« C’est sur la base de ces deux premiers critères que je fonde ma pensée selon laquelle il n’y a plus d’apôtres de nos jours. Depuis la fin des apôtres, tout ministère doit passer par un processus d’Église. Il y a bien des gens qui s’autoproclament dans des ministères, mais je ne crois pas que ces gens sont appelés par le Seigneur. De plus, il n’y a personne qui a vu le Christ ressuscité. Certains le prétendent, mais ça contredit ce que Paul dit et que nous verrons plus loin. »
Dans cet excursus sur le ministère apostolique, je vous propose le plan suivant :
- Les qualifications des Apôtres;
- Les fonctions des Apôtres;
- Les autres apôtres;
- La fin du ministère apostolique.
Les qualifications des Apôtres
Les qualifications sont au nombre de trois :
- Choisi par Jésus;
- Témoin;
- Miracles.
Choisi par Jésus
Un apôtre devait avoir été choisi par Jésus directement. Lorsque nous lisons les évangiles, nous voyons que Jésus a choisi lui-même ceux qui allaient devenir ses apôtres. Ce critère va demeurer par la suite même après la résurrection de Jésus-Christ. Le livre des Actes dit ceci au verset 2 :
[…] jusqu’au jour où il fut enlevé (au ciel), après avoir donné ses ordres, par le Saint-Esprit, aux apôtres qu’il avait choisis. (Actes 1.2)
Lorsque les onze ont voulu remplacer Judas, sur la base de la prophétie du psaume 109 verset 8 (Psaumes 109.8), ils ont tiré au sort. Pourquoi? Justement pour respecter ce critère :
Puis ils prièrent en ces termes : Seigneur, toi qui connais les cœurs de tous, désigne lequel de ces deux tu as choisi, afin qu’il prenne sa place dans ce ministère et cet apostolat, que Judas a quittés pour aller à la place qui est la sienne. (Actes 1.24-25)
Le verbe traduit par « choisi » au verset 24 est le même que celui du verset 2 alors qu’il est question des autres apôtres. Nous parlerons plus loin de l’apôtre Paul, mais pour l’instant, disons simplement qu’il a été choisi aussi par Jésus-Christ. Lorsque Paul raconte sa conversion devant Agrippa, en Actes 26, il rapporte aux versets 16 à 18 les paroles que Jésus lui avait dites :
Mais lève-toi, et tiens-toi sur tes pieds ; car voici pourquoi je te suis apparu : je te destine à être serviteur et témoin des choses que tu as vues de moi et de celles pour lesquelles je t’apparaîtrai. Je t’ai pris du milieu de ce peuple et des païens, vers qui je t’envoie, pour leur ouvrir les yeux, afin qu’ils se tournent des ténèbres vers la lumière et du pouvoir de Satan vers Dieu, et qu’ils reçoivent le pardon des péchés et un héritage avec ceux qui sont sanctifiés par la foi en moi. (Actes 26.16-18)
Donc, le premier critère pour l’apôtre était d’avoir été choisi directement par Jésus-Christ. Les autres ministères qui ont suivi, le pastorat et le diaconat, devaient s’établir dans un processus d’Église locale. En Actes 6 et en 1 Timothée 3, il y a cette consigne d’examiner les candidats potentiels sur la base de critères précis, mais dans le cas d’un apôtre, il n’y avait aucun processus ecclésiastique : Jésus choisissait directement.
Témoin
La deuxième qualification pour être apôtre, c’est qu’il devait avoir été témoin du Christ ressuscité. Nous voyons cela toujours avec Matthias qui a remplacé Judas. L’apôtre Pierre affirme en Actes 1.21-22 :
Ainsi, parmi ceux qui nous ont accompagnés tout le temps que le Seigneur Jésus allait et venait avec nous, depuis le baptême de Jean, jusqu’au jour où il a été enlevé du milieu de nous, il faut qu’il y en ait un qui soit avec nous témoin de sa résurrection. (Actes 1.21-22)
Ce sera un argument de Paul pour défendre son apostolat :
Ne suis-je pas apôtre ? N’ai-je pas vu Jésus notre Seigneur ? (1 Corinthiens 9.1)
Il va le rappeler en 1 Corinthiens 15.7-9 :
Ensuite, il a été vu par Jacques, puis par tous les apôtres. Après eux tous, il s’est fait voir à moi comme à l’avorton ; car je suis, moi, le moindre des apôtres […] (1 Corinthiens 15.7-9)
C’est sur la base de ces deux premiers critères que je fonde ma pensée selon laquelle il n’y a plus d’apôtres de nos jours. Depuis la fin des apôtres, tout ministère doit passer par un processus d’Église. Il y a bien des gens qui s’autoproclament dans des ministères, mais je ne crois pas que ces gens sont appelés par le Seigneur. De plus, il n’y a personne qui a vu le Christ ressuscité. Certains le prétendent, mais ça contredit ce que Paul dit et que nous verrons plus loin.
