Série sur le livre de Jonas, partie 10

« Retenons ceci : obéir au Seigneur, c’est obéir à la Parole de Seigneur. Que notre foi s’exprime dans un désir de plaire au Seigneur, dans une obéissance à sa Parole. Que le Seigneur vous bénisse. […] Devant Dieu, personne n’échappe au jugement. C’est soit que la personne subisse le jugement de Dieu, soit que la personne se repente et se convertisse à Jésus-Christ qui a pris sur lui le jugement de Dieu pour tous ceux qui croient. […] Ne nous laissons pas aspirer par les passions charnelles : résistons au mal, fuyons le péché, prenons tous les moyens de lutter contre le péché. […] [N]ous devrions souhaiter, désirer entendre parler du péché, parce que ça fait partie du message de l’évangile. Nous devons nous exhorter les uns les autres, nous encourager dans les luttes. »

 

Nous arrivons au chapitre 3. Nous sommes à la moitié du livre et à la moitié du récit. Comme je vous ai dit la semaine passée, les deux premiers chapitres se sont passés à l’ouest sur la mer dans la rébellion; les deux derniers chapitres se passeront à l’est sur la terre ferme dans l’obéissance.

La parole de l’Éternel fut adressée à Jonas une seconde fois, en ces mots : Lève-toi, va à Ninive, la grande ville, et fais-y la proclamation que je te dis! (Jonas 3.1-2)

C’est le deuxième envoi de Jonas. Le Seigneur n’a pas écarté son serviteur. Il le relance. J’ai toujours pensé que, lorsque le Seigneur appelle quelqu’un pour un ministère, personne ne peut empêcher cela, pas même la personne concernée.

J’ai parfois entendu des personnes dire que Dieu les avait appelées à tel ministère, mais qu’un frère a tout saboté et que son appel ne s’est jamais réalisé. C’est tout simplement impossible : le Dieu qui appelle est le Dieu qui contrôle toute chose. Il y a des personnes qui demeurent frustrées longtemps et pleines d’amertume, parce qu’elles sont convaincues qu’un autre a renversé le plan de Dieu pour sa vie. Frères et sœurs, notre Dieu est souverain sur tout ce qui existe :

À lui la sagesse et la toute-puissance : Qui lui résisterait impunément? (Jonas 9.4)

Jonas obéit

Alors Jonas se leva; il alla à Ninive, selon la parole de l’Éternel. Or Ninive était devant Dieu une grande ville, de trois jours de marche. Jonas commença par faire dans la ville une journée de marche. Il criait ces mots : Encore quarante jours, et Ninive sera bouleversée! (Jonas 3.3-4)

Enfin, Jonas obéit à la Parole de l’Éternel. Au chapitre 1 (Jonas 1), il est dit que Jonas se leva pour fuir loin de la face de l’Éternel; maintenant, Jonas se lève pour aller à Ninive selon la parole de l’Éternel. Le contraste est total. Ce contraste nous permet de faire l’équation suivante : fuir loin de Dieu, c’est rejeter sa Parole; obéir à Dieu, c’est faire selon sa Parole. Certains rejettent la Parole de Dieu tout en affirmant qu’ils ne rejettent pas Dieu : c’est impossible. D’autres affirment obéir à Dieu, mais sans que ça se concrétise dans une obéissance à la Parole de Dieu. Par exemple, il y en a qui disent obéir au Seigneur, mais ils font quelque chose que Dieu n’a jamais demandé. Je vais prendre un exemple qui ne nous touche pas vraiment : chez les catholiques, il y a des personnes qui deviennent moines disant obéir à l’appel du Seigneur, mais ce n’est pas l’appel du Seigneur. Le Seigneur n’enferme pas ses disciples dans des communautés refermées sur elles-mêmes. Il dit bien que nous ne sommes pas du monde, mais que nous sommes dans le monde. Le Seigneur envoie ses disciples dans le monde.

Retenons ceci : obéir au Seigneur, c’est obéir à la Parole de Seigneur. Que notre foi s’exprime dans un désir de plaire au Seigneur, dans une obéissance à sa Parole. Que le Seigneur vous bénisse.

Trois jours

Certains trouvent exagéré que le texte affirme que ça prend trois jours de marche pour traverser la ville.

