« Ils sont sanctifiés, amenés à la sainteté en Christ-Jésus : c’est un don. Ils sont appelés à exprimer cette sanctification dans leur mode de vie : c’est une tâche ou une aspiration. Pour nous, il ne faut surtout pas considérer la tâche sans se rappeler du don. Dieu nous rend saints et, par sa force, nous aspirons à vivre dans la sainteté. Comment peut-on y arriver? Comme dans la prière de Paul, il demande à Dieu de faire déborder notre amour pour affermir nos cœurs pour qu’ils soient sans reproches dans la sainteté. »
Nous continuons ce matin notre étude de la première lettre de Paul aux Thessaloniciens. Le 13 octobre dernier, nous étions rendus au chapitre 3 verset 6. On va voir ce matin les versets 6 à 13 du chapitre 3. Je vous invite à ouvrir vos Bible à la première lettre aux Thessaloniciens.
Je vais lire le texte dans la version qu’on appelle « la Colombe » ou Segond révisée. Cette traduction a été complétée en 1978, à partir du texte grec. Les autres traductions que vous pouvez avoir en main viennent aussi du texte grec, mais avec des mots français un peu différents. Chacune des équipes de traducteurs ont fait un gros travail de compréhension pour bien transmettre la signification du texte original, mais il y a souvent plusieurs bonnes façons de traduire un texte. Il ne faut pas s’en offusquer et c’est une richesse de pouvoir consulter plusieurs traductions, tout en sachant que le texte original est celui qui a été inspiré par Dieu.
Avant de lire les versets d’aujourd’hui, on peut se rappeler que l’église de Thessalonique a été fondée par Paul lors de son deuxième voyage missionnaire. C’était un grand voyage et il s’est rendu loin de Jérusalem. La ville de Thessalonique est aujourd’hui en Grèce. Le récit du séjour de Paul est relaté dans le livre des Actes au chapitre 17, où on peut lire que Paul n’a pas été longtemps dans cette ville. Il a dû partir de façon précipitée à cause des émeutes provoquées par les Juifs de la ville qui n’étaient pas contents qu’il y ait une nouvelle église en démarrage.
Par la suite, Paul s’inquiétait pour ses protégés, la jeune église de Thessalonique. Paul aimait vraiment les croyants de Thessalonique et il avait un cœur de berger pour eux, même à distance. Les moyens de communication n’étaient pas ceux d’aujourd’hui : il n’avait pas beaucoup de nouvelles. Il a donc envoyé son collaborateur, Timothée, pour prendre des nouvelles, comme on l’avait vu en octobre. Au chapitre 3 verset 1 et au verset 5, Paul répète de façon semblable :
Aussi, n’y tenant plus, nous avons trouvé bon de rester seuls à Athènes, et nous avons envoyé Timothée, notre frère, ouvrier avec Dieu pour l’Évangile du Christ, afin de vous affermir et de vous exhorter dans l’intérêt de votre foi, pour que personne ne soit ébranlé dans les tribulations présentes. Car, vous le savez vous-mêmes, c’est à cela que nous sommes destinés. Lorsque nous étions près de vous, nous vous disions d’avance que nous aurions des tribulations ; c’est ce qui est arrivé, vous le savez. C’est pourquoi, n’y tenant plus, j’envoyai Timothée s’informer de votre foi, dans la crainte que le tentateur ne vous ait tentés et que notre travail ne soit réduit à néant. (1 Thessaloniciens 3.1-5)
On peut continuer avec le texte d’aujourd’hui :
Mais Timothée vient de nous arriver de chez vous ; il nous a donné de bonnes nouvelles de votre foi, de votre amour, du bon souvenir que vous gardez toujours de nous, et de votre désir de nous revoir, désir pareil au nôtre. Ainsi, au milieu de toutes nos calamités et de nos tribulations, frères, nous avons trouvé notre consolation à votre égard, dans votre foi. Maintenant, nous vivons, puisque vous demeurez fermes dans le Seigneur. Quelles actions de grâces nous pouvons rendre à Dieu à votre sujet, pour toute la joie dont nous nous réjouissons à cause de vous devant notre Dieu ! Nuit et jour, nous lui adressons de très instantes supplications, afin de voir votre visage et de suppléer à ce qui manque à votre foi. Que Dieu lui-même, notre Père, et notre Seigneur Jésus, aplanissent notre chemin jusqu’à vous ! Que le Seigneur fasse abonder et déborder votre amour les uns pour les autres et envers tous les hommes, à l’exemple de celui que nous avons pour vous ; qu’il affermisse vos cœurs pour qu’ils soient sans reproche dans la sainteté devant Dieu notre Père, à l’avènement de notre Seigneur Jésus avec tous ses saints ! (1 Thessaloniciens 3.6-13)
Que Christ prenne soin des personnes ici présentes et qu’il parle à nos cœurs.
