Abraham et le sacrifice d’Isaac, partie 4

Introduction

Nous poursuivons l’étude du récit où le Seigneur demande à Abraham de sacrifier son fils Isaac. Nous lirons Genèse 22, les versets 1 à 19 :

1 Après ces événements, Dieu mit Abraham à l’épreuve et lui dit : Abraham ! Il répondit : Me voici ! 2  Dieu dit : Prends donc ton fils, ton unique, celui que tu aimes, Isaac ; va-t’en dans le pays de Moriya et là, offre-le en holocauste sur l’une des montagnes que je t’indiquerai. 3 Abraham se leva de bon matin, sella son âne et prit avec lui ses deux jeunes serviteurs et son fils Isaac. Il fendit du bois pour l’holocauste et partit pour se rendre à l’endroit que Dieu lui avait indiqué. 4  Le troisième jour, Abraham, levant les yeux, vit l’endroit de loin. 5  Alors il dit à ses jeunes serviteurs : Vous, restez ici avec l’âne ; le jeune homme et moi nous irons là-haut pour adorer, puis nous reviendrons auprès de vous. 6  Abraham prit le bois pour l’holocauste, le chargea sur son fils Isaac et prit dans sa main le feu et le couteau. Ils marchèrent tous deux ensemble. 7  Alors Isaac adressa la parole à son père Abraham et dit : Mon père ! Il (lui) répondit : Me voici, mon fils ! (Isaac) reprit : Voici le feu et le bois ; mais où est l’agneau pour l’holocauste ? 8  Abraham répondit : Mon fils, Dieu va se pourvoir lui-même de l’agneau pour l’holocauste. Et ils marchèrent tous deux ensemble. 9  Lorsqu’ils furent arrivés à l’endroit que Dieu lui avait indiqué, Abraham y construisit l’autel et disposa le bois. Il ligota son fils Isaac et le mit sur l’autel, par-dessus le bois. 10  Puis Abraham étendit la main et prit le couteau pour égorger son fils. 11 Alors l’ange de l’Éternel l’appela du ciel et dit : Abraham ! Abraham ! Il répondit : Me voici ! 12  L’ange dit : N’étends pas ta main sur le jeune homme et ne lui fais rien ; car j’ai reconnu maintenant que tu crains Dieu et que tu ne m’as pas refusé ton fils, ton unique. 13  Abraham leva les yeux et vit par derrière un bélier retenu dans un buisson par les cornes ; alors Abraham alla prendre le bélier et l’offrit en holocauste à la place de son fils. 14  Abraham donna à cet endroit le nom de Adonaï-Yireéh. C’est pourquoi l’on dit aujourd’hui : Sur la montagne de l’Éternel, il sera pourvu. 15 L’ange de l’Éternel appela Abraham une seconde fois du ciel 16  et dit : Je le jure par moi-même,  oracle de l’Éternel ! parce que tu as fait cela, et que tu n’as pas refusé ton fils, ton unique, 17  je te comblerai de bénédictions et je multiplierai ta descendance, comme les étoiles du ciel et comme le sable qui est au bord de la mer. Ta descendance aura le contrôle de ses ennemis. 18  Toutes les nations de la terre se diront bénies par ta descendance, parce que tu as écouté ma voix. 19  Abraham s’en retourna vers ses jeunes serviteurs, puis ils se levèrent pour aller ensemble à Beér-Chéba, car Abraham habitait à Beér-Chéba.

Exposé

J’ai regardé le texte grec du verset que nous avons vu la semaine passée, Hébreux 11.19 :

Il comptait que Dieu est puissant, même pour faire ressusciter d’entre les morts. C’est pourquoi son fils lui fut rendu : il y a là un symbole.

Plus littéralement, ce serait : « … dans une sorte de parabole, il retrouva son fils. » Dans les dernières semaines, nous avons regardé les caractéristiques de la foi d’Abraham exprimée lorsque Dieu lui demande de sacrifier son fils Isaac. Nous avions vu les caractéristiques suivantes :

1ère : la foi est en Dieu.

2e : la foi s’ancre dans ce que Dieu a fait dans le passé.

3e : la foi repose sur ce que Dieu a dit.

4e : la foi est tournée vers l’avenir.

