Aujourd’hui, nous allons voir un personnage qui a marqué son époque : Gédéon. Gédéon est au cœur de toute la période des Juges, période pendant laquelle Dieu envoya justement des juges pour ramener le peuple à ses responsabilités vis-à-vis Dieu. Le texte que nous allons regarder va nous placer devant ce que j’appelle le cycle spirituel. Il s’agit de cinq phases circulaires qu’on peut retenir par cinq mots qui débutent par la lettre R et dont l’action alterne entre le peuple et Dieu.

- D’abord, le peuple se révolte : la révolte est l’abandon de la loi de Dieu;
- Dieu amène la ruine : c’est la réprobation. Dieu utilise surtout les nations ennemies pour punir son peuple;
- Le peuple se repent;
- Dieu sauve son peuple : c’est la rédemption, non pas la rédemption en Jésus-Christ, mais Dieu sauve son peuple des conséquences de sa révolte. On est dans une alliance d’ombres et c’est dans ces temps de rédemption que le Seigneur envoie des juges;
- Puis, c’est le repos. Dans le livre, c’est la paix avec les nations ennemies. Ce repos dure jusqu’à la mort du juge.
Qu’arrive-t-il ensuite? Le peuple finit par se révolter. Il recommence à désobéir au Seigneur. Uniquement au chapitre 3 des Juges, vous allez voir ce cycle deux fois. Autrement dit, après que Dieu eut restauré; le peuple se révolte à nouveau; Dieu amène une nouvelle ruine; le peuple se repent à nouveau; Dieu restaure à nouveau; et ainsi de suite. C’est un cycle, un cycle qu’on retrouve peut-être dans nos vies.
Prière
Avant d’aller au texte biblique, nous allons prier.
Texte biblique
Nous lirons dans le livre des Juges, au chapitre 6, les versets 1 à 6a :
Versets 1 à 6a
Les Israélites firent ce qui est mal aux yeux de l’Éternel ; et l’Éternel les livra entre les mains de Madian, pendant sept ans. La main de Madian fut puissante contre Israël. C’est à cause de Madian que les Israélites se firent des tranchées dans les montagnes, des cavernes et des fortifications. Quand Israël avait semé, Madian montait avec Amalec et les bédouins de l’Orient, et ils montaient contre lui. Ils campaient en face de lui, détruisaient les productions du pays jusque vers Gaza et ne laissaient en Israël ni vivres, ni brebis, ni bœuf, ni âne. Quand ils montaient avec leurs troupeaux et leurs tentes, ils arrivaient comme une multitude de sauterelles, et ils étaient innombrables, eux et leurs chameaux, et ils venaient dans le pays pour le ravager. Israël fut très appauvri par Madian, […] (Juges 6.1-6a)
Nous avons, dans ces quelques versets, la triste description du peuple. D’abord, les Israélites firent ce qui est mal aux yeux de l’Éternel. Tout débute là. C’est l’élément déclencheur. Le peuple qui avait été délivré et qui avait reçu la loi de Dieu se comporte de façon rebelle à Dieu. Le peuple en était venu à adorer des divinités païennes. Cette première étape, c’est la révolte.
La désobéissance est suivie du jugement. Les Israélites ont été livrés aux mains de l’ennemi. Deuxième étape, après la révolte, c’est la ruine. Dieu se sert des païens pour opprimer son peuple avec les conséquences à la désobéissance. Le verset 1 dit bien que Dieu livra les Israélites aux Madianites. Pendant sept ans, les Madianites ont opprimé les Israélites. Ce fut sept années pénibles, sept années où le peuple n’a pas vu la bénédiction de Dieu. La domination des Madianites était forte sur les Israélites. Les Israélites qui étaient censés être chez eux étaient forcés de se cacher, de fuir dans les grottes et les montagnes. Quand les Israélites ensemençaient (Juges 6.3-5), les Madianites, aidés d’autres nations païennes, ramassaient les récoltes et prenaient même leurs animaux. Le verset 6 résume : « Les Israélites furent réduits à une grande misère par les Madianites ».
Quel contraste : Dieu avait promis un pays où coulent le lait et le miel et les Israélites sont humiliés dans leur propre pays, mais Dieu a un but à tout cela.
