La création de Dieu, partie 13

« Pour nous, chrétiens, nous savons que c’est Dieu qui a créé autant le corps que l’esprit et que ce sont les deux qui forment l’homme. Nous devons honorer le Seigneur dans notre corps comme dans notre esprit. L’individu, qui vient du mot « indivisible », a deux éléments constitutifs et les deux fonctionnent ensemble. La Bible présente une action concertée du corps et du cœur […] Celui qui croit vraiment du cœur va confesser de la bouche. Ce n’est pas seulement son âme qui est atteinte par la conversion : son corps, ses actions également. […] La conscience est souvent vue comme la faculté de discerner ce qui est bien et ce qui est mal. […] Ceci dit, la conscience n’est pas autonome. On ne peut pas suivre notre conscience. Sinon, ça signifierait que notre conscience est infaillible ou que le bien et mal sont des notions subjectives. Puisque nous sommes des être limités de par notre statut créationnel, notre conscience est aussi limitée. Nous avons reçu un radar qui nous permet de discerner certaines choses. Ceci dit, le radar est limité. Il ne peut faire l’analyse de tout ce qui passe sous ses yeux. La conscience a ses limites. » 

 

Corps et âme

Dans les dernières semaines, dans le cadre de la doctrine de la création, nous avons vu que l’homme est constitué de deux parties, le corps et l’âme, ou le corps et l’esprit. Nous avons vu qu’âme et esprit sont très souvent interchangeables. Par exemple, rendre l’âme, c’est rendre l’esprit. Je précise toutefois que, dans la Bible, les mots sont parfois utilisés dans des sens différents.

Le mot âme peut aussi désigner la personne toute entière, corps et esprit. Par contre, rendre l’âme ne peut impliquer le corps. Rendre l’âme est synonyme de rendre l’esprit. Nous rencontrons les deux expressions dans les Écritures. Certains disent que l’homme est une âme et qu’il a un esprit. Le sujet est en fait complexe pour plusieurs raisons.

Premièrement, il y a toute une gamme de termes qui sont utilisés : le cœur, la pensée, la conscience, l’âme, l’esprit, la volonté, l’intelligence, etc. En plus, la plupart de ces mots sont utilisés dans des sens différents que nos traductions ne font pas toujours ressortir. Deuxièmement, la Bible ne nous dit pas ce qu’une notion inclut. Par exemple, est-ce que la volonté fait partie de l’âme ou si c’est à part ? Pour citer Jules-Marcel Nicole dans son Précis de doctrine chrétienne, « on ne dissèque que des cadavres ». Autrement dit, on ne peut disséquer l’intériorité de l’homme. Une erreur serait de dissocier le corps de l’intériorité de l’homme. Nous avions aussi vu que les gnostiques voyaient la matière, incluant le corps humain, comme mauvaise, une enveloppe qui constitue une obstacle à la vraie connaissance du divin. Plusieurs écrits du Nouveau Testament visent à contrer l’hérésie gnostique, en particulier la première épître de Jean. Imaginez les conséquences du gnosticisme sur le christianisme.

Nous proclamons que Dieu s’est fait chair. Notre Dieu a pris un corps matériel, alors que les gnostiques cherchent à se libérer de leur corps. Pour eux, l’esprit doit s’émanciper de son corps et c’est par la connaissance que c’est possible. Pour nous, chrétiens, nous savons que c’est Dieu qui a créé autant le corps que l’esprit et que ce sont les deux qui forment l’homme. Nous devons honorer le Seigneur dans notre corps comme dans notre esprit. L’individu, qui vient du mot « indivisible », a deux éléments constitutifs et les deux fonctionnent ensemble. La Bible présente une action concertée du corps et du cœur :

Si tu confesses de ta bouche le Seigneur Jésus, et si tu crois dans ton cœur que Dieu l’a ressuscité d’entre les morts, tu seras sauvé. (Romains 10.9)

Celui qui croit vraiment du cœur va confesser de la bouche. Ce n’est pas seulement son âme qui est atteinte par la conversion : son corps, ses actions également. C’est la même chose pour le fait de louer le Seigneur. C’est tout notre être qui se mobilise pour le louer :

