« Jésus a subi la pire des condamnations afin que les croyants n’aient pas à la subir. Ainsi, nous ne sommes pas abandonnés, mais nous trouvons notre salut en Dieu. »

Psaume de David, lorsqu’il fuyait devant son fils Absalom.
Eternel, que mes ennemis sont nombreux!
Beaucoup se dressent contre moi,
beaucoup disent à mon sujet:
« Pas de salut pour lui auprès de Dieu! » – Pause.
Mais toi, Eternel, tu es mon bouclier,
tu es ma gloire, et tu relèves ma tête.
A pleine voix je crie à l’Eternel,
et il me répond de sa montagne sainte. – Pause.
Je me couche, et je m’endors;
je me réveille, car l’Eternel est mon soutien.
Je n’ai pas peur de ces milliers de personnes
qui m’assiègent de tous côtés.
Lève-toi, Eternel, sauve-moi, mon Dieu!
Tu gifles tous mes ennemis,
tu brises les dents des méchants.
Le salut appartient à l’Eternel.
Que ta bénédiction soit sur ton peuple! – Pause.

(Psaumes 3 [SG21])

Psaumes de lamentations

Dans les écrits extrabibliques, on peut trouver plusieurs classements des Psaumes selon leurs types ou leur genre, c’est-à-dire selon l’idée principale ou selon la structure du Psaume. Bien que les classifications ne soient pas tous pareilles et que certains Psaumes entrent dans plusieurs catégories, il peut être intéressant de les étudier par thème. Par exemple, il y a les Psaumes de louange, les Psaumes d’action de grâce, les Psaumes de sagesse… On va se pencher sur les Psaumes de lamentations, dans lesquels peut être inclut le Psaume 3. En analysant ce Psaume, nous allons aussi faire ressortir des points qui reviennent constamment dans d’autres Psaumes de lamentations et pouvant s’appliquer à des passages de lamentations dans d’autres livres bibliques, tel dans « Lamentations de Jérémie ».

Le Psaume 3 est divisé en trois parties par le terme « Selah », traduit par « Pause » en français. Dans la première section, David décrit sa détresse face à ses ennemis; dans la suivante, il déclare sa confiance en Dieu; et dans la dernière, il parle de sa sécurité en Dieu tout en se rappelant le soutien de l’Éternel. La signification du terme « Selah » n’est pas certaine : certains disent que c’est une indication pour les musiciens de jouer un interlude pendant que les chanteurs cessent de chanter. D’autres considèrent que les musiciens devaient arrêter et régler leurs instruments, puisque la harpe se désaccordait rapidement. D’autres y voient une indication pour changer de tonalité ou d’élever la voix.  Peu importe la signification exacte, le terme est toujours placé à un endroit stratégique invitant la personne à s’arrêter et à réfléchir au contenu précédent.

Liens entre les passages et points d’une lamentation

Comme le Psaume 3 le dit lui-même, c’est un Psaume de David, lorsqu’il fuyait devant son fils Absalom. On retrouve l’histoire de la fuite de David dans 2 Samuel, débutant au chapitre 15. Les 2 chapitres précédents parlent de l’historique d’Absalom et de David et des événements qui mènent à la fuite de David. Pour résumer rapidement : Amnon, le fils ainé de David, avait violé Tamar, la sœur d’Absalom, tous les deux nés d’une autre mère. Bien que David en fût irrité, il n’en fit pas justice. Absalom prépara alors un moyen pour faire justice à sa sœur et pour faire mourir Amnon, ce qui se passa deux ans plus tard. Absalom s’enfuit ensuite pour trois ans jusqu’à ce que David eut fait le deuil de son fils ainé, puis il reçut le droit de revenir à Jérusalem, où il passa deux ans sans être admis en la présence du roi. Une fois ayant reçu le droit d’être en sa présence, Absalom prépara une conspiration pendant possiblement quatre ans, puis il fit rallier les gens pour détrôner son père.

Afin de mieux comprendre les versets du Psaume, lisons 2 Samuel 15.10-14 :

Absalom envoya des espions dans toutes les tribus d’Israël, pour dire: Quand vous entendrez le son de la trompette, vous direz: Absalom règne à Hébron. Deux cents hommes de Jérusalem, qui avaient été invités, accompagnèrent Absalom; et ils le firent en toute simplicité, sans rien savoir. Pendant qu’Absalom offrait les sacrifices, il envoya chercher à la ville de Guilo Achitophel, le Guilonite, conseiller de David. La conjuration devint puissante, et le peuple était de plus en plus nombreux auprès d’Absalom. Quelqu’un vint informer David, et lui dit: Le cœur des hommes d’Israël s’est tourné vers Absalom. Et David dit à tous ses serviteurs qui étaient avec lui à Jérusalem: Levez-vous, fuyons, car il n’y aura point de salut pour nous devant Absalom. Hâtez-vous de partir; sinon, il ne tarderait pas à nous atteindre, et il nous précipiterait dans le malheur et frapperait la ville du tranchant de l’épée.