Et nous sommes rendus à la 5e caractéristique de la foi d’Abraham. Il s’agit d’une foi éprouvée. C’est-à-dire une foi qui a fait ses preuves.  Mais avant d’y arriver, nous allons nous arrêter sur le personnage qui apparaît au verset 15, et il s’agit de l’Ange de l’Éternel.

Il y a un très large consensus parmi les théologiens pour interpréter l’expression L’ange de l’Éternel comme désignant le Fils de Dieu. Et ce, pour quelques raisons. D’abord, le mot ange dans la Bible n’est pas toujours utilisé pour désigner un être angélique. Parfois, il désigne simplement un messager. Ainsi, quand Jean-Baptiste est en prison et qu’il envoie deux messagers demander à Jésus s’il est vraiment celui qui devait venir, le texte original nous dit que Jean-Baptiste envoya deux anges. En fait, dans Matthieu, Jean envoie deux de ses disciples, et dans Luc, le texte dit deux anges, au sens de deux messagers. Donc le mot ange peut désigner un messager. Et justement, Jésus est le messager de l’Éternel par excellence. Il est la Parole faite chair. Dans le cas de l’Ange de l’Éternel, un autre indice est qu’il parle en tant que Dieu lui-même. En fait, dans certains textes, l’Ange de l’Éternel est distinct de Dieu, alors que dans d’autres textes, l’Ange de l’Éternel est confondu avec Dieu. Dans Jean 1.1, nous retrouvons les deux réalités.

Au commencement était la Parole, et la Parole était avec Dieu.

Ici, la Parole est distincte de Dieu. Mais immédiatement après, la Parole est confondue avec Dieu. « Et la Parole était Dieu ». En Genèse 22, nous lisons à partir du verset 15 :

15 L’ange de l’Éternel appela Abraham une seconde fois du ciel 16  et dit : Je le jure par moi-même,  oracle de l’Éternel ! parce que tu as fait cela, et que tu n’as pas refusé ton fils, ton unique, 17  je te comblerai de bénédictions et je multiplierai ta descendance, comme les étoiles du ciel et comme le sable qui est au bord de la mer. Ta descendance aura le contrôle de ses ennemis. 18  Toutes les nations de la terre se diront bénies par ta descendance, parce que tu as écouté ma voix.

L’Ange de l’Éternel dit que c’est lui qui va combler Abraham de toutes les bénédictions. Mais ailleurs, c’est l’Éternel qui comble de bénédictions. Nous avons un texte qui associe l’Ange de l’Éternel à l’Éternel lui-même. Zacharie 12.8 :

En ce jour-là, l’Éternel protégera les habitants de Jérusalem ; s’il y en a un qui trébuche parmi eux, il sera en ce jour-là comme David ; et la maison de David sera comme Dieu,  comme l’ange de l’Éternel devant eux.[1]

Une autre raison pour conclure que l’Ange de l’Éternel est le Fils de Dieu pré-incarné, c’est qu’à partir de l’incarnation du Fils, nous n’entendons plus parler de l’Ange de l’Éternel.

Nous revenons à la foi d’Abraham que Dieu mit à l’épreuve. Nous devons réaliser que cette mise à l’épreuve ne s’est pas faite dans les premières années de la vie d’Abraham. En fait, quand le Seigneur a appelé Abraham la première fois, il avant 75 ans (Genèse 12.5). Quand Isaac est né, Abraham avait 100 ans (Genèse 21.5). Selon la chronologie proposée par la Bible Thompson, Isaac avait environ 15 ans lorsque le Seigneur demanda à Abraham de le sacrifier. Ce serait logique avec Genèse 22.6 qui nous dit :

Abraham prit le bois pour l’holocauste, le chargea sur son fils Isaac et prit dans sa main le feu et le couteau. Ils marchèrent tous deux ensemble.

