Il y a deux semaines, nous avions commencé à regarder des textes où David répand son âme devant Dieu. Nous allons poursuivre ce soir avec le psaume 31 verset 8. David affirme :
Je serai dans l’allégresse et dans la joie par ta bienveillance, car tu vois mon malheur, tu connais les angoisses de mon âme. (Psaumes 31.8)
Ici, David est réconforté du simple fait qu’il sait que Dieu connaît les angoisses de son âme. Le Seigneur nous connaît mieux que nous nous connaissons nous-mêmes. Mon médecin connaît mon corps mieux que moi-même. Imaginez combien le Seigneur me connaît parfaitement : il m’a créé et, de plus, il sait tout, il voit tout. Le fait que Dieu voie tout et sache tout nous dit qu’il n’y a rien qui échappe au Seigneur :
Car la parole n’est pas sur ma langue, que déjà, Éternel, tu la connais entièrement. (Psaumes 139.4)
Nos pensées les plus reculées, nos motivations les plus profondes, nos émotions les plus cachées apparaissent au Seigneur comme en plein soleil.
Au psaume 42, versets 6 et 7, le psalmiste questionne son âme :
Pourquoi t’abats-tu, mon âme, et gémis-tu sur moi ? Attends-toi à Dieu, car je le célébrerai encore pour son salut. Mon Dieu, mon âme est abattue à mon sujet : C’est pourquoi, je me souviens de toi, depuis le pays du Jourdain, depuis l’Hermon, depuis la montagne de Mitsear. Un abîme appelle un autre abîme au bruit de tes cascades, toutes tes vagues et tous tes flots passent sur moi. (Psaumes 42.6-8)
David est inquiet ici. Il parle du Jourdain, le fleuve qui longe le pays du Nord au Sud, qui est alimenté par les eaux qui coulent de l’Hermon. David se sent submergé. Il a l’impression d’avoir la tête sous l’eau. L’apôtre Paul a aussi traversé des états d’âme pénibles :
Nous sommes pressés de toute manière, mais non écrasés ; (2 Corinthiens 4.8)
La construction de phrases chez Paul ne nous permet pas de savoir qui est concerné par le pronom « nous » : c’est soit les apôtres seulement, soit tous les chrétiens. Ce qui est certain, c’est que les apôtres sont concernés et que Paul s’inclut lui-même. Le mot traduit par « pressé » est traduit ailleurs par « affligé ». Paul et les autres auxquels il fait référence étaient affligés physiquement, mentalement, spirituellement.
[…] désemparés, mais non désespérés ; (2 Corinthiens 4.8)
Le mot traduit par « désemparé » signifie : « être dans l’inquiétude, dans l’embarras, dans le doute », « ne pas savoir de quel côté se tourner », « être perdu, affolé », « être perplexe », « ne pas savoir quoi faire ». Auparavant, Paul avait écrit dans cette même épître :
Nous ne voulons pas, en effet, vous laisser ignorer, frères, au sujet de la tribulation qui nous est survenue en Asie, que nous avons été accablés à l’extrême, au-delà de nos forces, de telle sorte que nous désespérions même de conserver la vie. (2 Corinthiens 1.8)
En 2 Corinthiens 5.4, Paul affirme :
Car tandis que nous sommes dans cette tente, nous gémissons, accablés, parce que nous voulons, non pas nous dépouiller, mais nous revêtir, afin que ce qui est mortel soit englouti par la vie. (2 Corinthiens 5.4)
Frères et sœurs, la vie chrétienne n’est pas une promenade de repos, ni un séjour en vacances, ni une croisière sur une eau paisible. Les quelques textes que nous avons lus nous permettent de conclure les points suivants.
Faire confiance à Dieu
La première conclusion est que ces hommes de Dieu faisaient confiance à Dieu. Ils ont joué des rôles importants dans l’histoire du peuple de Dieu et ils étaient confiants que tout reposait sur Dieu. L’aveu de leurs faiblesses en est la preuve.
Répandre son âme devant Dieu
La deuxième conclusion est que nous devons répandre notre âme devant Dieu. Il y a des chrétiens qui se privent de venir devant Dieu, parce que leur état d’âme n’est pas à son meilleur. C’est justement le contraire que nous devrions faire :
Approchons-nous donc avec assurance du trône de la grâce, afin d’obtenir miséricorde et de trouver grâce, en vue d’un secours opportun. (Hébreux 4.6)
Si nous venons devant le Seigneur uniquement lorsque nous nous sentons forts, il y a quelque chose que nous n’avons pas compris et nous nous privons du plus grand bienfait qui soit : notre communion avec Dieu.
Le verset d’Hébreux nous dit justement que nous devons nous approcher du trône de la grâce afin de trouver grâce, en vue d’un secours opportun. Si nous ne venons pas devant Dieu lorsque ça va mal, nous nous privons du seul secours adéquat.
Avouer aux autres
Les textes que nous avons lus nous montrent aussi que nous devons avouer aux autres nos états d’âme. Souvent, nous sommes gênés, parce que nous avons peur d’être jugés. Paul était jugé par les chrétiens. Certains remettaient ouvertement en question son ministère et ça n’empêchait pas Paul d’avouer ouvertement, dans ses lettres qui circulaient d’une Église à l’autre, ses faiblesses, ses états d’âmes. David était roi et il avouait au peuple ses états d’âme. Je vois au moins trois avantages à faire cela.
Le premier est que les autres peuvent mieux prier pour nous. Nous sommes ensemble pour prier les uns pour les autres. Le deuxième est que nous pouvons mieux nous supporter les uns les autres. Si quelqu’un a un ministère et que ce ministère devient lourd en raison d’un état d’âme difficile, nous pouvons lui suggérer une pause dans son implication ou simplement de l’aider. Le troisième avantage est que ça nous aide à ne pas s’accrocher aux hommes, surtout lorsque ce sont les leaders qui s’ouvrent sur leurs états d’âme. La meilleure façon d’être déçu d’un homme, c’est d’espérer en lui. Tôt ou tard, il nous décevra, parce que nous avons des attentes non réalistes, c’est-à-dire des attentes qui ne reposent pas sur la réalité. Quand nous comprenons que ceux que Dieu appelle à un ministère d’ancien sont aussi fragiles que les autres, aussi pécheurs que les autres et qu’ils ont exactement les mêmes besoins que les autres chrétiens, nous sommes réalistes et à l’abri des déceptions.
La quatrième conclusion est que, lorsque les anciens avouent leurs états d’âme, ils deviennent un modèle pour les autres de faire de même. Un ancien qui donne une image que la vie chrétienne est facile, qu’il n’a pas d’écueil, qui est à l’abri des chutes, érige un mur entre lui et ses brebis. L’idée que le pasteur qui ne montre pas sa vulnérabilité protège le troupeau en ne causant pas d’instabilité ne passe pas le test des Écritures.
Daniel Durand, pasteur
30 octobre 2019