« Nous sommes déjà adoptés, faits fils et filles de Dieu, mais il reste un aspect à venir. Actuellement, c’est en esprit que nous avons été adoptés. Autrement dit, la vie de Dieu en nous est concrétisée par le fait que nous sommes devenus une nouvelle créature, mais ceci n’est vrai que pour notre esprit. Pour notre corps, ça viendra. Actuellement, nous avons accès auprès de Dieu et notre relation avec lui est réellement en tant qu’enfants de Dieu. En ce qui concerne notre corps, nous sommes encore éloignés. Notre corps doit être rapatrié auprès de lui. »
Introduction
La semaine passée, nous avions commencé à regarder la question de l’héritage et nous avions vu que cet héritage est ce qui avait été promis à Abraham. La question a été soulevée à savoir si c’est le même héritage que celui promis aux Juifs. Nous allons tourner dans Éphésiens 1 et je lirai en commentant à partir du verset 11 (Éphésiens 1.11). Tout d’abord, juste une mise en contexte : à partir du verset 3 (Éphésiens 1.3), Paul parle du salut, de la prédestination, du rachat, en utilisant le pronom « nous ».
En lui, nous avons aussi été mis à part, prédestinés selon le plan de celui qui opère tout selon la décision de sa volonté, afin que nous servions à célébrer sa gloire, nous qui d’avance avons espéré en Christ. (Éphésiens 1.11-12)
Là, Paul va changer de pronom : il va utiliser le « vous ».
En lui, vous aussi, après avoir entendu la parole de la vérité, l’Évangile de votre salut, en lui, vous avez cru et vous avez été scellés du Saint-Esprit qui avait été promis et qui constitue le gage de notre héritage, en vue de la rédemption de ceux que Dieu s’est acquis pour célébrer sa gloire. (Éphésiens 1.13-14)
Au verset 14 (Éphésiens 1.14), Paul est revenu avec le pronom « nous ». Pourquoi passe-t-il d’un pronom à l’autre comme ça? D’abord, jusqu’au verset 12 (Éphésiens 1.12), il s’intéresse à l’élection, mais en s’arrêtant aux Juifs élus. Au verset 13 (Éphésiens 1.13), il passe au « vous » pour dire que les païens aussi ont reçu le Saint-Esprit. Au verset 14 (Éphésiens 1.14), il reprend le pronom « nous », mais cette fois, pour englober tous les élus, d’origine juive et d’origine païenne. Au chapitre 2, dans les 2 premiers versets (Éphésiens 2.1-2), Paul revient avec le pronom « vous » pour parler encore une fois des chrétiens d’origine païenne, rappelant leur passé selon le cours de ce monde, selon le prince de la puissance de l’air, cet esprit qui agit maintenant dans les fils de la rébellion. Il revient avec le pronom « nous » au verset 3 (Éphésiens 2.3) pour dire que les Juifs étaient aussi de leur nombre, c’est-à-dire que les Juifs étaient aussi pécheurs que les païens.
Souvenez-vous donc de ceci : autrefois, vous, païens dans la chair, traités d’incirconcis par ceux qui se disent circoncis et qui le sont dans la chair et par la main des hommes, vous étiez en ce temps-là sans Christ, privés du droit de cité en Israël, étrangers aux alliances de la promesse, sans espérance et sans Dieu dans le monde. Mais maintenant, en Christ-Jésus, vous qui autrefois étiez loin, vous êtes devenus proches par le sang de Christ. Car c’est lui notre paix, lui qui des deux n’en a fait qu’un, en détruisant le mur de séparation, l’inimitié. (Éphésiens 2.11-14)
« [L] ui qui des deux », des deux quoi? Des Juifs et des païens. Il va poursuivre avec cette union entre ces deux entités :
Il a dans sa chair annulé la loi avec ses commandements et leurs dispositions, pour créer en sa personne, avec les deux, un seul homme nouveau en faisant la paix, et pour les réconcilier avec Dieu tous deux en un seul corps par sa croix, en faisant mourir par elle l’inimitié. Il est venu annoncer comme une bonne nouvelle, la paix à vous qui étiez loin et la paix à ceux qui étaient proches; car par lui, nous avons les uns et les autres accès auprès du Père dans un même Esprit. Ainsi donc, vous n’êtes plus des étrangers ni des gens de passage; mais vous êtes concitoyens des saints, membres de la famille de Dieu. (Éphésiens 2.15-19)
Jusqu’à la fin du chapitre 2, Paul va exposer que c’est ainsi que l’Église est constituée, c’est-à-dire des croyants d’origine juive et ceux d’origine païenne. Au chapitre 3, le développement se poursuit :
Ce mystère n’avait pas été porté à la connaissance des fils des hommes dans les autres générations, comme il a été révélé maintenant par l’Esprit à ses saints apôtres et prophètes : les païens ont un même héritage, forment un même corps et participent à la même promesse en Christ-Jésus par l’Évangile, (Éphésiens 3.5-6)
Dans le contexte, les païens ont le même héritage que les Juifs. Ceci nous montre que l’héritage que nous avons est ce qui avait été promis à Abraham. Ce n’est pas un nouvel héritage. Ce ne sont pas de nouvelles promesses. Les chrétiens ne reçoivent pas un héritage différent de celui promis à la nation issue d’Abraham. Nous sommes les héritiers. C’est donc que tout ce que Dieu a promis à Abraham, c’est pour les chrétiens, peu importe leur origine. Il faut cependant suivre le trajet du développement théologique de la notion d’héritage promis à Abraham. Nous en avions parlé dans l’école du dimanche. Le Seigneur s’adresse à Abraham :
J’établirai mon alliance avec toi et ta descendance après toi, dans toutes leurs générations : ce sera une alliance perpétuelle, en vertu de laquelle je serai ton Dieu et celui de tes descendants après toi. Je te donnerai, et à tes descendants après toi, le pays dans lequel tu viens d’immigrer, tout le pays de Canaan, en possession perpétuelle, et je serai leur Dieu. (Genèse 17.7-8)
Lorsque nous lisons ces versets, nous pensons que l’héritage que le Seigneur promet à Abraham et à toute sa descendance, c’est le territoire d’Israël, mais il y a tellement plus. Enfin, l’apôtre Paul voit un héritage tellement plus grand.
