« Le Seigneur nous confie une mission, il nous donne des rôles, des responsabilités à chacun, mais le Seigneur ne s’intéresse pas seulement aux bénéficiaires de notre service. Il s’intéresse aussi à ses serviteurs. Si nous évangélisons, le Seigneur ne s’intéresse pas seulement à ceux qui sont évangélisés. Il s’intéresse aussi à nous. Le livre de Jonas nous montre que le Seigneur veut que nous sachions qu’il est souverain. Parfois, nous acceptons facilement que Dieu soit souverain sur sa création, mais nous oublions qu’il est souverain, totalement souverain sur nos vies. Dans quelques minutes, nous allons prendre un temps de prière. Rappelons-nous que nous nous adressons à un Dieu totalement souverain, un Dieu tout-puissant sur tout ce qui existe. »
Nous sommes toujours dans la prière de Jonas que nous allons relire au chapitre 2, les versets 2 à 8, en vous rappelant qu’il peut y avoir un décalage d’un verset dans la numérotation :
Jonas, dans les entrailles du poisson, pria l’Éternel, son Dieu. Il dit : Dans ma détresse, j’ai invoqué l’Éternel, et il m’a répondu ; du sein du séjour des morts j’ai appelé au secours, et tu as écouté ma voix. Tu m’as jeté dans un bas-fond au cœur des mers, et les courants d’eau m’ont environné ; toutes tes vagues et tous tes flots ont passé sur moi. Et moi je disais : Je suis chassé loin de tes yeux ! Mais je contemplerai encore ton saint temple. Les eaux m’ont couvert jusqu’à la gorge, l’abîme m’a enserré, des joncs se sont noués autour de ma tête. Je suis descendu jusqu’aux ancrages des montagnes, les verrous de la terre m’enfermaient pour toujours ; mais tu m’as fait remonter vivant du gouffre, Éternel, mon Dieu ! Quand mon âme était abattue au-dedans de moi, je me suis souvenu de l’Éternel, et ma prière est parvenue jusqu’à toi, jusqu’à ton saint temple. (Jonas 2.2-8)
Donc, Jonas rappelle les circonstances de sa détresse, mais très bizarrement. Au verset 4 (Jonas 2.4), il dit que c’est Dieu qui l’a jeté au fond de la mer, mais ce sont les marins qui l’ont jeté par-dessus bord. Au verset 5 (Jonas 2.5), il dit avoir été chassé loin des yeux de l’Éternel, mais c’est plutôt lui qui a voulu fuir loin de la face de l’Éternel. Au verset 9 (Jonas 2.9), il dénonce ceux qui s’attachent à leurs vaines idoles, mais il a plutôt vu les marins abandonner leur idolâtrie pour s’attacher au Dieu d’Israël. Ça paraît bizarre, mais en fait, il voit la souveraineté divine derrière tout ce qui s’est passé. Il peut très bien dire que c’est Dieu qui l’a jeté par-dessus bord même si ce sont les marins, parce que Dieu a tout dirigé dans ce sens en envoyant une très grande tempête. Jonas peut très bien dire que c’est Dieu qui l’a chassé loin de ses yeux même si c’est lui-même qui a voulu fuir. Je pense qu’il faut comprendre que Jonas s’est senti abandonné lorsqu’il était dans l’eau, avant que le poisson ne le récupère. On voit aussi que Jonas est un adolescent : il veut fuir son Père, il veut s’émanciper, il veut que les choses se passent comme lui l’entend, mais quand les choses vont mal, il crie à son Père céleste. Jonas abandonne Dieu, mais quand les choses vont mal, Jonas ne veut pas que Dieu l’abandonne. Le Seigneur, dans sa pédagogie parfaite, sa pédagogie paternelle, fait ce qu’il faut non seulement pour sauver Jonas des grandes eaux, mais aussi pour sauver Jonas de ses propres pensées.