Dans les minutes qui viennent, on va voir ces versets plus en détails, avec le thème principal que l’amour débordant fait équipe avec la sainteté, comme mentionné dans les versets 12 et 13. On pourrait même dire que c’est la finalité, c’est le but ultime de la vie chrétienne : que notre amour débordant démontre notre sainteté, à nous, les croyants.
Regards sur les 8 versets
Au verset 12, Paul prie pour que l’amour des Thessaloniciens augmente, à l’exemple de son amour pour eux. Depuis le début de la lettre, et plus particulièrement au chapitre 3, Paul a décrit son amour profond, l’amour d’un berger, dont on peut s’inspirer dans toutes nos relations. On peut faire un petit retour sur l’amour démontré par Paul. En commençant au début du chapitre 3, on voit :
- L’affection pour ses protégés (1 Thessaloniciens 3.1-2) : Paul ne peut tolérer de ne pas savoir la condition de leurs cœurs. Il a une affection qui porte un intérêt réel pour les autres;
- L’esprit de sacrifice, d’oubli de soi. Paul est prêt à rester seul, d’envoyer Timothée, plutôt que de le garder avec lui, même si Timothée aurait été utile s’il était resté avec Paul;
- La compassion et le réconfort (1 Thessaloniciens 3.2-3) : Paul souhaite que les Thessaloniciens soient affermis afin de persévérer dans les persécutions. Il a compassion d’eux et veut les réconforter aussi;
- L’esprit protecteur (1 Thessaloniciens 3.5) : Paul veut protéger les Thessaloniciens des actions de Satan et il souhaite ne pas avoir travaillé en vain. Comme Jésus l’a enseigné dans la parabole du semeur, la parole tombe dans différentes terres et avant d’avoir eu le rapport de Timothée, Paul ne savait pas dans quelle terre la semence a été placée chez les Thessaloniciens, du moins il pouvait avoir un doute. Paul n’avait pas été longtemps à Thessalonique. J’entendais le récit d’un prédicateur américain qui était allé prêcher l’évangile en Russie, dans un endroit un peu clandestin. À la fin de son message, le prédicateur américain a fait un appel, demandant à ceux qui avaient cru de lever la main. Plusieurs Russes ont levé la main. Les chrétiens russes qui étaient là regardaient ça avec un air un peu surpris. Ils savaient, eux, que la foi ne se confirme pas en levant la main, mais plutôt par le test de la persécution. Le rapport favorable de Timothée a montré à Paul que les Thessaloniciens ont été protégés du tentateur et que leur foi a persévéré dans les tribulations présentes.
Puis, on arrive à notre texte du jour :
Mais Timothée vient de nous arriver de chez vous ; il nous a donné de bonnes nouvelles de votre foi, de votre amour, du bon souvenir que vous gardez toujours de nous, et de votre désir de nous revoir, désir pareil au nôtre. (1 Thessaloniciens 3.6)
Paul continue d’être chaleureux et il se réjouit. Paul a un esprit de réjouissance. Le début du verset, « Timothée vient de nous arriver de chez vous », est beaucoup plus personnel que « Timothée est revenu ». Il était notre représentant et, maintenant, il est le vôtre. Paul met une touche personnelle en mentionnant que la mission de Timothée a été importante dans les deux sens. Un autre petit point concernant ces mots : « Timothée vient de nous arriver » indique que Paul a écrit rapidement, juste après le retour de Timothée. C’est un encouragement pour moi à faire les actions chaleureuses importantes, rapidement.
