« Imaginons que l’on remette en question le littéralisme. Est-ce que nous descendons tous d’Adam? Sur quelle base dirons-nous que nous sommes en Adam, d’une race pécheresse si Adam est une image? Il nous faut maintenir l’historicité. »
La semaine passée, nous avons commencé à examiner certaines raisons qui devraient nous convaincre de l’interprétation littérale des premiers chapitres de la Genèse. Nous avons vu que le rejet de l’interprétation littérale ouvre grandement la porte au libéralisme théologique, que la base du commandement de faire tout notre travail en 6 jours et nous reposer le 7e est perdue et que la définition du mariage est ébranlée.
Race en Adam
Nous allons poursuivre ce matin avec la notion d’alliance en Adam. Ceux qui rejettent le littéralisme de Genèse 1 et 2 ébranlent de facto le fait que tous les hommes naissent en Adam. Dans les chapitres 1 et 2 de Genèse, nous apprenons que toute la race humaine a débuté par un seul couple, Adam et Ève. Ève a été tirée d’Adam. Je propose qu’Ève a été créée de la côte d’Adam afin qu’Ève soit aussi de la race d’Adam, dans l’alliance adamique.
Si Ève avait été créée directement de la poussière du sol, comme ce fut le cas pour Adam, je ne pense pas qu’Ève aurait été « en Adam ». Adam a entraîné toute la race humaine dans la désobéissance par son péché. Quand Adam et Ève ont été expulsés du jardin, c’est aussi toute la descendance qui a été expulsée. Les enfants sont nés en dehors du jardin. Ils étaient aussi coupés de la communion avec Dieu. Toute la crédibilité de la Bible débute avec le récit de la création. Imaginons que l’on remette en question le littéralisme. Est-ce que nous descendons tous d’Adam? Sur quelle base dirons-nous que nous sommes en Adam, d’une race pécheresse si Adam est une image? Il nous faut maintenir l’historicité.
Vous savez peut-être que les libéraux, c’est-à-dire ceux qui rejettent l’inspiration des Écritures, affirment que les 11 premiers chapitres de la Genèse ne sont pas historiques. Les théologiens évangéliques qui remettent en question le littéralisme de Genèse 1 et 2 ouvrent la porte aux libéraux. Si Genèse 1 et 2, puis 3 pour certains évangéliques, ne doivent pas être interprétés littéralement, c’est-à-dire au sens propre, sur quelle base devrions-nous interpréter Genèse 4, puis 5, et on ne sait plus où s’arrêter… sur quelle base allons-nous interpréter littéralement les autres chapitres? Il me semble que de donner un sens figuré au récit de la création entraîne le lecteur sur une piste très incertaine.
Analogie de la foi
Un autre point qui devrait nous aider et de voir que, lorsque le reste des Écritures interprète le récit de la création, c’est toujours le sens littéral qui revient.
Généalogie
Les récits de la Genèse se succèdent, qu’on pense aux généalogies, et sont tous présentés comme historiques. Il y a une lignée, une descendance qui part d’Adam et qui va à Jésus-Christ en passant par Abraham, Noé, David et d’autres. Si l’on touche à l’historicité du début, tout s’écroule. Comment penser que les premières générations de la généalogie ne sont pas historiques, à commencer par Adam et Ève, et qu’à un moment donné dans la généalogie, à partir d’on ne sait quelle génération, le reste de la généalogie soit historique. La Bible présente l’arbre généalogique de Jésus à partir d’Adam. Dans cet arbre, les premières branches ne seraient pas historiques, alors que les autres le seraient?
Jésus
La crédibilité de Jésus et des apôtres serait aussi remise en question puisqu’ils ont affirmé l’historicité du récit de la Genèse. Jésus répond à une question sur le mariage dans Matthieu 19.4-5 :
4 N’avez-vous pas lu que le Créateur, au commencement, fit l’homme et la femme 5 et qu’il dit : C’est pourquoi l’homme quittera son père et sa mère et s’attachera à sa femme, et les deux deviendront une seule chair. Ainsi ils ne sont plus deux, mais une seule chair.