Les trois jours de marche n’indiquent pas le temps que ça prend pour simplement traverser la ville de Ninive, mais le temps que ça prend pour traverser toute la ville en annonçant la repentance. À l’époque, les gens pouvaient franchir une trentaine de kilomètres par jour à pieds. Une ville qui aurait pris trois jours à traverser à pied serait une immense ville. Traverser L’Île de Montréal d’est en ouest fait 55 kilomètres, un peu moins de deux jours de marche. Ninive était plus petite que l’île de Montréal, mais si je considère qu’il s’agit de trois jours de marche alors que je dois prêcher, là, c’est différent. Imaginez que Jonas ait eu ce ministère à Drummondville. Il ne peut se contenter de franchir du nord au sud le boulevard St-Joseph : il va traverser le boulevard St-Joseph du nord au sud, puis revenir par le boulevard Lemire du sud au nord. Celui qui sème un champ ne se contente pas de le franchir sur sa simple longueur. Il y aura plusieurs allers-retours. Les trois jours de marche font écho aux trois jours et trois nuits passés dans le ventre du poisson, d’autant plus que le nom Ninive signifie « la maison des poissons ».

Ville bouleversée

Au verset 4 (Jonas 3.4), Jonas annonce le bouleversement de la ville de Ninive. Le sens est équivoque. Le mot hébreu est utilisé à trois reprises pour parler de la destruction de Sodome et Gomorrhe en Genèse 19.

Il peut aussi annoncer le bouleversement positif des cœurs repentants. Le mot est utilisé dans ce sens en 1 Samuel 10.6 et en 1 Samuel 10.9. On a un peu la même idée. Je pourrais dire à un inconverti : « Soit que tu meures à toi-même, soit que, toi-même, tu meures. »

Message

Le message de Jonas ne fait que cinq mots en hébreu. En français, nous avons :

[…] Encore quarante jours, et Ninive sera bouleversée! (Jonas 3.4)

La brièveté du message peut faire ressortir la mauvaise disposition de Jonas : il se contente du strict minimum, mais elle peut aussi préparer le lecteur à la rapidité de la repentance des Ninivites. Les deux sont possibles.

Peuple alerté

Les gens de Ninive crurent en Dieu; ils proclamèrent un jeûne et se revêtirent de sacs, depuis les plus grands jusqu’aux plus petits. La nouvelle parvint au roi de Ninive; il se leva de son trône, ôta son manteau, se couvrit d’un sac et s’assit sur la cendre. (Jonas 3.5-6)

La situation change : Jonas entreprend enfin le voyage qu’il avait refusé d’accomplir au chapitre 1, mais contrairement au périple vers Tarsis, le voyage vers Ninive se déroule sans le moindre problème. Il est possible que l’accueil du message de Jonas par les Ninivites soit dû au fait que certains auraient vu le grand poisson vomir Jonas. C’est plausible parce qu’à cette époque, il y avait toujours des pêcheurs et les gens s’installaient près des cours d’eau. Certains théologiens considèrent des données historiques que Dieu aurait pu utiliser pour préparer les Ninivites. Il y en a qui affirment qu’il y aurait eu une éclipse avant la mission de Jonas à Ninive. À l’époque, les gens étaient très superstitieux. Une éclipse était considérée non comme un phénomène naturel, mais comme un signe de leur divinité. Toujours selon ces personnes, Jonas est arrivé à Ninive et les habitants étaient réceptifs en raison de l’éclipse. Aussi, le pays avait été frappé de la peste et il y avait plusieurs changements politiques, tout ça à l’époque de Jonas. Les peuples superstitieux devenaient très réceptifs aux choses religieuses dans ces situations-là. Ça n’a pas beaucoup changé : les semaines qui ont suivi le 11 septembre, les Églises aux États-Unis se sont remplies comme jamais et les offrandes ont bondi.

D’autant plus que les phénomènes que les Ninivites avaient connus étaient souvent considérés comme l’expression d’un mécontentement de la part des divinités. Quand ça allait bien, c’était que les dieux étaient de bonne humeur; quand ça allait mal, on l’a vu sur le bateau, c’était que les divinités sont en colère. Le peuple avait connu des perturbations et le climat était à la peur. Jonas arrive avec son message de condamnation si Ninive ne se repent pas. Les Ninivites accueillent ce message. Aussi, à l’époque, ça a duré très longtemps : les divinités étaient considérées comme ayant une autorité sur un territoire donné. Lorsqu’il y avait une guerre avec une autre nation, il y avait cette pensée que la guerre était aussi entre les divinités de chaque pays. On respectait les divinités étrangères. C’est possible que le Seigneur ait utilisé ces facteurs pour conduire les Ninivites vers une vraie repentance.