Que tout mon être psalmodie en ton honneur et ne soit pas muet. (Psaumes 30.13)

Celui qui ne se repent pas en ressent les effets dans son corps également :

[…] un esprit abattu dessèche les os. (Proverbes 17.22)

Ce qui se passe dans l’esprit atteint le corps. Il y a une mystérieuse relation entre l’âme et le corps. Satan a compris cela. Il profite de moments de fatigue pour tenter. Il l’a fait avec Jésus qui n’avait pas mangé pendant 40 jours. Il l’a fait avec Élie. Lorsque le corps est fatigué, l’âme est plus vulnérable. La relation « corps et âme » amène une autre application. Notre ministère et notre responsabilité en tant que chrétiens ne peuvent être réduits aux besoins spirituels en laissant de côté les besoins physiques.

Si quelqu’un a faim, nous ne pouvons lui dire « Que le Seigneur te bénisse » sans lui donner à manger. Si nous voulons exercer le ministère envers les âmes, nous ne pouvons ignorer leurs besoins physiques. Une autre application de l’anthropologie biblique, c’est que l’union étroite entre le corps et l’esprit doit nous convaincre que les problèmes des gens ne doivent pas être relégués uniquement sur le plan physique ou uniquement sur le plan spirituel.

Il y a des maladies qui ont des causes spirituelles. Rappelons-nous que des Corinthiens sont tombés malades pour avoir profané la sainte Cène. Ce ne sont pas toutes les maladies qui ont une cause spirituelle, mais parfois, c’est le cas. Il se peut que le Seigneur mette au lit son enfant afin de parler à son cœur sur un péché auquel il a résisté jusqu’à maintenant. Personnellement, c’est ma compréhension de ce que Jacques enseigne sur l’onction d’huile. Avec certains commentateurs, je pense que l’onction d’huile est un générique qui signifie les premiers soins. Nous lisons dans la parabole du bon Samaritain ce qui suit en Luc 10.34 :

Le Samaritain s’approcha, et banda les plaies de l’homme tombé au milieu des brigands, en y versant de l’huile et du vin […] (Luc 10.34)

Ésaïe 1.6 dit :

De la plante du pied jusqu’à la tête, rien n’est en bon état ; blessures, contusions, plaies vives n’ont été ni pansées, ni bandées, ni adoucies par l’huile. (Ésaïe 1.6)

Je pense que lorsque Jacques prescrit l’onction d’huile sur les malades, il a en tête de prodiguer les premiers soins. Si c’est la bonne interprétation, Jacques serait en train de dire de ne pas s’intéresser aux besoins spirituels seulement mais aussi aux besoins physiques. Une autre application de ce principe concerne la bienfaisance que nous devons faire comme chrétiens.

Personnellement, il me semble que les comptoirs de nourriture que certaines Églises ont passent à côté de la mission si le message de l’évangile n’est pas annoncé en même temps. La mission de l’Église n’est pas d’enrayer la faim dans la société mais d’annoncer l’évangile du royaume. Je ne suis pas contre les œuvres de bienfaisance, mais il faut que le message de l’évangile soit annoncé. Lorsque Jésus a nourri la foule, il l’a fait parce qu’elle venait d’être enseignée et que le Maxi le plus proche était encore trop loin. Le lendemain matin, la même foule courait après Jésus pour avoir d’autre nourriture et Jésus la leur refuse. Je ne pense pas que ce soit la mission de l’Église de nourrir les gens comme ça, mais si nous le faisons, il faut absolument que l’évangile soit prêché en même temps. Sinon, c’est que nous acceptons que des gens aillent en enfer, en s’apaisant la conscience parce qu’ils y vont le ventre plein.

C’est comme si je suis sur le bord d’une rivière au débit rapide, que je sais qu’il y a une chute mortelle à un kilomètre et que, voyant des personnes dans des embarcations qui se dirigent droit vers la chute, je leur offre des bouteilles d’eau pour les rafraîchir. La doctrine de l’anthropologie biblique nous conduit à aider les gens, dans leur corps et dans leur âme.