En effet, ce n’est point par la loi que l’héritage du monde a été promis à Abraham ou à sa descendance, c’est par la justice de la foi. (Romains 4.13)
Paul nous parle de ce qui a été promis à Abraham et il comprend que c’est le monde, le cosmos, l’univers. Donc, si l’héritage promis à Abraham est le monde et que nous sommes aussi héritiers selon la promesse faite à Abraham, c’est que nous recevons le monde en héritage. Le Fils de Dieu est l’héritier. Il règne sur toute la création. Nous sommes cohéritiers avec lui. Nous régnerons sur toute la création et nous la recevons en héritage.
Tout cela parce que nous sommes adoptés, nous sommes des fils et des filles de Dieu.
Nos corps
Paul parle d’un autre aspect de l’adoption.
Bien plus : nous aussi, qui avons les prémices de l’Esprit, nous aussi nous soupirons en nous-mêmes, en attendant l’adoption, la rédemption de notre corps. (Romains 8.23)
Ce verset se situe un peu après ceux que nous avons lus sur l’adoption. Nous sommes déjà adoptés, faits fils et filles de Dieu, mais il reste un aspect à venir. Actuellement, c’est en esprit que nous avons été adoptés. Autrement dit, la vie de Dieu en nous est concrétisée par le fait que nous sommes devenus une nouvelle créature, mais ceci n’est vrai que pour notre esprit. Pour notre corps, ça viendra. Actuellement, nous avons accès auprès de Dieu et notre relation avec lui est réellement en tant qu’enfants de Dieu.
En ce qui concerne notre corps, nous sommes encore éloignés. Notre corps doit être rapatrié auprès de lui. À cet effet, je recours encore à Olivier Favre dans son livre que je recommande chaudement, Le bon fondement. Voici ce qu’il dit :
« Pour bien comprendre cette distinction entre l’une et l’autre [c’est-à-dire entre l’adoption en esprit et l’adoption de notre corps], il faut encore nous pencher sur la coutume de l’adoption dans la société romaine du premier siècle. L’adoption se passait en deux temps. Il y avait tout d’abord une cérémonie privée, au cours de laquelle on déclarait un transfert d’autorité légale, attesté par des témoins, entre le père et le fils adoptif. Plus tard, avait lieu une cérémonie publique, au cours de laquelle une déclaration solennelle de filiation était proclamée devant tous. Voilà exactement ce qui se passe spirituellement. La première cérémonie privée en présence de témoins a déjà eu lieu. Le chrétien a reçu cette autorité légale de fils, l’Esprit Saint témoignant à son esprit qu’il est vraiment enfant de Dieu. Mais la cérémonie publique doit encore avoir lieu, lorsque le Seigneur proclamera publiquement devant tous : “Celui-ci est mon enfant, il a part à l’héritage.” C’est cette cérémonie que nous attendons encore, et elle aura lieu lors du retour glorieux de notre Seigneur. »
Ce point est important. Ce n’est pas parce que je suis malade que Dieu ne m’aime pas. Lorsque Paul dit que nous attendons la rédemption de notre corps, il signifie que nous n’avons pas reçu les bienfaits de cette rédemption. Sachons attendre l’accomplissement final du salut sans remettre en question les promesses de Dieu. Le fait que nous soyons adoptés devrait nous encourager. Je vous lis un passage écrit par Leon Morris :
« L’adoption d’un fils était une étape décisive, et était, en fait, irrévocable. Si, après une adoption, un fils naturel naissait, le fils adopté ne pouvait pas être renié, mais devait partager l’héritage avec le fils naturel. Dans ce cas particulier, le fils adopté était dans une meilleure situation que le fils naturel, parce que ce dernier pouvait être rejeté. »
Autrement dit, un fils naturel pouvait être renié, rejeté dans le monde grec, mais pas un fils adopté. La raison est que l’adoption avait un aspect légal. Il y avait un contrat. Quand Paul écrit sur l’adoption, que ce soit aux chrétiens de Rome ou à ceux de la Galatie, il écrit à des Églises où cette règle était en force. Quand les chrétiens lisaient qu’ils avaient été adoptés, ils avaient en tête cette assurance que Dieu ne les renierait ni ne les rejetterait.
Daniel Durand, pasteur
29 novembre 2017