Puis, « il nous a donné de bonnes nouvelles de votre foi et de votre amour » : pour nommer les bonnes nouvelles apportées par Timothée, Paul utilise le mot « Évangile », euaggélizo en grec. C’est le seul endroit dans le Nouveau Testament où le mot « évangile » n’est pas relié directement au salut. Au verset 2, Paul mentionne l’évangile de Christ, pour le salut, mais ici au verset 6 (1 Tessaloniciens 3.6), l’évangile (la bonne nouvelle) est la progression des Thessaloniciens. On peut penser que, pour Paul, la progression des Thessaloniciens dans la foi et dans l’amour est aussi importante que leur salut initial. Les bonnes nouvelles de Timothée concernent la foi et l’amour des Thessaloniciens. Au début de la lettre, au chapitre 1 verset 3, Paul avait souligné les trois vertus de base du croyant, la foi, l’amour et l’espérance, qui sont inter-reliées :
Nous nous souvenons sans cesse, devant Dieu notre Père, de l’œuvre de votre foi, du travail de votre amour, et de la fermeté de votre espérance en notre Seigneur Jésus-Christ. (1 Thessaloniciens 1.3)
Ces trois vertus reviennent ailleurs dans les écrits de Paul, entre autres :
Nous avons en effet entendu parler de votre foi en Christ-Jésus et de l’amour que vous avez pour les saints, à cause de l’espérance qui vous est réservée dans les cieux (Colossiens 1.4-5)
Maintenant donc ces trois choses demeurent : la foi, l’espérance, l’amour; mais la plus grande, c’est l’amour. (1 Corinthiens 13.13)
Ici, au verset 6 (1 Thessaloniciens 3.6), le rapport de Timothée ne mentionne pas l’espérance, ce qui pourrait expliquer les enseignements de Paul sur l’espérance du croyant, plus loin dans la lettre aux versets 13 à 18 du chapitre 4 (1 Thessaloniciens 4.13-18). Encore au verset 6, Paul se réjouit aussi de la loyauté des Thessaloniciens à son égard, mais la réjouissance fondamentale est de savoir que les croyants demeurent fermes dans le Seigneur.
Puis au verset 7, les souffrances de Paul étaient grandes, mais les bonnes nouvelles de leur foi réconfortent Paul et ses collaborateurs :
Ainsi, au milieu de toutes nos calamités et de nos tribulations, frères, nous avons trouvé notre consolation à votre égard, dans votre foi. (1 Thessaloniciens 3.7)
Ça en prend peu pour réconforter Paul. Il ne semble pas « demandant » en terme de réconfort. Aussi, Paul avait envoyé Timothée pour encourager les Thessaloniciens (on l’a vu au verset 2) et il se trouve réconforté et encouragé par eux en retour. Nous devons nous encourager mutuellement pour que les plus anciens persévèrent et pour que les plus nouveaux aient des modèles.
Puis au verset 8, Paul dit qu’il vit :
Maintenant, nous vivons, puisque vous demeurez fermes dans le Seigneur. (1 Thessaloniciens 3.8)
On peut comprendre qu’il vit joyeux et soulagé, grâce aux bonnes nouvelles des Thessaloniciens. Ceci est un encouragement pour nos ministères, que la joie de la croissance des fidèles devrait puissamment vivifier les pasteurs et les autres responsables. À noter que les Thessaloniciens demeurent fermes dans le Seigneur et non sur leurs propres forces.
Après l’esprit de réjouissance manifesté par Paul, on voit au verset 9 l’esprit de reconnaissance, d’action de grâce pour ses protégés :
Quelles actions de grâces nous pouvons rendre à Dieu à votre sujet, pour toute la joie dont nous nous réjouissons à cause de vous devant notre Dieu ! (1 Thessaloniciens 3.9)
Le commentateur Leon Morris note que Paul aurait pu être fier de la progression des Thessaloniciens et mettre sa joie dans sa performance de prédicateur et d’implanteur d’église. Plutôt, il veut rendre grâce à Dieu, en utilisant un verbe qui « rend ce qui est dû ». Suis-je fier des succès de mes ministères, quand c’est le cas, ou est-ce que je rends grâce à Dieu? Paul rend toute la gloire à Dieu pour le bon comportement des Thessaloniciens. Il ne se garde aucune gloire. Paul manifeste beaucoup de reconnaissance.
