Le décret de Dieu, partie 10

« Si l’on se contente de dire que Dieu a permis le mal, c’est que Dieu a des raisons pour l’avoir permis. Et de très bonnes raisons. Sinon il ne l’aurait pas permis. Or, si Dieu a de bonnes raisons pour avoir permis le mal, pourquoi ces raisons ne seraient-elles pas valables pour que Dieu ait décrété le mal? »

 

Décrété ou permis le mal

Nous revenons maintenant à la question du tout début de ce sujet. La question difficile à savoir si Dieu a décrété la chute, c’est-à-dire est-ce qu’il l’a décidée, ou s’il l’a simplement permise. J’écoutais récemment un enseignement du pasteur français Florent Varak qui s’intéressait justement à cette question. Il racontait qu’il y a X années, dans le cadre d’un rassemblement d’Évangile 21, le théologien John Piper est allé donner des conférences en France et que c’est lui, Florent Varak, qui le traduisait. Et John Piper affirme à un moment donné dans sa conférence que Dieu a décrété le mal. Le pasteur Varak est surpris, une traduction directe ne laisse pas trop de temps de réflexion, et décide de traduire par Dieu a permis le mal. Mais c’était sans compter sur la perspicacité de John Piper qui, bien qu’il ne connaît pas le français, reconnaît suffisamment de mots pour s’arrêter et dire au pasteur Varak : « Tu dois traduire ce que je dis, et j’ai dit que Dieu a décrété le mal ». Aujourd’hui, Florent Varak croit que Dieu a décrété le mal. Comme je l’ai dit, pour que Dieu puisse parler d’un plan global qu’il a décidé, il parle de son dessein, il faut que ça englobe tout, mais vraiment tout ce qui arrive, incluant l’entrée du péché dans le monde.

 

Autrement dit, est-ce que la réalité du péché dans le monde fait partie du plan de Dieu ou s’il s’agit d’un imprévu dans son dessein qui modifie en fait tout le plan qu’il se serait fixé au début? Parce que c’est ça le point. Si Dieu n’a pas décrété la chute, ça signifie que le plan initial était que le péché n’existe pas. Mais là, Satan aurait réussi à changer complètement le plan de Dieu avec la complicité de l’homme. Alors, Dieu est obligé de refaire une nouvelle création qui ne figurait pas dans son plan original. Notre résurrection ne figurait pas dans le plan original. Ni la mort et ni condamnation des réprouvés. C’est donc que Dieu est forcé de faire des choses qu’il n’aurait pas décidées. Ça devient un Dieu contraint. Pour ma part, ma compréhension des Écritures est que Dieu est souverain, totalement souverain, et qu’il a ordonné tout ce qui est arrivé, tout ce qui arrive et tout ce qui arrivera. Certains pensent que Dieu a vu d’avance ce qui allait arriver et qu’il a forgé son plan en considérant la chute.  Mais ça pose un problème. Si Dieu a fait un plan en réaction à la chute de l’homme, c’est donc un plan que l’homme a influencé drôlement. Si Dieu a fait après la chute un plan qui considérait cette chute, c’est donc dire que Dieu n’aurait pas eu de plan par lui-même. Ou ce qui se passe est un plan B. Lisons Ésaïe 46.9-13 :

9 Souvenez-vous des premiers événements ; car je suis Dieu, et il n’y en a point d’autre, je suis Dieu, et rien n’est semblable à moi. 10 J’annonce dès le commencement ce qui vient par la suite et longtemps d’avance ce qui n’est pas encore accompli. Je dis : Mon projet tiendra bon, et j’exécuterai tout ce que je désire. 11 J’appelle de l’orient un oiseau de proie, d’une terre lointaine l’homme qui accomplira mes projets, ce que j’ai dit, je le fais arriver ; ce que j’ai conçu, je l’exécute. 12 Écoutez-moi, gens endurcis de cœur, si éloignés de la justice ! 13 Je fais approcher ma justice : elle n’est pas loin, et mon salut : il ne tardera pas. Je mettrai le salut en Sion, pour Israël, ma parure.