Versets 6b à 10
[…] les Israélites crièrent à l’Éternel. (Juges 6.6b)
Après la révolte et la ruine, c’est la troisième étape : la repentance.
Lorsque les Israélites crièrent à l’Éternel au sujet de Madian, l’Éternel leur envoya un prophète. (Juges 6.7)
Remarquez bien comment le prophète rappelle au peuple les bénédictions reçues dans le passé :
Il leur dit : Ainsi parle l’Éternel, le Dieu d’Israël : Je vous ai fait monter d’Égypte et je vous ai fait sortir de la maison de servitude. Je vous ai délivrés de la main des Égyptiens et de la main de tous vos oppresseurs ; je les ai chassés devant vous et je vous ai donné leur pays. Je vous ai dit : Je suis l’Éternel, votre Dieu : vous ne craindrez pas les dieux des Amoréens dans le pays desquels vous habitez. Mais vous n’avez pas écouté ma voix. (Juges 6.8-10)
C’est intéressant de voir comment Dieu répond au cri du peuple. Ce prophète qu’il envoie commence par rappeler au peuple la délivrance d’Égypte, qui comportait une réalité qui était rattachée à cette délivrance (Juges 6.10). Dieu avait dit au peuple :
[…] Je suis l’Éternel, votre Dieu, […] (Juges 6.10)
Autrement dit, votre dieu n’est pas vous-mêmes, votre dieu n’est pas le dieu des Madianites que vous adorez présentement. Je suis votre seul Dieu, Je suis le seul que vous devez adorer, Je suis le seul que vous devez écouter et à qui vous devez obéir, Je suis le seul que vous devez servir, Je suis le seul à qui vous devez abandonner, confier vos vies, Je suis l’Éternel votre Dieu. Dieu rajoute au verset 10 :
[…] Mais vous n’avez pas écouté ma voix. (Juges 6.10)
Dieu ordonne et le peuple désobéit. Vous savez, on se met toujours dans le pétrin quand on veut vivre notre vie selon nous-mêmes et non selon Dieu. Nous ne devrions jamais séparer bénédiction et obéissance. Le texte donne un contraste entre le fait que Dieu a délivré son peuple d’Égypte (Juges 6.9) et le fait qu’il le livre maintenant aux Madianites (Juges 6.1). Le peuple perd les bénédictions, du moins pour un temps. Dieu renvoie la balle dans le camp des Israélites. Vous criez à moi pour être délivrés, mais comment voulez-vous réellement être délivrés si vous ne revenez pas réellement à moi? Qu’est-ce que vous attendez de moi alors que vous voulez rester dans vos péchés? Dieu nous délivre pour que nous vivions pour lui. Combien de fois voulons-nous être bénis, mais sans abandonner ce que Dieu nous demande d’abandonner? C’est impossible. C’est comme la personne qui abuse du sucre et qui voudrait être délivrée du diabète, mais sans changer ses habitudes alimentaires. Nous avons, dans les versets suivants, les promesses de Dieu. Premier élément de la promesse : un libérateur.
Versets 11 à 16
Puis vint l’Ange de l’Éternel, et il s’assit sous le térébinthe [sorte d’arbre] d’Ophra [un village], qui appartenait à Joas, du clan d’Abiézer. Gédéon, le fils de Joas, battait du froment au pressoir pour le mettre à l’abri de Madian. L’Ange de l’Éternel lui apparut et lui dit : L’Éternel est avec toi vaillant héros ! Gédéon lui dit : Ah ! mon seigneur, si l’Éternel est avec nous, pourquoi tout cela nous est-il arrivé ? Et où sont tous ses prodiges que nos pères nous racontent, quand ils disent : l’Éternel ne nous a-t-il pas fait monter hors d’Égypte ? Maintenant, l’Éternel nous abandonne et nous livre entre les mains de Madian ! L’Éternel se tourna vers lui et dit : Va avec cette force que tu as, et tu sauveras Israël de la main de Madian ; n’est-ce pas moi qui t’envoie ? Il lui répondit : Ah ! mon seigneur, avec quoi sauverai-je Israël ? Voici que ma parenté est la plus pauvre en Manassé, et je suis le plus petit dans la maison de mon père. L’Éternel lui dit : Mais je serai avec toi et tu battras Madian comme un seul homme. (Juges 6.11-16)
L’Ange de l’Éternel est Dieu lui-même. Le texte passe de l’Ange de l’Éternel à l’Éternel lui-même. La première chose que l’Ange de l’Éternel dit à Gédéon sera déterminante : « L’Éternel est avec toi vaillant héros ». Cette formulation de la présence de Dieu, on la retrouve ailleurs dans les Écritures et elle est toujours une affirmation de l’engagement de Dieu en vertu de son alliance.
