« La vérité est que le peuple ne voulait pas que l’Éternel, celui qui les avait délivrés, règne sur eux. Ils ont préféré un roi au cœur humain comme le sont tous les autres rois. Le peuple juif a rejeté le messie et a perdu ses privilèges de peuple alliancé. Frères et sœurs, notre plus grand problème, c’est lorsque nous ne voulons pas que le Seigneur règne sur nous, lorsque nous voulons vivre selon le monde perdu, lorsque nous voulons vivre comme tous les autres humains qui ne connaissent pas Dieu. »
Nous poursuivons ce matin notre série de l’évangile de Jean et nous lirons au chapitre 19 les versets 13 à 15. Nous sommes dans les derniers moments de la section où Jésus comparaît devant Pilate.
Pilate, après avoir entendu ces paroles, amena Jésus dehors et s’assit au tribunal, au lieu dit : le Pavé et en hébreu : Gabbatha. C’était la préparation de la Pâque, et environ la sixième heure. Il dit aux Juifs : Voici votre roi ! Mais ils s’écrièrent : À mort ! À mort ! Crucifie-le ! Pilate leur dit : Crucifierai-je votre roi ? Les principaux sacrificateurs répondirent : Nous n’avons de roi que César. (Jean 19.13-15)
Que le Seigneur bénisse sa Parole. Nous allons prier.
Injustice des hommes
Depuis le début de toute la section qui rapporte l’arrestation de Jésus dans le jardin de Gethsémanée suivie du procès devant Caïphe, le souverain sacrificateur, procès qui s’est prolongé devant la cour du Sanhédrin, puis devant Pilate, ce qui ressort, c’est la méchanceté des hommes qui ont traité Jésus avec tellement d’injustice.
Pensons à Caïphe, le souverain sacrificateur, mais aussi tous les dirigeants Juifs, les scribes, les sacrificateurs, les docteurs de la loi, les Pharisiens. Toutes ces personnes avaient la responsabilité non seulement de maintenir le bon ordre social en appliquant la loi de Moïse, mais aussi ces personnes avaient une responsabilité spirituelle. D’ailleurs, nous ne devrions pas séparer le social du spirituel, parce que tout ce que nous faisons comme croyants doit être spirituel au sens d’être dirigé par l’Esprit de Dieu.
Ces dirigeants, membres du peuple de Dieu et autorité au sein du peuple de Dieu, sont gravement tombés dans les pires horreurs. Nous avons déjà lu dans l’évangile de Matthieu qu’ils ont cherché des faux témoins contre Jésus, ce qui est contraire au neuvième commandement. Ils ont bafoué toutes les règles judiciaires de leur époque. Ils ont cherché à protéger leur poste au lieu de prendre soin de la nation.
Souveraineté de Dieu
Toute cette méchanceté, cette injustice, risque cependant de nous faire oublier que derrière tout cela, Dieu est souverain, non pas que Dieu réussit à accomplir son plan malgré cette méchanceté. C’est plutôt que Dieu accomplit son plan avec la méchanceté des hommes, c’est-à-dire que Dieu utilise la méchanceté, l’injustice, le péché pour accomplir son plan parfait. Dans le cas du procès de Jésus, à vues humaines, les probabilités étaient nettement en faveur de l’acquittement et de sa libération.
À part les dirigeants juifs qui, je le rappelle, n’avaient pas le pouvoir de condamner à mort Jésus, mais qui désiraient son exécution, les autres données étaient en faveur de Jésus. Pilate a mentionné à trois reprises l’innocence de Jésus. L’épouse de Pilate a fait un rêve la nuit même et elle rapporte à son mari que Jésus est juste. Pilate voulait le relâcher, mais aussi, il était normal de s’attendre à ce que la foule qui, une semaine auparavant, avait accueilli Jésus à Jérusalem alors qu’il y est entré à dos d’âne, cette foule choisisse de libérer Jésus et non Barabbas, mais voilà que le vent tourne contre Jésus. En fait, nous devons apprécier ce qui se passe à deux niveaux. D’une part, ce qui s’est passé doit absolument être dénoncé comme péché très grave. En Genèse 9, à la sortie de l’arche, le Seigneur informe Noé et les autres que si quelqu’un verse le sang de l’homme, par l’homme son sang serait versé. Autrement dit, c’est l’institution de la peine de mort du meurtrier. La raison qui est donnée est la suivante :
Celui qui verse le sang de l’homme par l’homme son sang sera versé. Car Dieu a fait l’homme à son image. (Genèse 9.6-7)
C’est parce que l’homme a été créé à l’image de Dieu que sa mise à mort mérite la peine de mort. En ce qui concerne Jésus, c’est encore plus grave, parce qu’il est l’image parfaite de Dieu, c’est-à-dire que Jésus-Christ reflète parfaitement, sans aucune distorsion, la personne de Dieu.
