« En raison de sa justice, le Seigneur devait expier le péché, il devait s’assurer que le châtiment soit subi. En raison de sa sainteté, le Seigneur devait traiter le péché. En raison de son amour, le Seigneur devait payer lui-même pour nous sauver. »
Introduction
La semaine passée, nous avons vu brièvement la parabole dans Luc 18 où une femme presse avec obstination un juge de lui accorder ce qu’elle demande. Jésus utilise cette parabole, non pas pour comparer Dieu à un juge insensible, mais plutôt pour nous dire que si un juge insensible en vient à céder devant la personne qui lui demande avec insistance, à combien plus forte raison notre Père céleste va répondre à nos prières, pas nécessairement en nous donnant ce que nous lui demandons, mais en nous accordant ce qu’il y a de meilleur pour nous.
Le crime et le châtiment
Puisque Dieu est un juge, nous allons maintenant voir le lien entre le crime, c’est-à-dire notre péché, et le châtiment, c’est-à-dire la mort du Christ. Est-ce que Dieu aurait pu choisir un autre moyen pour nous sauver que d’envoyer son Fils à la boucherie, comme le dit Ésaïe 53?
Pourquoi était-il approprié que Dieu choisisse le moyen de la croix? Pour comprendre la nécessité de la croix, nous devons comprendre, mesurer la gravité du péché. Nous vivons dans une société et à une époque où le péché n’est plus vu pour ce qu’il est. Le péché est vu comme ce qui est socialement non conforme. Le bien est appelé « mal » et le mal est appelé « bien ». Le péché est vu comme ce qui nous dérange. Puisque notre société a rejeté celui qui définit le péché, c’est-à-dire Dieu, notre société a du coup perdu la vraie définition du péché. Le péché est aussi vu comme ce qui devrait peut-être être évité, mais qu’on peut se permettre pour avoir un plaisir. L’agrément devient plus important que l’inconvénient. Certains parlent de péché mignon; d’autres, de mensonges blancs.
Pour plusieurs, le péché est un plaisir dont la morale peut être discutable, mais dont le plaisir le rend très acceptable. Le problème avec la notion du péché dans notre société est que Dieu est sorti de la réflexion. On appellera « péché » des actes dont la dénonciation fait unanimité, comme le meurtre, la pédophilie et d’autres crimes; mais on n’appellera pas « péché » l’avortement, l’adultère ou l’homosexualité. Comme le dit Paul Wells en rappelant comment les non-chrétiens pensent : « Il n’y a pas de Dieu au-dessus de la mêlée pour juger, nous dit-on, pas de paradis pour récompenser, ni d’enfer pour punir; il n’y a que la vie présente. Durant le temps de cette éclipse de Dieu, tout est gris. » Lorsque nous évangélisons, notre discours sur le péché doit comporter la référence à Dieu. C’est lui et lui seul qui définit le péché.
Pour redonner au péché le sens qu’il a, nous devons reconnaître la souveraineté de Dieu et la sainteté de Dieu. Il est souverain, parce que c’est lui seul qui a l’autorité de définir ce qui est bien et ce qui est mal; il est souverain, parce que lui seul a l’autorité de punir le péché; il est souverain, parce que lui seul avait la prérogative de décider par quel moyen le péché pouvait être expié. Il est saint, parce que c’est ce qui explique l’horreur de Dieu face au péché; il est saint, parce que c’est ce qui explique la colère de Dieu sur le méchant. L’homme ne peut ni définir le péché ni en mesurer la gravité à partir de son expérience. C’est comme demander au pire des criminels de réécrire le Code criminel. Parce que le péché est d’abord contre Dieu, nous ne pouvons en mesurer la gravité. Ce n’est pas le dégoût des hommes contre certaines actions qui détermine la gravité du péché. Aujourd’hui, on peut rire et mépriser le christianisme et les gens n’en ressentent aucun malaise. L’homosexualité ne provoque aucune répugnance dans notre société, alors que nous savons que Dieu a en abomination tous les péchés. Ce n’est que par la révélation de Dieu que nous pouvons avoir une juste compréhension du péché et une juste appréciation de la gravité du péché
La réconciliation
La chute de l’homme entraîne la nécessité de la réconciliation qui n’est possible que dans la réparation de ce qui a été brisé. Il fallait un acte légal et parfait pour réparer la rupture du péché et nous réconcilier avec Dieu. Sans la réconciliation, le plan de Dieu est un échec lamentable. Le sabotage suggéré par Satan et décidé par Adam et Ève aurait entraîné définitivement la création dans la destruction. La réconciliation renverse ce sabotage. Maintenant, est-ce que le Seigneur aurait pu utiliser un autre moyen pour nous réconcilier à lui? N’aurait-il pas suffi de simplement changer nos cœurs, de nous amener à la repentance, nous donner la foi en lui sans qu’il n’y ait la croix? La vérité est qu’un pardon consiste toujours à ce que la personne offensée prenne sur lui les conséquences du péché de l’offenseur, surtout quand ce dernier est incapable de réparer réellement les conséquences de son péché.
Sans la croix, la réconciliation aurait été superficielle. Il faut que le péché soit traité. C’est par ses meurtrissures que nous sommes guéris. C’est par son sang que nous sommes purifiés. Le moyen de la croix est ce qui conserve à la loi de Dieu son caractère saint sans condamner tous les hommes. La loi ne comporte pas que des commandements : elle comporte des châtiments. Sans les châtiments reliés à la transgression de la loi, la loi perd toute sa force, toute sa crédibilité. Si le Seigneur avait sauvé son peuple sans la croix, c’est que Dieu ne serait pas juste, puisque le châtiment de la loi n’aurait jamais été subi. Si Dieu avait sauvé son peuple sans la croix, c’est que Dieu ne serait pas amour, puisqu’il n’y aurait pas eu de don de lui-même. En raison de sa justice, le Seigneur devait expier le péché, il devait s’assurer que le châtiment soit subi. En raison de sa sainteté, le Seigneur devait traiter le péché. En raison de son amour, le Seigneur devait payer lui-même pour nous sauver.
C’est lui que Dieu a destiné comme moyen d’expiation pour ceux qui auraient la foi en son sang, afin de montrer sa justice. Parce qu’il avait laissé impunis les péchés commis auparavant au temps de sa patience, il a voulu montrer sa justice dans le temps présent, de manière à être reconnu juste, tout en justifiant celui qui a la foi en Jésus. (Romains 3.25-26)
Daniel Durand, pasteur
17 mai 2017