Ce matin, nous allons voir le triple reniement de Pierre qui s’est passé durant l’arrestation et le procès de Jésus, c’est-à-dire qu’alors que Jésus était emmené pour subir ce procès injuste, Pierre reniait son Maître.
Texte biblique
Nous allons lire, en Jean 18, les versets 15 à 18, puis 25 à 27.
Or, Simon Pierre, ainsi qu’un autre disciple, suivait Jésus. Ce disciple était connu du souverain sacrificateur, et il entra avec Jésus dans la cour du souverain sacrificateur ; mais Pierre se tenait dehors, près de la porte. L’autre disciple, connu du souverain sacrificateur, sortit, parla à la gardienne de la porte et fit entrer Pierre. Alors la servante, gardienne de la porte, dit à Pierre : Toi aussi, n’es-tu pas des disciples de cet homme ? Il dit : Je n’en suis pas. Les serviteurs et les gardes se tenaient là, après avoir allumé un brasier, car il faisait froid, et ils se chauffaient. Pierre aussi se tenait avec eux et se chauffait. (Jean 18.15-18)
Simon Pierre se tenait là et se chauffait. On lui dit : Toi aussi, n’es-tu pas de ses disciples ? Il le nia et dit : Je n’en suis pas. Un des serviteurs du souverain sacrificateur, parent de celui à qui Pierre avait tranché l’oreille, dit : Ne t’ai-je pas vu avec lui dans le jardin ? Pierre le nia de nouveau. Et aussitôt un coq chanta. (Jean 18.25-27)
Que le Seigneur bénisse sa Parole. Nous allons prier.
Exposé
Ce qui est décrit ici est probablement ce que plusieurs chrétiens retiennent le plus de Pierre : son triple reniement. Pierre était pourtant celui qui était le plus audacieux parmi les disciples, d’une audace tantôt courageuse, tantôt prétentieuse. En plus, Pierre était considéré comme le premier apôtre.
Sans lui reconnaître la papauté, dans la liste des premiers disciples, il est nommé en premier. À l’époque, on nommait en premier le plus important : c’est à Pierre que le Père a d’abord révélé le Fils. On se rappelle cette belle confession en Matthieu 16.16 :
Simon Pierre répondit : Tu es le Christ, le Fils du Dieu vivant. (Matthieu 16.16)
Pierre a vécu des expériences plutôt uniques même parmi les douze. Pierre est le seul apôtre à avoir marché sur l’eau. C’est vrai qu’il a coulé par manque de foi lorsque le vent s’est levé, mais il n’en demeure pas moins que lui seul a eu la foi de mettre le pied sur l’eau. Les autres sont demeurés dans la barque. On peut donc être surpris que ce soit Pierre qui ait renié son maître trois fois.
Ce qui se passe ici comporte de grandes leçons pour nous.
Pierre au mauvais endroit
Jésus vient de se faire arrêter. Auparavant, Jésus avait demandé à ses disciples de veiller une heure avec lui afin de ne pas entrer en tentation. Pierre, qui aurait dû s’empresser d’aller prier avec son maître, a préféré dormir.
Les autres disciples aussi, sauf que Pierre avait eu la prétention de dire à Jésus qu’il ne le reniera jamais et qu’il serait prêt à mourir pour Jésus. Au lieu de rassembler les disciples pour aller prier, Pierre va parmi les hommes. L’arrestation de Jésus se passait dans un lieu public et Pierre ne trouve pas mieux que de simplement observer les événements.
Il se tient près de la porte. Dans le Proche-Orient ancien, les grands bâtiments avaient une cour intérieure et une porte donnait accès à cette cour. Cette porte était surveillée, mais Pierre a pu entrer, parce qu’il était avec un autre disciple qui connaissait la personne qui gardait la porte. Pierre semblait vraiment insouciant dans la situation. Le verset 18 (Jean 18.18) pointe dans cette direction lorsqu’il dit que Pierre se tenait près du feu pour se réchauffer.
