Dans son livre de théologie systématique, le théologien Wayne Grudem a un chapitre sur la providence de Dieu. Il développe ce sujet en trois parties : la conservation de la création, la coopération de Dieu avec les éléments créés et le gouvernement de Dieu sur la création. Je vais utiliser ces 3 points.
La conservation
La providence de Dieu fait que Dieu conserve sa création :
Le Fils est avant toutes choses, et tout subsiste en lui. (Colossiens 1.17)
Le verbe grec traduit par « subsister » a le sens d’« établir », de « maintenir ». Ça nous dit que tout, mais vraiment tout dans la création, tient, est maintenu par le Fils. C’est dans sa providence que le Fils maintient tout en ordre dans la création. Rien ne tient sans ce rôle du Fils qui tient tout en cohésion. En 2 Pierre 3.7, il est dit :
[…] par la même parole, les cieux et la terre actuels sont gardés en réserve pour le feu, en vue du jour du jugement et de la perdition des impies. (2 Pierre 3.7)
Autrement dit, les cieux et la terre, c’est-à-dire toute la création, sont gardés en réserve. Ils sont maintenus dans leur état, et ce, jusqu’au jour du jugement. Dans cette providence, tous les éléments de la création conservent leur nature propre, leurs propriétés. La Bible nous parle de l’eau : c’est la même eau que nous avons aujourd’hui. Dieu maintient également les lois naturelles qu’il a aussi créées. Ces lois sont importantes pour au moins deux raisons. La première, c’est qu’elles révèlent que Dieu est un Dieu d’ordre. Les choses se passent de manière ordonnée. La pluie tombe et retourne dans l’atmosphère par voie d’évaporation. C’est une loi naturelle. Ça révèle que Dieu est un Dieu d’ordre. Il n’est pas désordonné. La deuxième raison pour laquelle les lois naturelles sont importantes, c’est qu’elles sont nécessaires à l’homme. L’homme a besoin de savoir qu’il y a des lois naturelles pour vivre. Même les animaux : certains oiseaux reconnaissent le cycle des saisons. Ils émigrent à la bonne saison, puis reviennent à une autre saison. L’homme a reçu le mandat d’assujettir la terre, mais pour l’assujettir, il a besoin d’étudier les lois naturelles. L’homme a dû apprendre les lois naturelles de l’agriculture pour survivre. Encore ici, la connaissance du cycle des saisons est nécessaire à l’agriculteur. L’homme ne pourrait pas assujettir la terre sans les lois naturelles.
Le fait que Dieu ait créé le temps rend inévitable les lois naturelles. Les choses se passent dans un ordre qui nécessite le temps. La femme tombe enceinte et ça prend environ neuf mois pour que l’enfant naisse. L’agriculteur plante un grain et il doit savoir que ça va pousser, mais que ça va prendre un certain temps. L’homme mange et il doit savoir que ce qu’il a mangé lui procure des forces mais pour un temps. L’homme dort et il sait que son repos va durer quelques heures pour reprendre ses activités, le matin venu. Sans les lois naturelles, il n’y aurait pas de science. J’utilise le mot « science » dans un sens plus large que la science académique. La mère qui cuisine fait de la science. Une recette de cuisine, c’est de la chimie : on mélange certains ingrédients; parfois, on laisse reposer; ensuite, on fait chauffer un truc qu’on ajoute au mélange initial; on fait cuire le tout. Le forgeron qui conçoit des outils fait de la science. Dans le jardin, quand on enfonce la pelle pour creuser et qu’on ramène le manche à l’arrière pour soulever la motte de terre, on utilise le principe d’Archimède, celui du levier. Pour que la motte décolle de 15 centimètres, le manche doit être abaissé vers l’arrière de presque un mètre : c’est le principe du levier. Le déplacement du manche doit être de beaucoup supérieur au déplacement de la motte de terre : c’est de la physique. Tout repose sur les lois naturelles. Sans ces lois, l’homme serait dans un monde d’imprévus et ne pourrait rien structurer. Donc, la réalité du temps oblige les lois naturelles et les lois naturelles se constatent dans le temps.
