La providence de Dieu, partie 5

« Dans sa providence, Dieu se sert normalement de moyens, sauf qu’il est entièrement libre d’agir sans ces moyens, au-dessus de ces moyens ou même contre ces moyens. »

 

Introduction

La semaine dernière, nous avons vu l’étendue de la providence de Dieu. Nous avions vu que la providence de Dieu s’exerce sur tout, mais vraiment tout. Il n’y a rien qui arrive dans la création, visible et invisible, qui ne s’inscrit pas dans la providence de Dieu. Nous avions également vu que la providence de Dieu est autant pour les croyants que les non-croyants.

Le Seigneur a fait que toutes les nations humaines, issues d’un seul homme habitent sur toute la face de la terre ; il a déterminé les temps fixés pour eux et les bornes de leur demeure, afin qu’ils cherchent Dieu pour le trouver si possible, en tâtonnant. Or il n’est pas loin de chacun de nous, car en lui nous avons la vie, le mouvement et l’être. (Actes 17.26-28)

Paul ne parle pas des chrétiens seulement. Il vient de parler des gens de toutes les nations. Il ajoute que le Seigneur n’est pas loin de nous. Il inclut les auditeurs païens et il affirme qu’en lui, nous avons la vie, le mouvement et l’être. La providence de Dieu s’exerce autant sur les chrétiens que sur les non-chrétiens, mais avec une nuance importante. Dieu ne pourvoit pas aux mêmes choses pour les élus que pour les réprouvés. Pour les élus, il pourvoit à toutes les bénédictions spirituelles dans les lieux célestes. Il a pourvu des frères et des sœurs pour que nous puissions ensemble vivre la vie chrétienne. Il a pourvu en inspirant les Écritures et en les protégeant, en les préservant au fil des siècles, malgré certaines tentatives de certains ennemis de Dieu de les supprimer. Nous voyons cette nuance dans la providence de Dieu :

[…] nous travaillons et luttons, parce que nous avons mis notre espérance dans le Dieu vivant, qui est le Sauveur de tous les hommes, surtout des croyants. (1 Timothée 4.10)

Le mot « Sauveur » ici semble avoir un sens plus général que ce que nous entendons concernant Jésus qui nous sauve de nos péchés. Paul présente Jésus comme le sauveur de tous les hommes, surtout des croyants. Si ça concerne le salut, c’est soit que Jésus sauve quelqu’un, soit qu’il ne le sauve pas. En quoi Jésus serait-il « moins » sauveur pour les réprouvés ? Je pense qu’il n’est pas du tout sauveur pour eux. Il n’y a pas de degré dans le salut. On ne peut être sauvé plus ou moins qu’un autre. Dans ce sens, Jésus ne peut pas être plus sauveur pour un et moins pour l’autre. Dans les écrits extra-bibliques, le mot grec traduit par « sauveur » a très souvent le sens de « pourvoyeur », de « bienfaiteur », de « celui qui préserve ». Dans ce sens, le Seigneur préserve tous les hommes dans cette vie ici-bas. C’est lui qui donne le mouvement, la vie et l’être. Il fait pleuvoir sur les bons et sur les méchants.

Il fait toutefois plus pour les croyants. Il les préserve du péché et de la condamnation éternelle. Il leur donne la vie. Dans ce sens, Paul a pu dire que Jésus est le sauveur de tous les hommes, surtout des croyants.

L’utilisation des moyens

Nous allons maintenant parler des moyens de providence. Ce qui suit sera peut-être difficile à comprendre. J’en ai déjà parlé quand j’ai enseigné sur le décret divin, mais comme c’est un peu complexe, j’y reviens. Vous m’arrêterez si jamais je vous ai perdus. Il y a un lien entre la providence de Dieu et l’utilisation des moyens pour que les choses arrivent. Les moyens utilisés sont toutes les causes secondes qui interviennent dans le processus vers le résultat. Les fatalistes et les Arminiens plaident que si ce Dieu a ordonné toute chose, il faut en conclure que nous ne pouvons faire aucune différence.

La pensée biblique va exactement dans le sens opposé : la Bible ne dit pas que tout arrive par la seule cause divine, la cause première, mais par les causes secondes :

Par la même providence cependant, Dieu leur ordonne de se produire selon la nature des causes secondes […] (La Confession de foi baptiste de Londres de 1689)

Autrement dit, dans le mécanisme des causes, le Seigneur a tout créé pour que les causes secondes soient responsables, qu’elles aient à répondre de leurs actes.

Tant que la terre subsistera, les semailles et la moisson, le froid et la chaleur, l’été et l’hiver, le jour et la nuit ne cesseront pas. (Genèse 8.22)

On voit ici que Dieu s’engage à ce que l’ordre créationnel demeure tant que la terre subsistera. Comment Dieu peut-il dire cela ? C’est parce que c’est lui qui agit comme cause première, mais le Seigneur agit par les causes secondes. Tous les éléments créationnels servent de causes à autre chose : les pluies, par exemple, permettent aux végétaux de croître. Les pluies constituent une cause seconde à la croissance des végétaux. Ce texte nous assure de la providence de Dieu sur toute sa création tant que la terre subsistera. La doctrine de la providence de Dieu amplifie le lien que toute créature a avec le créateur : non seulement chaque être humain a été créé par Dieu, mais chaque être humain, en fonction de la providence divine, vit, reçoit chaque souffle qui passe par ses poumons, toute nourriture qui entre dans sa bouche, il reçoit tout de son créateur en fonction de sa providence. La difficulté pour nous est de croire en la responsabilité des causes secondes alors que les choses ont été décrétées. En fait, nous sommes devant une autre réalité qui nous dépasse : nous ne sommes pas capables de comprendre ces deux réalités à la fois. Pour nous, il nous faut choisir. Seulement, les Écritures maintiennent ces deux réalités. Dieu a créé tous les éléments de la nature en déterminant que ceux-ci agiraient selon leur nature et de façon à être responsables.

