La chute de l’homme, partie 13

« Le péché est d’avoir un amour dirigé vers soi-même. C’est ce qui a entraîné Adam et Ève et c’est ce qui caractérise notre péché : au lieu d’aimer Dieu de tout notre cœur, de toute notre force, de tout notre être ainsi que notre prochain, nous aimons nous-mêmes. Au lien de rechercher la gloire de Dieu, nous recherchons notre intérêt. C’est pourquoi la conversion consiste à nous détourner de nous-mêmes et à nous tourner vers le créateur. »

 

La semaine passée, nous avons regardé quelques données bibliques qui suggèrent qu’Adam et Ève ont été sauvés.

Nous avions vu les points suivants :

  1. Dieu se garde toujours un reste, c’est-à-dire que Dieu s’est toujours assuré qu’il y ait des membres de son peuple racheté sur la terre;
  2. La foi d’Abel puis celle de Seth donnent à penser que ce soit Adam et Ève qui leur ont transmis la foi en les enseignant;
  3. Lorsqu’Ève a enfanté Caïn, elle a fait une profession de foi, c’est-à-dire qu’elle a cru à la promesse de Genèse 3.15;
  4. Le fait que la femme ne devrait pas être détachée de sa descendance.

Descendance de la femme (suite)

Nous avions lu, sur ce point, Apocalypse 12.1-10, que nous allons relire :

Un grand signe apparut dans le ciel : une femme revêtue du soleil, la lune sous les pieds, et une couronne de douze étoiles sur la tête. Elle était enceinte et elle criait dans le travail et les douleurs de l’enfantement. Un autre signe apparut dans le ciel : et voici, un grand dragon rouge feu qui avait sept têtes et dix cornes, et sur ses têtes sept diadèmes. Sa queue entraînait le tiers des étoiles du ciel et les jetait sur la terre. Le dragon se tint debout devant la femme qui allait enfanter, afin de dévorer son enfant, dès qu’elle l’aurait enfanté. Elle enfanta un fils, un mâle qui doit faire paître toutes les nations avec un sceptre de fer. Et son enfant fut enlevé vers Dieu et vers son trône. Et la femme s’enfuit au désert, où elle avait un lieu préparé par Dieu, afin d’y être nourrie pendant 1 260 jours. Il y eut une guerre dans le ciel. Michel et ses anges combattirent le dragon. Le dragon combattit, lui et ses anges, mais il ne fut pas le plus fort, et il ne se trouva plus de place pour eux dans le ciel. Il fut précipité, le grand dragon, le serpent ancien, appelé le diable et Satan, celui qui séduit toute la terre habitée ; il fut précipité sur la terre, et ses anges furent précipités avec lui. Alors j’entendis dans le ciel une voix forte qui disait : Maintenant est arrivé le salut, ainsi que la puissance et le règne de notre Dieu, et l’autorité de son Christ. Car il a été précipité, l’accusateur de nos frères, celui qui les accusait devant notre Dieu jour et nuit. (Apocalypse 12.1-10)

Ces versets nous ramènent directement en Genèse 3 où nous retrouvons les mêmes personnages :

  1. La femme
  2. Le serpent
  3. La descendance de la femme

Quand le dragon vit qu’il avait été précipité sur la terre, il poursuivit la femme qui avait mis au monde l’enfant mâle. Alors, les deux ailes du grand aigle furent données à la femme pour s’envoler au désert, vers son lieu, où elle est nourrie un temps, des temps et la moitié d’un temps, loin de la face du serpent. De sa gueule, le serpent lança de l’eau comme un fleuve derrière la femme, afin de la faire entraîner par le fleuve. Mais la terre secourut la femme, elle ouvrit sa bouche et engloutit le fleuve que le dragon avait lancé de sa gueule. Le dragon fut irrité contre la femme, et il s’en alla faire la guerre au reste de sa descendance, à ceux qui gardent les commandements de Dieu et qui retiennent le témoignage de Jésus. (Apocalypse 12.13-17)

Ce que nous voyons ici, c’est que la femme fait partie de la même entité que sa descendance. Satan s’en prend à la femme et à sa descendance. Comme en Genèse 3, la descendance désigne l’ensemble des croyants : ça milite pour qu’Ève en fasse partie.

