« Imaginons-nous un instant quelqu’un qui en laisserait un autre courir vers un précipice, sans chercher à l’avertir, parce que celui-ci ne souhaite pas l’entendre. Personne qui aime véritablement une autre personne n’agirait ainsi à son égard. Pouvez-vous imaginer un père laisser son enfant aller à sa mort sans tout faire pour l’en empêcher? Quelqu’un qui pense ainsi s’illusionne lui-même. Il n’aime pas réellement son prochain. »
Lorsque le temps où il devait être enlevé du monde approcha, Jésus prit la résolution de se rendre à Jérusalem. Il envoya devant lui des messagers, qui se mirent en route et entrèrent dans un bourg des Samaritains, pour lui préparer un logement. Mais on ne le reçut pas, parce qu’il se dirigeait sur Jérusalem. Les disciples Jacques et Jean, voyant cela, dirent: Seigneur, veux-tu que nous commandions que le feu descende du ciel et les consume? Jésus se tourna vers eux, et les réprimanda, disant: Vous ne savez de quel esprit vous êtes animés. Car le Fils de l’homme est venu, non pour perdre les âmes des hommes, mais pour les sauver. Et ils allèrent dans un autre bourg. (Luc 9.51-56)
Contexte
Jésus s’en va à Jérusalem pour y accomplir « la passion du Christ », c’est-à-dire y subir la crucifixion et tout ce qui l’entoure, afin d’accomplir la rédemption. On se retrouve dans la transition entre le ministère de Jésus en Galilée et la semaine de la passion. Dans l’Évangile selon Matthieu et de Marc, cette partie de la vie de Jésus est présentée très brièvement (Matthieu 19.1-20.34; Marc 10). Dans l’Évangile de Luc, il s’agit de la section centrale du livre et elle couvre 37% de ce dernier, soit près de dix chapitres (Luc 9.51-19.28).
Jésus résolu d’aller à Jérusalem
Lorsque le temps où il devait être enlevé du monde approcha, Jésus prit la résolution de se rendre à Jérusalem. (Luc 9.51)

La première phrase nous indique que « Jésus prit la résolution de se rendre à Jérusalem ». Littéralement « πρόσωπον » (prosopon), c’est-à-dire « fixer son visage », est une expression sémitique voulant dire « prendre une décision », avec un accent mis sur la finalité; autrement dit : décider fermement, se résoudre ou se faire une idée définitive. C’est la raison pour laquelle certaines traductions parlent de la « face » dans ce verset. Cela n’a rien à voir avec une expression particulière sur son visage, mais la résolution qu’il a prise d’accomplir quelque chose : dans ce cas, la passion. Luc indique ensuite que les événements qui s’en viennent (la mort, la crucifixion, la résurrection et l’ascension de Jésus-Christ) sont déterminés, autant sur le plan géographique, c’est-à-dire à Jérusalem, que sur le plan temporel.
Préparer l’hébergement
Il envoya devant lui des messagers, qui se mirent en route et entrèrent dans un bourg des Samaritains, pour lui préparer un logement. (Luc 9.52)

Jésus envoie devant lui des messagers pour préparer le logement (Luc 9.52). À l’époque, ce n’était pas comme aujourd’hui : on ne pouvait pas réserver sur Trivago, Booking.com, Hotel.com ou n’importe quel autre site du genre. Les AirBnB n’existaient pas non plus. On ne pouvait pas savoir d’avance si, dans le lieu où on se rendait, il y aurait des places libres pour nous accueillir. Jésus, voyageant avec plusieurs, agit conséquemment et envoie des messagers pour préparer la place.