Tous

La repentance touche toutes les classes sociales, du plus grand au plus petit. Le verset 6 (Jonas 3.6) prend la peine de mentionner la démarche du roi. Voyez le contraste : il se lève de son trône pour s’asseoir sur la cendre; il retire son manteau royal pour se couvrir d’un sac; le roi abandonne tous les honneurs reliés à sa fonction pour s’humilier devant tous.

Face au péché, tous les hommes sont au même niveau : coupables. Nous sommes dans une société où on a l’impression que les riches ne paient pas toujours pour leurs crimes. Ils ont l’argent pour se défendre. Ils prennent les meilleurs avocats et s’en tirent souvent. Devant Dieu, personne n’échappe au jugement.

C’est soit que la personne subisse le jugement de Dieu, soit que la personne se repente et se convertisse à Jésus-Christ qui a pris sur lui le jugement de Dieu pour tous ceux qui croient.

Réveil

La repentance des Ninivites pose un autre contraste. À cette époque, la nation juive est menacée de déportation en raison de son abandon de Dieu. Le peuple a abandonné son Dieu en abandonnant sa loi. Là, une nation méchante et païenne se convertit rapidement. Le récit de Jonas prépare le lecteur de la Bible à ce grand renversement qui a débuté à la Pentecôte et où les Juifs se sont endurcis contre le messie alors que des païens se convertissaient en grand nombre. La repentance des Ninivites a quelque chose de très particulier.

Au chapitre 4, verset 11 (Jonas 4.11), nous lisons :

Et moi, je n’aurais pas pitié de Ninive, la grande ville, dans laquelle se trouvent plus de cent vingt mille êtres humains qui ne savent pas distinguer leur droite de leur gauche, et des bêtes en grand nombre! (Jonas 4.11)

Il y avait 120 000 personnes dans cette ville qui s’est repentie. Il s’agit du plus grand réveil de l’histoire. On parle à l’occasion des 5000 âmes de Jérusalem à la Pentecôte. mais on est loin des 120 000 Ninivites. On entend parler de réveil dans nos milieux. Il y a des personnes qui s’affichent comme des revivalistes, c’est-à-dire des personnes envoyées par Dieu pour susciter des réveils. Ces personnes qui se disent revivalistes devraient se réveiller. D’abord, un réveil n’a rien à voir avec une excitation populaire, ni avec des attroupements massifs de personnes. Un réveil ne se voit pas au fait que beaucoup de personnes s’en vont à des réunions plein-air, mais au fait que beaucoup de personnes s’en vont avec le Seigneur à leur mort. Un réveil passe par deux éléments : la prédication de l’évangile et une repentance. Loin de l’excitation, c’est plutôt la contrition qui caractérise un réveil. Dans l’histoire, il y a eu de grands réveils. Charles Spurgeon prêchait avec puissance et le Seigneur l’a utilisé pour conduire beaucoup de personnes à l’évangile.

Charles Chiniquy, un prêtre catholique qui s’est converti et est devenu pasteur protestant, a aussi conduit beaucoup de personnes au Seigneur. George Whitefield, la même chose. Un vrai réveil, c’est un mouvement massif de conversions qui passent par la prédication de la Parole de Dieu et une réponse positive qui débute par la repentance. De nos jours, rares sont les milieux où on expose le péché dans toute sa laideur. Parfois, on pense que nous, chrétiens, ne sommes pas concernés par ces choses. Je dirais que nous le sommes pour au moins deux raisons. Il se peut que nous nous soyons endurcis, refroidis, et que nous nous accommodions du péché dans nos vies. Si c’est le cas, c’est une grave erreur. Ne nous laissons pas aspirer par les passions charnelles : résistons au mal, fuyons le péché, prenons tous les moyens de lutter contre le péché.

Ça nous concerne aussi pour une deuxième raison : nous devrions souhaiter, désirer entendre parler du péché, parce que ça fait partie du message de l’évangile. Nous devons nous exhorter les uns les autres, nous encourager dans les luttes. Je terminerai en vous disant qu’il n’y a de repos que dans le réveil.

Daniel Durand, pasteur
12 juin 2019

Prédicateur invité

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