La conscience

Toujours dans la constitution de l’homme tel qu’il a été créé, nous allons maintenant regarder la question de la conscience. L’homme a aussi été créé avec une conscience. Dans notre esprit, il y a la conscience. Ce n’est pas une partie de l’esprit. La conscience peut être vue comme la sensibilité de l’esprit au bien et au mal. J’ai déjà parlé de la conscience il y a peut-être deux ans : ce sera donc un rappel pour certains. D’abord, un texte qui affirme la réalité de la conscience dans la nature de l’homme créée par Dieu :

Quand les païens, qui n’ont pas la loi, font naturellement ce que prescrit la loi, eux qui n’ont pas la loi, ils sont une loi pour eux-mêmes ; ils montrent que l’œuvre de la loi est écrite dans leurs cœurs ; leur conscience en rend témoignage, et leurs raisonnements les accusent ou les défendent tour à tour. (Romains 2.14-15)

Il y a d’autres textes qui parlent de la conscience de l’homme naturel, mais celui-ci est le plus fort pour deux raisons. Ce texte ne s’intéresse pas à un groupe d’individus au sein de l’humanité, mais il parle de tous les hommes sans exception. Ensuite, ce texte relie le fonctionnement de la conscience des hommes à la loi de Dieu. Dieu a créé l’homme avec une conscience. La conscience est un merveilleux appareil que Dieu a placé dans l’homme.

La conscience est souvent vue comme la faculté de discerner ce qui est bien et ce qui est mal. L’étymologie du mot « conscience », en grec comme en français, signifie « avec la connaissance ». Il s’agit d’une faculté à l’intérieur de l’homme qui lui donne un sens du bien et du mal. Ceci dit, la conscience n’est pas autonome. On ne peut pas suivre notre conscience. Sinon, ça signifierait que notre conscience est infaillible ou que le bien et mal sont des notions subjectives.

Puisque nous sommes des être limités de par notre statut créationnel, notre conscience est aussi limitée. Nous avons reçu un radar qui nous permet de discerner certaines choses. Ceci dit, le radar est limité. Il ne peut faire l’analyse de tout ce qui passe sous ses yeux. La conscience a ses limites. La Bible ne dit pas que Dieu a donné une conscience laissée à elle-même. Ce que la Bible dit, c’est que Dieu a équipé la conscience. Il a écrit sa loi dans le cœur de tous les hommes, leur conscience en rend témoignage. La conscience est un peu comme les nerfs de la morale : elle réagit aux gestes, aux pensées, aux paroles de l’individu en fonction de la loi écrite dans leur cœur. La conscience compare ce qui est commis par l’individu avec la loi écrite dans son cœur et elle réagit en fonction du décalage entre les deux. La conscience est ce qui rend le pécheur inconfortable :

Mais l’Esprit dit expressément que, dans les derniers temps, quelques-uns abandonneront la foi, pour s’attacher à des esprits séducteurs et à des doctrines de démons, par l’hypocrisie de faux discoureurs marqués au fer rouge dans leur propre conscience. (1 Timothée 4.1-2)

Nous ne voyons pas la conscience des gens. C’est invisible. Ça ne paraît pas, mais elle est là : elle agit et elle condamne ou approuve. Ça vous est sûrement arrivé de vouloir commettre un péché ou simplement de refuser de faire un bien que vous devriez faire. L’apôtre Jacques dit que l’omission est aussi un péché : votre conscience vous parle, elle vous accuse. Le réflexe pécheur est de philosopher, de se trouver des raisons, des excuses pour se justifier. On cherche à apaiser notre conscience.

Par exemple, je sais que mon frère a réellement besoin d’être encouragé. Il a des épreuves qu’il traverse difficilement. J’ai l’occasion d’aller prendre un café avec lui, mais en même temps, j’ai la possibilité de faire quelque chose qui m’attire davantage comme un loisir et, là, je fais le mauvais choix. Au lieu de penser à mon frère, je pense à moi. Ma conscience m’accuse. Le réflexe du cœur humain, c’est de dire que j’ai le droit de penser à moi de temps en temps, j’ai des besoins moi aussi. On philosophe et on cherche à faire taire notre conscience.

Daniel Durand, pasteur
5 mai 2019

Prédicateur invité

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