Animosité entre Samaritains et Juifs
Mais on ne le reçut pas, parce qu’il se dirigeait sur Jérusalem. (Luc 9.53)
La Samarie se trouvait, à l’époque, à séparer le territoire de Judée, par exemple où se situait Capernaüm et celui de la Galilée, où se trouvaient Jérusalem. L’animosité entre les Juifs et les Samaritains remontaient à très longtemps : à la suite de la conquête de la ville de Samarie, par le roi d’Assyrie, à cause de son péché (2 Rois 17.1-24), le peuple est déporté et remplacé par des nations étrangères. Dieu envoie des lions contre ce peuple, parce qu’il ne craignait pas l’Éternel (2 Rois 17.25). Le roi d’Assyrie envoie donc un prêtre, provenant d’Israël et qui avait été déporté, pour leurs apprendre à adorer l’Éternel. Ces nations vont par la suite adorer l’Éternel et leurs propres dieux (2 Rois 17.14-41). Près de deux siècles plus tard, le Roi de Perse, qui est désormais la nouvelle puissance mondiale, ordonne la reconstruction du temple de Salomon qui avait été détruit entre temps par Nebucadnetsar, roi de l’empire néo-Babylonien (2 Rois 24.13). On retrouve une trace de l’état de la relation entre les Samaritains et les Juifs de Judée dans le livre d’Esdras :
Les ennemis de Juda et de Benjamin apprirent que les fils de la captivité bâtissaient un temple à l’Eternel, le Dieu d’Israël. Ils vinrent auprès de Zorobabel et des chefs de familles, et leur dirent: Nous bâtirons avec vous; car, comme vous, nous invoquons votre Dieu, et nous lui offrons des sacrifices depuis le temps d’Esar-Haddon, roi d’Assyrie, qui nous a fait monter ici. Mais Zorobabel, Josué, et les autres chefs des familles d’Israël, leur répondirent: Ce n’est pas à vous et à nous de bâtir la maison de notre Dieu; nous la bâtirons nous seuls à l’Eternel, le Dieu d’Israël, comme nous l’a ordonné le roi Cyrus, roi de Perse. Alors les gens du pays découragèrent le peuple de Juda; ils l’intimidèrent pour l’empêcher de bâtir, et ils gagnèrent à prix d’argent des conseillers pour faire échouer son entreprise. Il en fut ainsi pendant toute la vie de Cyrus, roi de Perse, et jusqu’au règne de Darius, roi de Perse. (Esdras 4.1-5)
Aux alentours de l’an 128 avant Jésus-Christ, un des dirigeants maccabéens, John Hyrcanus, détruit le temple samaritain situé sur le mont Gerizim.
L’animosité étaient telle que :
« Fréquemment, comme l’informe Josèphe : nous, Juifs de Galilée, en route pour Jérusalem pour assister à une fête religieuse, passions par la Samarie. Le ressentiment des Samaritains était si implacable envers de tels pèlerins juifs que, au lieu de faire preuve d’hospitalité, ils gêneraient les voyageurs de toutes les façons, même au point d’en assassiner certains d’entre eux. »
Josèphe cité par William Hendriksen, Luke, New Testament Commentary, Baker Book House, p. 558 – Traduction libre
En raison de l’inhospitalité des Samaritains, ils devront emprunter un chemin plus long.

La réaction des disciples
Les disciples Jacques et Jean, voyant cela, dirent: Seigneur, veux-tu que nous commandions que le feu descende du ciel et les consume? (Luc 9.54)
L’attente eschatologique messianique
Les juifs s’attendaient à un messie, l’oint de l’Éternel, qui allait rétablirait la paix et la justice, un messie qui deviendrait roi d’Israël, un descendant de David sur qui l’Esprit du Seigneur reposerait (Ésaïe 11). L’attente messianique n’était pas seulement composée d’un messie qui triompherait et rendrait la liberté à Israël, mais également du jugement des pécheurs (Ésaïe 13.9) et des nations qui ont maltraité Israël. Cette attente est profondément enracinée dans les prophéties de l’Ancien Testament. Les juifs attendaient le « jour de l’Éternel », qui ferait place également à la restauration d’Israël. Ce jour serait précédé de l’envoi d’Élie (Malachie 4.5-6).
Voici, je vous enverrai Elie, le prophète, Avant que le jour de l’Eternel arrive, Ce jour grand et redoutable. (Esdras 4.5)
C’est en raison de cette attente que les Pharisiens envoient demander à Jean Baptiste s’il était le messie ou l’Élie qui devait venir (Jean 1.19-21). Jésus leur a déjà dit que Jean était l’Élie qui devait venir :
Car tous les prophètes et la loi ont prophétisé jusqu’à Jean; et, si vous voulez le comprendre, c’est lui qui est l’Elie qui devait venir. (Matthieu 11.13-14)
Ce dernier était déjà mort à ce moment comme on peut le voir dans le chapitre 14 de l’Évangile selon Matthieu (Matthieu 14.1-2 cf Marc 6.14).
