Introduction
Nous allons maintenant débuter un nouveau sujet qui fait suite à la doctrine de Dieu. Et c’est la question du décret de Dieu. Je vous avertis dès le début que ce sujet est difficile, et que certains points heurtent de plein fouet notre entendement. Je lance donc un « appel au calme », et je vous demande de bien porter attention. Aussi, je vous demande vraiment d’attendre la fin du sujet avant de vous faire une idée.
Exposé
En fait, la question est de savoir si Dieu a décidé de la chute ou s’il l’a simplement permise.
Nous nous arrêterons une autre fois sur ce point. Mais pour l’instant, je vous dirai simplement que si Dieu a eu de bonnes raisons pour « permettre » la chute, Dieu pourrait très bien avoir décrété la chute pour ces mêmes raisons. Nous avons vu que Dieu est parfaitement souverain. Ce point soulève quelques questions. Est-ce que Dieu est souverain sur le mal? Est-ce que Dieu a décrété le mal ou s’il l’a simplement permis? Nous aborderons le sujet du général au particulier.
Nous voyons d’abord le décret général de tous les événements, suivi du décret particulier de l’élection. Cette structure est essentielle pour aboutir à une compréhension biblique de l’élection qu’on pourrait appeler le décret particulier. Un décret est une décision arrêtée d’une autorité établie. Ainsi, un gouvernement peut déposer un décret. Il impose sa volonté, sa décision au peuple. Dans la Bible, il est question du décret de Dieu pour parler de l’ensemble de son plan comme d’un tout, plan que Dieu a décidé en entier, c’est-à-dire que Dieu n’a pas négocié, ni même consulté quelqu’un d’autre. Il a décidé. Sa Parole fait autorité, sa Parole est créatrice. Et nous pouvons aussi parler des décrets, au pluriel, pour parler des divers aspects de son plan, de son décret global.
Je vous rappelle ce que je vous avais dit sur la connaissance de l’homme. J’en avais parlé lorsque nous avons vu les attributs de Dieu. Je vous avais dit que l’homme, puisqu’il est limité, ne peut connaître que par sections, que par aspects. Nous avions vu que nous ne devions pas dissocier les attributs de Dieu parce que Dieu est toujours et constamment tout ce qu’il est. Ce n’est pas qu’il est parfois en colère, parfois dans la joie, etc. Dieu est toujours le même. En lui, il n’y a aucune variation. Il est constamment en colère contre le péché et il se réjouit constamment de ses œuvres. Il est toujours à la fois compatissant et à la fois parfaitement juste. Mais nous, nous connaissons les attributs divins en les distinguant. Et comme on dit, nous devons distinguer, sans dissocier. Le décret de Dieu c’est la même chose. Pour nous, créatures limitées, nous apprécions les aspects de son décret global. Et nous pouvons les apprécier non pas dans sa globalité, mais dans ses particularités. Ainsi, on apprécie le décret de Dieu de tout avoir créé. On apprécie le décret de Dieu de sauver les élus. On apprécie le décret de Dieu d’avoir placé l’homme au-dessus de toutes les autres créatures. Nous apprécions les particularités, et nous ne pouvons faire autrement. Cependant, nous devons nous garder de les dissocier, voire de les opposer. Il y a un grand décret global, le dessein que Dieu s’est fixé depuis toute éternité.
Décrets général et particulier
La doctrine du décret particulier, c’est-à-dire l’élection, doit s’inscrire dans le cadre plus large du décret général. La doctrine de l’élection tiendrait difficilement si on la privait de la doctrine du décret général de tous les événements qui équivaut à la souveraineté de Dieu.
Comment Dieu aurait-il pu me choisir avant la fondation du monde, ce qui est un décret particulier, s’il n’avait pas décrété tout ce qui m’a précédé. Il a décrété ma naissance, donc la naissance de mes parents, qu’ils soient chrétiens ou non. Et non seulement leur naissance mais aussi la préservation de leurs vies et leur union dans le mariage. Et l’on doit remonter ainsi jusqu’à la création. Certains chrétiens, qui sont inconfortables avec l’idée d’un décret général, c’est-à-dire le fait que Dieu a tout décidé dans les moindres détails, préfèrent croire que Dieu a décrété certaines choses comme la création, ou le salut. Mais plusieurs autres choses seraient arrivées alors que Dieu ne les avait pas décrétées. En particulier l’entrée du mal dans le monde. Mais une telle proposition suscite la question suivante : Comment Dieu aurait-il prédestiné des gens en laissant tous les autres événements aller au gré du hasard ou soumis à la volonté humaine ou angélique?
Comment une personne élue pourrait-elle arriver au salut si même les évènements concourant à son existence sont incertains? Pour que le décret particulier du salut s’accomplisse efficacement comme Dieu l’a décrété, il faut nécessairement que tout ce qui encadre et précède ce décret soit aussi décrété. Autrement dit, pour que le décret de Dieu de me sauver puisse tenir, il a fallu que tout ce qui a précédé mon existence soit décrété. Si les Amérindiens avaient tués tous les Européens au temps de la colonisation, je ne serais pas au monde.
Quand je travaillais comme imprimeur, il arrivait que des clients me fassent promettre un travail pour telle date. Et parfois c’était très serré. Alors je leur disais que j’allais faire tout ce que je peux, mais que je ne pouvais pas donner une garantie blindée. Pourquoi? Parce que je ne contrôle pas tout. Il aurait pu y avoir une panne d’électricité, un bris de machinerie, j’aurais pu tomber malade. Je ne pouvais rien garantir parce que je ne contrôle pas tout. Dieu peut garantir tous les décrets parce qu’il contrôle tout. Il faut donc qu’il ait décrété tout ce qui arrive. Pour que les décrets particuliers tiennent, il faut qu’il y ait un décret général aussi. Nous allons donc regarder le décret général, c’est-à-dire ce qui touche à tout ce qui se passe dans la création, puis les décrets particuliers, c’est-à-dire la prédestination à la vie éternelle des élus.
Le décret général de tous les événements
J’annonce dès le commencement ce qui vient par la suite et longtemps d’avance ce qui n’est pas encore accompli. Je dis : Mon projet tiendra bon, et j’exécuterai tout ce que je désire. J’appelle de l’orient un oiseau de proie, d’une terre lointaine l’homme qui accomplira mes projets, ce que j’ai dit, je le fais arriver ; ce que j’ai conçu, je l’exécute. Ésaïe 46.10-11
Paul a écrit dans son épître aux Éphésiens une affirmation qui relie le décret général et les décrets particuliers.
En lui, nous avons aussi été mis à part, prédestinés selon le plan de celui qui opère tout selon la décision de sa volonté, Éphésiens 1.11
Nous avons été mis à part, prédestinés, c’est le décret particulier – selon le plan de celui qui opère tout selon la décision de sa volonté, c’est le décret général.
Daniel Durand, pasteur
11 novembre 2018