Puis, on poursuit au verset 10 avec l’esprit d’intercession. Paul intercède pour ses protégés :
Nuit et jour, nous lui adressons de très instantes supplications, afin de voir votre visage et de suppléer à ce qui manque à votre foi. (1 Thessaloniciens 3.10)
Concernant le choix des mots, la façon d’écrire « [n]uit et jour » en grec ne parle pas de durée, mais de type de moment. La phrase ne dit pas que Paul priait sans arrêt, toute la nuit et toute la journée : elle dit que Paul priait de nuit et aussi de jour, donc à n’importe quel moment. Pour de très instantes supplications, Paul utilise deux mots intenses un peu rares : « [n]uit et jour » et « très instantes supplications ». Je vois que la vie de prière de Paul est différente de la mienne. C’est un appel à grandir, à progresser. En premier lieu, Paul prie pour revoir les Thessaloniciens, donc pour les connaître personnellement, davantage. Il s’intéresse à eux et à leur croissance spirituelle. Puis, un commentateur mentionne que « ce qui manque à leur foi » ne concerne aucunement une rébellion quelconque, mais bien des connaissances sur Dieu. On peut supposer que Paul se souvient être parti précipitamment de Thessalonique, sans avoir pu les enseigner longuement, donc ce qui manque est surtout des connaissances sur Dieu, des objets de foi dans lesquels les Thessaloniciens pourront croire. D’ailleurs, les deux chapitres suivants de la lettre portent sur des enseignements qui sont probablement nouveaux pour les Thessaloniciens. Le sens de foi serait donc plus de la connaissance que de la foi en tant que tel. Pour croire, il faut connaître, mais il est possible de connaître sans croire. Je peux me demander si je crois ce que je « sais ». « [S]uppléer à ce qui manque à la foi » veut dire rendre complet, enseigner d’autres aspects que les Thessaloniciens n’ont pas encore compris. On voit ici l’importance d’enseigner la doctrine, les attributs de Dieu et non seulement conduire des gens à la repentance et les laisser seuls par la suite. À noter que Paul s’est d’abord réjoui de leurs progrès, puis il désire aller plus loin avec eux. Pour ma part, je peux me demander si je cherche à en apprendre davantage sur Dieu, à parfaire ma foi.
Donc, en résumé pour cette section, Paul manifeste son amour pour les Thessaloniciens par de l’affection, des sacrifices et l’oubli de soi, de la compassion et de l’encouragement, un esprit protecteur, un esprit de réjouissance, de la reconnaissance et l’intercession. Wow! Quel bel exemple d’un amour débordant!
Puis, Paul termine la première section de la lettre par une prière pour les Thessaloniciens. Il vient d’écrire qu’il adressait de très instantes supplications à Dieu, nuit et jour, et voici un bel exemple :
Que Dieu lui-même, notre Père, et notre Seigneur Jésus, aplanissent notre chemin jusqu’à vous ! Que le Seigneur fasse abonder et déborder votre amour les uns pour les autres et envers tous les hommes, à l’exemple de celui que nous avons pour vous ; qu’il affermisse vos cœurs pour qu’ils soient sans reproche dans la sainteté devant Dieu notre Père, à l’avènement de notre Seigneur Jésus avec tous ses saints ! (1 Thessaloniciens 3.11-13)
On voit que le titre du message : « L’amour débordant qui fait équipe avec la sainteté » vient de cette prière de Paul. Explorons d’abord quelques autres aspects de la prière de Paul.