En ce temps-là, Hérode le tétrarque, ayant entendu parler de Jésus, dit à ses serviteurs: C’est Jean-Baptiste! Il est ressuscité des morts, et c’est pour cela qu’il se fait par lui des miracles. (Matthieu 14.1-2)
Pierre, Jean et Jacques avaient précédemment vu Élie à la transfiguration (Matthieu 17.1-13). Il l’avait reconnu, puisque Pierre offre à Jésus de lui monter une tente ainsi que pour Moïse et Élie.
Pierre, prenant la parole, dit à Jésus: Seigneur, il est bon que nous soyons ici; si tu le veux, je dresserai ici trois tentes, une pour toi, une pour Moïse, et une pour Elie. (Matthieu 17.4)
Les disciples se trouvaient dans des circonstances où ils anticipaient le « jour du Seigneur », jour où il viendrait rétablir le règne de la maison de David, mais également juger les pécheurs :
Car voici, le jour vient, Ardent comme une fournaise. Tous les hautains et tous les méchants seront comme du chaume; Le jour qui vient les embrasera, Dit l’Eternel des armées, Il ne leur laissera ni racine ni rameau. (Malachie 4.1)
Les disciples se trouvaient dans la réalisation de la prophétie de Malachie (Malachie 4), mais il n’en comprenait pas les implications.
Réaction en fonction de leur attente
En examinant l’histoire du prophète Élie, on s’aperçoit rapidement d’une proximité entre ce passage et l’épisode où le roi de Samarie, Achazia, envoie des messagers pour consulter un dieu étranger, Baal-Zebud, dieu d’Ékron, pour savoir s’il guérira. Dieu envoie à sa rencontre Élie pour lui dire qu’il mourra, parce qu’il est allé vers un autre dieu (2 Rois 1.4). S’en suit l’envoi par le roi, à deux reprises, de chefs de cinquantaine pour apporter le prophète auprès du roi de Samarie. Il ne s’agit pas ici d’une demande, mais d’un ordre royal. À deux reprise, le feu du ciel descend et consume les envoyés.
En Malachie, il est écrit au sujet du Jour du Seigneur :
Car voici, le jour vient, Ardent comme une fournaise. Tous les hautains et tous les méchants seront comme du chaume; Le jour qui vient les embrasera, Dit l’Eternel des armées, Il ne leur laissera ni racine ni rameau. (Malachie 4.1)
Pour des chrétiens, la question des disciples peut surprendre et paraître absurde. Cependant, dans le contexte où se trouve la relation entre les Samaritains, le ministère qu’a eu Élie de son vivant et celui annoncé par les prophètes après sa mort, il n’est pas très surprenant de voir la demande de Jacques et de Jean.
La réaction de Jésus
Jésus se tourna vers eux, et les réprimanda, disant: Vous ne savez de quel esprit vous êtes animés. Car le Fils de l’homme est venu, non pour perdre les âmes des hommes, mais pour les sauver. Et ils allèrent dans un autre bourg. (Luc 9.55-56)
Jésus reprend les disciples : en utilisant « le Fils de l’homme est venu », il fait la relation avec la passion, l’événement déterminé dont nous avons parlé plus tôt, et sa finalité, c’est-à-dire la raison pour laquelle cet événement doit avoir lieu. Il est « venu pour ».
N’oublions pas que les disciples ne comprennent pas encore ce qui s’en vient. Lorsqu’on étudie la chronologie des évangiles synoptiques, on remarque que la fameuse confession de Pierre « Tu es le Christ, le Fils du Dieu vivant. » (Matthieu 13.16-20) se trouve juste avant que Jésus instruise les disciples sur ce qui devait arriver et que Pierre le reprenne en lui disant que cela ne lui arriverait pas.
Dès lors Jésus commença à faire connaître à ses disciples qu’il fallait qu’il allât à Jérusalem, qu’il souffrît beaucoup de la part des anciens, des principaux sacrificateurs et des scribes, qu’il fût mis à mort, et qu’il ressuscitât le troisième jour. Pierre, l’ayant pris à part, se mit à le reprendre, et dit: A Dieu ne plaise, Seigneur! Cela ne t’arrivera pas. Mais Jésus, se retournant, dit à Pierre: Arrière de moi, Satan! tu m’es en scandale; car tes pensées ne sont pas les pensées de Dieu, mais celles des hommes. (Matthieu 16.21-23)
Comme je l’ai mentionné plus tôt dans la mise en contexte, le passage que nous étudions se trouve chronologiquement situé dans les chapitres 19-20 de l’Évangile selon Matthieu. C’est en Matthieu 16 qu’on retrouve la confession de Pierre.