La suite du livre va nous montrer un Dieu qui s’intéresse non seulement aux Ninivites, mais aussi à son serviteur. En fait, le Seigneur a confié la mission à Jonas alors que le Seigneur savait très bien que Jonas allait fuir. Le Seigneur nous confie une mission, il nous donne des rôles, des responsabilités à chacun, mais le Seigneur ne s’intéresse pas seulement aux bénéficiaires de notre service. Il s’intéresse aussi à ses serviteurs. Si nous évangélisons, le Seigneur ne s’intéresse pas seulement à ceux qui sont évangélisés. Il s’intéresse aussi à nous. Le livre de Jonas nous montre que le Seigneur veut que nous sachions qu’il est souverain. Parfois, nous acceptons facilement que Dieu soit souverain sur sa création, mais nous oublions qu’il est souverain, totalement souverain sur nos vies. Dans quelques minutes, nous allons prendre un temps de prière. Rappelons-nous que nous nous adressons à un Dieu totalement souverain, un Dieu tout-puissant sur tout ce qui existe. Donc, Jonas voit l’action souveraine de Dieu derrière tous les évènements et rien ne laisse entrevoir un blâme du prophète vis-à-vis Dieu.
Inspirée des Écritures
Nous pouvons apprécier que, dans sa prière, Jonas s’inspire vraiment des Écritures et ça fait écho au commentaire de notre frère Hugo la semaine passée qui disait que certains commentateurs voyaient dans cette prière un psaume. Si on le considère comme un psaume, ce qui se défend très bien, c’est un psaume qui s’inspire d’autres textes des Écritures. On voit cela souvent dans les Psaumes. La prière de Jonas fait neuf versets, et il cite huit fois les Écritures. Nous n’irons voir que trois citations.
Il dit : Dans ma détresse, j’ai invoqué l’Éternel, et il m’a répondu ; du sein du séjour des morts j’ai appelé au secours, et tu as écouté ma voix. (Jonas 2.3)
Dans ma détresse, j’invoque l’Éternel, je crie à mon Dieu ; de son palais, il entend ma voix, et mon cri vers lui parvient à ses oreilles. (Psaumes 18.7)
C’est à l’Éternel que dans ma détresse j’ai crié, et il m’a répondu. (Psaumes 120.1)
Et moi je disais : Je suis chassé loin de tes yeux ! Mais je contemplerai encore ton saint temple. (Jonas 2.5)
Et moi, je disais dans ma précipitation : Je suis chassé loin de tes yeux ! Mais tu as entendu la voix de mes supplications, quand j’ai crié vers toi. (Psaumes 31.23)
Quand mon âme était abattue au-dedans de moi, je me suis souvenu de l’Éternel. (Jonas 2.8)
Mon Dieu, mon âme est abattue à mon sujet : c’est pourquoi, je me souviens de toi. (Psaumes 42.7)
Frères et sœurs, ce sont quelques exemples parmi les huit et ça nous montre au moins trois vérités.
Secours dans les épreuves
La première, lorsque nous sommes attachés aux Écritures, lorsque nous les mémorisons, lorsque nous les méditons, au temps de l’épreuve, notre âme trouve les mots à dire au Seigneur.
Identification aux personnages bibliques
La deuxième : au temps de l’épreuve, nous pouvons nous identifier aux personnages bibliques qui ont aussi traversé l’épreuve et nourrir notre foi des délivrances que Dieu a préparées pour eux. La spiritualité de ceux qui nous ont précédés est la même que la nôtre. Nous avons les mêmes besoins qu’eux et il est bon de goûter à cette communion qui transcende le temps.
Prier les prières de David, celles de Jonas, du prophète Daniel ou de Paul nous permet de vivre concrètement notre appartenance à ce grand peuple qu’est le peuple de Dieu.
Perspective de Dieu
La troisième, et c’est probablement la plus importante, les Écritures nous permettent de nous maintenir dans la perspective de Dieu, de voir les choses selon Dieu. Nous sommes tellement emportés facilement dans nos émotions que nous perdons aussitôt la pensée de Dieu dans nos épreuves et, alors, nous perdons également la bonne manière de réagir dans nos épreuves. Les Écritures sont une ancre pour nos âmes, une ancre lorsque les vagues veulent nous entraîner à la dérive. Comme l’a écrit Daniel Arnold, « Ceux qui mémorisent l’Écriture accumulent un trésor précieux pour le temps de l’épreuve ».