Un texte parallèle encore plus fort. Marc 10.6 :
Mais au commencement de la création, Dieu fit l’homme et la femme ;
Matthieu dit simplement : « Au commencement, Dieu fit… ». Certains pourraient dire qu’il s’agit du commencement de l’humanité et non de toute la création. Mais le texte de Marc nous garde de cette gymnastique. L’homme et la femme ont bel et bien été créés au commencement de toute la création. C’est-à-dire qu’ils font partie de ce qui a été créé dans la semaine de création. Mais si des milliards d’années ont précédé Adam et Ève, le texte de Marc n’a plus de sens. Jésus réfère au récit de Genèse 1 à 3 en le considérant toujours comme littéral. Le peuple juif, Jésus et les apôtres ne considèrent jamais le contenu de la Genèse comme figuré ou comme littéraire. Les textes sont toujours accueillis dans une compréhension littérale. J’ai cité Jésus qui répond aux Pharisiens en rappelant ce que Dieu a fait au commencement.
Paul
Paul a également compris littéralement le récit de la Genèse. La femme ne peut pas prendre autorité sur l’homme parce que l’homme a été créé le premier, 1 Timothée 2.13 :
Car Adam a été formé le premier, Ève ensuite ;
Comme ceux qui remettent en question le littéralisme de Genèse 1 et 2 remettent souvent en question le littéralisme de Genèse 3, regardons aussi comment Genèse 3 a été compris par Paul. Paul parle du péché d’Adam. L’humanité est dans le péché parce que son représentant a commis la chute. Romains 5.12 :
C’est pourquoi, de même que par un seul homme le péché est entré dans le monde, et par le péché la mort, et qu’ainsi la mort a passé sur tous les hommes, parce que tous ont péché, …
Pierre
Pierre réfère à la Genèse dans une interprétation littérale lorsqu’il parle du déluge. De sorte que rejeter le littéralisme pose des problèmes face à ce que Jésus et les apôtres ont dit, et vient ébranler plusieurs doctrines fondamentales.
Opposition des deux récits
Maintenant, que devons-nous penser du fait qu’il y a deux récits de la création, c’est-à-dire Genèse 1.1 à 2.3 pour le premier, et Genèse 2.4 à 25 pour le second? Plusieurs ont opposé Genèse 1 et Genèse 2, disant qu’il y avait deux récits de la création qui ne concordent pas. C’est intéressant de constater comme Jésus les a considérés. Matthieu 19.4-5 :
4 Jésus répondit : N’avez-vous pas lu que le créateur, au commencement, fit l’homme et la femme…
Ici, Jésus cite Genèse 1.27, qui fait partie de ce qu’on appelle le premier récit de la création. Dans la même respiration, Jésus ajoute… Matthieu 19.5 :
5 et qu’il dit : C’est pourquoi l’homme quittera son père et sa mère, et s’attachera à sa femme, et les deux deviendront une seule chair?
Ici, Jésus cite Genèse 2.24 qui fait partie du second récit de la création. Dans une même réponse, Jésus cite Genèse 1 et Genèse 2 comme faisant partie du même récit. Jésus ne voyait pas d’opposition entre les deux chapitres. En fait, c’est vrai que la création de l’homme est mentionnée en Genèse 1 et qu’elle revient au chapitre 2. La raison est que le chapitre 1 présente le récit de l’ensemble de la création. Alors que le chapitre 2 se concentre sur l’homme et la femme. Genèse 2 reprend le jour 6 de Genèse 1 et donne des précisions. En fait, les deux chapitres sont complémentaires. Nous avons vu la plupart des difficultés qui deviennent des pierres d’achoppement chez certains théologiens et qui adoptent d’autres positions que la lecture littérale. Mais un changement d’interprétation n’est pas la réponse.