Verset 2 : communiquer / s’adresser à Dieu / appel à Dieu

Avec ce contexte en tête, revenons au Psaume 3 :

Eternel, que mes ennemis sont nombreux!
Beaucoup se dressent contre moi,
beaucoup disent à mon sujet:
« Pas de salut pour lui auprès de Dieu! » – Pause.

(Psaume 3.2-3)

Un point qui est toujours présent lors d’une lamentation est que l’adresse est faite à Dieu. David débute le Psaume en faisant appel à Dieu en disant « Éternel ». Une lamentation ne se fait pas seul dans notre petit coin, mais elle est une communication avec Dieu.

Versets 2-3 : complainte / description de la détresse

Dans chaque lamentation, il y a aussi une description de la détresse, soit une complainte. En parlant du nombre de ses ennemis qui se dressent contre lui, David parle en fait des gens de son peuple, qui se sont tournés contre lui, et non pas de peuples étrangers.

La conjuration devint puissante, et le peuple était de plus en plus nombreux auprès d’Absalom. (2 Samuel 15.10)

Plus le nombre de gens augmentait auprès d’Absalom, moins il y avait de gens fidèles au côté du roi David.

David se trouve à être abandonné de plus en plus, même au point où les gens disaient que Dieu lui-même l’avait abandonné. La pire condamnation serait de n’avoir aucun salut auprès de Dieu, d’être maudit de Lui. Peut-être que David se rappelait ses péchés, dont son adultère avec Bath-Shéba et le meurtre d’Urie et se demandait si Dieu l’avait réellement abandonné comme les gens disaient. Dans 2 Samuel 12, Dieu envoie Nathan vers David qui lui dit :

Désormais, puisque tu m’as méprisé et que tu as pris la femme d’Urie le Hittite pour faire d’elle ta femme, l’épée ne s’éloignera plus de ton foyer. Voici ce que dit l’Eternel: Je vais faire sortir de ta propre famille le malheur contre toi et je vais prendre sous tes yeux tes propres femmes pour les donner à un autre, qui couchera au grand jour avec elles. En effet, tu as agi en secret, mais moi, c’est en présence de tout Israël et en plein jour que je ferai cela. (2 Samuel 12.10-12)

Peut-être était-il tenté de croire ce qu’un homme lui disait, alors qu’il s’enfuyait et s’approchait d’une autre ville. Dans 2 Samuel 16.7-8, on voit que l’homme le maudit en disant ceci :

Va-t’en, va-t’en, homme de sang, méchant homme! L’Éternel fait retomber sur toi tout le sang de la maison de Saül, dont tu occupais le trône, et l’Éternel a livré le royaume entre les mains d’Absalom, ton fils; et te voilà malheureux comme tu le mérites, car tu es un homme de sang!

Le roi se retrouve dans une situation très déplaisante et angoissante, d’où le Psaume de lamentation.

Dans ce Psaume, comme dans plusieurs autres, nous voyons une préfiguration de Jésus. Nous pouvons faire des connections avec ce que David a vécu et ce que Christ a vécu. Jésus a eu de nombreux ennemis aussi et les principaux étaient ceux de son peuple, les Juifs, qui ont rejeté le messie, tout comme la majorité du peuple d’Israël a rejeté David. Christ a été abandonné des siens lors de son arrestation au Jardin des Oliviers et lors de son procès devant le Sanhédrin. Plusieurs gens disaient que David avait été abandonné de Dieu, tandis que Jésus a véritablement été abandonné de Lui à la croix. Matthieu 27.46 :

Et vers la neuvième heure, Jésus s’écria d’une voix forte: Eli, Eli, lama sabachthani? c’est-à-dire: Mon Dieu, mon Dieu, pourquoi m’as-tu abandonné?

Jésus a subi la pire des condamnations afin que les croyants n’aient pas à la subir. Ainsi, nous ne sommes pas abandonnés, mais nous trouvons notre salut en Dieu. David non plus n’a pas été abandonné et il le reconnait dans le Psaume. Sa lamentation ne se termine pas sur une complainte. Bien que selon toute apparence humaine, Dieu avait délaissé David, le roi s’en remet aux vérités de Dieu.

Versets 4-5 : confiance (en Dieu) / déclaration de foi

Mais toi, Eternel, tu es mon bouclier,
tu es ma gloire, et tu relèves ma tête.
A pleine (De ma) voix je crie à l’Eternel,
et il me répond de sa montagne sainte. – Pause.