Ce Fils, qui est le rayonnement de la gloire de Dieu et l’expression de son être […] (Hébreux 1.3)
Ce péché doit être dénoncé comme péché grave. Actes 2.23 nous dit que Jésus a été crucifié par la main des impies. Un impie est celui qui n’a aucune crainte de Dieu, qui vit allègrement dans le péché. En même temps, nous devons voir le deuxième niveau : celui de la souveraineté de Dieu.
sachant que ce n’est pas par des choses périssables, par de l’argent ou de l’or, que vous avez été rachetés de la vaine manière de vivre que vous aviez héritée de vos pères, mais par le sang précieux de Christ, comme d’un agneau sans défaut et sans tache, prédestiné avant la fondation du monde, et manifesté à la fin des temps, (1 Pierre 1.18-20)
Le verbe « prédestiner » signifie « établir d’avance ». Semeur traduit par « désigner d’avance ». Ostervald traduit par « destiner ». Comme ça s’est passé avant la fondation du monde, seul Dieu pouvait établir son Fils unique comme victime expiatoire, victime propitiatoire pour les péchés de son peuple. Frères et sœurs, alors que des hommes se pensaient bien puissants pour décider de ce qui allait arriver de Jésus, c’est Dieu qui a exécuté son plan éternel de rédemption.
J’aimerais vous dire qu’en ces temps d’incertitude, on entend énormément d’hypothèses qui relèvent surtout d’interprétations pas toujours très rigoureuses des Écritures. Certains ont réellement peur. Je ne dirai jamais que la peur n’est pas normale face au danger, mais le croyant peut et doit trouver son refuge en l’Éternel et se rappeler que Dieu accomplit toujours son plan parfait.
La Pâque
Jean, l’auteur du quatrième évangile, précise que c’était la préparation de la Pâque, c’est-à-dire la veille de la Pâque. C’est une précision temporelle mais aussi un lien théologique. Alors que le peuple juif se préparait à célébrer la Pâque, c’est-à-dire la fête pour rappeler la délivrance d’Égypte avec l’agneau pascal, Jésus se préparait pour l’accomplissement de cette fête en se livrant pour être sacrifié, lui, l’Agneau de Dieu qui ôte le péché du monde. La fête de Pâque chez les Juifs rappelaient un événement du passé, la sortie d’Égypte, mais annonçait un évènement à venir, la délivrance du péché par le Christ :
Faites disparaître le vieux levain, afin que vous soyez une pâte nouvelle, puisque vous êtes sans levain, car Christ, notre Pâque, a été immolé. (1 Corinthiens 5.7)
Après avoir donné la précision temporelle, Jean poursuit la narration avec la question que Pilate a posée aux Juifs :
Pilate dit aux Juifs : Voici votre roi ! Mais ils s’écrièrent : À mort ! À mort ! Crucifie-le ! Pilate leur dit : Crucifierai-je votre roi ? Les principaux sacrificateurs répondirent : Nous n’avons de roi que César. (Jean 19.14-15)
Selon quelques théologiens que j’ai consultés, lorsque Pilate présente Jésus en disant « Voici votre roi », il est cynique et ironique.
« Tel est votre roi, ô Juifs, enchaîné, faible, sans défense, sanglant, condamné à une mort horrible, à votre propre demande. » (William Hendriksen, New Testament Commentary, Olive Tree, traduit par Deepl.)
James Montgomery Boice, qui voit la même chose, ajoute que Jean le rapporte aussi avec ironie contre Pilate, parce qu’en vérité, Jésus était le roi et il l’est toujours.