Miracles
La troisième qualification pour être apôtre, c’est que leur ministère est démontré par des miracles :
Les signes distinctifs de l’apôtre ont été vus à l’œuvre au milieu de vous par une patience à toute épreuve, par des signes, des prodiges et des miracles. (2 Corinthiens 12.12)
Ce que Paul dit ici, c’est que la patience à toute épreuve, les signes, les prodiges et les miracles constituent les signes qui le distinguent en tant qu’apôtre. Ces signes prouvent qu’il était apôtre. Il y a bien d’autres chrétiens qui avaient le don de faire des miracles. On voit cela en 1 Corinthiens 12.10. Alors, comment concilier le fait que les miracles constituent un signe qui distingue l’apôtre des autres chrétiens et le fait que d’autres chrétiens font des miracles? Pour exposer ma pensée, je vais vous amener dans Actes 8 où Philippe prêche l’évangile aux Samaritains. Je vais lire quelques versets ici et là que je vais commenter à mesure.
Un homme du nom de Simon, qui se trouvait déjà auparavant dans la ville, exerçait la magie, provoquait l’étonnement du peuple de la Samarie et se disait quelqu’un de grand. Tous, depuis le plus petit jusqu’au plus grand, s’attachaient à lui et disaient : Celui-ci est la puissance de Dieu, appelée la grande. Ils s’attachaient à lui, parce qu’il les avait assez longtemps étonnés par ses procédés magiques. Mais, quand ils eurent cru à Philippe, qui leur annonçait la bonne nouvelle du royaume de Dieu et du nom de Jésus-Christ, hommes et femmes se firent baptiser. Simon lui-même crut aussi et, après avoir été baptisé, il ne quittait plus Philippe et voyait avec étonnement les grands signes et miracles qui se produisaient. (Actes 8.9-13)
Alors ici, nous voyons l’évangile s’installer chez les Samaritains. Le verset 12 dit qu’ils ont cru à Philippe qui leur annonçait la bonne nouvelle du royaume de Dieu et du nom de Jésus-Christ. C’est là qu’hommes et femmes se firent baptiser.
Quand les apôtres, qui étaient à Jérusalem, apprirent que (les habitants de) la Samarie avaient reçu la parole de Dieu, ils leur envoyèrent Pierre et Jean. Ceux-ci, descendus chez eux, prièrent pour eux, afin qu’ils reçoivent l’Esprit Saint. Car il n’était encore descendu sur aucun d’eux ; ils avaient seulement été baptisés au nom du Seigneur Jésus. Alors Pierre et Jean leur imposèrent les mains, et ils reçurent l’Esprit Saint. (Actes 8.14-17)
Alors ici, je pose la question : si Pierre et Jean ont imposé les mains aux Samaritains afin qu’ils reçoivent le Saint-Esprit, pourquoi est-ce que Philippe ne l’avait pas fait plus tôt? La réponse est au verset 18, que je vais lire avec le verset 19 :
Lorsque Simon vit que l’Esprit était donné par l’imposition des mains des apôtres, il leur apporta de l’argent et dit : Donnez-moi aussi ce pouvoir ; que celui à qui j’imposerai les mains reçoive l’Esprit Saint. (Actes 8.18-19)
Simon le magicien a vu que le Saint-Esprit était donné par l’imposition des mains des apôtres. C’est Luc qui a rédigé le livre des Actes. Luc n’a pas écrit que Simon pensait que le Saint-Esprit était donné par l’imposition des mains des apôtres. Luc a écrit pour nous faire comprendre que Simon avait bien constaté que le Saint-Esprit était donné par l’imposition des mains des apôtres. Or, Philippe n’était pas apôtre : il ne pouvait imposer les mains. Ce point est important pour comprendre comment les choses fonctionnaient. Dans l’Église primitive, tous les miracles étaient attribués aux apôtres. Des chrétiens qui n’étaient pas apôtres faisaient des miracles, mais j’ai la forte impression que même ces miracles étaient attribués aux apôtres. Plusieurs textes vont dans ce sens.
