets :
Théophile, j’ai parlé, dans mon premier livre, de tout ce que Jésus a commencé de faire et d’enseigner, jusqu’au jour où il fut enlevé au ciel, après avoir donné ses ordres, par le Saint-Esprit, aux apôtres qu’il avait choisis. (Actes 1.1-2)
Ça ne signifie pas que la désignation des anciens et des diacres ne correspond pas à la volonté de Dieu. Ça signifie seulement que les apôtres devaient être désignés directement par Jésus-Christ. Nous le voyons au verset 2 (Actes 1.2) et nous retrouvons le même verbe grec au verset 24 (Actes 1.24) dans la prière qui a précédé le tirage au sort par lequel le Seigneur a désigné Matthias pour remplacer Judas.
Puis ils prièrent en ces termes : Seigneur, toi qui connais les cœurs de tous, désigne lequel de ces deux tu as choisi, (Actes 1.24)
C’est donc une mesure exceptionnelle et, nulle part, les chrétiens sont encouragés à procéder ainsi dans leur vie.
Couper sa Bible
Une autre pratique qui n’est pas directement le tirage au sort, mais ce n’est pas loin, c’est celle de couper sa Bible en deux, pensant avoir le verset que Dieu a pour nous aujourd’hui.
Oui le Seigneur est souverain dans ces choses, mais ça ne signifie pas que ça va porter le fruit désiré. Le Seigneur peut souverainement et providentiellement laisser son enfant dans une confusion spirituelle en raison de cette pratique non prescrite. J’ajouterais que c’est la même chose pour ceux qui demandent un signe.
Dieu et le mal
Tout ce que nous avons vu risque d’avoir installé un malaise. Dieu a tout décrété, même le mal. Dieu fait tout arriver, même le mal. Alors, nous allons regarder la question de Dieu et le mal. Je dois encore une fois à Wayne Grudem plusieurs idées qui seront présentées.
L’utilité du mal
Dieu a décrété le mal et le fait arriver parce qu’il a un but. Son plan final est bon et parfait et tout ce qui arrive contribue à cette finalité. Au cœur de cette finalité, il y a la gloire de Dieu. Revenons sur certains versets que nous avons vus :
Nous savons, du reste, que toutes choses coopèrent au bien de ceux qui aiment Dieu, de ceux qui sont appelés selon son dessein. (Romains 8.28)
Toutes choses incluent le mal. Ce n’est pas que Dieu aurait mieux fait avec du bien, mais qu’il réussit quand même à tirer du bien à partir du mal. L’idée est que le mal qui passe entre les mains de Dieu est canalisé pour qu’il en sorte du bien. Joseph dit à ses frères, qui l’avaient vendu dans un geste haineux :
Vous aviez formé le projet de me faire du mal, Dieu l’a transformé en bien, pour accomplir ce qui arrive aujourd’hui et pour sauver la vie d’un peuple nombreux. (Genèse 50.20)
Frères et sœurs, savons-nous qu’il en est de même pour nous? Peut-être que nous avons été victimes de mal, mais sachons que Dieu en fait ressortir du bien. Il nous fait grandir à travers les épreuves. De plus, Dieu se glorifie dans le mal. Ce n’est pas la même chose que, de Dieu, le mal glorifie Dieu : quand nous disons que Dieu se glorifie dans le mal, nous disons que Dieu donne au mal un résultat que lui seul pouvait donner. Proverbes 16.4 dit :
L’Éternel a tout fait pour un but, même le méchant pour le jour du malheur. (Proverbes 16.4)
Ce verset dit les vérités suivantes :
- Dieu a tout fait pour un but;
- C’est Dieu qui a fait le méchant;
- Il l’a fait pour le jour du malheur.
Frères et sœurs, je pense que nous devons nous rendre aux évidences bibliques : Dieu a décrété le mal, mais sans jamais l’approuver. Il a voulu cette opposition à sa loi afin de faire ressortir sa justice.
Daniel Durand, pasteur
24 novembre 2019