César, notre seul roi
Ce qui m’a le plus surpris dans ce texte, c’est la fin du verset 15 :
Les principaux sacrificateurs répondirent : Nous n’avons de roi que César. (Jean 19.15)
En réalité, ces dirigeants Juifs détestaient César, parce que César les empêchait d’exercer une pleine autonomie sur la terre promise. Ces dirigeants disaient que seul Dieu était leur roi. Pourquoi ont-ils répondu cela? En fait, leur désir de voir Jésus mourir était si grand qu’ils ont préféré prêté allégeance à César plutôt que de défendre Jésus. Ce paradoxe était de façade. En réalité, ils rejetaient la royauté de Dieu. Il y a plusieurs similitudes à faire avec le peuple juif au temps de Samuel. Rappelez-vous que le peuple a demandé un roi à Samuel et le Seigneur lui a dit ceci :
Aux yeux de Samuel c’était une mauvaise chose qu’ils aient dit : Donne-nous un roi pour nous juger ; et Samuel pria l’Éternel. L’Éternel dit à Samuel : Écoute la voix du peuple dans tout ce qu’il te dira ; car ce n’est pas toi qu’ils rejettent, c’est moi qu’ils rejettent, pour que je ne règne plus sur eux. (1 Samuel 8.6-7)
La vérité est que le peuple ne voulait pas que l’Éternel, celui qui les avait délivrés, règne sur eux. Ils ont préféré un roi au cœur humain comme le sont tous les autres rois. Le peuple juif a rejeté le messie et a perdu ses privilèges de peuple alliancé. Frères et sœurs, notre plus grand problème, c’est lorsque nous ne voulons pas que le Seigneur règne sur nous, lorsque nous voulons vivre selon le monde perdu, lorsque nous voulons vivre comme tous les autres humains qui ne connaissent pas Dieu.
Sauveur et Seigneur
Il y a un courant évangélique qui affirme que quelqu’un peut accepter Jésus comme Sauveur sans l’avoir accepté comme Seigneur.
Premièrement, le terme « accepter », j’ai de la difficulté à l’accepter, parce qu’en réalité, c’est Dieu qui nous accepte dans sa famille. Mieux vaut utiliser le verbe « recevoir » ou « accueillir ». À tous ceux qui ont accueilli la Parole, il leur a été donné le pouvoir de devenir enfants de Dieu. Croire en Jésus comme Sauveur sans le considérer comme Seigneur est irrecevable devant Dieu. La foi, c’est Dieu qui la donne. S’il est vrai que la foi que nous avons est appelée à croître, cette foi n’est pas une demie-foi.
Un enfant est appelé à grandir, mais il vient au monde avec tous ses membres si les choses se sont bien passées. Celui qui naît de nouveau reconnaît en Jésus-Christ son Seigneur et son Sauveur. Comment croire que Jésus nous sauve si nous ne croyons pas qu’il règne, en particulier sur le péché et sur toutes les forces du mal? Le non croyant, qu’il soit juif ou non juif, rejette la royauté de Dieu. Lorsqu’Adam et Ève ont mangé le fruit défendu, c’est qu’ils ont voulu régner à la place de Dieu. Ils n’ont pas reconnu qu’ils se trouvaient dans la création de Dieu, la création non seulement qui avait été faite par Dieu, mais la création qui appartient à Dieu. Quand Dieu a envoyé le déluge pour éliminer l’humanité tout en faisant grâce à Noé, c’était parce que les hommes rejetaient sa royauté. Ils vivaient en insoumission à Dieu. Quand l’humanité s’est réunie à Babel pour se construire une tour, en Genèse 11 nous voyons cela, le texte dit bien qu’ils voulaient se faire un nom, c’est-à-dire qu’ils voulaient être reconnus à la place de Dieu. Le texte ajoute qu’ils ne voulaient pas être disséminés sur la surface de la terre. C’était le rejet de la royauté de Dieu qui avait donné le mandat à Adam et Ève, mandat réitéré à Noé et sa famille de se multiplier et de remplir la terre. Les exemples se multiplient. Sodome et Gomorrhe ont été détruites en raison de leurs abominations. Qu’est-ce qu’une abomination sinon qu’une pratique contraire aux prescriptions de Dieu? Cette attitude arrogante vis-à-vis Dieu est caractéristique de tous les hommes, de toutes les nations. Le psaume 2 traite justement de cette situation. Le verset 1 nous informe que les peuples ont de vaines pensées.