 

Nous revenons à la question difficile. Est-ce que Dieu a décrété le mal ou s’il l’a simplement permis. Le chrétien qui dit que Dieu aurait simplement permis le mal, mais sans l’avoir décrété, croit éviter les difficultés. Mais nous allons voir qu’il n’en est pas ainsi. Pourquoi est-ce que Dieu a permis au serpent de se pointer dans le jardin d’Éden? Si l’on se contente de dire que Dieu a permis le mal, c’est que Dieu a des raisons pour l’avoir permis. Et de très bonnes raisons. Sinon il ne l’aurait pas permis. Or, si Dieu a de bonnes raisons pour avoir permis le mal, pourquoi ces raisons ne seraient-elles pas valables pour que Dieu ait décrété le mal? Si l’on dit que Dieu a permis le mal, c’est que Dieu se glorifie dans cela. Si le mal sert ultimement le plan de Dieu, nous pouvons évoquer les mêmes raisons pour dire que Dieu a décrété le mal, sinon nous ne pourrions même pas dire que Dieu l’a permis. Si Dieu a permis le mal et que ceci n’affecte pas la perfection de son plan, il me semble que nous pouvons admettre tout aussi facilement que Dieu a décrété le mal parce qu’il sert son plan parfait. Ceux qui disent que Dieu a simplement permis le mal doivent admettre que Dieu aurait pu empêcher le mal d’entrer dans le monde. Que ce soit décréter ou permettre, les deux impliquent la reconnaissance d’un choix souverain de Dieu que le mal arrive et se produise. Je cite Florent Varak : « Un Dieu qui permet c’est un Dieu qui est maître de l’histoire et qui accepte que certaines choses ont lieu ». Plus loin, il ajoute : « Donc il y a bien un décret formulé avant la création du monde qui permet l’ensemble des évènements qui ont lieu. Et ce décret, il est conforme aux attributs de Dieu ». Ce décret ne supprime jamais la responsabilité morale de l’homme.

 

Le but

Certains ont dit que le mal était nécessaire pour faire ressortir des attributs de Dieu. C’est vrai, mais nous ne devons pas conclure que le mal est justifié pour autant. Le mal demeure toujours mal, opposition et rébellion contre Dieu. Le mal est mal, foncièrement mal et totalement mal. Que Dieu l’utilise, c’est une autre chose, mais ça ne justifie pas le mal. Mais quel est le but du mal?

 

Pour la gloire de Dieu

La 1ère raison pour laquelle Dieu a décrété le mal est sa propre gloire. Le mal fait ressortir la gloire de Dieu. Romains 9.14-23, et je vous invite à prendre en note ce texte et à le relire tranquillement à la maison :

14 Que dirons-nous donc ? Y a-t-il en Dieu de l’injustice ? Certes non !

 

15 Car il dit à Moïse : Je ferai miséricorde à qui je ferai miséricorde, et j’aurai compassion de qui j’aurai compassion. 16 Ainsi donc, cela ne dépend ni de celui qui veut, ni de celui qui court, mais de Dieu qui fait miséricorde. 17 Car l’Écriture dit à Pharaon : Je t’ai suscité tout exprès pour montrer en toi ma puissance et pour que mon nom soit publié par toute la terre.

Et c’est vrai que le nom de Dieu a été publié par toute la terre. 40 ans après les plaies d’Égypte, les habitants de Canaan savaient ce qui s’était passé en Égypte. Josué 2.9-11 :

9 Rahab dit aux espions israélites : L’Éternel, je le reconnais, vous a donné ce pays, la terreur que vous inspirez s’est abattue sur nous, et tous les habitants de ce pays défaillent devant vous. 10 Car nous avons appris que l’Éternel a mis à sec devant vous les eaux de la mer des Joncs, lors de votre sortie d’Égypte, et comment vous avez traité les deux rois amoréens qui régnaient en Transjordanie, Sihôn et Og, que vous avez voués à l’interdit. 11 Nous l’avons appris, le cœur nous a manqué, et chacun a perdu le souffle devant vous, car l’Éternel, votre Dieu, est Dieu dans les cieux, là-haut, et sur terre, ici-bas.

40 ans après, dans un autre pays qui se situe à entre 300 et 400 kilomètres de l’Égypte, l’exode suscitait encore une très grande crainte, une terreur.  Nous poursuivons dans Romains 9, 18-23 :

18 Ainsi, il fait miséricorde à qui il veut, et il endurcit qui il veut. 19 Tu me diras donc : Qu’a-t-il encore à blâmer ? Car qui résiste à sa volonté ? 20 Toi plutôt, qui es-tu pour discuter avec Dieu ? Le vase modelé dira-t-il au modeleur : Pourquoi m’as-tu fait ainsi ? 21 Le potier n’est-il pas maître de l’argile, pour faire avec la même pâte un vase destiné à l’honneur et un vase destiné au mépris ? 22 Et si Dieu, voulant montrer sa colère et faire connaître sa puissance, a supporté avec une grande patience des vases de colère formés pour la perdition ? 23 Et s’il a voulu faire connaître la richesse de sa gloire à des vases de miséricorde qu’il a d’avance préparés pour la gloire ?