« Vaillant » héros indique le courage de Gédéon, mais à la lecture du texte, on a l’impression que Gédéon ignorait lui-même son courage. On voit plutôt Gédéon qui s’interroge. Il pose une très bonne question au verset 13. Il demande à Dieu :
Ah ! mon seigneur, si l’Éternel est avec nous, pourquoi tout cela nous est-il arrivé ? Et où sont tous ses prodiges que nos pères nous racontent, quand ils disent : l’Éternel ne nous a-t-il pas fait monter hors d’Égypte ? Maintenant, l’Éternel nous abandonne et nous livre entre les mains de Madian ! (Juges 6.13)
Au verset 12, Dieu rassure Gédéon de sa présence et, au verset 13, Gédéon demande comment se fait-il que si Dieu est présent, le malheur atteint le peuple. Pourquoi Dieu a-t-il délivré son peuple d’Égypte, si c’est pour le faire entrer dans le Pays Promis tout en le livrant aux Madianites? Ça, c’est peut-être une question qui nous passe par la tête à l’occasion : si Dieu nous a sauvés, pourquoi vivons-nous encore des circonstances pénibles?
Il est très possible que l’adoration que les Israélites rendaient à Baal, le dieu des Madianites, était alimentée par le fait que les Madianites étaient plus puissants sur des considérations humaines. Le peuple juif voyait les Madianites réussir et se sont dit qu’il valait mieux servir leurs divinités. On change ce qu’on croit, parce que ça paraît mieux fonctionner. Les apparences sont meilleures chez les autres même s’ils font ce qui est contraire à Dieu, alors on se rallie à eux.
Remarquez qu’au verset 13 (Juges 6.13), Gédéon reconnaît que c’est Dieu qui place son peuple dans ces circonstances difficiles. La conversation entre Gédéon et Dieu continue. Dieu l’informe maintenant qu’il est celui qui est appelé pour sauver son peuple. L’Éternel appelle quelqu’un de bien ordinaire. Regardez le verset 15 :
Gédéon lui répondit : Ah ! mon seigneur, avec quoi sauverai-je Israël ? Voici que ma parenté est la plus pauvre en Manassé, et je suis le plus petit dans la maison de mon père. (Juges 6.15)
Le Seigneur va lui répéter ce qu’il avait dit au verset 12 (Juges 6.12), qu’il sera toujours avec lui.
Versets 17 à 24
Gédéon lui répondit : Si j’ai obtenu ta faveur, donne-moi un signe que c’est toi qui me parles. Ne t’éloigne pas d’ici, je t’en prie, jusqu’à ce que je revienne auprès de toi, que j’apporte mon offrande et que je la dépose devant toi. Il dit : Je resterai jusqu’à ce que tu reviennes. Gédéon alla préparer un chevreau et fit avec un épha de farine des pains sans levain. Il mit la chair dans une corbeille et le jus dans un pot, les lui apporta sous le térébinthe et les présenta. L’Ange de Dieu lui dit : Prends la chair et les pains sans levain, dépose-les sur ce rocher et répands le jus. Et il fit ainsi. L’Ange de l’Éternel avança l’extrémité du bâton qu’il avait à la main et toucha la chair et les pains sans levain. Alors du rocher monta le feu qui consuma la chair et les pains sans levain. Et l’Ange de l’Éternel disparut à ses yeux. Gédéon vit que c’était l’Ange de l’Éternel. Gédéon dit : Malheur à moi, Seigneur Éternel ! car j’ai vu l’Ange de l’Éternel face à face. Et l’Éternel lui dit : Sois en paix et sans crainte, tu ne mourras pas. Gédéon bâtit là un autel à l’Éternel et lui donna pour nom : l’Éternel-Paix ; il existe encore aujourd’hui à Ophra d’Abiézer. (Juges 6.17-24)
Gédéon demande un signe. Le but du signe au verset 17 (Juges 6.17) est de savoir si c’est vraiment Dieu qui lui a parlé. Gédéon veut simplement vérifier l’identité de celui qui lui parle. Gédéon veut être sûr que, d’une part, c’est vraiment Dieu qui lui parle; d’autre part, il veut savoir s’il a obtenu la faveur de Dieu. Gédéon offre à l’Ange de l’Éternel, qui est Dieu lui-même, un repas somptueux (Juges 6.18-21). L’Ange reçoit ce repas non pour le manger, mais comme une offrande : Dieu consume par le feu, signe d’approbation de l’offrande. En même temps, Gédéon n’est pas certain s’il a vraiment la faveur de l’Éternel, d’autant plus que le peuple a l’air d’être abandonné. Ce souci est exprimé aussi à Dieu au verset 17 (Juges 6.17). L’offrande de Gédéon n’était pas banale : quand on considère que les Madianites volaient les récoltes et le bétail des Israélites, offrir un chevreau, des pains et du jus représentait beaucoup. L’offrande est en même temps un réel sacrifice que seule la foi peut expliquer.
