« Ces personnes étaient des descendants de la femme sur l’aspect biologique, mais ce n’est pas cet aspect qui compte : c’est l’aspect spirituel qui est déterminant. Les descendants de la femme sont tous les membres du peuple de Dieu et les descendants du serpent sont tous ceux qui s’opposent à Dieu. Il n’y a pas de troisième groupe. Tous les hommes appartiennent à un des deux groupes. »
Conséquences
Dans le cadre de notre étude sur la chute de l’homme, nous allons maintenant regarder les conséquences que Dieu inflige suite à tout ce qui vient de se passer.
Le serpent
Nous allons lire les versets 14 et 15 où Dieu s’adresse au serpent :
L’Éternel Dieu dit au serpent : Puisque tu as fait cela, tu seras maudit entre tout le bétail et tous les animaux de la campagne, tu marcheras sur ton ventre et tu mangeras de la poussière Tous les jours de ta vie. Je mettrai inimitié entre toi et la femme, entre ta descendance et sa descendance : Celle-ci t’écrasera la tête, et tu lui écraseras le talon. (Genèse 3.14-15)
J’ai souvent parlé de ces versets, en particulier, le verset 15 : un mot sur le fait que le serpent doit marcher sur son ventre. Est-ce à dire qu’il ne marchait pas sur son ventre avant? Je pense que oui. Il y a plusieurs reptiles qui marchent sur des pattes. Il y en a même un qui aurait mille pattes. En fait, c’est pour dire qu’il en a beaucoup: il existe plusieurs sortes de mille-pattes et la plupart n’en ont que 18; d’autres, 20. En anglais, un mille-pattes, c’est « centipede », ce qui signifie « cent pattes ». Donc, plusieurs reptiles ont des pattes, qu’on pense au crocodile, à la tortue, au lézard et à plusieurs autres. Alors, il semble bien qu’avant la chute, la reptation du serpent se faisait sur des pattes; puis, après la chute, sur son ventre. Je pense qu’il y a un sens symbolique à cela. Dieu avait dit à l’homme que le jour où il mangerait de l’arbre de la connaissance du bien et du mal, il mourrait. L’homme a été créé à partir de la poussière du sol et la mort qu’il encourait le ramène à cette poussière. Nous verrons cela plus loin avec le verset 19, mais pour l’instant, voyons que le sol est maintenant maudit et que la mort lui est rattachée. En disant au serpent qu’il devra marcher sur son ventre et manger de la poussière, le Seigneur est en train de lui dire que la mort est dorénavant son lieu. Le sol est maudit et le serpent est dorénavant lié à la malédiction. C’est au serpent que le Seigneur annonce la victoire définitive :
Je mettrai inimitié entre toi et la femme, entre ta descendance et sa descendance : Celle-ci t’écrasera la tête, et tu lui écraseras le talon. (Genèse 3.15)
J’ai souvent parlé de ce verset, mais j’y reviens pour faire ressortir quelques points concernant la chute. D’abord, dès la chute, Dieu s’engage. « Je mettrai inimitié ». Dieu met l’inimitié, l’hostilité. Nous avions aussi vu que la notion de descendance n’est pas une descendance biologique : la descendance du serpent n’est pas les serpentaux, mais tous ceux qui rejettent Dieu. Matthieu 3.7 rapporte le ministère de Jean Baptiste :
Comme Jean voyait venir au baptême beaucoup de Pharisiens et de Sadducéens, il leur dit : Races de vipères, qui vous a appris à fuir la colère à venir ? (Matthieu 3.7)
Ces personnes étaient des descendants de la femme sur l’aspect biologique, mais ce n’est pas cet aspect qui compte : c’est l’aspect spirituel qui est déterminant. Les descendants de la femme sont tous les membres du peuple de Dieu et les descendants du serpent sont tous ceux qui s’opposent à Dieu. Il n’y a pas de troisième groupe. Tous les hommes appartiennent à un des deux groupes. Maintenant, pourquoi la descendance de la femme et non pas celle d’Adam? Au moins trois réponses peuvent être données : la première, c’est qu’Adam était déjà la tête de l’alliance adamique. Spirituellement, il avait déjà failli dans son rôle. La deuxième, c’est que le peuple de Dieu est souvent désigné sous une figure féminine : la Fille de Sion, l’Épouse du Christ. La troisième est un peu plus compliquée : l’accomplissement de l’alliance passe par la descendance. Effectivement, c’est Jésus-Christ, descendant par excellence, que l’alliance s’accomplit.