Maintenant que nous avons regardé les principales interprétations de Genèse 1 et 2, pour ensuite examiner quelques difficultés textuelles, nous allons passer à la théologie de la création. C’est-à-dire les doctrines qui découlent de la création.
Doctrines de la création
Pour la gloire de Dieu
La première doctrine que je vous présente sur la création, et c’est la chose la plus importante, est que Dieu a tout créé pour sa propre gloire. La gloire de Dieu signifie que tout dans la création reflète et révèle les attributs de Dieu. La sagesse de Dieu se voit dans toute la création. La toute-puissance de Dieu se voit dans le fait que Dieu a tout créé. La justice de Dieu se voit aussi dans la création puisque Dieu a donné sa loi à Adam, en particulier celle de ne pas manger de l’arbre de la connaissance du bien et du mal. Et aussi dans le fait qu’Adam et Ève, dès leur création, avaient l’œuvre de la loi écrite dans leur cœur. La bonté de Dieu se voit dans le fait que Dieu a tout prévu dans la création pour répondre aux besoins de celle-ci. L’homme sait qu’il est créé avec des besoins physiques et que ces besoins sont répondus dans la création. Nous avons besoin de manger, le Seigneur a pourvu la nourriture. Nous avons besoin de respirer, le Seigneur a pourvu l’air. Nous aurions très bien pu être créés sans avoir besoin de manger ni de respirer. Mais Dieu nous a créés avec des besoins, et il répond à nos besoins dans la création. Il nous a créés avec le besoin de nous reposer. Il a fait le jour et la nuit afin de nous donner une période d’activité et une période de repos. La création révèle les bontés de Dieu. Actes 14.16-17 :
16 Dans les générations passées, il a laissé toutes les nations suivre leurs propres voies, 17 quoiqu’il n’ait cessé de rendre témoignage de ce qu’il est par ses bienfaits, en vous donnant du ciel les pluies et les saisons fertiles, en vous comblant de nourriture et de bonheur dans le cœur.
Deux textes nous parlent du fait que la création révèle Dieu. Psaume 19.2 :
Les cieux racontent la gloire de Dieu, et l’étendue céleste annonce l’œuvre de ses mains.
Romains 1.20 :
…les perfections invisibles de Dieu, sa puissance éternelle et sa divinité, se voient fort bien depuis la création du monde, quand on les considère dans ses ouvrages.
Révélation générale
On dit que la création est la révélation générale alors que la Bible est la révélation spécifique. La création est dite révélation générale parce que tous les hommes ont accès à cette révélation. Le théologien Wayne Grudem ajoute qu’elle est générale parce qu’elle révèle des généralités sur Dieu. Nous venons de lire le début du psaume 19 ainsi que quelques versets de Romains 1. Mais dans l’homme, Dieu a aussi placé des éléments qui sont aussi révélation générale.
La notion de l’éternité
D’abord la conscience de l’éternité. Ecclésiaste 3.11 :
Tout ce que Dieu a fait est beau en son temps, et même il a mis dans le cœur des humains la pensée de l’éternité, bien que l’homme ne puisse pas saisir l’œuvre que Dieu a faite, du commencement jusqu’à la fin.
Dieu a mis dans le cœur des humains la pensée de l’éternité. Tous les hommes pensent à l’éternité. D’où venons-nous? Où allons-nous après la mort? Quand on parle d’éternité, on n’a pas besoin d’expliquer aux hommes ce que c’est. Ils le savent. Mais cette révélation de l’éternité est limitée. La fin du verset nous dit bien que l’homme ne puisse pas saisir l’œuvre que Dieu a faite, du commencement jusqu’à la fin. La révélation générale révèle beaucoup, mais pas le plan de Dieu. C’est la révélation spéciale, la Bible, qui révèle le plan de Dieu.
Daniel Durand, pasteur
10 mars 2019