Alors que son Maître vient d’être arrêté, Pierre cherche à être confortable. Pourtant, Jésus avait annoncé qu’il allait être arrêté, qu’il allait subir les pires souffrances et être mis à mort. Pierre savait très bien que Jésus n’avait pas été arrêté pour être relâché. Pierre savait tout ce qui s’en venait, puisque Jésus l’avait dit aux disciples. Le problème de Pierre n’était pas sa connaissance, ce n’était pas un manque d’information : en fait, Pierre est demeuré avec les gens du monde. Pour nous, nous ne sommes pas dans la même situation, mais nous sommes souvent dans des situations semblables. Si nous écoutons ce que le monde dit, si nous donnons du crédit aux paroles des incroyants, peu importe leur degré de scolarité et leurs diplômes, si nous croyons que tout ce que les médias affirment est vrai, nous sommes en réel danger. Nous devons toujours nous réfugier en Dieu et ça inclut dans sa Parole.
Les moyens de grâce
Le problème de Pierre, c’est qu’il n’a pas du tout pris au sérieux trois moyens de grâce que sont la prière, l’Église et la Parole de Dieu. Jésus avait demandé de prier dans le jardin de Gethsémané; Pierre a plutôt dormi. De plus, Jésus avait aussi demandé à Jacques et à Jean de prier aussi avec lui; Pierre et les deux autres ont négligé la vie de la communauté de Jésus. Voyez le contraste entre les versets 18 et 26 :
Les serviteurs et les gardes se tenaient là, après avoir allumé un brasier, car il faisait froid, et ils se chauffaient. Pierre aussi se tenait avec eux et se chauffait. (Jean 18.18)
Un des serviteurs du souverain sacrificateur, parent de celui à qui Pierre avait tranché l’oreille, dit : Ne t’ai-je pas vu avec lui dans le jardin ? (Jean 18.26)
Pierre a été sur une mauvaise voie et il s’est enfoncé. Il n’était plus avec Jésus, mais avec des non croyants. Ça nous pose la question suivante : avec qui sommes-nous? De quel côté sommes-nous? Parce que nous ne pouvons pas être à la fois du côté de Jésus et à la fois du côté des non croyants. Pierre ne voulait pas vivre, subir les conséquences de son association avec Jésus, alors il s’en est dissocié. C’est un ou l’autre. Le résultat, c’est que Pierre, en se tenant avec les non croyants, n’a pas voulu dire qu’il était du côté de Jésus. Il a renié son Maître. Finalement, Jésus avait annoncé à Pierre sa chute : Pierre a négligé la Parole du Seigneur. Pierre a négligé les moyens de grâce : la prière, la vie d’Église et la Parole de Dieu. J’aimerais dire quelques mots sur la vie d’Église. De nos jours, avec la technologie, il est facile de demeurer à la maison et d’avoir une vie d’Église virtuelle. On se branche sur les meilleurs prédicateurs et on reste à la maison. Ça peut être intéressant et même édifiant d’entendre les meilleurs prédicateurs, mais ce ne sera jamais une vie d’Église. Une vie d’Église se passe en Église, c’est-à-dire dans le rassemblement de frères et sœurs unis et réunis pour se soutenir les uns les autres, ce qui n’est pas possible sur Internet; unis pour s’exhorter les uns les autres, pour prier les uns pour les autres, ce qui implique que je m’intéresse aux autres et que je laisse les autres s’intéresser à moi.
La vie d’Église est vitale pour notre vie chrétienne personnelle. L’Église est l’incubateur du Seigneur pour nous garder du monde. Le deuxième point concernant la vie d’Église, et il s’ajoute au premier, c’est que l’Église a aussi une dimension plus large que l’Église locale. Quand Jésus dit qu’il bâtit son Église, quand Paul dit que l’Église est l’appui et la colonne de la vérité et qu’elle est l’épouse du Jésus-Christ, il est question de ce qu’on appelle l’Église universelle. Cette Église universelle a quelque chose à nous apporter. Lire des ouvrages écrits par des hommes et des femmes de Dieu dans le passé, c’est bien. Autant le Seigneur a établi des enseignants dans les Églises locales, autant il en a placé dans le passé et ce qu’ils ont dit, ce qu’ils ont écrit, peut être bénéfique. Sans dire que tout est bon, il y a du bon dont nous pouvons bénéficier. Si je ne lisais aucun livre de théologie, si je ne consultais aucun commentaire, vous devriez être inquiets, parce que ça signifierait que je ne me fie que sur moi, mais comme je lis beaucoup d’ouvrages variés, venant de divers horizons, je me donne accès à divers courants de pensée et d’interprétations qui me donnent une idée générale et plus aiguisée que si je ne me fiais que sur moi-même. L’Église est le peuple de Dieu dans lequel Dieu a établi des enseignants, ce que la Bible appelle des docteurs. Ne nous privons pas de ce que ces personnes ont écrit : c’est une richesse pour nous. Donc, Pierre a négligé tous les moyens de grâce. Le résultat fut horrible : Pierre a chuté.