Tout ce que Dieu fait révèle ses attributs. Le péché révèle la justice de Dieu qui punit le pécheur. Le péché révèle la puissance de Dieu qui a vaincu la mort.

 

Pour notre bien

La 2e raison pour laquelle Dieu a décrété le mal, c’est qu’il l’utilise pour notre bien. Comme nous l’avons déjà vu, le péché est aussi utilisé par Dieu pour notre bien. Joseph regarde le fait que ses frères l’ont vendu à des étrangers et leur dit en Genèse 45.4-5 :

4 Joseph dit à ses frères : Je vous en prie, approchez-vous de moi. Alors ils s’approchèrent. Il dit : Je suis Joseph, votre frère, que vous avez vendu pour être mené en Égypte. 5 Maintenant, ne vous affligez pas et ne soyez pas fâchés de m’avoir vendu pour être conduit ici, car c’est pour vous garder en vie que Dieu m’a envoyé devant vous.

Joseph voit derrière le péché de ses frères la souveraineté de Dieu. Il ajoute que c’est Dieu qui l’a envoyé en Égypte. Et le but était de garder en vie ses frères. On se rappellera qu’il y eut une grande famine, et que Joseph avait la responsabilité de gérer les provisions de blé sur toute l’Égypte. Et c’est ainsi que Joseph put donner à manger à ses frères aussi frappés par cette famine. Plus tard, la même discussion revient. Genèse 50.15-20 :

15 Quand les frères de Joseph virent que leur père était mort, ils dirent : Si Joseph allait se montrer notre adversaire et nous rendait tout le mal que nous lui avons fait ! 16 Alors ils firent dire à Joseph : Ton père a donné cet ordre avant de mourir : 17 Vous parlerez ainsi à Joseph : Oh ! je t’en prie, pardonne le crime de tes frères et leur péché, car ils t’ont fait du mal !  Je t’en prie, pardonne maintenant le péché des serviteurs du Dieu de ton père ! Joseph pleura quand on lui parla ainsi. 18 Ses frères vinrent eux-mêmes tomber à ses pieds et dirent : Nous voici, tes serviteurs. 19 Joseph leur dit : Soyez sans crainte ; en effet, suis-je à la place de Dieu ? 20 Vous aviez formé le projet de me faire du mal, Dieu l’a transformé en bien, pour accomplir ce qui arrive aujourd’hui et pour sauver la vie d’un peuple nombreux.

 

Frères et sœurs. Notre Dieu a tout décrété. Il est Dieu. Il a décrété de telle sorte que les choses arrivent, en raison d’elles-mêmes. Mais il les a décrétées. Nous faisons face à un mystère, c’est-à-dire à quelque chose que nous ne pouvons pas comprendre parce que Dieu ne nous l’a pas révélé. Ce mystère est double. Dieu a tout décrété sans porter la responsabilité morale du mal. Et la créature pécheresse porte l’entière responsabilité de ses actions même si Dieu les avait décrétées. Mais nous devons trouver une grande paix face à cette doctrine parce que, si Dieu a tout décrété, il n’y a rien qui arrive sans que Dieu ne l’ait décrété. Et ce qu’il a décrété ne compromet jamais ses promesses. Au contraire. Comme nous l’avons vu pour les frères de Joseph, même le mal est utilisé par Dieu pour notre bien. Ceci, sans jamais justifier le mal, sans jamais excuser le mal. Tout ceci doit alimenter notre adoration. Nous adorons un Dieu souverain, totalement souverain sur tout ce qui arrive. Nous adorons un Dieu qui a un plan parfait, réglé au quart de tour, dans les moindres détails. Et ceci nous donne cette assurance que ses promesses sont certaines puisque Dieu n’est jamais dépassé par des circonstances. Son plan est parfait.

 

Daniel Durand, pasteur

 

20 janvier 2019

Prédicateur invité

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