Pas maudits

Cinquièmement, Adam et Ève ne sont pas maudits par Dieu. Ça m’apparaît un élément important dans la réflexion. Nous lisons :

L’Éternel Dieu dit au serpent : Puisque tu as fait cela, tu seras maudit entre tout le bétail et tous les animaux de la campagne, tu marcheras sur ton ventre et tu mangeras de la poussière tous les jours de ta vie. (Genèse 3.14)

Par après, Dieu dit à l’homme :

Il dit à l’homme : Parce que tu as écouté la voix de ta femme et que tu as mangé de l’arbre dont je t’avais défendu de manger, le sol sera maudit à cause de toi […] (Genèse 3.17)

Dieu ne dit jamais ni à Adam ni à Ève qu’ils sont maudits. Le serpent est maudit et le sol est maudit, mais pas Adam et Ève. Le premier humain à être maudit, on le découvre au chapitre 4, verset 11, et c’est Dieu qui parle à Caïn :

Maintenant, tu seras maudit loin du sol qui a ouvert sa bouche pour recevoir de ta main le sang de ton frère. (Genèse 4.11)

Paul

Le dernier indice qui nous dit qu’Ève a été sauvée se trouve dans la première épître de Paul à Timothée, au chapitre 2, les versets 12 à 15 :

Je ne permets pas à la femme d’enseigner, ni de prendre de l’autorité sur l’homme ; mais elle doit demeurer dans le silence. Car Adam a été formé le premier, Eve ensuite ; et ce n’est pas Adam qui a été séduit, c’est la femme qui, séduite, s’est rendue coupable de transgression. Elle sera néanmoins sauvée en devenant mère, si elle persévère avec modestie dans la foi, dans la charité, et dans la sainteté. (1 Timothée 2.12-15)

Ici, Paul interdit à la femme d’enseigner et de prendre autorité sur l’homme. Son argumentation repose sur le fait qu’Adam a été créé le premier, ainsi que sur le fait qu’Ève s’est laissée séduire par le serpent. Au verset 15, Paul ajoute qu’Ève sera sauvée en devenant mère. L’idée ici est qu’Ève a saisi par la foi que la victoire de Genèse 3.15 passe par sa descendance. Donc, il me semble que tous ces indices militent en faveur de la pensée qu’Adam et Ève seraient sauvés. Il y a plus d’arguments en ce qui concerne Ève, mais il y en a aussi concernant Adam.

Définition du péché

Nous allons maintenant regarder ce qu’est le péché.

Aspect négatif

Le péché a un aspect négatif et un aspect positif, non pas positif au sens où il apporte du bien. L’aspect négatif, c’est ce que le pécheur rejette; l’aspect positif, c’est ce que le pécheur veut s’approprier. Nous avons déjà vu que Dieu a placé une loi dans le cœur de l’homme. C’est important de maintenir cette vérité, parce que le péché est toujours la transgression à une loi.

Car la loi produit la colère et là où il n’y a pas de loi, il n’y a pas non plus de transgression. (Romains 4.15)

[…] mais le péché n’est pas mis en compte, quand il n’y a pas de loi. (Romains 5.13)

Peut-être le texte le plus clair :

Quiconque commet le péché, commet aussi une violation de la loi, et le péché, c’est la violation de la loi. (1 Jean 3.4)

Le péché est donc la transgression de la loi et la rébellion contre celui qui a donné cette loi, le législateur qui est Dieu lui-même. Le péché est le rejet de l’autorité de Dieu, du droit légal de Dieu de décider de tout ce qui se passe dans sa création.

Aspect positif

Maintenant, l’aspect positif, ou ce que le pécheur veut s’approprier. Le pécheur veut s’approprier l’autonomie. Le mot « autonomie » vient du grec, des mots « soi-même » et « loi ».

Le pécheur, c’est l’homme qui veut ses propres lois. Il veut décider. On le voit lorsqu’il mange du fruit de l’arbre de la connaissance du bien et du mal. Tout péché a ce double aspect : d’une part, c’est la transgression de la loi de Dieu, le rejet de son autorité et donc de sa personne; d’autre part, c’est l’aspiration à l’autonomie, la prétention que la créature peut s’émanciper, la déclaration de son indépendance. C’est l’homme qui vit selon ses passions, ses critères, sans aucune référence à Dieu.

La tendance moderne du rejet de l’autorité s’inscrit dans le péché. Saint-Augustin disait que la première ruine de l’homme est l’amour de lui-même. C’est pourquoi la Bible n’exhorte jamais les personnes à s’aimer elles-mêmes. D’abord, personne n’a jamais haï sa propre chair, mais l’amour chrétien consiste à aimer notre prochain comme soi-même, c’est-à-dire de la même manière que nous nous aimons, et elle exhorte le mari à aimer sa femme comme si c’était son propre corps. Le péché est d’avoir un amour dirigé vers soi-même. C’est ce qui a entraîné Adam et Ève et c’est ce qui caractérise notre péché : au lieu d’aimer Dieu de tout notre cœur, de toute notre force, de tout notre être ainsi que notre prochain, nous aimons nous-mêmes. Au lien de rechercher la gloire de Dieu, nous recherchons notre intérêt. C’est pourquoi la conversion consiste à nous détourner de nous-mêmes et à nous tourner vers le créateur.

Daniel Durand, pasteur
8 mars 2020

Prédicateur invité

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