D’entrée de jeu, on voit que Paul place Dieu le Père et Jésus ensemble et égaux. Le pronom « lui-même » ou « lui » est le premier mot de la phrase, au singulier, et le verbe est aussi au singulier. On aurait pu traduire « Lui, Dieu notre père et notre Seigneur Jésus, qu’il aplanisse (singulier) notre chemin jusqu’à vous. » Paul réaffirme la trinité ou, du moins, 2/3 de la trinité. Paul aurait difficilement pu mettre Dieu et Jésus plus près l’un de l’autre : il réaffirme la divinité de Jésus. Un autre aspect spécial des mots de Paul, c’est qu’il écrit « Dieu notre Père », qui est une caractéristique personnelle et chaleureuse, puis il nomme notre Seigneur Jésus, qui fait référence à la seigneurie, la souveraineté, la toute-puissance. C’est comme s’il avait inversé les caractéristiques. En général, on pense à Dieu comme le tout puissant et à Jésus comme celui qui nous aime. Paul présente ici le contraire. Un commentateur mentionne que nous ne devrions jamais avoir peur que le Père soit moins aimant que le Fils, car ils sont unis dans le même objectif. En Dieu, le Père et le Fils sont égaux et tous deux puissants et aimants.
Un autre aspect du verset 11, c’est que Paul demande à Dieu de lui permettre de revoir les Thessaloniciens. En apparence, c’est mieux que de dire que Satan l’empêche. Je veux revenir ici sur l’idée que Satan ne peut contrecarrer les plans de Dieu. Quelques versets avant, on lit :
Aussi, nous avons voulu venir jusqu’à vous, du moins moi, Paul, à une ou deux reprises, mais Satan nous en a empêchés. (1 Thessaloniciens 2.18)
Constater que Satan empêche le voyage de Paul est plutôt surprenant ou inquiétant à première vue. Comme on l’a vu dans la prédication du 13 octobre et à l’école du dimanche récemment, l’explication est la notion de cause première et de cause seconde.
Prenons un exemple pour mieux comprendre : si on cherche pourquoi Jésus a été flagellé et crucifié, on peut dire que c’est à cause de Judas qui l’a livré, à cause des Juifs qui souhaitaient le faire mourir depuis longtemps ou à cause de Ponce Pilate qui s’est laissé influencer par les Juifs. Tous ces personnages ont été responsables de la mort de Jésus il y a 2 000 ans, mais on sait aussi que Jésus avait prédit ses souffrances et sa mort et que ça faisait partie du plan décrété par Dieu. Donc, Dieu est la cause première de la mort de Jésus. C’est lui, le Tout-Puissant, le grand patron. Judas, Pilate et les autres sont aussi la cause de la mort de Jésus, mais la cause seconde, utilisée par Dieu. Tournez dans le livre des Actes au chapitre 2 pour lire un verset qui montre bien cette notion :
Israélites, écoutez ces paroles ! Jésus de Nazareth, cet homme approuvé de Dieu devant vous par les miracles, les prodiges et les signes que Dieu a faits par lui au milieu de vous, comme vous le savez vous-mêmes ; cet homme, livré selon le dessein arrêté et selon la prescience de Dieu, vous l’avez fait mourir en le clouant (à la croix) par la main des impies. (Actes 2.22-23)
Dieu est la cause première; les impies, la cause seconde, pour un seul et même événement.
Quand Paul écrit que Satan l’a empêché de retourner à Thessalonique, il parle de la cause seconde. Dans le fond, ce n’était pas le temps de Dieu pour permettre que Paul retourne : c’est Dieu qui décide. C’est important pour nous de comprendre ça et de le croire. Si je crois que Satan a eu le dessus sur Paul, qu’il a réussi à empêcher le voyage de Paul, alors que Paul est un super homme de Dieu, comment est-ce que je pourrais combattre avec Satan et remporter? Ceci serait un faux raisonnement. Satan est la cause seconde concernant le voyage manqué de Paul, mais Dieu est le grand patron. Satan ne peut me nuire et, ainsi, bousiller la volonté de Dieu : c’est Dieu qui est souverain, pas Satan, et Dieu prend soin de ses enfants. D’ailleurs, dans notre verset 11 (1 Thessaloniciens 3.11), Paul demande à Dieu de lui permettre d’aller voir les Thessaloniciens.
