La création de Dieu, partie 6

« Nous devons utiliser l’intelligence que Dieu nous donne, mais pas comme une intelligence autonome et apte à juger ce que Dieu a fait. Notre intelligence doit être soumise à Dieu. En tant qu’image de Dieu, nous devons le refléter et non chercher à être l’original. »

 

Herméneutique

Nous arrivons maintenant à des questions herméneutiques, c’est-à-dire qui touchent les règles d’interprétation de la Bible.

 

Logique humaine

La première règle herméneutique en lien avec notre étude est que nous devons interpréter les Écritures par les Écritures. Or, ce n’est pas ce que l’on voit chez ceux qui rejettent le littéralisme de Genèse 1 et 2. Le théologien bien connu Henri Blocher accorde une très grande crédibilité au scientifique chrétien Jean Humbert qui est évolutionniste. Blocher a même préfacé son livre intitulé Création/évolution, faut-il trancher? D’ailleurs, Blocher, dans son livre Révélation des origines, aux pages 92 et suivantes, remet en question l’historicité du fait que la femme a été tirée de l’homme. Sa raison? Il dit : « la présence d’un ou de plusieurs jeux de mots fait douter de l’intention littérale de l’auteur[1] ». La Bible est remplie de jeux de mots, et dans beaucoup d’autres enseignements, Blocher ne manque pas de les souligner. Alors si la présence de jeux de mots rend le texte figuré, il ouvre dangereusement la porte à allégoriser énormément de textes bibliques.

 

Et le scientifique chrétien Jean Humbert, influencé par Henri Blocher puisqu’il le cite comme appui, affirme dans son livre, à la page 208 que : « Que Dieu ait pu faire sortir Eve d’une côte d’Adam, je le crois. Dieu peut toutes choses. Mais ce récit m’embarrasse. Je suis un peu gêné quand je le prends dans sa simplicité littérale, non pas à cause du miracle, mais je suis surpris d’y voir Dieu agir d’une façon si humaine, presque comme un prestidigitateur, ce qui n’est pas généralement sa façon de faire ». Le premier problème de ces considérations est la gêne que certains textes suscitent. Mais en réalité, la gêne ne vient pas des textes. Elle vient des individus qui refusent ce qui ne correspond pas à leur logique. Nous ne devons pas accepter ou rejeter un sens en fonction de ce qui convient à notre logique. Est-ce logique que Marie soit tombée enceinte sans être allée vers un homme? Est-ce logique que Jésus soit ressuscité, et non seulement ressuscité, mais ressuscité dans un corps glorifié? La logique humaine ne doit pas intervenir dans l’interprétation des textes. Cette semaine, un homme qui ne croit pas que Dieu a choisi ceux qui allaient être sauvés m’a dit qu’il ne trouvait pas ça logique. Pour lui, ce n’est pas logique que Dieu en ait choisi certains et ait rejeté les autres. Bien que le récit biblique pose des difficultés de compréhension, nous ne devons pas remettre en question le littéralisme. Nous n’avons pas le droit d’imaginer une intention à l’auteur parce que nous ne comprenons pas ou parce qu’il n’entre pas dans notre logique. La foi exige de ne pas tout comprendre. Notre intelligence est limitée, beaucoup plus que nous le pensons. La science, aussi avancée soit elle, a ses limites. Elle ne doit jamais passer devant la révélation. Ceci dit, ça ne signifie pas que nous ne devons pas utiliser notre intelligence. Nous devons utiliser l’intelligence que Dieu nous donne, mais pas comme une intelligence autonome et apte à juger ce que Dieu a fait. Notre intelligence doit être soumise à Dieu. En tant qu’image de Dieu, nous devons le refléter et non chercher à être l’original.

 

Porte ouverte au libéralisme

Nous allons maintenant voir ce qu’engendre une interprétation autre que le littéralisme. Le rejet du littéralisme engendre des problèmes. Si Genèse 1 n’est pas littéral, qu’est-ce qui nous dit que Genèse 2 l’est? Et Genèse 3? Le rejet du littéralisme ouvre la porte au libéralisme. Plusieurs des théologiens qui n’adhèrent pas à l’interprétation littérale des deux premiers chapitres de la Genèse remettent aussi en question le littéralisme de Genèse 3, c’est-à-dire la chute de l’homme. Alors que les Juifs ont toujours compris le récit de la création littéralement, c’est-à-dire 6 jours de 24 heures pour que tout soit créé, et le jour 7, le jour où Dieu s’est reposé de ses œuvres créationnelles. Les théologiens libéraux n’ont aucune difficulté à admettre l’historicité de la Genèse à partir du chapitre 12.  Ils contestent l’historicité des 11 premiers chapitres. Ils veulent rejeter la création telle qu’elle est présentée, ils veulent rejeter l’histoire du jardin d’Éden. Ils rejettent le déluge. Et pourtant, le texte de Genèse 1 et 2 se présente comme une simple narration tout comme le reste de la Genèse. Donc, l’historicité des 11 premiers chapitres est rejetée par les libéraux, mais à partir du chapitre 12, où Abraham entre en scène, c’est historique. C’est littéral. À partir d’Abraham, il existe des documents et des preuves archéologiques qui attestent que les personnages ont bel et bien existé. Autrement dit, il est difficile de remettre en question l’historicité d’Abraham. Or, Abraham apparaît au chapitre 12 de la Genèse. Le hic, c’est que le livre de la Genèse nous présente aussi la généalogie d’Abraham qui remonte jusqu’à Adam et Ève. Les théologiens qui remettent en question l’historicité et l’interprétation littérale de Genèse 1 à 11 se trouvent à éroder la crédibilité de Genèse 12 et des autres chapitres. La raison c’est qu’à partir de Genèse 12, Abraham est présenté comme un descendant des personnages mentionnés dans les 11 premiers chapitres de la Genèse. Si l’on remet en question l’historicité de Genèse 1, on ouvre la porte à une remise en question des autres chapitres. Comment Abraham pourrait-il être présenté comme le descendant de personnages non historiques? Le livre de la Genèse se présente plutôt comme un livre qui décrit les évènements primitifs dans un style narratif. Et rien dans le texte ne propose un sens autre que le sens littéral.