Première venue
Jésus est venu pour notre salut. Jésus est venu pour mourir, crucifié sur la croix, afin que nous soyons sauvés par la foi en lui.
De même, Christ s’est offert une seule fois pour porter les péchés de beaucoup d’hommes, puis il apparaîtra une seconde fois, sans rapport avec le péché, à ceux qui l’attendent pour leur salut. (Hébreux 9.28)
[…] lui qui a lui-même porté nos péchés dans son corps à la croix afin que, libérés du péché, nous vivions pour la justice. C’est par ses blessures que vous avez été guéris. (1 Pierre 2.24)
Ici, Pierre cite un passage proprement messianique provenant d’Ésaïe 53.
Pour situer un peu cette attente dans le ministère de Christ, regardons brièvement comment les apôtres utilisent des passages de l’Ancien Testament liés au jour du Seigneur qui s’accomplit dans l’œuvre de Christ. À la pentecôte, Pierre cite un texte du prophète Joël pour expliquer ce qui se passe (Actes 2.17-21; Joël 2.28-32). Ce passage se situe dans le contexte de prophéties concernant le « jour du Seigneur » ou « jour de l’Éternel » (Joël 2.1-2; Joël 2.11; Joël 2.31).
Après cela, je répandrai mon esprit sur toute chair; Vos fils et vos filles prophétiseront, Vos vieillards auront des songes, Et vos jeunes gens des visions. Même sur les serviteurs et sur les servantes, Dans ces jours-là, je répandrai mon esprit. Je ferai paraître des prodiges dans les cieux et sur la terre, Du sang, du feu, et des colonnes de fumée; Le soleil se changera en ténèbres, Et la lune en sang, Avant l’arrivée du jour de l’Eternel, De ce jour grand et terrible. Alors quiconque invoquera le nom de l’Eternel sera sauvé; Le salut sera sur la montagne de Sion et à Jérusalem, Comme a dit l’Eternel, Et parmi les réchappés que l’Eternel appellera. (Joël 2.28-32)
Comme en témoigne le verset 31, la pentecôte est l’accomplissement de cette prophétie.
Également, au concile de Jérusalem en Actes 15, Jacques cite un passage du livre d’Amos (Amos 9.11-12) où il est question de la restauration d’Israël, après le jugement qui survient au « jour de l’Éternel », afin d’expliquer que, puisque c’est arrivé et que cette promesse inclut les nations, on ne devrait pas leur faire de difficulté.
En ce temps-là, je relèverai de sa chute la maison de David, J’en réparerai les brèches, j’en redresserai les ruines, Et je la rebâtirai comme elle était autrefois, Afin qu’ils possèdent le reste d’Edom et toutes les nations Sur lesquelles mon nom a été invoqué, Dit l’Eternel, qui accomplira ces choses. (Amos 9.11-12)
Cette restauration correspond également à la restauration qu’on trouve dans la suite de la prophétie de Joël que nous venons de voir.
Certains contestent que les « derniers jours aient été inaugurés à la pentecôte », mais comme le fait remarquer Beale, il s’agit d’une très mauvaise compréhension de la théologie de Luc. En théologie, nous appelons cela le « déjà là/pas encore là », faisant ainsi référence à l’inauguration du royaume et à l’aspect des prophéties ayant été déjà été réalisées et celles qui restent à venir.
Seconde venue
Ne pas juger, qu’est-ce que ça veut dire?
En tant que chrétiens, nous n’avons pas de difficulté à comprendre qu’il n’y a pas qu’une seule venue du messie : notre espérance est en Christ et dans son retour.