On peut se demander si Dieu a répondu à cette demande. Étant donné que la demande était faite en toute soumission de la volonté divine, la réponse doit être « oui ». Jésus a promis que Dieu répondrait aux prières ferventes de ses enfants. La prière de Paul a été répondue d’au moins deux façons. Dans sa deuxième lettre, Paul écrit :
Nous devons, frères, rendre continuellement grâces à Dieu à votre sujet, et ce n’est que juste, puisque votre foi augmente et que l’amour que vous avez tous, les uns pour les autres, abonde de plus en plus. (2 Thessaloniciens 1.3)
Donc, même si Paul n’était pas encore allé, la foi et l’amour des Thessaloniciens augmentent, ce qui était la prière principale de Paul. En plus, Actes 20.1-4 nous donne une indication que Paul est repassé par la province de la Macédoine et, sûrement, par la ville de Thessalonique dans son troisième voyage missionnaire. Dieu prend plaisir à répondre aux prières de ses enfants. Bien sûr, il ne faut pas oublier que le temps et la façon dont Dieu répond aux prières sont déterminés par lui et non par nous.
Remets ton sort à l’Éternel, confie-toi en lui, et c’est lui qui agira. (Psaumes 37.5)
Confie-toi en l’Éternel de tout ton cœur, et ne t’appuie pas sur ton intelligence; reconnais-le dans toutes tes voies, et c’est lui qui aplanira tes sentiers. (Proverbes 3.5-6)
Puis, au verset 12 :
Que le Seigneur fasse abonder et déborder votre amour les uns pour les autres et envers tous les hommes, à l’exemple de celui que nous avons pour vous ; (1 Thessaloniciens 3.12)
Paul remet l’accent sur l’amour, encore avec intensité, « abonder et déborder », d’abord pour les frères, puis pour tous. Il me semble évident que je dois travailler à aimer tous les frères d’abord, même si certains sont plus difficiles à aimer. L’idée que certains sont plus difficiles à aimer et que ce soit notre raison pour ne pas les aimer, ce n’est pas un enseignement de la parole. Au contraire, je dois aimer les moins aimables : un amour débordant les uns pour les autres. Le commentateur Morris suggère que l’amour des frères et sœurs sera une pratique pour aussi aimer à l’extérieur. Un autre commentateur note que Paul dit que c’est le Seigneur qui fera abonder l’amour. Dieu nous transforme au début et il continue de le faire par la suite, dans l’amour. Les deux grands commandements donnés par Jésus sont d’aimer Dieu et nos prochains. Paul rappelle que c’est aussi Dieu qui le fait, donc nous devons lui demander de nous le faire. M. Déry disait souvent : « Ce que Dieu ordonne, il le donne. » Notre frère Gérard dit souvent : « Seigneur, tu le dis : me le ferais-tu? » L’amour agapé que Paul prie d’abonder vient toujours de Dieu. Seigneur, fais abonder cet amour en moi.
Amour débordant et sainteté
On arrive ainsi à l’objectif de cet amour débordant : que nos cœurs soient sans reproches dans la sainteté :
qu’il affermisse vos cœurs pour qu’ils soient sans reproche dans la sainteté devant Dieu notre Père, à l’avènement de notre Seigneur Jésus avec tous ses saints ! (1 Thessaloniciens 3.13)
« [S]ans reproches dans la sainteté » peut paraître exagéré, inatteignable et décourageant. Dans un sens, la sainteté est inatteignable, mais ce n’est pas décourageant. Je vais vous partager le plus clairement possible ce que j’ai lu à ce sujet. Un commentateur écrit : « La sainteté est un don et une tâche! » Ça fait un peu bizarre, mais ça résume bien.
À la base, la sainteté est une caractéristique de Dieu. Dieu est différent, distinct, séparé de tout ce qu’il a créé. La sainteté, c’est ce qui concerne Dieu, son être et ses actions; le contraire de ce qui est ordinaire ou profane. La sainteté de Dieu est particulièrement associée à sa majesté, à sa souveraineté et à sa formidable puissance. La pureté et la perfection morale de Dieu le distinguent également. En plus, Dieu aime aussi d’un amour saint, incomparable, qui lui est propre.
Après avoir traversé la mer Rouge à pieds secs, Moïse a chanté :
Qui est comme toi parmi les dieux, ô Éternel ? Qui est comme toi magnifique en sainteté, Redoutable (et digne) de louanges, Opérant des miracles ? (Exode 15.11)
La sainteté de Dieu, c’est tout ce qui est spécial en lui.
