Regard biblique sur nos états d’âme, partie 1

Introduction

Je me suis demandé ce que nous pourrions bien voir après le livre de Jonas. L’attitude de Jonas m’a amené l’idée de regarder nos états d’âme. D’emblée, je vous informe que je m’inspirerai du livre de Pascal Denault, Le côté obscur de la vie chrétienne. J’ai lu ce livre durant mes vacances dans le but d’être mieux équipé dans mon ministère et c’est d’abord mon âme qui a été bénie. Ce livre, qui est accessible à la bibliothèque, a reçu la recommandation de théologiens réputés dont :

  • Don A. Carson, le grand théologien, dont le père a fondé notre Église;
  • Matthieu Caron, que plusieurs connaissent, qui est pasteur à Shawinigan-Sud et dont la spécialité est le counselling biblique;
  • Florent Varak, le pasteur bien connu en France;
  • François Turcotte, directeur de Sembeq;
  • Mike Evans, président d’Évangile 21;
  • Guillaume Bourin, un de mes amis, qui est déjà venu prêcher ici il y a presque quatre ans.

J’utiliserai ce livre comme tremplin, mais pour plonger là où Pascal n’est pas nécessairement allé ou encore pour approfondir ce qu’il a abordé, mais dans les limites de son livre. Sinon, ce serait stérile pour ceux qui l’ont déjà lu.

Pertinence du sujet

Le sujet est très pertinent : une des raisons, c’est que les familles sont très souvent éclatées. Celles qui n’ont pas éclaté sont parfois le théâtre de conflits perpétuels. Nous voyons dans la Bible que l’individu est d’abord placé dans sa famille : c’est sa première communauté. C’est là qu’il reçoit son identité, ses valeurs, ses repères. C’est là qu’il développera sa capacité à bien interagir avec les autres. Ceux qui n’ont pas joui de la vie d’une saine famille en ressentent les contrecoups. Parfois, on parle même de séquelles. De nos jours, les familles sont rarement saines. Rares sont les familles qui permettent un épanouissement réel. Les gens qui entrent dans l’Église sont souvent brisés, qu’ils en soient conscients ou non, par la vie familiale qu’ils ont connue.

Pourquoi la vie familiale? Parce que le Seigneur a établi la famille comme le premier milieu de l’être humain, là où il apprend la soumission, l’obéissance, là où il devrait goûter à la sécurité émotive, là où il apprend la vie communautaire. Souvent, nous avons des conduites qui sont déterminées par nos états d’âmes qui, eux, sont déterminés par notre enfance.

La force de l’évangile

Ceci dit, il y a une bonne nouvelle : il n’y a aucun enfant de Dieu que l’évangile ne peut restaurer. L’évangile ne concerne pas seulement notre condition finale dans l’éternité. L’évangile de Jésus-Christ est une nouvelle vie reçue dès que le Seigneur nous sauve. Cet évangile transforme en donnant un nouvel esprit et un nouveau cœur, de sorte que nous ne voyons plus les choses comme avant. À l’environnement dans lequel nous avons grandi et que nous n’avons pas choisi se joint notre propre péché. En Luc 4.18, Jésus cite Ésaïe 61.1 où il est dit :

L’Esprit du Seigneur, l’Éternel, est sur moi, car l’Éternel m’a donné l’onction. Il m’a envoyé pour porter de bonnes nouvelles à ceux qui sont humiliés ; pour panser ceux qui ont le cœur brisé, pour proclamer aux captifs leur libération et aux prisonniers leur élargissement. (Luc 4.18)

L’évangile nous offre tout ce dont nous avons besoin et l’œuvre qui en découle débute dès notre conversion.

La réalité actuelle

En même temps, il y a la difficulté de parfois idéaliser la vie chrétienne. Nous constatons tous une tension en nous entre la force de l’évangile et la présence dans nos vies du péché, d’états d’âme vacillants, de luttes, etc., au point où certains croient ne pas avoir le Saint-Esprit et, donc, ne pas appartenir à Dieu en raison de leurs états d’âme. Nous avons tous eu des états d’âme difficiles. Nous avons tous des dysfonctions dans notre intériorité que nous ne dévoilons pas nécessairement. Nous sommes tous atteints par notre péché, mais aussi par l’environnement dans lequel nous avons grandi. L’apôtre Pierre nous dit :

Vous savez en effet que ce n’est point par des choses périssables — argent ou or — que vous avez été rachetés de la vaine manière de vivre, héritée de vos pères, mais par le sang précieux de Christ, comme d’un agneau sans défaut et sans tache ; (1 Pierre 1.18-19)

