La semaine passée, nous avons vu que Dieu exerce sa providence aussi sur les nations. Un texte très fort dans ce sens, Daniel 4.31-32 :
Après le temps marqué, moi, Neboukadnetsar, je levai les yeux vers le ciel, et la raison me revint. J’ai béni le Très-Haut, j’ai loué et glorifié celui qui vit éternellement, celui dont la domination est une domination éternelle, et dont le règne subsiste de génération en génération. Tous les habitants de la terre sont comme s’ils n’avaient pas de valeur ; le Très-Haut agit comme il lui plaît avec l’armée des cieux et avec les habitants de la terre, et il n’y a personne qui résiste à sa main et lui dise : Que fais-tu ? (Daniel 4.31-32)
Frères et sœurs, si nous pouvions réaliser que le Seigneur agit providentiellement dans notre vie, nous éviterions bien des frustrations. Nous éviterions tous ces faux raisonnements, comme :
- Le Seigneur avait un ministère pour moi, mais un autre m’a bloqué;
- Le Seigneur avait tel mari ou telle épouse pour moi, mais quelqu’un d’autre a empêché que ça se réalise;
- Le Seigneur m’avait destiné à une belle carrière de pilote d’avion, mais parce qu’un homme ivre m’a fauché, je suis devenu handicapé et ne pourrai jamais devenir ce que Dieu voulait que je devienne.
Si nos cheveux sont comptés, ça signifie que tout dans notre vie est sous sa souveraineté et que Dieu agit providentiellement dans tout, mais vraiment tout ce qui nous arrive. Même nos décisions sont sous sa gouverne providentielle, même nos mauvaises décisions :
Les dispositions du cœur appartiennent à l’homme, mais la décision que formule la langue vient de l’Éternel. (Proverbes 16.1)
Ceci dit, la coopération de Dieu ne doit pas nous déresponsabiliser. Nous avons des choix à faire et nous sommes totalement responsables de nos choix. Le fatalisme renie la réalité des choix des hommes. Le fatalisme croit que les choses arriveront, peu importe ce que nous faisons. Ce n’est pas la doctrine de l’Écriture. Le théologien Wayne Grudem donne l’analogie suivante pour nous aider à comprendre :
L’analogie de l’auteur écrivant une pièce peut nous être utile pour saisir comment les deux aspects peuvent être vrais en même temps. Dans la pièce de Shakespeare, Macbeth, Macbeth assassine le roi Duncan. Or, nous pourrions nous demander : « Qui a tué le roi Duncan? » À un certain niveau, on pourrait répondre que c’est Macbeth. Dans la pièce, c’est lui qui a commis le meurtre, il est donc normal de lui en faire porter la responsabilité.
À un autre niveau, on pourrait également répondre à cette question, que c’est William Shakespeare qui a causé sa mort : il a écrit la pièce, il en a créé tous les personnages et il a écrit la partie où Macbeth tue le roi Duncan. Il ne serait pas correct de dire que, parce que Macbeth a tué le roi Duncan, William Shakespeare n’a pas (d’une certaine façon) causé sa mort.
Il ne serait pas non plus correct de dire que, parce que William Shakespeare a causé la mort du roi Duncan, Macbeth ne l’a pas tué. Les deux sont vrais. Au niveau des personnages de la pièce, Macbeth a entièrement causé la mort du roi Duncan, mais au niveau du créateur de la pièce, William Shakespeare a entièrement causé la mort du roi Duncan.
De la même manière, nous pouvons comprendre que Dieu cause entièrement les choses d’une certaine manière (en tant que Créateur) et nous causons entièrement les choses d’une autre manière (en tant que créatures). Nous devons cependant veiller à ce que l’analogie de l’auteur d’une pièce (dans le sens d’écrivain, de créateur de cette pièce) ne nous amène pas à dire que Dieu est « l’auteur » du péché (celui qui commet le péché), car il ne commet jamais d’actions coupables et il ne se réjouit jamais du mal.