Autopsie de nos chutes
Frères et sœurs, lorsque nous chutons, il est bon de faire une analyse post-mortem, une autopsie de ce qui s’est passé pour que nous apprenions de nous-mêmes. À chaque fois que nous chutons, c’est que nous avons manqué de puiser dans les provisions du Seigneur. Pascal Denault a écrit dans son livre Le côté obscur de la vie chrétienne :
« Manque-t-il quoi que ce soit à notre bien-être ? Le problème concernant le manque d’assurance, la dépression spirituelle ou encore une vie infructueuse n’est pas l’absence de ressources spirituelles, mais la négligence des ressources qui sont nôtres. »
Proverbes 16.18 dit :
L’orgueil précède le désastre, et un esprit arrogant précède la chute. (Proverbes 16.18)
On pourrait peut-être penser qu’on n’est ni orgueilleux ni arrogant même si on néglige les moyens de grâce, mais en réalité, lorsqu’on les néglige, on est en train de dire qu’on est capable par nous-mêmes. On est prêt à affronter la vie par nos propres forces. Quand on reconnaît notre vulnérabilité et qu’on désire vivre pour Dieu, on va prendre tous les moyens qu’il nous donne. L’apôtre Pierre a écrit dans sa deuxième épître, au chapitre 1, les versets 3 à 9 :
Comme sa divine puissance nous a donné tout ce qui contribue à la vie et à la piété, au moyen de la connaissance de celui qui nous a appelés par sa propre gloire et par sa vertu, lesquelles nous assurent de sa part les plus grandes et les plus précieuses promesses, afin que par elles vous deveniez participants de la nature divine, en fuyant la corruption qui existe dans le monde par la convoitise, à cause de cela même, faites tous vos efforts pour joindre à votre foi la vertu, à la vertu la science, à la science la tempérance, à la tempérance la patience, à la patience la piété, à la piété l’amour fraternel, à l’amour fraternel la charité. Car si ces choses sont en vous, et y sont avec abondance, elles ne vous laisseront point oisifs ni stériles pour la connaissance de notre Seigneur Jésus-Christ. Mais celui en qui ces choses ne sont point est aveugle, il ne voit pas de loin, et il a mis en oubli la purification de ses anciens péchés. (2 Pierre 1.3-9)
Le problème n’est jamais un manque d’outils, une carence dans les moyens donnés par Dieu. Ses provisions sont plus que suffisantes pour que nous vivions la vie chrétienne. Le problème est toujours de notre côté : nous négligeons les moyens que Dieu donne. Une des raisons de cela, c’est que nous n’apprenons pas facilement de nos expériences passées.
Quand nous chutons, regardons où nous avons négligé. Nos chutes pourront ainsi devenir des leçons d’apprentissage sur nous-mêmes, sur notre fragilité, sur notre vulnérabilité. Nous allons retrouver Pierre quelques instants avant son triple reniement.
Luc 22.31-32
Simon, Simon, Satan vous a réclamés pour vous passer au crible comme le blé. (Luc 22.31-32)
Jésus annonce à Pierre que Satan a réclamé tous les apôtres pour les passer au crible. Dans l’Ancien Testament, cette expression a Dieu pour sujet. Passer au crible, c’est éprouver : un peu comme Satan l’avait fait pour Job, Satan le fait pour les apôtres. Il veut éprouver les apôtres, pensant qu’ils vont tout abandonner. Jésus ne désigne pas Pierre sous son nouveau nom, mais par son ancien nom, c’est-à-dire Simon, probablement pour lui montrer ce qui se passe quand Pierre vit selon son ancienne vie.
