La création de Dieu, partie 4

« Le seul cycle que l’homme utilise et qui n’est pas rythmé par les corps célestes est la semaine. La semaine n’est pas calculée à partir d’un cycle des corps célestes mais par la période durant laquelle Dieu a tout créé en plus du jour de repos qui a terminé cette période. »

 

La semaine passée, nous avons commencé à regarder certaines difficultés du texte biblique. Ces difficultés sont mises de l’avant par ceux qui rejettent l’interprétation littérale du récit. Mais il y a des réponses.

 

Nous avions débuté la semaine passée avec la question de la lumière qui apparaît au jour 1, lumière qui sépare le jour d’avec la nuit, alors que les corps célestes n’apparaissent qu’au jour 4. Au jour 1, la lumière n’était là que pour séparer le jour d’avec la nuit, mais sans plus. Au jour 4, les corps célestes constituent le moyen placé par Dieu dans la création non seulement pour séparer le jour d’avec la nuit, mais aussi comme moyen pour calculer les saisons, les jours et les années. De sorte que les corps célestes constituent une règle scientifique pour calculer les temps. Les corps célestes font beaucoup plus que séparer le jour d’avec la nuit. Alors que la création de la lumière au jour 1 ne permettait que de séparer le jour d’avec la nuit, les cycles des corps célestes qui apparaissent au jour 4 permettent de calculer l’année et donc les saisons et les mois. Selon ce que nous savons, le mois est calculé par la lune qui fait le tour de la terre, et l’année avec ses saisons, par la terre qui tourne autour du soleil. Et le jour vient de la rotation complète de la terre sur elle-même. Le seul cycle que l’homme utilise et qui n’est pas rythmé par les corps célestes est la semaine. La semaine n’est pas calculée à partir d’un cycle des corps célestes mais par la période durant laquelle Dieu a tout créé en plus du jour de repos qui a terminé cette période. En fait, le point le plus litigieux est le fait que le cycle jour et nuit est déjà là au jour 1, alors que le soleil n’apparaît qu’au jour 4. Comme je l’ai dit la semaine passée, la création a été faite progressivement. Et rien ne nous dit que dès le jour 1, tout était en place. Autrement dit, pourquoi ne pas accepter que le Seigneur ait séparé le jour d’avec la nuit d’une manière qui nous échappe, en attendant qu’il crée les corps célestes qui permettent à l’homme de les calculer?

 

Les végétaux

Une autre difficulté du texte vient de Genèse 2.4-5 :

 

4 Lorsque l’Éternel Dieu fit la terre et le ciel il n’y avait encore 5 aucun arbuste de la campagne sur la terre, et aucune herbe de la campagne ne germait encore : car l’Éternel Dieu n’avait pas fait pleuvoir sur la terre, et il n’y avait point d’homme pour cultiver le sol.

 

Au chapitre 1, les végétaux ont été créés au jour 3 et l’homme au jour 6. Et dans les versets que nous venons de lire, il est dit que Dieu n’avait pas fait pousser ni les arbustes, ni l’herbe sur la terre parce qu’il n’y avait pas d’homme pour cultiver le sol. Autrement dit, comment expliquer qu’au chapitre 1, les végétaux sont créés avant l’homme, et qu’au chapitre 2, Dieu dise qu’il n’y avait aucun arbuste ni herbe sur la terre car l’Éternel n’avait pas fait pleuvoir et qu’il n’y avait point d’homme pour cultiver? La réponse se trouve fort probablement dans le champ sémantique du mot terre. De la même façon que le mot jour peut désigner la période d’ensoleillement ou la période de 24 heures, donc avoir deux sens différents, le mot hébreu traduit par terre peut aussi bien dire pays. Même en français, le mot terre peut signifier la planète, le pays. Si je dis que l’avion s’est posé en terre française, c’est sur un terrain, dans le territoire français. Quand Dieu promet un pays à Abraham, c’est le même mot qui est utilisé. Et pourtant, le Seigneur lui indique les limites frontalières. En Genèse 2.5, le mot peut très bien désigner le jardin d’Éden. Mais avant, nous allons regarder un détail. En fait, le texte ne parle pas du jardin d’Éden, mais du jardin qui se trouve en Éden. Genèse 2.8 :

 

Puis l’Éternel Dieu planta un jardin en Éden,…

 

Il semble évident qu’Éden était déjà là, et que c’est en Éden que Dieu planta un jardin. Éden était un territoire délimité et c’est à l’intérieur de ce territoire que le jardin a été placé. Au verset 10…

 

Un fleuve sortait d’Éden pour arroser le jardin,… 

 

Si Éden et le jardin sont synonymes, ça devient absurde. Un fleuve sort d’Éden pour arroser Éden. Mais le verset prend tout son sens si Éden est un pays, un territoire plus grand au cœur duquel se trouve le jardin. Et au verset 15, l’homme est placé dans ce jardin. Genèse 2.15 :

 

L’Éternel Dieu prit l’homme et le plaça dans le jardin d’Éden pour le cultiver et pour le garder.