Frères et sœurs, nous avons tous hérité de nos pères de la vaine manière de vivre, nous avons des états d’âme et nous ne savons pas toujours quoi faire de ces états d’âme. Parfois, nous ne nous rendons pas compte comment nos états d’âme viennent interférer dans notre vie chrétienne. Nous ne constatons pas toujours combien notre vécu se superpose à ce que nous lisons dans les Écritures, de sorte que nous avons parfois une lecture subjective des Écritures, c’est-à-dire que nous ne lisons pas toujours les Écritures pour ce qu’elles disent réellement. Il nous arrive d’utiliser les Écritures pour justifier nos pensées. Je prie que cette série d’études sur nos états d’âme nous aide à prendre conscience de certaines réalités de nos vies et nous donne de mieux vivre la vie chrétienne en harmonie à ce que Dieu dit.

L’illusion

Le premier point concerne une conception fausse que nous pourrions avoir comme chrétiens sur le salut. Je ne sais pas quel est le message que nous avons entendu pour nous conduire à Jésus-Christ, mais certains viennent à Jésus-Christ avec l’idée que tous les problèmes seront réglés dès leur conversion, avec l’idée que la joie ne les quittera plus, que la paix intérieure sera définitivement installée. Comme le chantait Aznavour : « Et pourtant ». C’est vrai que le Seigneur règle tous nos problèmes, y compris nos problèmes de santé, mais ce n’est qu’à la résurrection finale que tous nos problèmes seront réglés. Présentement, nous vivons dans un entre-deux. D’une part, nous lisons :

Si quelqu’un est en Christ, il est une nouvelle créature. Les choses anciennes sont passées ; voici : toutes choses sont devenues nouvelles. (2 Corinthiens 5.17)

D’autre part, nous lisons :

Il essuiera toute larme de leurs yeux, la mort ne sera plus, et il n’y aura plus ni deuil, ni cri, ni douleur, car les premières choses ont disparu. (Apocalypse 21.4)

Ce verset nous dit que c’est lorsque nous serons ressuscités que le Seigneur essuiera définitivement nos larmes, que la mort ne sera plus, qu’il n’y aura ni deuil, ni cri, ni douleur, car les premières choses auront disparu. Paul dit que les choses anciennes sont passées et l’Apocalypse nous dit que ce n’est qu’à la résurrection que les premières choses auront disparu. Comment comprendre cela?

C’est vrai que, dès notre conversion, nous sommes de nouvelles créatures et que les choses anciennes sont passées : notre identité est céleste, notre cité est dans les cieux. Nous sommes assis ensemble dans les lieux célestes, mais ça ne signifie pas que les choses de cette création-ci ont disparu et que les effets ne se font plus sentir. La preuve est que le péché n’a plus d’emprise sur nous, mais en même temps, nous allons tous mourir, ce qui est la conséquence du péché. Nous sommes dans un entre-deux. En théologie, on parle du déjà-là et du pas-encore. Sous certains aspects, les réalités du royaume de Dieu sont déjà là, alors que, sous d’autres aspects, il y a des réalités du royaume de Dieu qui ne sont pas encore là. Une mauvaise compréhension de ces choses risque de nous donner de mauvaises attentes et, tôt ou tard, nous serons déçus. Quand je me suis converti, j’avais tellement hâte d’avoir trois ou quatre décennies de vie chrétienne. Je pensais que ces années feraient en sorte que j’en aurai fini avec le péché.

Aujourd’hui, ça fait 40 ans que je suis chrétien et, ce que je comprends, c’est que je suis autant pécheur que lorsque je me suis converti. La maturité ne fait pas que je suis moins pécheur. La maturité fait que je suis plus conscient de mon péché et, donc, plus vigilant. Je suis plus conscient de ce qui me fait chuter. Je connais mieux les pistes d’égarement, à commencer par mes propres pensées. Frères et sœurs, un des plus grands pièges dans la vie chrétienne, c’est une mauvaise compréhension de comment Dieu travaille, de ses promesses ainsi que de notre situation actuelle. Personnellement, j’ai vu des chrétiens frustrés, parce qu’ils sont tombés gravement malades et qu’une prière avec imposition des mains n’a pas guéri. C’est pourquoi nous devons prêcher l’évangile dans toute sa réalité : une saine doctrine nous apprend que la conversion ne met pas fin à toutes les difficultés de ce monde.

Ce n’est que lorsque le Seigneur reviendra que nous aurons des corps glorifiés, qu’il n’y aura plus ni deuil, ni maladie, ni aucune autre conséquence du péché.

Daniel Durand, pasteur
2 octobre 2019

Prédicateur invité

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