Dans l’alliance, il y a Dieu et il y a son peuple, c’est-à-dire que Dieu fait alliance avec son peuple. De plus, le peuple de Dieu ne pouvait rien faire pour accomplir l’alliance. Seul Dieu pouvait le faire. Comme le mariage est l’emblème de l’union entre Dieu et son peuple, l’Église étant l’épouse du Christ, l’Église ne pouvait rien faire pour accomplir l’alliance : elle ne fait que recevoir. Je pense que c’est Karl Barth qui fait ressortir le point suivant : lorsqu’un couple conçoit un enfant, l’homme donne et la femme reçoit. Ce point est intéressant, parce que l’accomplissement de l’alliance exigeait la descendance. La femme ne peut que recevoir et ça peut être une autre explication pour expliquer que le peuple de Dieu est représenté sous une figure féminine.
La femme
Après s’est adressé au serpent, le Seigneur parle à la femme :
Dieu dit à la femme : Je rendrai tes grossesses très pénibles, c’est avec peine que tu accoucheras. Tes désirs se porteront vers ton mari, mais il dominera sur toi. (Genèse 3.16)
Comme je vous l’ai dit récemment, le texte original ne suggère pas du tout que les douleurs de l’enfantement étaient présentes avant la chute et que le Seigneur les aurait simplement augmentées en conséquence de la chute. Le texte original dit simplement qu’il y aura des douleurs nombreuses reliées à l’enfantement. On lit souvent ce verset et le suivant comme si Dieu prononçait une malédiction contre nos premiers parents et, par conséquent, contre toute l’humanité, mais en réalité, ces versets annoncent une bonne nouvelle : la femme aurait des douleurs reliées à l’enfantement, mais elle enfantera. Le mandat de se multiplier et de remplir la terre demeure. Le Seigneur n’a pas soutiré à l’homme et la femme le mandat créationnel. Je vous cite Henri Blocher :
La bénédiction, le pouvoir de procréer : cela reste à l’humanité ; mais il s’y mêle l’amertume, le cadeau devient fardeau. (Révélation des origines, p. 178)
Désirs de la femme
Le Seigneur ajoute que les désirs de la femme se porteront vers son mari. Cette phrase a été comprise de diverses façons. Certains théologiens comprennent qu’il s’agit de désirs sexuels; d’autres, du désir profond d’une femme de trouver son réconfort auprès de son mari. Pour ma part, et d’autres théologiens proposent cette piste, il faut d’abord voir le parallèle évident en hébreu entre ce verset et ce que Dieu dit à Caïn :
[…] tes désirs se porteront vers ton mari, mais il dominera sur toi. (Genèse 3.16)
Les désirs de ton péché se portent vers toi : mais toi, domine sur lui. (Genèse 4.7)
Ces deux versets sont construits sur la même structure linguistique et c’est voulu. Ça nous place sur une piste pour comprendre ce qui est dit concernant les désirs de la femme vis-à-vis son mari. Les désirs de la femme envers son mari sont du même ordre que les désirs du péché pour Caïn. Je verrais mal qu’il s’agisse des désirs sexuels, parce que ceux-ci ne sont pas mal en soi à l’intérieur du mariage.
Il semble plutôt que les désirs, que ce soit ceux d’Ève ou ceux de Caïn, soient illégitimes. Le parallèle entre les deux versets indiquent que ces désirs doivent être réfrénés, empêchés. Ce désir est celui de diriger, de dominer : chez Caïn, le péché voulait dominer sur lui; chez la femme, il semble que ce soit le désir de dominer sur son mari.
Domination du mari
La fin du verset qui dit « mais ton mari dominera sur toi » a aussi été compris de diverses façons. Certains y voient une tyrannie du mari envers sa femme; d’autres, les efforts que le mari devra faire pour contrer les désirs illégitimes de sa femme de dominer. Encore ici, il me semble que le parallèle avec Caïn nous aide : Dieu demande à Caïn de dominer sur son péché. Cette domination est saine.
Alors, je trouve que la position la plus solide est celle d’une saine domination du mari, comme chef dans l’alliance du mariage et de la famille.
Daniel Durand, pasteur
23 février 2020