La crainte s’emparait de chacun, et il se faisait beaucoup de prodiges et de signes par les apôtres. (Actes 2.43)
Mais Pierre lui dit : Je ne possède ni argent, ni or ; mais ce que j’ai, je te le donne : au nom de Jésus-Christ de Nazareth : lève-toi et marche ! (Actes 3.6)
Beaucoup de signes et de prodiges se faisaient au milieu du peuple par les mains des apôtres. (Actes 5.12)
Ils séjournèrent assez longtemps à Iconium ; ils parlaient pleins d’assurance dans le Seigneur qui rendait témoignage à la parole de sa grâce et leur accordait de (voir) des signes et des prodiges se produire par leurs mains. [C’est-à-dire par la main des apôtres Paul et Barnabas] (Actes 14.3)
Et Dieu faisait des miracles extraordinaires par les mains de Paul. (Actes 19.11)
Je constate que les signes et prodiges sont faits par un apôtre. Les deux exceptions sont Étienne et Philippe et j’émets l’hypothèse suivante : compte tenu du texte de 2 Corinthiens 12.12 que nous avons lu et qui nous informe que les signes et les miracles sont un signe distinctif de l’apostolat, compte tenu que Simon le magicien a constaté que le don du Saint-Esprit était donné par la main des apôtres, compte tenu que le livre des Actes associe presque toujours les signes et les prodiges aux apôtres, je pense que les deux exceptions, de même que les miracles et les guérisons que Paul mentionne dans la première épître aux Corinthiens implique des apôtres même s’ils ne sont pas mentionnés. En fait, si un apôtre exerçait son ministère dans une communauté et que les gens recevaient des dons spirituels, c’était pour attester de l’autorité des apôtres. En Actes 10, nous voyons Pierre qui prêche chez Corneille :
Comme Pierre prononçait encore ces mots, le Saint-Esprit descendit sur tous ceux qui écoutaient la parole. Tous les croyants circoncis qui étaient venus avec Pierre furent étonnés de ce que le don du Saint-Esprit soit aussi répandu sur les païens. Car ils les entendaient parler en langues et exalter Dieu. (Actes 10.44-46)
Ce miracle attestait de l’autorité de Pierre. Quand Philippe a prêché en Samarie, les gens ne se sont pas mis à parler en langues. Philippe n’était pas apôtre. Lorsque Pierre prêche, le Saint-Esprit donne aux gens de chez Corneille de parler en langues. Nous devons juste imaginer que nous invitions à notre Église un prédicateur. Lorsqu’il se met à prêcher, plusieurs personnes se mettent à parler en langues. Qu’allons-nous conclure? Nous allons certainement voir que le Seigneur a donné une puissance au prédicateur. C’est une illustration. Personnellement, je crois que les langues sont terminées, mais c’est pour vous montrer ce qui s’est passé chez Corneille et probablement ailleurs. Là où les apôtres passaient, il se passait quelque chose, ceci, pour convaincre les chrétiens que les apôtres avaient une autorité particulière. Il me semble que ce soit la position qui tient le plus en compte l’ensemble des données bibliques. Sans cela, je ne vois pas comment nous pourrions comprendre que Paul affirme que les signes et les prodiges soient des signes distinctifs de l’apostolat. En effet, si d’autres chrétiens peuvent avoir ces signes sans qu’ils soient reliés à un apôtre, ce n’est plus un signe qui distingue un apôtre d’un autre chrétien. Alors, pour être bien clair, les indices que nous avons dans les Écritures pointent vers l’idée que les dons miraculeux, les dons mentionnés en 1 Corinthiens 12.8-10, attestaient de l’autorité des apôtres eux-mêmes. Il me semble que c’est la seule explication des versets qui affirment que c’est par la main des apôtres que les signes et les prodiges se faisaient. C’est aussi la seule façon qui me permet de concilier le fait que plusieurs chrétiens faisaient des signes et des prodiges et qu’en même temps, Paul affirme en 2 Corinthiens 12.12 que les signes et les prodiges sont un signe qui le distinguait en tant qu’apôtre.