 

Depuis le verset 4 du chapitre 2, l’intérêt est vraiment porté vers ce jardin dans le territoire d’Éden. Par conséquent, c’est très plausible que Dieu n’ait pas fait pleuvoir sur tout le territoire d’Éden, ni permis que les végétaux y poussent parce que l’homme n’était pas encore créé. Cependant, les végétaux avaient été créés au jour 3. Et il est possible que Dieu n’ait pas fait pleuvoir, ni encore fait pousser de végétaux dans le jardin. Et ce, même si sur la terre, sur le globe, le Seigneur avait déjà créé les végétaux. Relisons les versets en utilisant le mot pays qui désignerait alors le jardin d’Éden. Genèse 2.4-5 :

 

4 Lorsque l’Éternel Dieu fit la terre et le ciel il n’y avait encore 5 aucun arbuste de la campagne sur le pays, et aucune herbe de la campagne ne germait encore : car l’Éternel Dieu n’avait pas fait pleuvoir sur le pays, et il n’y avait point d’homme pour cultiver le sol.

 

Ce sens convient très bien au récit puisque les versets suivants nous précisent que Dieu va créer Adam pour garder et cultiver le jardin. De plus, la nature elle-même nous enseigne que les végétaux peuvent très bien pousser sans l’activité de l’homme. Mais au chapitre 2, il est question de cultiver les végétaux, c’est-à-dire ceux dont Adam et sa famille prendront comme nourriture.

 

Les animaux

Une autre difficulté concerne la création des animaux. Selon Genèse 1, ils ont été créés au jour 3, donc avant que l’homme soit créé. Or, après que le texte ait rappelé la création de l’homme à partir de la poussière du sol, nous lisons en Genèse 2.19 :

 

L’Éternel Dieu forma du sol tous les animaux des champs et tous les oiseaux du ciel. Il les fit venir vers l’homme pour voir comment il les appellerait, afin que tout être vivant porte le nom que l’homme lui aurait donné.

 

La création de l’homme est présentée au verset 7, et ce n’est qu’au verset 19 qu’il est dit que Dieu forma tous les animaux. D’abord, il n’y a pas de lien chronologique. Il n’est pas dit « Après cela, Dieu créa tous les animaux ». En fait, il n’y a qu’un verbe au passé qui pourrait même être traduit par un passé antérieur, comme le fait la version Martin. Genèse 2.19 :

 

Car l’Éternel Dieu avait formé de la terre toutes les bêtes des champs et tous les oiseaux des cieux,…

 

En Genèse 2, il n’y a pas de souci chronologique. Ce qui surprend, c’est que des théologiens veulent maintenir un ordre chronologique en Genèse 2 alors qu’il n’y a pas d’adverbe de temps pour relier tous les éléments. Et ces mêmes théologiens rejettent la chronologie dans Genèse 1 alors que le texte est cousu d’indices chronologiques placés là délibérément.

 

But du texte

Un des arguments que l’on entend le plus de ceux qui rejettent le littéralisme du récit de la création est que le but du texte n’est pas scientifique. Autrement dit, ce ne serait pas problématique que les choses dites ne correspondent pas à la réalité. Je pense que nous devons résister devant cet argument. Qui va décider du but du texte? Certains utilisent le même argument pour rejeter la résurrection du Christ. Les textes présentent la résurrection du Christ comme si elle est réellement arrivée, mais ça serait pour eux une figure de style. Scientifiquement, nous ne pouvons pas dire que Jésus est ressuscité. Et l’on ajoute que Jésus aurait plutôt continué à vivre dans le cœur et la pensée des disciples. Si l’argument vaut pour la création, pourquoi ne vaudrait-elle pas pour la résurrection? Lorsque nous ouvrons les Écritures, nous devons plutôt nous poser la question à savoir ce que le texte signifie.

 

Apparence d’âge

La science, lorsqu’elle affirme que telle chose a des milliards d’années, à la limite, elle a peut-être bien observé. Mais elle interprète mal ce qu’elle voit. Pour la science, la chronologie biblique n’est pas crédible parce qu’il y a des étoiles qui sont à des milliards d’années-lumière. Alors que la Bible parle d’une création qui date d’environ 6000 ans. Regardons ce qui en est de l’homme pour appliquer ensuite cela aux étoiles qui se trouvent à des milliards d’années-lumière.

 

Je pense qu’il est raisonnable de penser que Dieu n’a pas créé Adam embryon, ou bébé, ou même enfant. Il est plus que probable qu’il l’ait créé comme s’il avait au moins une quinzaine d’années et peut-être davantage. Nous disons donc qu’Adam et Ève ont été créés avec une apparence d’âge. Quand ils ont fêté leur premier anniversaire de naissance, ou de création, ils avaient en fait l’air d’avoir entre 15 et 20 ans. Dieu a créé les végétaux le jour 4. Ne pensons pas que les arbres qui devaient servir de nourriture n’étaient pas d’âge mûr. Les arbres portaient déjà du fruit puisqu’ils devaient nourrir Adam et Ève. Sinon, Adam et Ève n’auraient pas pu manger tant que des légumes ou des fruits aient poussé. Il y a un miracle que Jésus a fait et qui appuie cette pensée. Quand Jésus a changé l’eau en vin, le vin était meilleur que celui qui avait été offert. Le vin avait une apparence d’âge, apparence de fermentation. Ce vin était comme s’il avait bien vieilli même s’il venait d’être miraculeusement fait. C’est la même chose pour la terre, pour les étoiles. L’exemple de l’homme et des arbres ou encore du vin nous permet de penser que la terre et les étoiles ont été créées comme si elles étaient beaucoup plus vieilles. Les étoiles, dès le jour 1 de leur création, même à des milliards d’années-lumière, avaient déjà un rayonnement qui rejoignait la terre. La création telle que décrite dans la Genèse exige une apparence d’âge.

 

Daniel Durand, pasteur

 

17 février 2019

Prédicateur invité

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