(Psaume 3.4-5)

Dans ces versets, David fait une déclaration de foi en Dieu. David déclare que l’Éternel est son bouclier, celui qui le défend et le protège en toutes circonstances. Il est sa gloire, celui en qui il trouve son honneur; en Dieu, plutôt qu’en sa couronne. C’est l’Éternel qui relève sa tête qui est abaissé et lui redonne la joie. Même dans nos pires moments et dans nos états d’âme déprimés, nous pouvons compter sur les bienfaits de Dieu par la foi. Il est notre défense, notre honneur et notre joie. En prière, David crie à l’Éternel, sachant que Dieu l’entend même de sa montagne sainte, soit de Sion, où l’arche de l’alliance de l’Éternel avait été temporairement déposée dans un tabernacle. David, lors de sa fuite, avait renvoyé l’arche que les Lévites apportaient avec eux, sachant que même en l’absence physique de l’arche, Dieu répond (2 Samuel 15.25).

Les lamentations de Jérémie sont, bien évidemment, remplies de complaintes et le chapitre 3 débute avec une liste assez pénible de complaintes. Pourtant, Jérémie met néanmoins sa confiance en Dieu :

Voici ce que je veux repasser en mon cœur, Ce qui me donnera de l’espérance. Les bontés de l’Éternel ne sont pas épuisés, Ses compassions ne sont pas à leur terme; Elles se renouvellent chaque matin. Oh! que ta fidélité est grande! L’Éternel est mon partage, dit mon âme; C’est pourquoi je veux espérer en lui. (Lamentations 3.21)

Pour les chrétiens, la croix est le fondement de notre confiance. Malgré nos afflictions, nous pouvons compter sur les promesses de Dieu et sur la gloire à venir. Paul le résume bien dans Romains 8.18 :

J’estime que les souffrances du temps présent ne sauraient être comparées à la gloire à venir qui sera révélée pour nous.

Pierre explique bien que dans la détresse, on peut avoir confiance en Dieu : 1 Pierre 4.12-14 :

Bien-aimés, ne soyez pas surpris, comme d’une chose étrange qui vous arrive, de la fournaise qui est au milieu de vous pour vous éprouver. Réjouissez-vous, au contraire, de la part que vous avez aux souffrances de Christ, afin que vous soyez aussi dans la joie et dans l’allégresse lorsque sa gloire apparaîtra. Si vous êtes outragés pour le nom de Christ, vous êtes heureux, parce que l’Esprit de Gloire, l’esprit de Dieu repose sur vous.

Jésus-Christ avait été abandonné de tous et de Dieu le père à la croix, mais le tout ne s’arrête pas là, puisque Dieu relève sa tête et lui donne la gloire. Éphésiens 1.20-23 :

Il l’a déployée en Christ (la force de Dieu), en le ressuscitant des morts, et en le faisant asseoir à sa droite dans les lieux célestes, au-dessus de toute domination, de toute autorité, de toute puissance, de toute dignité, et de tout nom qui se peut nommer, non seulement dans le siècle présent, mais encore dans le siècle à venir. Il a tout mis sous ses pieds, et il l’a donné pour chef suprême à l’Église, qui est son corps, la plénitude de celui qui remplit tout en tous.

Gloire à Dieu car nous pouvons dire en toute confiance que nous sommes son Église et son corps.

Versets 6-7 : assurance d’être entendu

Je me couche, et je m’endors;
je me réveille, car l’Eternel est mon soutien.
Je n’ai pas peur de ces milliers de personnes
qui m’assiègent de tous côtés.

(Psaume 3.6-7)

Après avoir fait appel à l’Éternel avec confiance, David peut avoir l’esprit en paix. Malgré les circonstances, il peut se coucher et s’endormir sans laisser l’anxiété prendre le contrôle. Non seulement il peut dormir, mais il se réveille en sécurité, étant soutenu et protégé par Dieu. Il ne banalise pas la situation, puisqu’il reconnait que des milliers de personnes se dirigent vers lui pour l’attaquer. Il n’est pas saisi d’effrois cependant, puisque l’Éternel est son soutien. David a l’assurance que Dieu a entendu ses cris. L’assurance d’être entendu est souvent un aspect présent dans une lamentation, que ce soit dans les Psaumes de lamentation ou autres.

Dormir est souvent une image de la mort dans la Bible : par exemple, lorsqu’il est dit que Lazare dormait ou qu’Étienne s’endormit après sa lapidation. On peut voir dans les paroles de David une image de la mort du Christ. C’est comme si Jésus une fois ressuscité disait : « Je me suis couché (j’ai donné ma vie), j’ai dormi (je suis mort), et je me suis réveillé (je suis ressuscité) car le Seigneur m’a soutenu. »

Avec Christ comme Sauveur et Seigneur, nous pouvons aussi nous endormir dans des circonstances difficiles, sachant que Dieu est souverain et que sa main soutient les siens. La Bible enseigne que Christ, qui nous a racheté, soutient toutes choses et que toutes choses subsistent en Lui. Colossiens 1.17-18 dit :

Il est avant toutes choses, et toutes choses subsistent en lui. Il est la tête du corps de l’Église; il est le commencement, le premier-né d’entre les morts, afin d’être en tout le premier.