Au temps de Moïse, la sainteté d’Israël vient avec sa relation avec le Dieu saint. Dieu leur a dit :
Quant à vous, vous serez pour moi un royaume de sacrificateurs (servir exclusivement le Seigneur) et une nation sainte (en vivant sous l’autorité directe de Dieu) […] (Exode 19.6)
La sainteté était un don pour Israël. Ils ne l’ont pas choisi. Puis, viennent toutes les instructions pour qu’Israël puisse demeurer un peuple consacré et continuer à vivre dans la présence du Dieu saint. Globalement, Dieu demande :
Car je suis l’Éternel, qui vous ai fait monter du pays d’Égypte, pour être votre Dieu ; et vous serez saints, car je suis saint. (Lévitiques 11.45)
Cette exigence est associée à la pureté sous plusieurs formes. Donc, la sainteté était aussi une tâche pour Israël.
L’incapacité d’Israël à vivre dans la sainteté mène au jugement. Le peuple juif est exilé, mais Dieu ne renonce pas à son plan. Dieu va montrer sa sainteté. Dieu va rétablir son peuple. Le rétablissement se fera par le renouvellement du cœur, que Dieu va accomplir (Ézéchiel 36-37).
Au temps de Moïse, le peuple fut rendu saint par l’action de Dieu : même chose au retour d’exil. Ces épisodes étaient des ombres ou des symboles pour nous enseigner sur l’œuvre de Jésus. Le sacrifice de Jésus à la croix pour le salut des élus inclut la sanctification. Sanctifier, c’est amener à la sainteté. La sainteté est notre état en Christ. C’est un don. Elle inclut aussi l’appel à vivre une vie sainte, qui est une tâche ou une aspiration. Une belle illustration de tout ça est dans le premier paragraphe de la première lettre aux Corinthiens.
Paul, appelé à être apôtre du Christ-Jésus par la volonté de Dieu, et le frère Sosthène, à l’Église de Dieu qui est à Corinthe, à ceux qui ont été sanctifiés en Christ-Jésus, appelés à être saints, et à tous ceux qui, en quelque lieu que ce soit, invoquent le nom de notre Seigneur Jésus-Christ, leur Seigneur et le nôtre : (1 Corinthiens 1.1-2)
Ils sont sanctifiés, amenés à la sainteté en Christ-Jésus : c’est un don. Ils sont appelés à exprimer cette sanctification dans leur mode de vie : c’est une tâche ou une aspiration. Pour nous, il ne faut surtout pas considérer la tâche sans se rappeler du don. Dieu nous rend saints et, par sa force, nous aspirons à vivre dans la sainteté. Comment peut-on y arriver? Comme dans la prière de Paul, il demande à Dieu de faire déborder notre amour pour affermir nos cœurs pour qu’ils soient sans reproches dans la sainteté.
Quand nos cœurs auront-ils besoin d’être fermes? Au temps de la tentation ou des difficultés. Comment savoir si je vis dans une pure sainteté? La pure sainteté, c’est le contraire de l’orgueil, de la convoitise et de l’égoisme. « [S]ans reproche dans la sainteté » (1 Thessaloniciens 3.13) est un terme fort et Paul mentionne que ce sera complet devant Dieu notre Père, lors de l’avènement de notre Seigneur Jésus. Donc, c’est le travail d’une vie et c’est Dieu qui le fait. Il ne faut pas se décourager si ce n’est pas encore complet. J’ai hâte à l’avènement de Christ avec tous ses saints! La barre est trop haute quand je pense à une sainteté sans reproche, mais c’est quand même l’objectif. En plus, la certitude de la rencontre prochaine avec Dieu devrait nous motiver. C’est Dieu qui fait l’œuvre de sanctification dans nos vies.
En terminant, voici une illustration de la sainteté qui sera parfaite, pleine et entière dans l’éternité. L’espérance du royaume éternel peut être résumée par la notion d’un Dieu saint, qui demeure au milieu d’un peuple saint, dans un lieu saint.
Carl St-Laurent, diacre
29 décembre 2019