Conséquemment à leurs attentes, les disciples s’attendaient à voir le royaume rétabli et la paix restaurée, le salut et le jugement annoncés, mais le jugement qu’ils attendaient, sans le sacrifice de Christ qu’il ne comprenait pas, n’avait rien d’une bonne nouvelle. En effet :
Et comme il est réservé aux hommes de mourir une seule fois, après quoi vient le jugement (Hébreux 9.27)
Tous seraient donc morts dans leur péché et il n’y aurait eu d’espoir de Salut pour personne, mais :
une attente terrible du jugement et l’ardeur d’un feu qui dévorera les rebelles. (Hébreux 10.27)
Carson, sur le passage où les disciples interrogent Christ à savoir si Jean est l’Élie qui devait venir, résume leur difficulté à saisir la portée du ministère du Messie ainsi :
« Si Jésus en tant que Messie (maintenant que les disciples ne doutent plus de sa messianité) doit souffrir, alors comment pourrait-on dire qu’Élie doit d’abord venir pour restaurer toutes choses? Leur confusion n’est pas seulement chronologique, bien que cela puisse être impliqué; c’est leur incapacité à trouver un cadre de référence dans lequel ils peuvent envisager que le Messie meurt. » (Carson, Matthew)
Conséquemment à leurs attentes eschatologiques, les disciples s’attendaient à voir le jugement. Heureusement, Christ est venue une première fois pour nous sauver et non pour nous condamner.
Que pouvons-nous en retenir pour aujourd’hui?
Je présenterai trois leçons que nous pouvons tirer de ce texte, mais avant, regardons que qu’il ne faut pas en tirer.
Ce que le texte ne veut pas dire

Le sens de juger dans ce texte n’est pas de discerner entre ce qui est bien ou mal, mais de condamner, voire d’expédier au jugement. Tout comme certains autres textes qui sont souvent utilisés pour dire qu’il ne faut pas juger (cf Jean 3.17; Jean 12.47), ce n’est pas du tout le sens des paroles de Jésus. N’oublions jamais que si ce n’eut été de la grâce de Dieu, nous serions tous perdus.
Les applications
Nos attentes eschatologiques
Comme nous l’avons vu, nos attentes eschatologiques influencent la manière dont nous interprétons les événements. Attention que nos attentes ne deviennent pas l’accomplissement de nos mauvaises croyances.
Si je m’attends à ce que tout aille de plus en plus mal, je risque tout à fait d’agir conséquemment et, de cette manière, je n’agirai pas de manière à éviter que la situation se dégrade. Finalement, si tout le monde fait comme moi, elle se dégradera. Attention qu’en tant que chrétiens et Église, nous ne nous désengagions pas de l’œuvre que Dieu nous a confiée parce que nous avons de attentes eschatologiques très pessimistes. On agit en fonction de ce qu’on croit. Je vous encourage donc fortement à étudier l’eschatologie, afin de développer des attentes eschatologiques qui correspondent à celle de la Parole de Dieu. Au final, c’est vous qui serez responsables de vos actions et vos actions découleront de ce que vous croyez.
Le bon chemin : Jésus est venu pour sauver
Le rôle du chrétien n’est pas de condamner les inconvertis et, par condamner, je veux dire les envoyer au jugement dernier, mais de leur prêcher l’Évangile.
Comment donc invoqueront-ils celui en qui ils n’ont pas cru? Et comment croiront-ils en celui dont ils n’ont pas entendu parler? Et comment en entendront-ils parler, s’il n’y a personne qui prêche? (Romains 10.14)
Ainsi la foi vient de ce qu’on entend, et ce qu’on entend vient de la parole de Christ. (Romains 10.18)
Nous serions de leur nombre si ce n’eut été de la grâce de Dieu.
Faisons attention de ne pas nous berner non plus. Il est très commun d’entendre ce texte et d’autres semblables (Jean 3.17; Jean 12.47) pour dire qu’il ne faut pas juger les pécheurs. On entend aussi souvent l’exemple de la femme adultère cité dans le même sens (Jean 8.1-11), mais on oublie que Christ a terminé sa phrase par « Je ne te condamne pas non plus, va et ne pèche plus », reconnaissant ainsi qu’elle avait péché (Jean 8.11). S’il l’avait condamnée, elle aurait été perdue. Christ n’est pas venu pour nous perdre. Cependant, ne croyons pas que le fait que Christ soit venu pour nous sauver n’indique qu’il n’y a aucune condamnation. Le Seigneur nous exprime que ceux qui ne croient pas en lui seront jugés par la Parole (Jean 12.47-48).