La coopération
Dans sa providence, Dieu coopère avec les choses créées. En Éphésiens 1.11, Paul dit que Dieu :
[…] opère tout selon la décision de sa volonté […] (Éphésiens 1.11)
Le sens du verbe est « agir », « être à l’œuvre », « produire », « déployer ». La Bible affirme cette œuvre continuelle de Dieu dans des textes qui nous semblent parfois poétiques, mais qui devraient être interprétés plus littéralement que nous le pensons :
Feu et grêle, neige et brouillard, vent de tempête, qui exécutez sa parole, (Psaumes 148.8)
Tout ce que l’Éternel veut, il le fait, dans les cieux et sur la terre, dans les mers et dans tous les abîmes. Il fait monter les brumes des extrémités de la terre, il produit les éclairs avec la pluie, il tire le vent de ses trésors. (Psaumes 135.6-7)
Dieu envoie la pluie. Il coopère avec la nature des éléments créés.
L’Éternel fait germer l’herbe pour le bétail, et les plantes pour le service des humains, pour tirer le pain de la terre, Le vin qui réjouit le cœur de l’homme, et fait plus que l’huile resplendir son visage, et le pain qui soutient le cœur de l’homme. (Psaumes 104.14-15)
On se rappellera que Dieu avait confié à l’homme le rôle d’agriculteur, c’est-à-dire de cultiver le sol, mais derrière ce moyen naturel, c’est-à-dire que l’homme cultive, c’est Dieu qui fait germer l’herbe. Même l’herbe qui pousserait sans l’activité de l’homme, comme un champ laissé à l’abandon est envahi par des herbes, ce champ produit grâce à la pluie, grâce à la pollinisation faite par les vents ou les insectes, grâce au sol qui nourrit, grâce à de multiples facteurs qui travaillent ensemble. Derrière tout cela, c’est Dieu qui fait germer. Le texte dit bien que c’est Dieu qui fait germer sans que ça remette en question que cette germination se fait à l’intérieur des lois naturelles. Dieu coopère avec les éléments qui agissent selon leur nature. Les lois naturelles ne fonctionnent jamais seules. Elles demeurent, parce que Dieu les fait opérer. Dieu coopère avec ce qu’il a créé. Il en est de même pour les animaux :
Tous ces animaux mettent leur espoir en toi, pour que tu leur donnes leur nourriture en son temps. Tu la leur donnes, et ils la recueillent ; tu ouvres ta main, et ils se rassasient de biens. (Psaumes 104.27-28)
Les animaux se nourrissent tous par des moyens naturels, des lois naturelles. Lorsqu’un prédateur court après sa proie, il court : si la proie change de direction dans sa fuite, le prédateur la suit. Pourtant, le texte dit bien que les animaux reçoivent de la main de Dieu leur nourriture. Jésus nous enseigne que c’est notre Père céleste qui nourrit les oiseaux du ciel. Donc, Dieu coopère avec les éléments de la création en fonction de la nature de chacun d’eux. Ceci dit, nous ne devons pas croire que Dieu agit dans une partie du résultat et que les moyens naturels font le reste. Dieu agit complètement souverainement à travers les moyens naturels. La providence de Dieu s’applique aussi dans la direction des nations :
Il donne de l’accroissement aux nations et il les fait périr ; il étend au loin les nations et il les ramène. Il enlève l’intelligence aux chefs des peuples, il les fait errer dans les déserts sans chemin Et tâtonner dans les ténèbres, sans lumière : il les fait errer comme des gens ivres. (Job 12.23-25)
L’égarement, le rejet de l’héritage judéo-chrétien que nous observons sur l’Occident en particulier n’est pas étranger à la providence de Dieu. Derrière toute cette rébellion, c’est Dieu qui plonge ces hommes dans les ténèbres. Le texte dit bien que Dieu leur retire l’intelligence et qu’il le fait errer comme des gens ivres :
Dieu règne sur les nations. (Psaumes 47.9)
Daniel Durand, pasteur
10 novembre 2019