Versets 25 à 32
Dans la même nuit, l’Éternel dit à Gédéon : Prends le jeune taureau de ton père, et un second taureau de sept ans. Démolis l’autel de Baal qui est à ton père, et abats le poteau d’Achéra qui est dessus. Tu bâtiras ensuite et tu disposeras, sur le haut de ce lieu fortifié, un autel à l’Éternel, ton Dieu. Tu prendras le second taureau et tu offriras un holocauste, avec le bois du poteau d’Achéra que tu auras abattu. Gédéon prit dix hommes parmi ses serviteurs et fit ce que l’Éternel avait dit ; mais, comme il craignait la maison de son père et les gens de la ville, il ne le fit pas de jour, il le fit de nuit. Lorsque les gens de la ville se furent levés de bon matin, voici que l’autel de Baal était renversé, le poteau d’Achéra placé dessus était abattu, et le second taureau était offert en holocauste sur l’autel qui avait été bâti. Ils se dirent l’un à l’autre : Qui a fait cela ? Ils s’informèrent et firent des recherches. On leur dit : C’est Gédéon, fils de Joas, qui a fait cela. Alors les gens de la ville dirent à Joas : Fais sortir ton fils et qu’il meure, car il a renversé l’autel de Baal et abattu le poteau d’Achéra qui était dessus. Joas répondit à tous ceux qui se tenaient près de lui : Est-ce à vous de plaider la cause de Baal ? Est-ce vous qui allez le sauver ? Quiconque plaidera la cause de Baal mourra avant que le matin vienne. Si Baal est un dieu, qu’il plaide lui-même sa cause, puisqu’on a renversé son autel. En ce jour-là l’on donna à Gédéon le nom de Yeroubbaal, en disant : Que Baal plaide contre lui, puisqu’il a renversé son autel. (Juges 6.25-32)
Cette portion nous montre que la libération circonstancielle devait commencer par la libération spirituelle. Le premier combat à mener n’est pas contre les Madianites, mais contre l’idolâtrie à l’intérieur du peuple. Dans nos vies, le premier combat n’est pas vis-à-vis les circonstances, mais vis-à-vis notre obéissance à Dieu. Gédéon devait conduire le peuple à se purifier, à rejeter tout ce qui est contre Dieu. Pour que Dieu soit favorable au peuple, le peuple devait vivre de façon conséquente à Dieu. Si Gédéon a demandé un signe d’authenticité à l’Ange, maintenant, c’est Dieu qui demande un geste de consécration à Gédéon. Le premier geste que Dieu demande à Gédéon est de démolir les objets idolâtres de la maison de son père. Le risque de représailles de la part de l’entourage est réel au point où Gédéon agit de nuit pour s’assurer de pouvoir le mener à terme. Gédéon est appelé à prendre position pour Dieu dans sa propre famille.