Si quelqu’un entend mes paroles et ne les garde point, ce n’est pas moi qui le juge; car je suis venu non pour juger le monde, mais pour sauver le monde. Celui qui me rejette et qui ne reçoit pas mes paroles a son juge; la parole que j’ai annoncée, c’est elle qui le jugera au dernier jour. (Jean 12.47-48)
Le Seigneur nous avait avertis que la prédication de sa Parole ne serait pas bien reçue :
Si vous étiez du monde, le monde aimerait ce qui est à lui; mais parce que vous n’êtes pas du monde, et que je vous ai choisis du milieu du monde, à cause de cela le monde vous hait. Souvenez-vous de la parole que je vous ai dite: Le serviteur n’est pas plus grand que son maître. S’ils m’ont persécuté, ils vous persécuteront aussi; s’ils ont gardé ma parole, ils garderont aussi la vôtre. (Jean 15.19-20)
Quand nous prêchons l’Évangile, nous faisons face à deux réactions distinctes :
C’est ce que nous confirme l’apôtre Paul dans son épitre aux Corinthiens :
Car la prédication de la croix est une folie pour ceux qui périssent; mais pour nous qui sommes sauvés, elle est une puissance de Dieu. (1 Corinthiens 1:18)
Car puisque le monde, avec sa sagesse, n’a point connu Dieu dans la sagesse de Dieu, il a plu à Dieu de sauver les croyants par la folie de la prédication. (1 Corinthiens 1:21)
Il y a ceux qui rejettent la Parole et ceux qui la reçoivent, comme le Seigneur l’avait annoncé :
Celui qui vous écoute m’écoute, et celui qui vous rejette me rejette; et celui qui me rejette rejette celui qui m’a envoyé. (Luc 10:16)
Il est commun dans les milieux évangéliques de nos jours de prétendre qu’il ne faut pas choquer, mais c’est faux. La Parole que nous prêchons ne produit que deux réactions. Chez les uns, elles leur montrent qu’ils sont condamnables et qu’ils seront condamnés. Il ne le supporte pas. Chez les autres, ce qu’ils voient, c’est le chemin qui mène à la vie, l’espoir du Salut au dernier jour. Pour ceux-là, c’est une bonne nouvelle. C’est ce qu’exprime l’apôtre Paul aux Corinthiens :
Nous sommes, en effet, pour Dieu la bonne odeur de Christ, parmi ceux qui sont sauvés et parmi ceux qui périssent: aux uns, une odeur de mort, donnant la mort; aux autres, une odeur de vie, donnant la vie. (2 Corinthiens 2.15-16)
Celui qui pense qu’il pourrait amener des gens à la repentance et à la foi en évitant de prêcher en exposant le péché aux gens qui sont pécheurs se berne lui-même et ne cherche pas le Salut des autres : il cherche à éviter la mauvaise réaction de ceux qui sont perdus et pour lesquels la prédication de la croix à une odeur de mort.
On peut également dire qu’il a les regards fixés aux mauvais endroits. Il ne regarde pas les gens comme perdus avec amour.

Imaginons-nous un instant quelqu’un qui en laisserait un autre courir vers un précipice, sans chercher à l’avertir, parce que celui-ci ne souhaite pas l’entendre. Personne qui aime véritablement une autre personne n’agirait ainsi à son égard. Pouvez-vous imaginer un père laisser son enfant aller à sa mort sans tout faire pour l’en empêcher? Quelqu’un qui pense ainsi s’illusionne lui-même. Il n’aime pas réellement son prochain.
Persévérer sur le bon chemin
Nous sommes entre la première venue du Christ et sa seconde venue. Nous sommes dans le « déjà là/pas encore là » de l’eschatologie.
Le Seigneur ne tarde pas dans l’accomplissement de la promesse, comme quelques-uns le croient; mais il use de patience envers vous, ne voulant pas qu’aucun périsse, mais voulant que tous arrivent à la repentance. (2 Pierre 3.9)
Ici, le contexte est la parousie du Christ, sa seconde venue. C’est à cette venue qu’aura lieu le jugement auquel s’attendaient les Juifs. La motivation de cette attente est le Salut des élus.
Dieu réserve le Salut à ceux qui croient en Christ.