 

Le sabbat

Nous allons maintenant regarder le lien entre le récit de la création et le 4e commandement.

Exode 20, versets 8 à 11 :

 

8 Souviens-toi du jour du sabbat, pour le sanctifier. 9 Tu travailleras six jours, et tu feras tout ton ouvrage. 10 Mais le septième jour est le sabbat de l’Éternel, ton Dieu : tu ne feras aucun ouvrage, ni toi, ni ton fils, ni ta fille, ni ton serviteur, ni ta servante, ni ton bétail, ni l’étranger qui réside chez toi. 11 Car en six jours l’Éternel a fait le ciel, la terre, la mer et tout ce qui s’y trouve, et il s’est reposé le septième jour : c’est pourquoi l’Éternel a béni le jour du sabbat et l’a sanctifié.

 

Dieu a béni le 7e jour sur la base qu’il a tout créé en 6 jours et qu’il s’est reposé le 7e jour. Le verbe reposer n’insinue pas que Dieu fût exténué. Le verbe indique seulement que Dieu a cessé ses activités créationnelles. Je trouve que le rejet de l’interprétation littérale rend sans effet le 4e commandement. Alors que le littéralisme prend toute sa valeur comme modèle de la semaine pour l’homme. Comment comprendre que Dieu nous demanderait de modeler notre semaine, de gérer notre temps sur un récit qui n’en serait pas vraiment un? Comment comprendre que dans le même commandement, le Seigneur nous demande de travailler 6 jours et de respecter le sabbat le 7e, que ces jours sont de 24 heures… et que la raison qui est donnée, toujours dans le même verset, le Seigneur a tout fait en 6 jours et s’est reposé le 7e, ces jours n’en seraient pas? Un autre texte. Exode 31.15-17 :

 

15 On travaillera six jours ; mais le septième jour ce sera le sabbat, le jour férié, consacré à l’Éternel. Quiconque fera quelque ouvrage le jour du sabbat sera puni de mort. 16 Les Israélites observeront le sabbat ; ils célébreront le sabbat dans toutes leurs générations, comme une alliance perpétuelle. 17 Ce sera entre moi et les Israélites un signe qui devra durer à perpétuité ; car en six jours l’Éternel a fait les cieux et la terre, et le septième jour il a cessé son œuvre et il s’est reposé.

 

La célébration du sabbat était un signe de l’alliance parce que Dieu a fait la même chose, il a œuvré pendant 6 jours et le 7e, il s’est reposé de ses œuvres créationnelles.

 

Le mariage

Le rejet du littéralisme ébranle sérieusement l’institution du mariage. 1 Corinthiens 11.8-12 :

 

8 En effet, l’homme n’a pas été tiré de la femme, mais la femme a été tirée de l’homme ; 9 et l’homme n’a pas été créé à cause de la femme, mais la femme à cause de l’homme. 10 C’est pourquoi la femme, à cause des anges doit avoir sur la tête une marque de l’autorité dont elle dépend. 11 Toutefois, dans le Seigneur, la femme n’est pas sans l’homme, ni l’homme sans la femme. 12 Car de même que la femme a été tirée de l’homme, de même l’homme naît par la femme, et tout vient de Dieu.

 

Frères et sœurs. Si la femme n’a pas été tirée de l’homme, faisant référence au fait que la femme a été créée à partir d’une côte de l’homme, c’est toute la structure conjugale qui tombe. La différence de rôle propre à chacun tombe. Si la femme n’est pas tirée d’une côte de l’homme, l’affirmation « os de mes os, chair de ma chair » perd toute sa réalité. 1 Timothée 2.11-14 :

 

11 Que la femme s’instruise en silence avec une entière soumission. 12 Je ne permets pas à la femme d’enseigner, ni de prendre autorité sur l’homme mais qu’elle demeure dans le silence. 13 Car Adam a été formé le premier, Ève ensuite ; 14 et ce n’est pas Adam qui a été séduit, c’est la femme qui, séduite, s’est rendue coupable de transgression.

 

Où Paul prend-il l’idée que c’est l’homme qui a été créé en premier? En Genèse 2. Paul reçoit littéralement ce qui est décrit en Genèse 2.

 

Homme et femme

L’être humain est créé mâle et femelle. Nous devons maintenir les différences entre les hommes et les femmes. Par la tenue vestimentaire, par les fonctions à la maison comme à l’église. Nous sommes dans une société qui vise à éteindre les marques de différences entre les hommes et les femmes. Les hommes et les femmes portent leurs bijoux et se vêtissent de façon très semblable. On parle que l’homme a un côté féminin et que la femme a un côté masculin. On dénature les 2 sexes de cette façon. Si nous voulons refléter notre créateur, il nous faut maintenir les différences dans toutes ses expressions. Mais aussi, le fait que l’homme et la femme soient tous les deux créés à l’image de Dieu démontre la dignité et l’égalité de chacun. Ces différences reposent sur le fait qu’Ève a été tirée d’Adam.

 

Daniel Durand, pasteur

3 mars 2019

 



[1] Révélation des origines, Henri Blocher, p. 93.

Prédicateur invité

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