La sanctification, partie 1

« La sanctification initiale est le fait que le Seigneur nous mette à part. Il nous régénère. Il nous sort de nous-mêmes en nous donnant une nouvelle nature. La nouvelle nature vient avec la nouvelle identité. À propos de l’adoption, la sanctification fait que nous sommes définitivement séparés du monde pour appartenir entièrement au Seigneur. Cette mise à part est opérée par le Seigneur seul. »

 

Introduction

Abba, Père

Dans les dernières semaines, nous avons vu les privilèges de l’adoption et le plus grand privilège est d’avoir Dieu comme Père, c’est-à-dire d’avoir une relation intime, une relation d’amour avec celui qui nous a créés et qui nous a sauvés. C’est d’avoir une relation qui fait en sorte que Dieu nous éduque, nous corrige, nous élève.

Il y a cependant de notre côté un danger : c’est de confondre l’intimité de la relation avec les familiarités. Certains abordent Dieu comme si c’était un ami. On va à la pèche avec notre père terrestre, on prend une bière avec lui. Nous avons des familiarités avec notre père terrestre. On pense que nous pouvons avoir aussi des familiarités avec notre Père céleste. Lorsque nous avons étudié la prière du Notre Père, nous avions vu l’expression Abba, Père et nous avions constaté que cette expression revient à trois reprises dans le Nouveau Testament, que le titre Abba n’est jamais utilisée sans le mot « Père ».

Il disait : Abba, Père, toutes choses te sont possibles, éloigne de moi cette coupe. Toutefois non pas ce que je veux, mais ce que tu veux. (Marc 14.36)

Et vous n’avez pas reçu un esprit de servitude, pour être encore dans la crainte, mais vous avez reçu un Esprit d’adoption, par lequel nous crions : Abba! Père! (Romains 8.15)

Et parce que vous êtes des fils, Dieu a envoyé dans nos cœurs l’Esprit de son Fils, qui crie : Abba! Père! (Galates 4.6)

C’est très révélateur que le titre Abba soit toujours accompagné du mot Père. Le titre Abba pourrait être traduit par « papa ». Le mot évoque une proximité pleine d’affection, mais la présence du mot « Père » nous garde d’avoir des familiarités légères avec Dieu. Dans la Bible, le père est le personnage de la famille qu’il faut le plus respecter.

La mode dans certains milieux veut qu’on approche Dieu avec des familiarités au nom de la liberté, au nom de la proximité, au nom de l’émancipation. C’est ainsi qu’on n’a plus de révérence pour Dieu : on l’approche comme on approche son beau-frère. Le mot « Père » doit nous garder de cela : notre Dieu est l’être qui est le plus respectable qui soit, qui mérite tous les honneurs, que nous devons approcher avec crainte et tremblements, nous dit l’apôtre Paul en Philippiens 2.12.

Responsabilités

Nous venons de voir les privilèges de l’adoption. Il y a aussi des responsabilités. La première, c’est l’obéissance. La relation Père-fils n’est pas une relation d’égal à égal. Dans cette relation, Dieu est le Père avec tout ce que ça représente et nous sommes ses enfants avec tout ce que ça représente.

Le Père éduque ses enfants, les élève, veille sur eux. Notre obéissance est requise. S’il nous éduque, c’est qu’il veut que nous changions de vie, que nous adoptions les valeurs qui sont siennes. Quoi de plus normal qu’un fils adoptif change complètement de vie pour s’adapter à sa nouvelle réalité? Quoi de plus normal que notre vie de fils et filles adoptés soit marquée par la gratitude qui nous conduit à tout faire pour plaire à notre Père céleste?

Quoi de plus normal que nous ne souillions pas la maison de notre Père céleste, puisque nous sommes sa maison? Nous avions vu que s’il n’y avait eu que la justification, le salut n’aurait pas grand valeur. Nous serions pardonnés, mais sans être accueillis dans la famille de Dieu. Je peux pardonner à mon voisin s’il me demande pardon, mais ensuite, il continue de faire sa vie; et moi, la mienne.

La justification est suivie de l’adoption. Non seulement nous sommes justifiés et pardonnés, mais nous sommes adoptés. Nous sommes accueillis, intégrés dans la famille de Dieu. Encore là, si le salut s’arrêtait là, il y aurait une autre difficulté. Laquelle?

La sanctification

C’est que le problème de notre péché ne serait pas réglé. Le Seigneur m’aurait pardonné, mais je continuerais éternellement à vivre dans mon péché. Il faut une autre œuvre par laquelle je suis débarrassé de mon péché : c’est la sanctification.

Définition

L’idée de sanctifier est de séparer, mettre à part, réserver pour un usage exclusif. L’Éternel est trois fois saint, il est séparé des pécheurs. Il y a deux volets à la sanctification : il y a la séparation initiale, que j’appellerais la « sanctification objective »; et il y a la sanctification progressive, que nous pourrions appeler « sanctification subjective » et que nous verrons plus tard.

Séparé en position

En premier lieu, tous les chrétiens sont saints, c’est-à-dire qu’ils ont été mis à part par Dieu.

Contrairement à l’enseignement catholique qui n’attribue le titre de saint qu’à une poignée de personnages historiques dont la piété et la conduite se sont démarquées, la Bible l’applique à tous les croyants.

Paul, appelé à être apôtre du Christ-Jésus par la volonté de Dieu, et le frère Sosthène, à l’Église de Dieu qui est à Corinthe, à ceux qui ont été sanctifiés en Christ-Jésus, appelés à être saints [mieux traduit par saints par vocation ou par appel], et à tous ceux qui, en quelque lieu que ce soit, invoquent le nom de notre Seigneur Jésus-Christ, leur Seigneur et le nôtre : (1 Corinthiens 1.1-2)

Ce qui surprend ici, c’est que Paul écrit cela aux chrétiens de Corinthe. Regardons quel genre d’Église c’était :

  • Problème d’unité : une Église pleine de divisions. Les uns se disaient de Paul; les autres, de Céphas; les autres d’Apollos.
  • Problème de pureté : un homme avait pris la femme de son père et les chrétiens ne disaient rien.
  • Problème d’autorité : un frère plaide contre un autre frère en cours chez les païens.
  • Problème d’insensibilité : les uns mangent des viandes sacrifiées aux idoles et deviennent des pierres d’achoppement pour d’autres.
  • Problème de sainteté : le repas du Seigneur était profané. Certains mangeaient et buvaient pour eux-mêmes. C’est au point où certains sont tombés malades et d’autres sont même décédés pour avoir ainsi agi.
  • Problème de désordre dans les réunions d’Église : les dons sont pratiqués, mais pas dans le but d’édifier.
  • Problème de combat spirituel : au chapitre 15 (Galates 15), Paul exhorte les chrétiens de Corinthe à se ressaisir et à ne plus pécher en considérant la résurrection à venir.

Quelle Église! Ce sont les chrétiens de cette Église que Paul désigne comme les saints, saints par vocation. La sanctification initiale est le fait que le Seigneur nous mette à part. Il nous régénère. Il nous sort de nous-mêmes en nous donnant une nouvelle nature. La nouvelle nature vient avec la nouvelle identité. À propos de l’adoption, la sanctification fait que nous sommes définitivement séparés du monde pour appartenir entièrement au Seigneur. Cette mise à part est opérée par le Seigneur seul.

Daniel Durand, pasteur
13 décembre 2017

Prédicateur invité

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