Celui qui me rejette et qui ne reçoit pas mes paroles a son juge; la parole que j’ai annoncée, c’est elle qui le jugera au dernier jour. (Jean 12.48)
Une erreur des plus communes dans le christianisme est de s’assoir sur le Salut, en fait, sur l’assurance du Salut, et de ne pas persévérer dans la justice : le raisonnement est que le Salut est déjà acquis, peu importe ce que nous ferons, mais cela est une très mauvaise compréhension et de l’élection et du Salut. C’est une torsion de l’Évangile. Les gens qui comprennent les choses ainsi s’aveuglent sur l’enseignement de l’Écriture. C’est également le sens des propos de Paul quand il dit :
Si vous vivez selon la chair, vous mourrez; mais si par l’Esprit vous faites mourir les actions du corps, vous vivrez, 14car tous ceux qui sont conduits par l’Esprit de Dieu sont fils de Dieu. (Romains 8.13)
Tous ceux qui ont péché sans la loi périront aussi sans la loi, et tous ceux qui ont péché avec la loi seront jugés par la loi. Ce ne sont pas, en effet, ceux qui écoutent la loi qui sont justes devant Dieu, mais ce sont ceux qui la mettent en pratique qui seront justifiés […] (Romains 2.12-13)
Les enseignements de Christ sont imprégnés de garder sa Parole, de demeurer en Lui. Plusieurs de ses paraboles sur le royaume exposent cette réalité. Ne soyons pas comme l’homme qui se regarde dans le miroir et qui s’en va, oubliant aussitôt ce qu’il a vu.
Mettez en pratique la parole, et ne vous bornez pas à l’écouter, en vous trompant vous-mêmes par de faux raisonnements. Car, si quelqu’un écoute la parole et ne la met pas en pratique, il est semblable à un homme qui regarde dans un miroir son visage naturel, et qui, après s’être regardé, s’en va, et oublie aussitôt quel il était. Mais celui qui aura plongé les regards dans la loi parfaite, la loi de la liberté, et qui aura persévéré, n’étant pas un auditeur oublieux, mais se mettant à l’oeuvre, celui-là sera heureux dans son activité. (Jacques 1.22-25)
Personne ne sera sauvé s’il ne persévère pas jusqu’à la fin.
Mais, par ton endurcissement et par ton coeur impénitent, tu t’amasses un trésor de colère pour le jour de la colère et de la manifestation du juste jugement de Dieu, qui rendra à chacun selon ses oeuvres; réservant la vie éternelle à ceux qui, par la persévérance à bien faire, cherchent l’honneur, la gloire et l’immortalité; réservant la vie éternelle à ceux qui, par la persévérance à bien faire, cherchent l’honneur, la gloire et l’immortalité; mais l’irritation et la colère à ceux qui, par esprit de dispute, sont rebelles à la vérité et obéissent à l’injustice […] (Romains 2.5-8)
C’est ce que le Seigneur a enseigné en disant :
par votre persévérance vous sauverez vos âmes. (Luc 21.19)
C’est une erreur de penser que quelqu’un qui nous reprend nous juge.

Quelqu’un qui voit celui qu’il considère son frère se détourner du chemin de la vie et qui aime vraiment son frère ne restera pas là à le regarder se perdre. Il faut avoir une très mauvaise compréhension de l’Évangile pour penser ainsi. Lorsque quelqu’un nous reprend, nous ferions bien de porter attention pour savoir si nous n’avons pas quitté le chemin de la vie et revenir au pied de la croix se repentir si nous l’avons quitté. Personne ne sera sauvé s’il ne persévère pas sur le chemin de la vie. Personne.
Hugo Lacasse
19 janvier 2020
Darell L. Bock, Baker Exegetical Commentary, emplacement 37.5 / 5625
Frederic Godet, Commentaire sur l’Évangile selon Luc, p. 721-722
Johannes P. Louw et Eugene Albert Nida, Greek-English lexicon of the New Testament: based on semantic domains, 1996, 1, 359.
J. D. Douglas, Merill C. Tenney, “Samaria (Territory)”, Zondervan Illustrated Bible Commentary,
Josèphe cité par William Hendriksen, Luke, New Testament Commentary, Baker Book House, p.558 – Traduction libre
Les évangiles de Matthieu, Marc et Luc sont nommés ainsi, depuis les travaux de Griesbach en 1776, notamment en raison des similitudes qu’elles ont dans la manière de présenter l’histoire de Jésus et l’usage de phrases ou de mots identiques.
G. K. Beale, “Joel 3:1–5 LXX [3:1–5 MT; 2:28–32 ET]”, Commentary on the Use of the New Testament,