Pour qu’Isaac puisse porter le bois, il devait avoir une certaine corpulence. Si nous faisons le calcul, Abraham avait 40 ans de conversion lorsque Dieu le mit à l’épreuve. Sa foi avait été façonnée à travers ces décennies. Il est aussi possible que ce 40 fasse ressortir la symbolique d’une période suffisante pour attester d’une réalité. Le peuple passa 40 ans au désert, Jésus y a passé 40 jours sans manger. J’ai réalisé en préparant cette série d’études que lorsque le Seigneur met ses enfants à l’épreuve, le Seigneur le fait en plaçant ses enfants dans des situations où ses attributs sont en cause. Je m’explique. Le Seigneur est celui qui pourvoit. Il a mis son peuple à l’épreuve en lui faisant traverser le désert, lieu sans nourriture. Le Seigneur est celui qui guérit. Il peut éprouver en envoyant la maladie. Le Seigneur est le Dieu fidèle. Il peut éprouver en tardant la réalisation d’une promesse. Le Seigneur sait très bien que ce délai est souvent l’occasion pour le croyant de s’interroger sur la fidélité de Dieu. Nous allons poursuivre la narration à partir du verset 7 et je ferai une lecture commentée. Genèse 22.7 :

7  Alors Isaac adressa la parole à son père Abraham et dit : Mon père ! Il lui répondit : Me voici, mon fils ! Isaac reprit : Voici le feu et le bois ; mais où est l’agneau pour l’holocauste ? 8  Abraham répondit : Mon fils, Dieu va se pourvoir lui-même de l’agneau pour l’holocauste. Et ils marchèrent tous deux ensemble.

Abraham avançait dans l’épreuve avec assurance. Abraham savait que le Seigneur allait pourvoir. Versets 9 et 10 :

9  Lorsqu’ils furent arrivés à l’endroit que Dieu lui avait indiqué, Abraham y construisit l’autel et disposa le bois. Il ligota son fils Isaac et le mit sur l’autel, par-dessus le bois. 10  Puis Abraham étendit la main et prit le couteau pour égorger son fils.

Le texte nous parle très peu d’Isaac. Son père vient de lui dire que Dieu allait pourvoir, et là, il voit son père le ligoter et le placer sur l’autel, puis sortir un couteau pour l’égorger. Versets 11 et 12 :

11 Alors l’ange de l’Éternel l’appela du ciel et dit : Abraham ! Abraham ! Il répondit : Me voici ! 12  L’ange dit : N’étends pas ta main sur le jeune homme et ne lui fais rien ; car j’ai reconnu maintenant que tu crains Dieu et que tu ne m’as pas refusé ton fils, ton unique.

Quel soulagement pour Abraham et pour son fils. Verset 13 :

13  Abraham leva les yeux et vit par derrière un bélier retenu dans un buisson par les cornes ; alors Abraham alla prendre le bélier et l’offrit en holocauste à la place de son fils.

Nous avons ici la doctrine de la substitution annoncée. Le bélier meurt à la place d’Isaac. Les versets 14 et suivants constituent la conclusion.

14  Abraham donna à cet endroit le nom de Adonaï-Yireéh. C’est pourquoi l’on dit aujourd’hui : Sur la montagne de l’Éternel, il sera pourvu.

Abraham a célébré le fait que Dieu pourvoit, c’est-à-dire qu’il offre une victime à la place du pécheur. Le Seigneur va ensuite réitérer les promesses de l’alliance qu’il avait faites à Abraham et ses descendants. Ce dernier verset nous informe en quoi la foi a besoin d’être éprouvée. D’abord, on dit souvent que la foi a besoin de grandir. Mais si on explique davantage, je dirais que ma foi a besoin d’approfondir qui est Dieu. Ma foi a besoin de découvrir concrètement qui est Dieu. J’ai besoin de voir Dieu à l’œuvre dans ma vie. J’ai besoin de constater que les mots que je lis dans la Bible sont réalité dans ma vie. Et l’épreuve de la foi vise cela. L’épreuve de la foi a aussi pour but que la réalité de ma foi ressorte en dépit des circonstances. Quand je pense à Job, il a été éprouvé afin que la réalité de sa foi soit démontrée. Pour Abraham, c’est la même chose. La réalité de sa foi devait être exposée. D’autant plus qu’il est notre père dans la foi, c’est-à-dire qu’il est le modèle de ceux qui sont sauvés par la foi, à qui la foi est comptée comme justice. Et le Seigneur veut la même chose dans nos vies. Que notre foi découvre de plus en plus qui est Dieu. Que notre foi soit visible à ceux qui nous entourent.

Daniel Durand, pasteur

19 septembre 2018

[1] Puisque le Seigneur protège son peuple, ce dernier sera aussi solide que Dieu lui-même.

Prédicateur invité

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