Dieu est omnipuissant, et rien n’échappe son contrôle. Notre assurance devrait reposer en Dieu plutôt que sur les apparences des circonstances.

Verset 8 : appel à la délivrance / cri pour obtenir le secours

Lève-toi, Eternel, sauve-moi, mon Dieu!
Tu gifles (Tu frappes à la joue) tous mes ennemis,
tu brises les dents des méchants.

(Psaume 3.8)

Comme dans la plupart des lamentations, on retrouve ici un cri pour obtenir le secours, ou dit autrement, un appel à la délivrance. David dit à l’Éternel de se lever, d’agir afin de le délivrer. Il se rappelle comment Dieu a détruit ses ennemis dans le passé et fait appel à Dieu pour qu’il agisse encore de la sorte. Le fait de frapper à la joue implique d’atteindre la mâchoire pour briser les dents et désarmer les ennemis et, ainsi, ils ne peuvent plus rien faire contre lui. Il compare bien sûr ses ennemis à des bêtes sauvages dont la puissance de destruction demeure dans leur mâchoire.

Lui qui a souvent frappé la gueule des ours et des lions pour protéger les brebis, crie maintenant à Dieu afin qu’il fasse de même pour lui et son peuple et c’est ce qu’il fait en accordant la victoire à David et ses fidèles compagnons dans une seule bataille contre la multitude qui sont venus les combattre (2 Samuel 18).

Nous pouvons se réjouir que Dieu a brisé la mâchoire de notre ennemi Satan sur la croix. Christ a écrasé la tête du dragon, détruisant tout pouvoir que celui-ci semblait avoir. En tant que brebis de Dieu, nous pouvons dire avec David que le salut appartient à l’Éternel.

Verset 9 : adoration et actions de grâces par la foi / conclusion

Le salut appartient à l’Eternel.
[Que] ta bénédiction [soit] (est) sur ton peuple! – Pause.

(Psaume 3.9)

Certes, David reconnait que le salut appartient à Dieu et le glorifie en l’exclamant. Il rend grâce à Dieu pour sa bénédiction sur son peuple et désire que Dieu continue de bénir ceux qui lui sont fidèles. Il conclut sa lamentation avec un mot d’adoration et d’actions de grâce.

Ce verset nous rappelle que le salut vient de Dieu et que, par lui-même, l’homme ne peut pas arriver au salut. Nous pouvons, comme David, adorer notre Dieu pour son si grand salut et le remercier pour les bénédictions qu’il donne à ses élus.

 

Conclusion : points d’une lamentation / applications

Points souvent présents dans une lamentation : (3C, 3A)

  • Communiquer / s’adresser à Dieu / appel à Dieu;
  • Complainte / description de la détresse;
  • Confiance (en Dieu) / déclaration de foi;
  • Appel à la délivrance / cri pour obtenir le secours;
  • Assurance d’être entendu;
  • Adoration et Action de grâce par la foi.

Certaines lamentations vont inclure : (4C, 4A)

  • Confession d’un péché;
  • Action : engagement à faire certaines choses si Dieu répond à la prière.

Les Psaumes de Lamentation nous permettent de nous identifier à certains individus ayant, eux aussi, vécu des épreuves dans leur relation avec Dieu. Or, ces exemples de foi en Dieu peuvent nous aider et nous encourager à nous tourner vers Dieu dans les moments difficiles et à lui faire confiance.

Applications

Dans le danger ou les épreuves, tournons-nous en prière vers Dieu, sachant qu’il entend. N’ayons pas peur d’amener nos complaintes à Dieu de façon biblique.

Notre assurance devrait reposer en Dieu plutôt que sur les circonstances et les apparences. Nous pouvons être fortifiés en se rappelant les promesses et les attributs de Dieu, tout en se remémorant ses bénédictions passées.

En Christ, on se couche et, en Lui, on se réveille, physiquement à chaque jour, mais bien plus spirituellement :

[…] si nous sommes devenus une même plante avec lui par la conformité à sa mort, nous le serons aussi par la conformité à sa résurrection, […] (Romains 6.5)

Christ a une fois pour toutes détruit la puissance de l’ennemi, qui ne peut pas nous arracher de sa main. Nous pouvons dès aujourd’hui glorifier notre Dieu en qui nous avons la victoire.

Luc Tessier
8 août 2018

Luc Tessier

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