Mais j’ai prié pour toi, afin que ta foi ne défaille pas, et toi, quand tu seras revenu à moi affermis tes frères. (Luc 22.31-32)
Jésus informe Pierre qu’il a déjà prié pour lui, afin que sa foi ne défaille pas.
Intercession de Jésus
Quel Seigneur nous avons! Il ne fait pas qu’annoncer ce qui arrive : il intercède pour les siens. Jésus n’a pas prié que pour Pierre; à ce moment-là, peut-être, mais dans Jean 17, nous avons la prière sacerdotale qui nous informe que Jésus a prié pour tous les siens : ceux que le Père lui a donnés durant son ministère terrestre, mais aussi pour tous ceux qui allaient croire. Jésus a prié pour nous. Romains 8.34 nous dit que Jésus est ressuscité, qu’il est assis à la droite de Dieu, ce qui signifie qu’il règne sur l’univers et que fait-il? Paul ajoute qu’il intercède pour nous. Frères et sœurs, n’oublions jamais ceci : en tout temps, Jésus intercède pour nous. Il connaît toutes les galaxies. Il connaît l’existence de chaque atome de l’univers. Il connaît toutes les règles de physique, de chimie, de mathématiques. Il connaît toutes les langues de tous les temps. Rien n’échappe à sa connaissance. Non seulement il connaît tout, mais il dirige tout ce qui existe pour que chaque chose et que chaque personne se trouve à accomplir le plan de Dieu. Dans cet exercice de royauté cosmique, Jésus intercède pour les siens. Il ne cesse de penser à chacun de nous. Quand nous sommes éprouvés, rappelons-nous de cette vérité : Jésus prie pour nous. Donc, Jésus a prié pour Pierre afin que sa foi ne défaille pas. Cette prière incluait le retour de Pierre sur la bonne voie. La fin du verset dit bien : « […] quand tu seras revenu à moi affermis tes frères. » La prière de Jésus pour les siens fait en sorte que nos égarements sont temporaires. Jésus ne présente pas le retour de Pierre comme une possibilité, mais comme un fait certain. Pierre poursuivra sa mission d’affermir ses frères. Nous avions déjà vu que la prière de Jésus est préventive. Jésus a prié avant que Satan agisse. La prière de Jésus est efficace. Jésus savait que Pierre allait revenir. Quelle assurance pour nous de savoir que, non seulement Jésus prie pour nous, mais que sa prière est toujours efficace, c’est-à-dire qu’elle produit le résultat voulu, parce que la prière de Jésus est toujours en harmonie avec la volonté de son Père!
Prétention de Pierre
La discussion entre Jésus et Pierre se poursuit.
Seigneur, lui dit Pierre, je suis prêt à aller avec toi en prison et à la mort. (Jean 18.33)
Frères et sœurs, savez-vous pourquoi Pierre a négligé les moyens de grâce ? C’est qu’il était prétentieux : il se croyait fort. Il ne voyait pas sa vulnérabilité. Il ne voyait pas son cœur. Jésus venait d’annoncer qu’il devait se rendre à Jérusalem pour souffrir et mourir de la part des anciens, des principaux sacrificateurs et des scribes. Juste après que le Père a révélé à Pierre que Jésus est le Christ, le Fils du Dieu très-haut, en Matthieu 16, nous lisons aux versets 21 à 24 :
Jésus commença dès lors à montrer à ses disciples qu’il lui fallait aller à Jérusalem, souffrir beaucoup de la part des anciens, des principaux sacrificateurs et des scribes, être mis à mort et ressusciter le troisième jour. Pierre, le prit à part et se mit à lui faire des reproches en disant : À Dieu ne plaise, Seigneur ! Cela ne t’arrivera pas. Mais Jésus se retourna et dit à Pierre : Arrière de moi, Satan ! Tu es pour moi un scandale, car tes pensées ne sont pas celles de Dieu, mais celles des hommes. Alors Jésus dit à ses disciples : Si quelqu’un veut venir après moi, qu’il renonce à lui-même, qu’il se charge de sa croix et qu’il me suive. (Matthieu 16.21-24)
Jésus dit aux disciples qu’il faut qu’il aille à Jérusalem pour souffrir et être mis à mort, pour ressusciter le troisième jour. Le verset comporte le verbe « falloir », qui indique une nécessité, un besoin. Jésus dit qu’il faut et Pierre fait quelque chose de très particulier.