Versets 33 à 35
Tout Madian, Amalec, et les bédouins de l’Orient se rassemblèrent, passèrent le Jourdain et campèrent dans la vallée de Jizréel. Gédéon fut revêtu de l’Esprit de l’Éternel ; il sonna du cor, et le clan d’Abiézer fut convoqué pour marcher à sa suite. Il envoya des messagers dans tout Manassé, qui fut aussi convoqué pour marcher à sa suite. Il envoya des messagers dans Aser, dans Zabulon et dans Nephthali qui montèrent à leur rencontre. (Juges 6.33-35)
Ces versets présentent l’ennemi qui rassemble ses troupes. De l’autre côté, Gédéon prépare le peuple à combattre. Le verset 34 (Juges 6.34) nous dit que Gédéon fut revêtu de l’Esprit. Ce verset nous assure que Dieu dirige Gédéon dans ses stratégies. Nous devons retenir cette information pour comprendre ce qui suit, soit les signes de la toison.
Versets 36 à 40
Gédéon dit à Dieu : Si tu veux sauver Israël par ma main, comme tu l’as dit, voici : je vais mettre une toison de laine sur l’aire ; si la rosée vient sur la toison seule et que tout le terrain reste sec, je reconnaîtrai que tu sauveras Israël par ma main, comme tu l’as dit. Il en fut ainsi. Le jour suivant, il se leva de bon matin, pressa la toison, en exprima la rosée, la rosée de la toison, plein une coupe d’eau. Gédéon dit à Dieu : Que ta colère ne s’enflamme pas contre moi, et je ne parlerai plus que cette fois : Je voudrais seulement faire encore une épreuve avec la toison : que la toison seule reste sèche et que la rosée vienne sur tout le terrain. Et Dieu fit ainsi cette nuit-là. La toison seule resta sèche et la rosée vint sur tout le terrain. (Juges 6.36-40)
C’est ici que Gédéon a été le plus souvent jugé comme quelqu’un qui manque de foi, mais l’auteur nous prévient juste avant que Gédéon est revêtu de l’Esprit. D’ailleurs, Dieu n’adresse aucun reproche à Gédéon : il exauce. Si Gédéon demande un signe, ce n’est pas pour lui. Ce n’est pas par manque de foi. Gédéon avait la confirmation que c’est vraiment Dieu qui appelle (Juges 6.22). Si Gédéon avait manqué de foi, il n’aurait pas convoqué le peuple. Il n’aurait rien fait du tout, mais là, Gédéon avait rassemblé ses troupes et les signes ne sont donc pas pour lui mais pour le peuple, pour convaincre le peuple. Gédéon connaît la situation spirituelle de son peuple et il demande à Dieu de donner un signe. Dieu suscite un libérateur, mais Dieu veut que le peuple soit rallié à sa cause. Le signe, qui se fait en deux étapes, a un sens symbolique et pédagogique.
Premier signe
Le premier signe : Gédéon place une toison de laine, probablement une peau de mouton, et demande à Dieu que la rosée tombe uniquement sur cette toison et pas à l’extérieur. C’est un signe assez audacieux : seul un miracle peut amener la réalisation de ce signe. Maintenant, quel sens donner à ce signe? Dans la Bible, la rosée signifie la bénédiction : les deux viennent du ciel.
La toison de laine, et là il faut y aller uniquement avec le contexte immédiat, représenterait la nation d’Israël; l’extérieur de la toison, les nations ennemies. Gédéon demande à Dieu de montrer au peuple qu’il veut et qu’il va bénir Israël et non les ennemis. Certains commentateurs ont trouvé la demande de Gédéon un peu lâche, parce qu’il est naturel que la rosée demeure davantage sur une laine que sur un sol aride où elle est évaporée presque instantanément. On peut répondre à cela qu’il est aussi naturel que la bénédiction de Dieu demeure sur son peuple et non sur les ennemis.
Deuxième signe
Le deuxième signe va complètement contre nature. La rosée doit demeurer à l’extérieur de la toison sans atteindre la toison. Ça ne signifie pas que Dieu veut bénir l’ennemi : c’est plutôt que le Seigneur doit aussi bénir Israël sur le terrain de l’ennemi en donnant la victoire à son peuple. C’est l’interprétation du commentateur Daniel Arnold.