Le gouvernement
La providence de Dieu implique la gouvernance de Dieu, c’est-à-dire que Dieu agit providentiellement pour conduire la création au but fixé. Un verset que nous avons déjà vu :
Ce Fils, qui est le rayonnement de sa gloire et l’expression de son être, soutient toutes choses par sa parole puissante ; après avoir accompli la purification des péchés, il s’est assis à la droite de la majesté divine dans les lieux très-hauts, (Hébreux 1.3)
Nous avions vu Colossiens 1.17 qui dit :
Le Fils est avant toutes choses, et tout subsiste en lui. (Colossiens 1.17)
Le verbe grec traduit par « subsister » a le sens de « maintenir », « conserver », mais dans Hébreux 1.3, le verbe traduit par « soutenir » n’est pas le même qu’en Colossiens 1 :
Ce Fils, qui est le rayonnement de sa gloire et l’expression de son être, soutient toutes choses par sa parole puissante ; après avoir accompli la purification des péchés, il s’est assis à la droite de la majesté divine dans les lieux très-hauts, (Hébreux 1.3)
Dans Hébreux 1.3, le verbe a plutôt le sens de « porter », de « conduire ». On retrouve ce verset dans Marc 1.32 :
Le soir venu, après le coucher du soleil, on amena à Jésus tous les malades et les démoniaques. (Marc 1.32)
Le Fils conduit toutes choses par sa Parole puissante. L’idée est que le Fils agit souverainement et providentiellement dans la création pour la conduire au but final, c’est-à-dire qu’il dirige toute chose, tout ce qui arrive, vers un but final. Ce n’est pas comme le capitaine du bateau qui dirige le bateau pour le conduire à bon port, mais qui ne dirige pas tous les gestes de l’équipage.
Le Seigneur dirige tellement tout, de sorte que rien n’échappe à sa direction providentielle. Suite à la conférence que nous avons entendue récemment sur l’érosion des libertés religieuses au Canada, il est bon de se rappeler que rien n’échappe à la providence de Dieu : Il conduit sa création à sa finalité et il conduit chacun de ses enfants à sa finalité. C’est au point où rien ne se passe dans toute la création que Dieu ne fait pas contribuer à la finalité.
À la toute fin, quand nous comprendrons le pourquoi de tout ce qui s’est passé, les catastrophes sur la planète comme nos petites maladies, les grandes découvertes scientifiques comme nos petites réussites, les choses planétaires comme celles qui sont le plus intimes, nous réaliserons que le Seigneur a tout fait concourir au but fixé et nous rendrons gloire pour tout, vraiment tout ce qui s’est passé.
Le tirage au sort
Dans le cadre de cette série sur la providence de Dieu, nous allons maintenant voir la question du tirage au sort. Nombre de chrétiens s’adonnent à cette pratique, pensant y trouver là un moyen providentiel de Dieu pour connaître sa volonté. D’un côté, nous savons que le résultat d’un tirage au sort est dirigé par Dieu :
On jette le sort dans le pan de la robe, mais toute décision vient de l’Éternel. (Proverbes 16.33)
La question est un peu plus compliquée qu’elle n’en paraît : c’est vrai que si je tire au sort, c’est Dieu qui décide du résultat final. Par contre, si Dieu donne un autre moyen pour prendre une décision et que nous tirons tout de même au sort, qu’arrivera-t-il? Par exemple, un jeune homme veut savoir si c’est la volonté du Seigneur qu’il fréquente telle jeune fille. Il ne doit pas tirer au sort. Il doit examiner les critères bibliques et il doit utiliser les ressources que la Bible lui demande d’utiliser : par exemple, le conseil de ses parents, si ses parents sont chrétiens; le conseil de frères et sœurs qui font preuve de maturité spirituelle. Si on veut nommer un ancien, on n’a pas à tirer au sort : les Écritures nous fournissent des balises avec des critères pour les reconnaître. Alors, si on tire au sort et que c’est Dieu qui dirige les tirages au sort, qu’arrivera-t-il dans ces situations?
Personnellement, je crois que Dieu va diriger, mais pas selon sa volonté morale. Il peut diriger vers un mauvais choix pour que nous comprenions que ce n’est pas la manière qu’il nous demande d’opérer. Par contre, si nous utilisons sérieusement les moyens que Dieu donne, nous avons toutes les raisons de croire que Dieu va diriger selon sa volonté morale. Par exemple, si une Église veut nommer des diacres, elle ne doit pas tirer au sort, mais examiner si un ou plusieurs hommes correspondent aux critères bibliques.
Daniel Durand, pasteur
17 novembre 2019