Pierre, le prit à part et se mit à lui faire des reproches en disant : Que Dieu t’en préserve, Seigneur ! Cela ne t’arrivera pas ! (Matthieu 16.22)
Comment un croyant peut-il dire cela au Fils de Dieu? Pierre vient d’avoir la révélation de qui est Jésus : il l’a reçue du Père céleste. Jésus lève le voile sur sa mission et Pierre lui fait des reproches en ajoutant que ça n’arrivera pas : puisque Dieu est miséricordieux, Dieu va l’en préserver. Pierre était donc capable de gestes courageux, mais aussi d’une audace prétentieuse. La réponse de Jésus est directe, mais totalement vraie et appropriée : « Arrière de moi Satan ». Pierre avait entendu Jésus et passe ses pensées au-dessus de celle de son Maître. Nos pensées qui ne viennent pas des Écritures et qui contredisent les Écritures font l’œuvre de Satan. Même si nous sommes chrétiens, c’est le cas. Nous devons tout, mais absolument tout soumettre aux Écritures et ne jamais se fier sur nos pensées.
Ses bons coups
Pierre a donc renié son maître, mais il y a tout de même quelques points à soulever qui sont à son avantage.
Pierre est resté près de Jésus
L’idéal aurait été que les disciples se réunissent pour prier et s’encourager. Les disciples ont tous fui, mais Pierre et (probablement) Jean sont demeurés le plus près possible de Jésus. Alors qu’il était sous arrêt, les deux disciples ont suivi Jésus jusque dans la cour intérieure où les choses se passaient. Pierre aurait bien pu rentrer chez lui à l’abri. Au contraire, il a voulu suivre Jésus, même s’il n’a pas pu s’empêcher de le renier.
Pierre aimait Jésus
Le deuxième point à la défense de Pierre, c’est qu’il aimait Jésus. Je pense que c’est la seule explication possible au fait que Pierre a voulu demeurer le plus près possible de Jésus durant son arrestation.
D’ailleurs, Jésus va miser sur l’amour de Pierre à son égard après la résurrection. Nous verrons ce texte lorsque nous serons rendus au chapitre 21, mais pour l’instant, je rappelle que Jésus demande à Pierre à trois reprises : Pierre, m’aimes-tu ? Et Pierre lui répond :
Oui, Seigneur, tu sais que je t’aime. (Jean 21.15)
À trois reprises, Jésus pose la question et, chaque fois, Pierre lui répond : « Tu sais que je t’aime ». Autrement dit, Pierre savait que Jésus connaissait son amour pour lui. En dépit des gaffes de Pierre, cet apôtre aimait Jésus profondément. Il a évidemment reculé lorsque des gens l’ont questionné à savoir s’il était disciple de Jésus, mais si Pierre était encore là, c’est parce qu’il aimait Jésus.
Pierre voulait défendre Jésus
Un autre élément à la défense de Pierre, c’est que Pierre voulait défendre Jésus. Il aurait voulu que Dieu pense comme lui et qu’il évite à Jésus d’aller à la croix. Il a voulu défendre Jésus dans le jardin de Gethsémané lorsqu’il a coupé l’oreille du soldat. Les autres disciples n’ont pas voulu défendre leur Maître, mais Pierre l’a fait. Le portrait que les Écritures nous donnent de Pierre, c’est qu’il était zélé, empressé, plus que les autres disciples. Pierre a fait des erreurs que les autres disciples n’ont pas faites. Pierre a dit des paroles qu’il n’aurait jamais dû prononcer. En même temps, Pierre est celui qui a démontré le plus d’empressement pour servir son Maître. Tout ce récit se trouve intercallé dans des événements de trahison et de fausses accusations. Jésus vient de débusquer Judas, qui a quitté immédiatement pour trahir Jésus. Jésus annonce à Pierre qu’il va le renier trois fois. Ce qui ressort, c’est que le geste de Pierre est un grave péché qui est dans la même foulée que ce que les opposants ont commis. Je ne dis pas de même gravité, mais dans la même foulée : Judas a trahi son Maître; Pierre a renié son Maître.