Mais si vous ne vous repentez pas, vous périrez tous de même. (Luc 13.3)

Nous avons ici l’affirmation de la responsabilité humaine dans le salut.

Après avoir entendu cela, ils se calmèrent et glorifièrent Dieu, en disant : Dieu a donc accordé la repentance aussi aux païens, afin qu’ils aient la vie. (Actes 11.18)

Nous avons ici la souveraineté de Dieu dans cette œuvre, c’est-à-dire que c’est Dieu qui fait que nous nous repentons, mais c’est nous qui nous repentons. Dieu est la cause première et nous sommes la cause seconde. Combien de fois avons-nous vu Dieu exercer sa providence en utilisant les moyens créationnels?

Il leur répondit : Voici : quand vous serez entrés dans la ville, un homme portant une cruche d’eau vous rencontrera ; suivez-le dans la maison où il entrera, et vous direz au maître de la maison : Le Maître te dit : Où est la salle où je mangerai la Pâque avec mes disciples ? Et il vous montrera une grande chambre haute, aménagée : c’est là que vous préparerez la Pâque. Ils partirent, trouvèrent les choses comme il le leur avait dit et préparèrent la Pâque. (Luc 22.10-13)

Le maître de la maison a librement prêté une chambre. Personne ne l’a forcé. Personne n’a outrepassé sa volonté. Le Seigneur avait décrété la fin et il a utilisé providentiellement les moyens.

Des moyens aussi surnaturels

Dans sa providence, Dieu se sert normalement de moyens, sauf qu’il est entièrement libre d’agir sans ces moyens, au-dessus de ces moyens ou même contre ces moyens.

Causes naturelles

Nous avons vu que Dieu utilise des moyens que nous appelons les causes secondes. Nous voyons par exemple :

Comme la pluie et la neige descendent des cieux et n’y retournent pas sans avoir arrosé, fécondé la terre et fait germer les plantes, sans avoir donné de la semence au semeur et du pain à celui qui mange, […] (Ésaie 55.10)

Ce verset présente une série de causes à effets : l’effet de la première cause devient la cause de l’effet suivant. Qu’est-ce que ça signifie ? C’est que Dieu a placé des moyens dans la création, des moyens naturels, que nous avons appelés les causes secondes. La pluie est donnée par Dieu. Dieu est la cause première, mais la pluie est une cause seconde de la croissance des végétaux. Nous savons que Dieu a placé dans la création des mécanismes naturels, de sorte que tout fonctionne selon un ordre parfait. Cela dit, ne pensons pas que la création fonctionne d’elle-même : c’est le Seigneur qui fait fonctionner ces mécanismes naturels et toute la création fonctionne comme cela. C’est de cette façon que le Seigneur soutient sa création. Autrefois, les agriculteurs priaient le Seigneur afin que les récoltes soient bonnes. Ils reconnaissaient que les mécanismes naturels avaient comme source et comme soutien le Créateur. Aujourd’hui, les gens se fient uniquement sur les mécanismes naturels, oublient et renient celui qui est derrière tout cela. Leurs dieux s’appellent Monsanto, John Deere, etc. Les moyens naturels ne sont pas la seule façon avec laquelle le Seigneur travaille. Le Seigneur utilise aussi d’autres méthodes.

Causes surnaturelles

Dieu est libre d’agir en dehors des moyens créationnels. Il peut guérir par des moyens naturels, mais aussi en dehors de ces moyens naturels. On peut regarder par exemple :

Mais j’aurai compassion de la maison de Juda ; je les sauverai par l’Éternel, leur Dieu, et je ne les sauverai ni par l’arc, ni par l’épée, ni par la guerre, ni par les chevaux, ni par les cavaliers. (Osée 1.7)

Ici, Dieu s’engage à faire une œuvre qui ne passera pas par les moyens naturels. Il peut guérir instantanément, mais le Seigneur pose parfois des gestes qui sont en dehors des mécanismes naturels.

Jésus vit un figuier sur le chemin et s’en approcha ; mais il n’y trouva que des feuilles et il dit : Qu’aucun fruit ne naisse jamais plus de toi ! Et à l’instant le figuier sécha. (Matthieu 21.19)

Un arbuste ne sèche jamais instantanément. Il meurt progressivement, puis sèche sur au moins quelques jours. Ici, le Seigneur n’a pas utilisé de moyen naturel, c’est-à-dire la mort du figuier et la chaleur du soleil. Sur la seule parole de Jésus, le figuier a séché à l’instant.

Daniel Durand, pasteur
4 août 2019

Prédicateur invité

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