Le temple
À deux reprises, Jonas fait allusion au temple :
Et moi je disais : Je suis chassé loin de tes yeux ! Mais je contemplerai encore ton saint temple. (Jonas 2.5)
Quand mon âme était abattue au-dedans de moi, je me suis souvenu de l’Éternel, et ma prière est parvenue jusqu’à toi, jusqu’à ton saint temple. (Jonas 2.8)
J’ai parlé la semaine passée du sens que le temple peut avoir. Je ne reviendrai pas sur ce point ce soir, mais j’ajouterais que Jonas, qui voulait fuir loin de la face de l’Éternel, s’accroche maintenant à son espérance de contempler le temple de Dieu, c’est-à-dire d’entrer dans le lieu de la présence de Dieu. L’épreuve change le cœur peu à peu. Parfois, nous faisons des choses, nous pensons des choses, mais quand l’épreuve arrive, tout change.
Une personne est fâchée contre sa mère et lui dit qu’elle ne veut plus rien savoir d’elle. La semaine suivante, on lui dit que sa mère vient d’avoir un diagnostique de cancer agressif et incurable. Jonas a voulu fuir loin de Dieu et Dieu le place dans une circonstances où Jonas va désirer revenir à Dieu. Quelle pédagogie de Dieu ! Quelle patience de Dieu !
Ceux qui s’attachent à de vaines idoles éloignent d’eux la bienveillance. Pour moi, je t’offrirai des sacrifices avec un cri de reconnaissance, j’accomplirai les vœux que j’ai faits : Le salut appartient à l’Éternel. (Jonas 2.9-10)
Pourquoi parler des idolâtres à ce moment-ci ? Le contexte suggère fortement que c’est en lien avec les Ninivites. La pensée de Jonas est que les Ninivites ne doivent pas être sauvés car ce sont des idolâtres. Il demande au verset 9 (Jonas 2.9) d’éloigner d’eux la bienveillance, mais aussitôt, il s’engage à ne plus fuir l’Éternel. Il lui offrira des sacrifices de reconnaissance et il accomplira les vœux qu’il lui a faits, possiblement celui d’aller annoncer le message de repentance aux Ninivites et on sent une abdication à la fin du verset 9 (Jonas 2.9). Le salut appartient à l’Éternel. Autrement dit, c’est l’Éternel qui décide et qui accomplit. C’est ici le verset-clé de tout le livre : le salut appartient à l’Éternel. Lui seul décide de qui est sauvé. Lui seul décide de comment on est sauvé. Lui seul crée les conditions favorables au salut. C’est l’Éternel qui envoie son messager. En disant cela, Jonas constate que ce n’est pas à lui à décider. Quel paradoxe chez Jonas ! Dans le bateau, lorsqu’un espoir de survie subsistait d’un point de vue humain, le prophète semblait résigné à la mort, alors que dans le poisson, voué à une mort apparemment imminente selon la perspective humaine, il exprime l’assurance de son salut.
Quatre caractéristiques de la prière
J’aimerais faire ressortir quatre caractéristiques de la prière de Jonas. Nous n’en verrons qu’une ce soir; les trois autres, à mon retour de vacances, Dieu voulant.
L’honnêteté
Premièrement, c’est une prière honnête. Jonas ne tente pas d’excuser son geste. Il prend acte de sa situation et il implore l’Éternel de l’en délivrer.
Nous arrive-t-il des fois de formuler des requêtes au Seigneur tout en sachant que nous avons une responsabilité que nous refusons de prendre ? Par exemple, des parents prient pour le salut de leurs enfants, mais ne veulent pas prendre la peine de les enseigner jour après jour. Une personne lutte contre un péché, demande au Seigneur de l’en délivrer, mais refuse de prendre les moyens pour y parvenir, alors que les Écritures nous disent de fuir le péché. Ça inclut fuir les circonstances qui favorisent nos chutes. Certains diront que Jonas n’est pas honnête. Au verset 4 (Jonas 2.4), il attribue au Seigneur son séjour dans la mer, mais en fait, Jonas a bien vu que Dieu a envoyé une telle tempête que le bateau aurait chaviré de toute façon. C’était soit lui seul qui se retrouvait dans la mer ou lui avec tout l’équipage. Il a raison de dire que c’est Dieu qui est derrière son séjour sous-marin. Frères et sœurs, nos prières doivent être honnêtes.
Daniel Durand, pasteur
8 mai 2019