Frères et sœurs, le jour où nous nous pensons à l’abri de pécher, nous sommes encore plus vulnérable.
Applications
Nous avons vu que Pierre s’est dissocié de Jésus, parce qu’il ne voulait pas affirmer publiquement qu’il était avec lui. Il a renié son Maître. Je me suis posé les questions à savoir : lorsque je suis avec des non chrétiens, est-ce que j’affirme mon union à mon Seigneur ou si je m’en dissocie? Est-ce que je cherche à cacher mes convictions pour éviter les persécutions? Est-ce que je fais des compromis sur ce que je dois faire comme chrétien pour passer inaperçu? Comment est-ce que je vis ma foi face aux non chrétiens? Un jour, Charles Spurgeon discutait avec une jeune fille dont le cœur était partagé entre la vie chrétienne et le monde. Le pasteur Spurgeon lui donna cette illustration. Il lui a dit : « À la gare, lorsque le train arrive, tu as trois possibilités : la première possibilité, c’est que tu montes dans le train; la deuxième possibilité, c’est que tu restes sur le quai; la troisième possibilité, c’est que tu mettes un pied dans le train et que tu en gardes un sur le quai. Les non chrétiens sont ceux qui restent sur le quai, mais pour les chrétiens, il y a toujours le danger de garder un pied sur le quai au lieu de pleinement embarquer pour le Seigneur. Il y a ce danger de vouloir le meilleur des deux mondes. En fait, il n’y a de meilleur que dans la vie avec le Seigneur. Il n’y a aucun meilleur, même pas un bien ou un bon, dans ce monde perdu. Cette illustration nous montre l’importance, frères et sœurs, de pleinement vivre la vie chrétienne. Quand j’étais chez les scouts, on avait un uniforme et un code de vie pour les réunions et les activités, mais quand les rencontres étaient terminées, on continuait notre vie comme tous les autres. La vie chrétienne n’est pas pareille : c’est une vie de chaque instant où nous sommes appelés à vivre sans se relâcher pour le Seigneur. Ces versets nous montrent que nous aimons le Seigneur, mais imparfaitement. Lorsque le Seigneur a appelé Pierre à le suivre, le Seigneur savait que Pierre allait le renier. Le Seigneur connaissait parfaitement le tempérament de Pierre, ses limites, ses faiblesses.
Le Seigneur ne l’a pas appelé pour l’abandonner à lui-même : il a formé Pierre patiemment, il l’a équipé et Pierre est devenu le grand apôtre qu’on connaît. C’est lui qui a fortifié ses frères et qui a pris le leadership entre la résurrection de Jésus et la Pentecôte, 50 jours plus tard. Frères et sœurs, savez-vous où je constate le plus la patience du Seigneur? Ce n’est pas en voyant comment Dieu a été patient avec le peuple d’Israël.
C’est en constatant combien Dieu est patient dans ma vie, non pas qu’il tolère mon péché. C’est plutôt dans le fait qu’il me sanctifie progressivement. Il me fait grandir par sa grâce. Cette patience de Dieu ne doit pas m’amener à négliger les moyens de grâce, les moyens de croissance que Dieu me donne, la prière, la vie d’Église et la Parole de Dieu, sous prétexte qu’il va endurer ma superficialité.
La patience de Dieu doit plutôt m’encourager et me dire que lorsque je tombe, le Seigneur me relève; lorsque je pèche, il me ramène dans ses voies. Pierre a goûté à ces choses lorsqu’il écrit que Dieu nous a donné tout ce qui contribue à la vie et à la piété. Nous aussi pouvons goûter à ces bénédictions.
Nous allons prier.
Daniel Durand, pasteur
8 décembre 2019