C. Sproul appelle cela :
« […] une conspiration massive pour renverser l’autorité de Dieu et de son Oint […] » (R. C. Sproul, http://www.leadoflove.com/2013/12/biblical-view-of-freedom-and-autonomy.html, consulté le 27 mai 2020, traduit par Deepl.)
Pourquoi toute cette agitation? Pourquoi les hommes rejettent-ils énergiquement leur créateur? La raison est très simple : les hommes veulent conserver deux choses. Ils veulent conserver leur pseudo-liberté et, pour les autorités civiles, elles veulent aussi conserver leur poste élevé, leur domination sur les autres.
Je n’insinue pas que tous sont coupables au même niveau, mais la Bible nous dit clairement que tous les hommes rejettent la loi de Dieu. Quand une personne rejette l’évangile, c’est parce qu’elle veut garder son mode de vie, elle veut garder toute sa liberté dans la gestion de son argent, elle veut conserver tous ses amis. Ultimement, elle rejette l’évangile, parce qu’elle ne veut pas obéir au Dieu de l’évangile. Le péché a toujours été et demeurera toujours une déclaration d’indépendance envers Dieu. Les gens savent que le fait de croire en Dieu implique une remise en question de tous les aspects de la vie. Quand on entend des témoignages de conversion, il y a toujours un changement de pensée et d’actions. Celui qui dit s’être converti mais dont la vie n’a pas été changée ne s’est pas converti. Le mot grec traduit par « convertir » et les mots de même famille signifie « se retourner », « changer de direction », « se détourner ». Ce retournement consiste à ne plus vouloir vivre de manière autonome, mais de vivre dorénavant de manière théonome, selon la loi de Dieu, en obéissance et en soumission aux enseignements de Dieu. Quand on présente l’évangile, si on le fait minimalement correctement, on va humblement exposer le péché de la personne. Cette personne se trouve à être dénoncée, débusquée. L’orgueil en amène plusieurs à réagir vivement. Ils sortent l’artillerie lourde par des accusations gratuites contre le christianisme, du mépris éhonté, du dénigrement, du rejet. Les gens prennent les moyens à leur disposition. Quand c’est un gouvernement, il a d’autres moyens. Présentement, dans nos pays occidentaux, ils utilisent la législation.
On passe des lois antichrétiennes et on met une pression grandissante pour que tous les pratiquent. Sous d’autres gouvernements, c’est la persécution ouverte, mais toutes ces tactiques sont aussi ridicules devant la souveraineté de Dieu qu’un enfant qui pense arrêter le courant d’un fleuve avec sa pelle en plastique. Dans les paroles de Pilate, nous avons un homme du gouvernement qui voit César comme l’autorité suprême et qui oublie donc que c’est Dieu qui est l’autorité suprême. Les dirigeants juifs qui veulent l’influencer en jouant cette carte avec une menace à peine voilée. Autant pour les dirigeants juifs que pour Pilate, ils ne voient pas Dieu : ils ne voient que César. Quelle horreur de ne considérer qu’une autorité humaine et, par surcroît, opposée au Dieu souverain. Quel désespoir. Nous, chrétiens, croyons que Dieu est au-dessus de tout ce qui se passe sur terre et même dans l’univers. Dieu se rit des rois moqueurs, des autorités qui se croient autonomes. Il s’en rit et, de plus, le Seigneur se sert de leurs tactiques pour accomplir son plan comme celui qui souffle pour éteindre une flamme et qui, en fait, ne fait que l’attiser. Le résultat est contraire au but.
Ainsi en est-il de l’opposition des païens : ils veulent détruire le christianisme et, en réalité, ils y contribuent malgré eux. Pilate envoie Jésus à la mort, sous l’influence des Juifs, pensant éteindre le christianisme. Qu’est-il arrivé? La mort de Jésus a été, avec sa résurrection, le tremplin pour propulser le judaïsme dans sa phase messianique qu’on appelle la nouvelle alliance. Frères et sœurs, alors que la Pâque juive se préparait, notre Dieu orchestrait la vraie Pâque, la mort de l’Agneau pascal, l’Agneau de Dieu qui ôte le péché du monde.
La question à se poser : qui est votre roi? Voyez-vous l’homme comme roi suprême ou si vous reconnaissez qu’il y a un Dieu au-dessus de tout, au-dessus de tous?
Prions.