Application
Ce texte est un bel exemple du travail de Dieu parmi son peuple : d’abord, le peuple qui s’était révolté contre Dieu est placé dans une situation extrêmement éprouvante par Dieu. Dieu veut amener son peuple à crier à lui, à le supplier avec un cœur repentant. Dès cette prière, Dieu suscite un libérateur. Dieu prépare le moyen d’en sortir. Il est vrai que les épreuves ne signifient pas automatiquement que nous sommes idolâtres, mais les épreuves ont pour but de nous former. Ici, le peuple devait apprendre à abandonner les idoles, les pratiques qui prennent la place de Dieu. Il n’y a pas de véritable délivrance sans l’abandon dans nos vies de ce qui prend la place de Dieu. Nous sommes appelés à examiner dans nos vies les choses, les pratiques, les croyances qui prennent la place de Dieu. Le peuple a crié à Dieu avant d’abandonner ses idoles. Ce n’est qu’après ce cri, après cette supplication, que Dieu a identifié les idoles à abattre. Dieu dirige pas à pas vers la délivrance : il parle au moyen d’un prophète. Il agit au moyen d’un libérateur. D’un autre côté, il y a Gédéon, un homme de foi.
La foi de Gédéon se voit de plusieurs façons. En temps de disette importante, offrir un chevreau, des pains et du jus et sacrifier un taureau, sont des marques visibles de la foi de Gédéon. Sa foi se voit aussi dans la promptitude à obéir à Dieu et en acceptant de prendre position pour Dieu sans se soucier des conséquences sur lui. Le texte nous montre combien le peuple était éloigné de Dieu. Le peuple continuait d’adorer Baal, le dieu de la fertilité chez les païens, et ce, malgré la famine. L’homme croit des choses même si elles n’apportent rien. Si Gédéon prend position d’abord dans la maison de son père, Joas, c’est aussi là qu’il voit les premiers fruits. Joas prend position à son tour pour son fils et pour Dieu. Le courage de Gédéon devient contagieux. Joas entre dans le combat et lance un défi à Baal. Si Baal est un dieu, qu’il plaide lui-même sa cause, puisqu’on a renversé son autel. Joas démontre l’inconséquence de l’idolâtrie : mettre sa confiance dans des choses qui ne peuvent même pas se défendre. La contagion va s’étendre au peuple avec le signe de la toison. Dieu a suscité des libérateurs, mais dès que le libérateur mourrait, le peuple retournait dans son péché. Dieu préparait la venue du vrai libérateur, son propre Fils. Ce Fils ne meurt plus : il est vivant. Il continue de nous amener à sa suite jusque dans la patrie céleste. Il veut nous amener sur le chemin de l’obéissance comme lui a été obéissant à son Père. Écoutons-le! Suivons-le! Imitons-le! Servons-le! Nous avons cette sécurité en Jésus-Christ, parce qu’il ne nous abandonnera pas. Celui qui a marché devant nous, notre berger, nous entraîne à sa suite. Il veut nous sortir de toute idolâtrie. Il veut et il va nous amener dans cette vie où coulent les bénédictions. Il nous conduit dans la patrie céleste. Nous entrons dans son repos.
Le Seigneur nous fait traverser des phases dans nos vies. Son but premier est notre croissance spirituelle. Pour les Juifs, perdre la terre, que les fruits du sol aillent à l’ennemi, c’était quelque chose de gros. C’était voir les promesses de l’alliance compromises, mais le souci premier de Dieu n’est pas les fruits et les légumes, mais la santé spirituelle de son peuple, l’âme de ses enfants. Mon travail, ma maison, les bâtiments, les terres, la santé, ce n’est pas que le Seigneur s’en fout, mais ce n’est pas là son souci premier.
Il nous fait passer par des cycles pour que nous apprenions à vivre pour lui, à lui consacrer nos vies, sachant que le Seigneur n’abandonne jamais ses enfants. Que le Seigneur nous donne de marcher dans ses voies, à la suite de notre libérateur, Jésus-Christ.

Lui seul nous a sortis de notre révolte. Il nous évite ainsi de subir la rétribution que nous méritons. Il nous ramène constamment dans la repentance. Nous bénéficions constamment de la rédemption en Jésus-Christ et, par la foi, nous entrons dans son repos.
Daniel Durand, pasteur
10 novembre 2019